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Bienvenue sur le blog une-femmedhonneur, Corinne Touzet au théâtre des Variétés à Paris avec Christian Vadim pour Un nouveau Départ

Bienvenue sur le blog une-femmedhonneur, Corinne Touzet au théâtre des Variétés à Paris avec Christian Vadim pour Un nouveau DépartBienvenue sur le blog une-femmedhonneur, Corinne Touzet au théâtre des Variétés à Paris avec Christian Vadim pour Un nouveau Départ
La suite de la série...         dddddddddd><< >         juste ici !
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#Posté le mercredi 22 octobre 2014 06:00

Modifié le vendredi 26 février 2016 02:38

[Fiction] mes scénarios

 mes scénarios​​​​​​
 
       Un réveil tant attendu
          suite de l'ange noir
 
ღ Chapitre 1      Attendre... encore attendre... toujours attendre
ღ Chapitre 2      Menaces
ღ Chapitre 3      La vie sans elle
ღ Chapitre 4     Un trou de mémoire
ღ Chapitre 5     Arrestation
ღ Chapitre 6     L'amour, c'est compliqué !
ღ Chapitre 7     Tout peut basculer
ღ Chapitre 8     Le plus beau jour de sa vie
  
__________________________________________
 
       La fusillade
 
ღ Chapitre 1     Sans réponse
ღ Chapitre 2     Perdue
ღ Chapitre 3     Oublis
ღ Chapitre 4     Reproches
ღ Chapitre 5     Parce que je t'aime
ღ Chapitre 6     Allô... ?
ღ Chapitre 7     Le sens de la déduction
ღ Chapitre 8     Le chat et la souris 
 
 ___________________________________________
 
       Accusé à tort
         Elle a co-écrit cet épisode, merci ! 
 
ღ Chapitre 1     Pizza ou croc' monsieur ?
ღ Chapitre 2     ça commence mal
ღ Chapitre 3     Le SDF du parc
ღ Chapitre 4     Douloureux souvenirs
ღ Chapitre 5     Nouvelle disparition
ღ Chapitre 6     Enfin la fin !
ღ Chapitre 7     Et nos bagages ?
ღ Chapitre 8     Un dur retour à la vie quotidienne
 
___________________________________________
 
       Meurtre au lycée
         Elle a co-écrit cet épisode, merci !
 
ღ Chapitre 1     Séparation forcée
ღ Chapitre 2     Brèves retrouvailles
ღ Chapitre 3     La vérité n'est pas toujours bonne à entendre
ღ Chapitre 4     Aveux
ღ Chapitre 5     Réunis... pour la vie
ღ Chapitre 6     Amour et conflit
ღ Chapitre 7     Nouveau départ
ღ Chapitre 8     La fin n'est que le début d'une autre histoire
             
______________________________
             
       Prêt à tout
 
                            Prologue
ღ Chapitre 1     C'est mon cas
ღ Chapitre 2     Seule...
ღ Chapitre 3     Disparition                                                                     
ღ Chapitre 4     Ne me mens pas
ღ Chapitre 5     Accident
ღ Chapitre 6     La mauvaise nouvelle
ღ Chapitre 7     Un détail important
ღ Chapitre 8     Je te promets
ღ Chapitre 9     J'aurais dû              
 
 ______________________________
 
       Plus fort, ensemble
 
ღ Chapitre 1     Un mauvais quart d'heure
ღ Chapitre 2     Tu me manques
ღ Chapitre 3     On fait tous des erreurs
ღ Chapitre 4     Les mailles du filer se resserrent
ღ Chapitre 5     Retour sur un échec
ღ Chapitre 6     Confidences
ღ Chapitre 7     Le temps presse
ღ Chapitre 8     Un belle expérience 
 
 ______________________________

       Un Noël pas comme les autres
 
ღ Chapitre 1     Sur la pointe des pieds
ღ Chapitre 2     De l'orage dans l'air
ღ Chapitre 3     Tu n'as rien fait !
ღ Chapitre 4     Réponds !
ღ Chapitre 5     Comme un chien...
ღ Chapitre 6     Surprise !
ღ Chapitre 7     Le c½ur en miette
ღ Chapitre 8     Inquiétude, rancune et tendresse
ღ Chapitre 9     Joyeux Noël !
ღ Chapitre 10   Pétrifiée
ღ Chapitre 11    Dans la gueule du loup
 
 ______________________________
 
       La peur au ventre
 
ღ Chapitre 1       Vacances !
ღ Chapitre 2      Meurtre ou accident ?
ღ Chapitre 3      Triste nouvelle
ღ Chapitre 4      Une famille d'imbécile !
ღ Chapitre 5      Trouver la clé
ღ Chapitre 6      Tomber sur la tête
ღ Chapitre 7      Un tas de problème
ღ Chapitre 8      Au nom de l'amitié
ღ Chapitre 9      Bons ou mauvais souvenirs ?
ღ Chapitre 10    Deux orphelins
ღ Chapitre 11    Je sais tout...
ღ Chapitre 12    Deux mois ferme 
ღ Chapitre 13    23 heures, 42 minutes et 16 secondes
 ______________________________
       Face cachée

ღ Chapitre 1       Roméo et Juliette ? 
ღ Chapitre 2      Sourires hypocrites    
ღ Chapitre 3      Cette bouille d'ange
ღ Chapitre 4      Dans de sales draps
ღ Chapitre 5      Alda                                 
ღ Chapitre 6      Rendez-vous. Café. Chloé.     
ღ Chapitre 7      Au-dessus des lois      
ღ Chapitre 8      Tête de mule         
ღ Chapitre 9      Douce promesse
ღ Chapitre 10    Quand la Justice triomphe
 _____________________________________________


        Retour en fanfare

ღ Chapitre 1      Les ennuis commencent     
ღ Chapitre 2      Poker sanglant
ღ Chapitre 3      Un mobile à 1 million     
ღ Chapitre 4      Le revenant


Tags : Fiction, Accueil
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#Posté le lundi 20 juin 2011 07:22

Modifié le lundi 07 mars 2016 05:28

Scénario 1 : Réveil tant attendu

 
 
Un réveil tant attendu


Chapitre 1
" Attendre...encore attendre...toujours attendre "


Tout s'était passé si vite.
Les évènements étaient presque flous dans la tête de Philippe. Il monta dans l'ambulance. Isabelle, couchée sur le brancard, respirait avec peine. Quelques larmes avaient fait couler son maquillage.
- Ne t'en fais pas Isabelle. Tout va bien se passer, la rassura Philippe.
- Tu ne devais pas aller à l'opéra, toi ce soir ? demanda-t-elle, le sourire aux lèvres
- Si, mais j'ai encore eu un problème avec un de mes officiers.
- Une femme bien sûr.
- Bien sûr, dit-il avec un pâle sourire, car la situation n'avait rien de drôle.
Elle pensa à son fils, aux États-Unis. Ils avaient passé de si bons moments tous les deux. Elle se souvint du jour où il avait fait semblant d'avoir raté son permis de conduire. Et tant d'autres instants inoubliables...
Elle pensa à Chloé, qui devait l'attendre, inquiète. Elles se connaissaient seulement depuis deux ans mais Isabelle la considérait déjà comme sa fille.
Elle pensa à Philippe, qui se trouvait à côté d'elle. Il y a quelques années, leurs chemins avaient failli se séparer à nouveau mais il était resté. Resté pour elle.
Elle pensa à l'équipe à la caserne qui devait attendre des nouvelles, inquiet par le silence du Capitaine à propos de l'intevention...
Elle pensa à Pierre...à Franics...à Patrick...
"C'était donc ça mourir ?" se dit-elle.
Revoir sa vie en accélérée, comme on jette un dernier coup d'oeil à la pièce que l'on quitte afin de vérifier que l'on a rien oublié.
Isabelle se mit à tousser
- Mais...
- Je suis là ,Isabelle... je suis là.
- Il faudra que tu t'occupes des enfants, exprima-t-elle la voix tremblante.
- On va s'en occuper, toi la première.
Elle chercha les mots justes.
- Je veux dire si ça devait durer un peu trop longtemps, je voudrais que tu t'en occupes vraiment.
- Ne t'en fais pas... Ne t'en fais pas Isabelle. Tout va bien se passer, répéta-t-il.
Isabelle poussa un cri de douleur et toussa. Philippe lui souleva la poitrine et lui tapa délicatement le dos. Il la reposa et la regarda. Elle avait le teint encore plus pâle, ce qui l'inquiétait. D'autant plus qu'elle ne réouvrit pas les yeux et ne parla plus.
Sa tête tomba sur le côté et l'électrocardiogramme émit un bruit continu qui ne signifiait autre que....
Philippe comprit, soudain ce qu'il se passait.
- Isabelle... Isabelle, Isabelle, dit-il tendant toute sa volonté pour résister au chagrin qui menaçait de l'emporter.
Il resta de longues minutes à caresser ses cheveux soyeux et sentir une dernière fois son parfum.

- Ne me laisse pas seul, je t'en supplie, implora-t-il.
Il se redressa brusquement et appela un médecin qui se trouvait à l'avant.
En quelques minutes, le silence qui régnait auparavant laissa place aux vas et viens incessants des médecins.
L'un deux s'approche de Philippe qui était appuyé contre la paroi.
- Comment ça s'est déroulé ? demanda le médecin.
- Elle...elle a commencé à tousser et...après tout s'est arrêté, bredouilla-t-il.
- Bien. On va essayer d'accélérer. Je ne sais pas si elle...
Philippe n'écoutait plus. Il ne voulait pas entendre ce qu'il allait dire...Lui, il en était convaincu, elle allait vivre !

Hôpital de Grasse
Philippe attendait déjà depuis deux bonnes heures mais malheureusement personne n'avait pu le renseigner sur l'état d'Isabelle.
Il faisait les cents pas dans les couloirs, imaginant trouver dans chaque salle le corps inerte de la femme qu'il aimait. Il avait la fâcheuse envie de donner un coup de pied dans chaque mur qu'il croisait.
Il voulait oublier, penser à autre chose mais c'était impossible. Il revoyait sans cesse la scène dans sa tête. La balle de Marchand atteindre Isabelle. Quelques secondes plus tard Marchand s'effondrer. Isabelle pousser un cri de douleur. Philippe courir vers elle, la prendre dans ses bras, la rassurer, la consoler. Ensuite sa promesse dans l'ambulance et finalement, le plus horrible, le bruit continu de l'électrocardiogramme qui révélait qu'elle avait fait un arrêt cardiaque.
Il s'assit sur une chaise de la salle d'attente et baissa les yeux. Avec stupeur, il constata une immense tache rouge sur son uniforme, qui prouvait l'intensité de l'hémorragie.
Lorsqu' une infirmière sortit du bloc, Philippe se précipita vers elle.
- Elle...
Il n'avait pu empêcher sa voix de trembler.
L'infirmière le prit gentiment par l'épaule.
- Les médecins n'ont pas terminé. Ça ne sert à rien d'attendre ici, ils en ont encore pour un bout de temps, Mme Florent est grièvement blessée. Elle a sûrement de la famille ou des proches à prévenir.
- Vous avez raison. Appelez-moi dès que vous avez du nouveau.
La femme en blouse blanche hocha la tête.
Philippe quitta l'hôpital à pas lents. "De la famille à prévenir" songea-t-il. Elle en avait de la famille, Chloé, Nicolas - son fils - et son père allaient être sous le choc en apprenant la nouvelle. Sans oublier la Brigade était un peu comme sa deuxième famille...
Il rejoignit sa voiture et prit la direction de lycée de Grasse. Comment allait-il annoncer à Chloé ce qui s'était passé ? Elle tenait tellement à Isabelle. Mais il lui avait fait une promesse donc il trouverait le courage de la tenir.

Lycée de Grasse

Philippe était adossé à la voiture, le regard perdu dans le vague. Il cherchait les mots justes pour ne pas la blesser, mais il avait de la peine à se concentrer.
Soudain la sonnerie de l'école retentit, et les élèves sortirent en masse. Le coeur de Philippe se serra, il voulut s'enfuir, disparaître, ne plus exister cependant l'image d'Isabelle l'en dissuada.
En apercevant Philippe, Chloé salua ses amies et se dirigea vers lui.
- Capitaine ? Mais qu'est-ce que vous faite là ? s'enquit-elle étonnée.
Chloé remarqua qu'il avait les traits tirés et les yeux rougis. Il semblait complètement ailleurs. Soudain ses yeux tombèrent sur la tache de sang de sa chemise.
- Isabelle ! s'exclama-t-elle horrifiée. Vous... vous l' avez retrouvé ?
Philippe se redressa péniblement. Leurs regards se croisèrent. Il baissa les yeux, gêné. Comment lui expliquer ?
- Il est arrivé quelque chose à Isabelle, c'est ça ? reprit Chloé devant le silence de Philippe.
- Elle a été blessée par Marchand, réussit-il à articuler.
- Mais... et elle...elle est où maintenant ? répéta-t-elle.
- Elle a été transportée à l'hôpital. Les médecins font tout pour que...
Il n'eut pas la force de terminer.
- Viens je vais te raconter, dit-il en posant une main qui se voulait rassurante sur l'épaule de Chloé.
Ils montèrent dans la voiture et Philippe commença son récit.


Brigade

- Je veux la voir, lança-t-elle en claquant violemment la portière.
- Je suis déjà passé à l'hôpital. Ils m'ont dit que nous pourrions la voir seulement dans quelques heures. Pour l'instant, la seule chose à faire est d'attendre, répondit-il essayant de s'en convaincre lui-même.
- Isabelle avait été pris en otage et je ne devait pas m'inquiéter ! Franchement il n'y que vous qui ne vous inquiétez pas vos homme sont en danger ! Vous êtes vraiment un salaud ! cracha-t-elle sous le coup de la colère.
La jeune fille partit en direction de la caserne d'un pas rapide.
- Chloé ! Chloé ! l'appela Philippe en vain.
Il rejoignit la caserne où il imaginait les têtes abattues de ses collègues. Il ouvrit la porte et demanda au gendarme de l'accueil de rassembler tout le monde dans le grand bureau.
Une fois que les gendarmes furent tous réunis, Philippe prit la parole.
- Comme vous avez pu le constater, le lieutenant Florent n'est pas revenu de l'intervention.
Il inspira profondément, avant de terminer.
- Elle a reçu une balle dans l'abdomen.
Toutes les têtes se baissèrent.
- Comment va-t-elle ? S'enquit Roussillon, inquiet.
- A vrai dire, je ne sais pas. Je suis allé à l'hôpital mais ils n'ont pas pu me renseigner sur son état. Il faut simplement attendre.
- Attendre... attendre... C'est plus facile à dire qu'à faire, s'emporta Rivière.
- Bon, je suis dans mon bureau si quelqu'un me demande, dit-il en s'engouffrant dans son bureau.
- Je le trouve bizarre, pas vous ? lança Roussillon, Philippe parti.
- Je te rappelle que nous avons vu Marchand abattre Isabelle sous nos yeux, souligna Platon.
- Mais tu n'as pas réagi de la même manière, constata Rivière.
- Tout le monde réagi différemment, affirma Platon.
Chacun tenta de se remettre au travail mais l'image d'Isabelle occupait chaque recoin de leur pensée.
Dans le bureau de Philippe, le téléphone n'arrêtait pas de sonner. Des journalistes qu'il n'hésitait pas à envoyer promener. N'avaient-ils aucune humanité ? Un membre de la brigade était entre la vie et la mort et aux ils voulaient des informations qui feraient la une du lendemain.
Il prit la photo d'Isabelle qui se trouvait sur son bureau et caressa nerveusement le cadre. Il avait rejoint cette équipe pour être près d'elle, à présent où était sa place s'il elle n'était plus là ? Il n'en avait pas la moindre idée. Il semblait complètement perdu.

Appartement d'Isabelle

Philippe regagna l'appartement d'Isabelle dans lequel il imaginait trouver Chloé en larmes. Rassemblant le courage qu'il lui restait, il ouvrit la porte.
Chloé était allongée sur le lit, un oreiller sur le visage pour étouffer ses pleurs. À côté d'elle Christine lui parlait doucement, sans résultat.
Il s'assit sur le canapé et regarda par la fenêtre. Il contempla pendant de longues minutes les allées et venues des gendarmes. Soudain quelqu'un posa une main sur son épaule. Philippe se retourna brusquement.
- C'est une triste épreuve qui s'abat sur la caserne, dit Christine. Mais Isabelle se battra, vous la connaissez.
- Oui c'est une battante, répéta Philippe comme pour s'en convaincre.
- Chloé est inconsolable, se désola Christine. J'ai tout essayé.
- Je vais aller lui parler, déclara-t-il sans grandes convictions.
Christine rentra chez elle et Philippe pénétra dans la chambre de Chloé.
La chambre était rythmée par les pleurs de la jeune fille. Philippe alla s'asseoir sur rebord du lit et posa une main amicale sur l'épaule de Chloé.
- Arrête de pleurer, sinon je aussi vais pleurer, sourit-il.
Chloé sécha ses larmes comme le lui avait demandé Philippe.
- Qu'est-ce que je vais devenir sans elle ? articula-t-elle la poitrine saccader par des sanglots.
- Ne dit pas ça, Chloé. Elle vivra, affirma Philippe les poings serrés.
Chloé hocha la tête.
- J'espère...
Philippe lui caressa tendrement la joue et la serra dans ses bras. Chloé n'eut pas la force de se retenir, elle fondit en larmes. A l'abri des regards, Philippe sentit quelques perles salées rouler sur ses joues.

Appartement de Philippe

Arrivé dans son appartement, Philippe se délaissa de sa chemise imbibée du sang d'Isabelle qu'il portait.
Il erra dans son appartement. La vue du canapé lui pinça le coeur. Quelques jours auparavant, sur ce canapé, il avait redécouvert la douceur de ses lèvres... Isabelle lui avait ouvert son coeur, alors qu'il pensait ne plus jamais pouvoir le reconquérir. Ce jour paraissait si loin. Désormais tant de choses avaient changé.
Il revêtit une chemise propre et se coiffa dans le miroir. Quelques heures avaient suffi à le rendre méconnaissable. Il avait les traits tirés, le regard terne et avait perdu toute vitalité.

Appartement d'Isabelle

Il regagna l'appartement d'Isabelle et prépara une assiette garnie pour Chloé.
- Tiens, je t'ai préparé des raviolis, dit-il en lui tendant l'assiette.
- Je n'ai pas faim, bouda Chloé.
- Mange ! C'est un ordre, dit-il gentiment.
- Franchement, tu as réussi à avaler quelque chose.
- Pas vraiment, avoua-t-il en posant l'assiette sur la table de nuit.
Philippe se leva et ouvrit la porte de la chambre.
- Philippe... je ne veux pas rester toute seule.
- Ne t'inquiète pas, je reste là. Repose-toi maintenant, conseilla-t-il.
Chloé le remercia et s'assit sur le lit.
- Comment as-tu connu Isabelle ? demanda-t-elle essayant d'engager la conversation pour le retenir.
Philippe qui s'apprêtait à sortir se retourna.
- Ah... c'est une longue histoire, répondit-il la voix empreinte de nostalgie.
- J'adore les histoires..., sourit Chloé.
Philippe alla s'asseoir sur le canapé et Chloé le suivit.
- C'était pendant un stage PJ à Lyon, il y a environ 15 ans, commença-t-il.
Lors des présentations, j'étais tout étonné de trouver une femme parmi les officier d'autant plus que les gendarmes n'étaient pas indifférents à son charme.
- Toi aussi tu la trouvais belle, le taquina Chloé.
Philippe ignora sa remarque et continua.
- Un soir nous avons fêté l'anniversaire d'un ami et Isabelle était parmi les invités. Comme elle ne semblait pas connaître beaucoup de monde, je me suis approché d'elle, et nous avons discuté. Petit à petit nous avons fait connaissance. C'est comme ça qu'à la fin du stage on est sorti ensemble. Mais cet amour était impossible. Moi je devais repartir à la brigade fluviale de Strasbourg et elle, rejoindre la brigade de la Rochelle.
- Alors ?, questionna Chloé impatiente.
- On s'est tout simplement perdu de vue. Jusqu'au jour où une affaire la conduise, elle et ses hommes, à Strasbourg où j'étais en poste. Un malfaiteur avait pris en otage son père.
- Son père ? s'étonna-t-elle.
- Oui, Schwarz voulait se venger mais finalement tout s'est bien terminé.
Philippe s'arrêta un moment.
- En la revoyant, jamais je n'avais autant compris à quel point je tenais à elle, avoua-t-il. Finalement, sur ma demande, j'ai été muté dans la même caserne qu'elle. On a continué à vivre comme si rien ne s'était passé entre nous. Jusqu'à...
Philippe laissa sa phrase en suspend. Il en avait déjà trop dit. Pourquoi dévoilait-il son coeur à Chloé ? Sûrement sous le coup du stress ou de la fatigue.
- J'ai raté quelque chose ? demanda Chloé sentant bien que Philippe ne lui disait pas tout.
- Parle-moi un peu de toi, maintenant, demanda-t-il pour dévier la conversation.
Sachant que Philippe ne lui en dirait pas plus, elle se résigna à lui raconter sa vie singulière.
- Ma mère est morte en prison, mon père est en prison à Nantes. La vie rêvée, quoi ! ironisa-t-elle.
D'un regard, Philippe l'insista à continuer.
- Comme ma mère savait qu'elle allait mourir, elle a confié ma garde à la femme qui l'avait arrêtée. En l'occurrence, Isabelle. Elle pensait qu'en étant éduquée par une gendarme je prendrais le bon chemin dans la vie.
- Au début, ça n'a pas été facile, n'est-ce pas ? Je me souviens de la scène que tu avais faite à l'enterrement de ta mère, rigola Philippe.
- Oui, mais finalement, on apprit à se connaître et maintenant je considère Isabelle... un peu comme ma deuxième mère, avoua-t-elle tentant de ne pas faire trop trembler sa voix en évoquant son nom.
Elle aimait bien se confier à Philippe. Il l'écoutait attentivement et avait l'air de la comprendre car ils tenaient tous les deux à Isabelle plus que tout.
- Comme ta deuxième mère, répéta Philippe. Isabelle m'a dit, un jour, qu'elle te considérait comme sa fille.
Chloé sourit.
- C'est pour ça que si elle n'est plus là...
Elle n'avait pu empêcher sa voix de trembler.
- Chut...
Il la serra contre lui et la berça doucement.

Blottie dans les bras de Philippe, Chloé avait fini par s'endormir. Tandis que pour Philippe, il lui était impossible de fermer l'oeil. Il avait comme un étau autour du thorax qui l'empêcher de respirer. Il se sentait coupable. C'était par sa faute qu'elle était entre la vie et la mort. Il aurait dû la protéger. Pourquoi ne l'avait-elle pas écouté lorsqu'il lui avait gentiement proposé de levé un peu le pied ? Pourquoi...?
Perdu dans ses pensées, il s'était assoupit. Vers trois heures du matin, il fût réveillé par la sonnerie de son portable. Il décrocha rapidement pour ne pas réveiller Chloé.
- Bonjour monsieur Kremen, docteur Duciel, se présenta-t-il. Je vous téléphone pour vous dire que l'opération de Mme Florent est terminée.
- Comment va-t-elle ? s'empressa-t-il de demander.
- Justement j'aimerais que vous veniez à l'hôpital pour vous en parler de vive voix...

Chapitre 2
" Menaces "
 

Il raccrocha.
Qu'est-ce- que ça voulait dire ? Fallait-il qu'il se réjouisse ou au contraire qu'il s'effondre en larmes ?
Philippe remonta délicatement la couverture sur les épaules de Chloé. Puis il se dirigea vers la porte mais il s'arrêta en chemin. Devait-il réveiller Chloé ? Après tout, elle avait autant le droit de savoir que lui. Philippe revint sur ses pas et s'accroupit vers le canapé. Il lui caressa le visage et l'appela.
- Chloé... réveil-toi.
- Qu'est qu'il se passe ? demanda-t-elle la voix ensommeillée.
- Le médecin à appeler, ils ont terminé l'opération.
- Et alors ? demanda-t-elle le coeur serré par l'appréhension.
- Il veut nous voir.
Chloé prit sa veste et se leva.

Hôpital de Grasse

- Tu as déjà prévenu son fils ? demanda Chloé à Philippe qui éteignait le moteur.
- Non pas encore, répondit-il. J'attends d'en savoir plus.
Dans cette réponse, Chloé discerna de la peur. Il avait peur. Peur de la réaction de Nicolas, peur de devoir lui annoncer que sa mère était morte. Il n'y avait pas que Nicolas à prévenir mais aussi son père, le colonel Florent.
Ils entrèrent dans l'hôpital et demandèrent à la secrétaire le Docteur Duciel. Elle l'appela, et leur conseilla de s'asseoir dans la salle d'attente.
Après quelques minutes d'attente, un homme en blouse blanche apparut sur le seuil de la porte. En l'apercevant, Philippe se leva précipitamment.
- Mr Kremen ?
- Comment va-t-elle ? demanda-t-il pour la énième fois de la journée.
Chloé arriva aux cotés de Philippe et glissa sa main dans la sienne.
- Son état est stable, rassura le médecin.
Philippe soupira de soulagement.
- Mais la balle a peut-être endommagé la moelle épinière, reprit-il.
Philippe regarda le médecin incrédule.
- Comment ça peut-être ?
- Pour l'instant, il y a une paralysie au niveau des jambes mais c'est peut-être temporaire.
Il prit sa respiration et les regarda d'un air grave.
- Mais il est possible aussi qu'elle ne remarche plus, acheva-t-il.
L'annonce fit l'effet d'un coup de point à Philippe. Isabelle ne plus marcher ? Il savait déjà que ce ne lui serait pas possible...
- On peut la voir ? s'enquit Chloé la gorge noué par l'émotion.
- Non, je suis désolé. Mme Florent est dans un coma profond, elle a été placée dans une chambre réservée au personnel médical. Vous pourrez seulement la voir à travers une vitre.
- C'est toujours mieux que rien. Quelle chambre ? demanda Philippe.
- n°135, par ici, indiqua le médecin en désignant un couloir sur la gauche.
Philippe le remercia et s'engagea dans le couloir avec Chloé.
Aussitôt arrivée devant la chambre, Chloé poussa la porte et se retrouva dans une sorte de hall. Devant elle, il y avait une deuxième porte sur laquelle était écrit « réservé au personnel médical » comme les avait prévenu le médecin. A côté d'elle se dressait une vitre à travers laquelle elle pouvait apercevoir Isabelle, immobile, le visage éteint et le teint pâle. Un tube placé dans sa bouche alimentait ses poumons en oxygène. La chambre était rythmée par le bip régulier de l'électrocardiogramme. Ce bruit rassurait Chloé, il lui assurait qu'Isabelle était toujours là bien que son visage soit éteint.
A la vue de ce spectacle, elle ne put retenir les larmes qui roulèrent sur ses joues.
Chloé s'approcha de la vitre et y appuya sa main. Elle aurait voulu courir, ouvrir la porte, la prendre dans ses bras mais tout cela lui était interdit.
Silencieusement, Philippe se glissa à ses côtés. En l'entendant, la jeune fille se tourna vers lui les yeux pleins de larmes.
-Pourquoi, Philippe ?... Pourquoi elle ?
Philippe resta muet. Il se posait la même question mais il n'avait pas de réponse. Il se souvenait avoir lu dans un livre cette phrase : « Pourquoi s'attacher aux êtres, alors qu'à tout moment ils peuvent nous être arraché » Aujourd'hui, cette phrase prenait tout son sens. S'il perdait Isabelle, il perdait tout...
Sentant que Philippe voulait rester seul avec Isabelle, Chloé prétexta qu'elle allait chercher à boire.
Philippe regarda Isabelle. Il ne pouvait plus voir ses yeux pétillant puisqu'il était clos. Son visage, jadis si rayonnant ressemblait à une statue, inerte.
Cette pensée lui pinçait le coeur, mais il devait l'admettre ce n'était plus l'Isabelle qu'il connaissait.
Comme l'avait fait Chloé, il posa sa main sur la vitre et murmura.
-Bats-toi...je t'en supplie.
Il y eut comme un courant d'air chaud, alors que toutes les portes étaient fermées. Philippe sentit comme une présence féminine, rassurante et il lui sembla percevoir des lèvres effleurer sa joue...
...C'était comme si elle lui avait répondu.

Appartement d'Isabelle

-Tu sais où je peux trouver le numéro Nicolas ? demanda Philippe à Chloé.
Depuis qu'ils étaient rentrés aucun d'entre eux n'avaient encore ouvert la bouche. Le corps inerte d'Isabelle et son visage éteint restaient gravés dans leurs pensées.
Chloé regardait par la fenêtre, les yeux perdus dans le vague. En entendant la voix de Philippe, elle sortit de sa rêverie. Chloé se leva et saisit un post-it accroché au mur, qu'elle tendit à Philippe. Il le prit et composa le numéro sur le téléphone.
Une voix ensommeillée lui répondit.
-Nicolas, c'est Philippe tu te souviens le Capitaine de ta mère.
Philippe imaginait sans peine la stupéfaction de Nicolas qui devait se demander pourquoi il l'appelait.
-Je dois te dire que... c'est au sujet de ta mère.
- Ma mère ? Mais pourquoi elle ne m'appelle pas elle-même, si elle a quelque chose à me dire ?
Nicolas ne tarda pas à comprendre.
- Ta mère est à l'hôpital,...elle a eu un accident, termina-t-il.
- Comment ça à l'hôpital, un accident !? répéta-t-il.
La voix tremblante de Nicolas trahissait son angoisse.
-Elle a été grièvement blessé pendant une intervention et a été plongée... dans le coma.
À l'autre bout du fil, Nicolas resta muet.
Philippe ne savait pas comment le rassurer. D'ailleurs lui-même ne savait plus ce qu'il devait croire, ce qu'il devait espérer.
Fébrile, Nicolas raccrocha. Il devait se pincé pour ne pas s'effondrer en larmes.
Maman. Hôpital. Coma.
Ces trop mots résonnaient dans sa tête. Pourquoi elle ? Malgré qu'ils vivaient à plus de 5000 kilomètres d'écart, Nicolas ne pouvait envisager la vie en sachant que sa mère était peut-être morte sans qu'il soit allé près d'elle. Elle l'avait éduqué, alors que son père était parti. Elle l'avait aimé, cajolé, gâté...
Soudain, il se sentit honteux. Il lui avait tant de fois reproché d'être gendarme et maintenant elle allait peut-être mourrir.
Maman. Hôpital. Coma.
Nicolas commença à faire ses valises, ces trois mots gravés dans l'esprit.

Gendarmerie

-Capitaine ! l'appela le gendarme de l'accueil. J'ai une lettre pour vous.
Intrigué, Philippe prit l'enveloppe et l'ouvrit dans son bureau.

Le lieutenant Florent est sur un lit d'hôpital mais le lieu plus approprié serait un cercueil.
Si vous ne faîtes rien, elle mourra !

Qu'est-ce que cela voulait dire ? Faire quoi ?
Philippe resta septique, ce devait être une simple plaisanterie. Il jeta la lettre avec indifférence sur le bureau.

En remontant les escaliers il tomba nez à nez avec...
-Colonel Florent ! s'exclama Philippe.
Le père d'Isabelle salua Philippe et s'empressa de demander si Elle allait bien.
Philippe prit la valise qui se trouvait aux pieds de l'homme et le fit entrer.
-Je pense que vous pouvez vous mettre dans sa chambre.
Bernard Florent avait préparé ses affaires dès qu'il avait appris la nouvelle par son petit fils.
- Vous voulez un café ? demanda Philippe depuis la cuisine.
- Oui, volontiers. Maintenant venons-en aux faits, comment va-t-elle ?
- Son états est stable mais elle tout de même plongée dans un coma profond.
- La balle a-t-elle endommagée une partie de son corps ?
Philippe soupira. Il n'osait pas regarder le père d'Isabelle dans les yeux, de peur d'y trouver la même crainte qu'il ressentait, la crainte de la perdre.
- Selon les médecins, il se pourrait qu'il y ait une paralysie au niveau des jambes. C'est peut-être que temporaire mais...il est aussi possible qu'elle ne remarche plus.
- Je connais ma fille, elle se battra, affirma le Colonel les poings serrés.
- Si seulement elle vous entendait...
Philippe finit sa tasse de café et ouvrit la porte. Mais il revint sur ses pas.
-Ah...j'oubliais, la jeune fille dans la chambre c'est Chloé. Je vous laisse faire connaissance.
Sur ce Philippe partit.
Bernard se retrouva seul. Enfin pas tout à fait. Il prit une longue inspiration et se dirigea vers la chambre de la dénommé Chloé.
C'était une jolie chambre aux murs bleus et au mobilier simple. Chloé, jeune fille aux cheveux blond mi- longs, était assise à son bureau et lisait. En entendant la porte s'ouvrir elle leva les yeux de son livre.
Bernard remarqua immédiatement qu'elle avait pleuré.
Personne n'osait parler mais ce fut Chloé qui rompit le silence la première.
-J'ai tout entendu. Vous êtes son père ?
Bernard approuva et s'assit sur le rebord du lit.
-Qu'est-ce- que tu lis ? demanda-t-il tentant d'engager la conversation.
-Les fleurs du mal.
Le père d'Isabelle sourit.
Cette réponse le ramena des années en arrière. Isabelle, qui n'était qu'une enfant, s'installait au chevet de sa mère qui souffrait du cancer et lui lisait toujours le même livre : Lles fleurs du mal de Baudelaire. En lui comptant ce récit, Isabelle espérait de tout son coeur qu'elle guérisse. Mais ce ne fut pas le cas et Isabelle avait eu beaucoup de peine à s'en remettre. Elle s'était longtemps culpabiliser de la mort de sa mère.
Chloé perçut la nostalgie dans les yeux de Bernard Florent.
- Vous aimez bien ce livre ?
- Isabelle l'a beaucoup lu.
- Parlez-moi d'Isabelle, petite.
Alors le Colonel se mit à conter l'enfance d'Isabelle. Et Chloé l'écouta d'une oreille attentive.

Bureau de Philippe

Le Capitaine et ses hommes venaient d'arrêter un individu qui avait commis plusieurs cambriolages successifs. L'officier le conduisit dans le bureau de Philippe. L'homme s'affala sur la chaise et continua de mâcher ostensiblement son chewing-gum. Philippe s'assit à son tour, et commença.
-Monsieur...Deschamps c'est ça ?
L'homme ne répondit pas. Philippe poussa devant lui les bijoux.
-On a retrouvé ses bijoux chez vous. J'attends des explications.
L'homme ouvrit enfin la bouche.
-Ben je les ai achetés, comme tout le monde.
-Comme tout le monde ? Mais vous n'êtes pas tout le monde, on a vérifié vous gagner à peine 200.- par mois.
Le dénommé Deschamps jeta un coup d'oeil aux bijoux posés sur le bureau.
-Jamais vu ces bijoux, affirma-t-il entre deux mastications.
-Vraiment ? s'étonna Philippe. Vous êtes tellement maladroit qu'en repartant de chez votre victime vous avez laissez de la peinture sur sa barrière.
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, nia-t-il.
- On a comparé, il s'agit bien de la peinture de votre voiture.
- Je ne comprends pas ?!
Philippe n'avait aucune envie que la conversation s'éternise. Il préférait grandement être avec Chloé et le père d'Isabelle. Chloé avait besoin de lui et il le savait.
-De toutes manières, j'ai bien assez de preuves pour vous faire inculper, je n'ai pas besoin de vos aveux, lança Philippe pour couper court à la discussion.
Philippe sourit, ce plan marchait à tous les coups. Deschamps craqua.
-Bon d'accord. Mais j'avais besoin de blé, je galérais. Alors quand j'ai vu cette belle maison, j'ai pas réfléchi.
- Eh bien vous aurez tout le temps de réfléchir en prison. Emmenez-le, intima Philippe à l'officier qui était resté près de la porte.
Celui-ci s'exécuta et le conduisit en cellule.

Appartement d'Isabelle

En ouvrant la porte Philippe pensait trouver un appartement sans vie, une cuisine vide, Chloé toujours dans sa chambre et le Colonel faisant les cents pas dans le salon.
Mais à la place, il fût ravi de découvrir une cuisine en pleine effervescence. Chloé et le père d'Isabelle s'était réuni pour concocter des plats fumants qui semblaient délicieux.
- Alors que mange-t-on ? lança Philippe, les voyant s'affairer.
- Des crêpes, répondit Chloé avec le sourire.
- Bien alors passons à table, déclara Bernard en tirant une chaise pour s'asseoir.
Cependant tout le monde savait qu'ils leur seraient impossible d'avaler ne serait-ce qu'un morceau.
Tous commencèrent leur assiette et les discussions fusèrent. Philippe parlait de tout et de rien, mais parler l'empêchait de penser à Elle.
-Tu ne finis pas ta crêpe, Chloé ? s'étonna Bernard.
Chloé sursauta et vit qu'il s'apprêtait débarrasser l'assiette qui contenait une crêpe au jambon-fromage à peine entamée.
-J'avais la tête ailleurs, marmonna-t-elle en s'empressant de reprendre sa fourchette pour continuer à manger malgré qu'elle n'ait pas faim.
-...core une ? comprit-elle soudain.
Elle leva les yeux, surprise, et réalisa que Philippe lui parlait depuis un moment sans doute.
-Désolé, murmura-t-elle.
Philippe l'examina attentivement.
- Tu penses à Elle, c'est ça ? observa-t-il.
- Oui, avoua-t-elle.
Elle baissa les yeux, puis murmura.
- J'ai peur...
Philippe échangea un regard avec le père d'Isabelle, qui montrait bien que lui aussi était perdu.
- Ne t'inquiète pas, elle se réveillera, finit-il par affirmer.
Chloé esquissa un sourire triste et termina de manger sa crêpe.

Appartement de Philippe

Philippe s'assit sur son lit et prit sa tête entre ses mains. Une fois de plus il ne pourrait pas fermer l'oeil. Des images de l'intervention lui revenaient sans cesse en tête. La balle qui touchait son corps, le sang d'Isabelle sur ses mains, l'ambulance, le bip incessant...
Pour lui c'était impossible qu'Isabelle ne soit plus là. Elle devait se battre. Il avait besoin d'elle.


Une semaine s'étaient écoulés depuis l'incident et la mine des gendarme faisait peine à voir. Ils étaient fatigués, nerveux, abattus par les évènements. Une semaine durant laquelle tout le monde avait espéré le réveil de son Lieutenant favorie... mais rien
Une semaine que Philippe passa terrer dans son bureau, sans jamais cessé de penser à Elle.
Cette à la fin de cette semaine que Nicolas frappa à la porte de son ancien appartement. Chloé lui ouvrit pensant bien que c'était Nicolas. Elle ne le connaissait pas, mais avec le vol il ne ressemblait pas aux nombreuses photos qu'elle avait vues. Il avait les yeux cernés, les paupières tombantes et les cheveux ébouriffés par les longues heures de voyage.
- Tu dois être Nicolas.
Elle se mit sur la pointe des pieds pour lui faire la bise.
- Oui, et toi Chloé.
Elle prit sa valise et l'invita à entrer. En l'apercevant, Bernard Florent sourit. Son petit fils avait tellement changé, tellement grandi, muri...
- Ravi de te voir, mon grand, dit-il en le prenant dans les bras.
Nicolas sourit. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas vu son grand-père mais il aurait préféré le retrouver dans d'autres circonstances.
- Comment va maman ?
Son grand-père haussa les épaules et fit la moue.
- Je t'y conduis.
Arrivés à l'hôpital, Nicolas fut déçu d'apprendre qu'il pourrait seulement voir sa mère à travers une vitre.
Il resta au moment la main collé contre le verre comme l'avait fait Philippe et Chloé auparavant. Puis, il sortit.
A quoi bon se faire souffrir !

Cinéma

Le lendemain, Philippe décida d'emmener les enfants au cinéma. La veille, la promesse qu'il avait faite à Isabelle lui était revenu en tête. Il avait donc pensé qu'en les divertissant, ils arrêteraient de penser à Elle.
C'était Chloé qui avait choisi le film. Une de ces histoires à l'eau de rose qui ne fit que rappeler à Philippe que celle qu'il aimait n'était plus près de lui, mais dans un autre monde entre Vie et Mort.
En sortant de la séance Chloé vint à la hauteur de Philippe.
- Pourquoi tu fais tout ça pour nous ? demanda la jeune fille.
Philippe baissa les yeux et resta silencieux.
- Réponds-moi, Philippe, implora Chloé en cherchant son regard.
- C'est Elle qui me l'a demandé...lâcha-t-il.
Il avait pris cette habitude de ne plus cité son nom de peur que sa voix se casse.
- Isa ? Elle a demandé quoi ? reprit-elle.
Chloé sentait que Philippe était touché mais elle avait besoin de savoir.
- Dans l'ambulance... Je lui ai promis...
Les paroles qui sortaient de sa bouche n'avaient aucun sens. Cependant il était incapable de les contrôler.
- Promis, quoi ? insista Chloé.
- Je lui ai promis de m'occuper...
Il s'arrêta.
- Non oublie ce que je viens de te dire, d'accord ?
Chloé sourit. Malgré qu'il ne l'ait pas dit, elle avait compris. Compris que les dernières paroles d'Isabelle avaient été pour ses enfants. C'était donc vrai, Isabelle la considérait comme sa fille. Cette pensée la réconforta.
De retour, Philippe proposa à Nicolas et Cholé d'aller à l'hôpital. Mais aucun d'entre eux ne voulait ravivé l'image de cette chambre sans vie.
Philippe partit donc seul.

Hôpital de Grasse

Avant qu'il n'ait pu atteindre la chambre d'Isabelle, un médecin l'appela.
Philippe se retourna.
- Vous avez des nouvelles de Mme Florent ?
- Oui et elles sont plutôt réjouissantes. Le coma 3 de Mme Florent est passé en stade 2.
- Et qu'est-ce que cela signifie, concrètement ?
- La patiente marmonne quelques mots mais ceux-ci restent incompressibles mais c'est une amélioration. Cependant elle n'ouvre toujours pas les yeux.
- Je peux entrer dans sa chambre ? demanda-t-il espérant pouvoir à nouveau caresser sa peau, sentir son parfum, se perdre dans ses cheveux...
- Oui maintenant c'est tout à fait possible, déclara le médecin.
Philippe sourit. Enfin une bonne nouvelles.
- J'ai encore une question.
Le médecin l'incita à continuer.
- Vous m'aviez dit que la balle avait peut-être endommagé la moelle épinière. Qu'en est-il maintenant, vous en savez plus ?
- Nous ne pouvons pas encore réaliser les examens nécessaires. Il faut attendre que la patiente se réveille.
Philippe soupira. Il lui était impensable d'imaginer la femme d'action qu'était Isabelle en fauteuil roulant. Il savait que si jamais cela devait se produire, elle le vivrait très mal. Mais il savait aussi que s'il le fallait, elle se battrait et ferait des mois et mois de rééducation pour retrouver sa mobilité.
Après avoir remercié le médecin, il entra dans la chambre.
Il approcha une chaise du lit sur lequel était allongé Isabelle et prit doucement sa main froide dans la sienne. Elle avait la peau si douce. Il lui lâcha la main et passa ses doigts sur sa joue.
- Isabelle..., chuchota-t-il.
A première vue son état ne semblait pas s'être amélioré. C'est pourquoi Philippe fut étonné d'entendre un son sortir de sa bouche. Comme si elle appelait quelqu'un.
Il lui sembla entendre son nom. Mais il n'en était pas sûr.
Était-ce le fruit de son imagination ou la réalité ?
Plus les minutes passaient, plus il se disait qu'il avait dû rêver, car Isabelle n'ouvrit plus la bouche et lorsqu'il lui serra la main et déposa un baiser sur son front avant de partir, elle ne réagit pas.

Caserne

Après avoir informé la famille de l'amélioration de l'état d'Isabelle, Philippe rejoignit son bureau. Avant qu'il ait pu y rentrer, le gendarme de l'accueil lui fit savoir qu'une lettre avait été déposée pour lui. Philippe retourna la cherché et s'assit à son bureau.
Il la posa sur sa pile de paperasse et laissa son esprit vagabondé. Il avait de la peine a travaillé ces temps. Ce qui n'était pas très étonnant.
Finalement, il se décida à ouvrir la lettre.
Ces yeux s'écarquillèrent.
« Une deuxième lettre anonyme » comprit-il.



Le médecin vous a annoncé des nouvelles réjouissantes
Mais en sera-t-il toujours ainsi ?
Si vous ne faites rien, elle mourra !

Il chercha dans sa paperasse la première lettre afin de les comparer. A première vue elles semblaient toutes écrtites dans la même police, sur le même papier et étaient contenues dans la même enveloppe. On pouvait donc émettre l'hypothèse qu'elles avaient étaient envoyer par la même personne.
Ce qui frappa Philippe, ce qu'il y avait toujours cette même phrase insensée à la fin de la lettre. Ce qui le conforta dans son idée que les deux lettres avaient été écrites par la même main.
Mais qui ?

Chapitre 3
" La vie sans elle "

Quelqu'un assoiffé de vengeance, un homme qu'Elle avait envoyé en prison...
Philippe n'avait pas de réponses.
Pour s'assurer que tout allait bien, il prit son téléphone et composa le numéro du Docteur Duciel. Celui-ci lui assura que l'état d'Isabelle n'avait pas changé. Soulagé Philippe raccrocha et appela Rivière.
- J'aimerais que vous placiez un gendarme devant la chambre d'Isabelle, ordonna-t-il.
Francis le regarda étonné, il s'apprêta à ouvrir la bouche pour demander des informations supplémataires mais Philippe ne lui en laissa pas le temps.
- C'est un ordre et ne poser pas de questions, s'énerva-t-il.
Rivière s'exécuta sans dire mots.
Philippe était anxieux et ces lettres ne le rassuraient guère.
Et si l'inconnu passait à l'acte ?
« Si vous ne faites rien, elle mourra ! »
Cette phrase lui revenait continuellement en tête.
Que devait-il faire ? Si Isabelle avait été là, elle aurait eu une idée, elle avait toujours une idée...
Mais il fallait se rendre à l'évidence, elle n'était plus là, il devait donc agir seul.
Il amena la lettre à Platon pour qu'il l'examine et, par chance qu'il trouve un début de piste afin de remonter jusqu'à l'homme qui les avait écrites.

Philippe prit la route de l'hôpital, malgré que le médecin lui ait affirmé que l'état d'Isabelle ne s'était pas modifié.
Philippe s'assit à côté de son lit et commença à lui parler. Il lui parla des lettres anonymes dont il avait peur, de son fils qui restait fort dans toutes situations, de Chloé...
Etonnement il constata que de lui avoir parlé l'avait aidé à soulager son stress. Cela faisait des jours qu'il était sous pressions à la caserne pour ne pas trop montrer qu'il aimait Isabelle, qu'il devait se forcer de travailler...
Il la caressa d'un regard, elle était si belle. Combien de jours devrait-il encore tenir sans elle ? Philippe avait cessé de se poser la question. Plus les jours passait moins il ne trouvait de sens à sa vie...
...A la vie SANS ELLE.
Pourquoi avait-il fallu qu'elle se retrouve entre la vie et la mort pour qu'il comprenne combien il l'aimait? Lorsqu'il l'avait embrassé chez lui quand elle était encore bien vivante, il s'était enfin sentit à sa place. Comme si tous ces sentiments s'assemblaient en un magnifique puzzle.
Un puzzle appelé L'Amour.
Il se jura de lui avouer ses sentiments quand elle se réveillerait, SI elle se réveillerait.

Philippe rentra chez lui et se coucha sur son lit. Il était exténué, il y avait tellement longtemps qu'il n'avait pas dormi que dès qu'il ferma les yeux, le sommeil l'emporta.
Il fut réveillé par la sonnerie de son portable.
Il regarda sa montre 6h30, combien de temps avait-il dormi, 12 heures peut-être.
Lorsqu'il vit s'afficher « hôpital » sur l'écran il s'empressa de décrocher.
Son interlocuteur resta muet.
- Allô, il y a un problème docteur ?
Toujours rien.
- Parler, dites quelque chose, s'emporta Philippe.
- Eh bien... Désolé de vous appeler si tôt. C'est au sujet de madame Flor...
Philippe le coupa
- Comment ça Isabelle ?
Le médecin inspira profondément.
- L'état de la patiente à empirer. Depuis deux heures nous n'arrêtons pas de lui faire des réanimations cardiaques...
A ces mots, Philippe prit son manteau et se précipita dans la cours de la caserne. Mais il s'arrêta net. Il avait oublié de prévenir Bernard, Chloé et Nicolas. Il gravit les marches quatre à quatre et sonna sans réaliser qu'il était 6 heures et demie.
Bernard lui ouvrit.
- Je ne sais pas si le médecin vous a prévenu, articula-t-il essoufflé. Ils ont un problème avec Isabelle, je vous expliquerez en chemin.

Philippe, Bernard, Chloé et Nicolas marchait d'un pas rapide dans les couloirs de l'hôpital. Tous imaginaient le pire.
Enfin après quelques minutes d'attente le médecin vint à leur rencontre.
- Alors comment va-t-elle ? s'empressa de demander son Père.
Chloé et Nicolas qui redoutaient la réponse plus que tout se regardèrent.
- Comme je l'ai déjà dit à M. Kremen la patiente fait des arrêts cardiaques à répétition, pour l'instant nous avons réussi à la stabiliser mais...
- ça veut dire que l'on dire si on veut... que...
- Non il n'en n'est pas encore question, rassura le médecin qui avait compris ce que le père d'Isabelle avait voulu dire.
- Et vous savez pourquoi son état a-t-il empiré comme ça subitement ? demanda Philippe.
- Malheureusement non, se désola le médecin. Mais nous cherchons.
Le médecin prit Bernard Florent par le bras.
- Je vous propose deux solutions soit vous rentrez chez vous et vous tiendra au courant de l'avancement de situation, soit vous restez ici.
Le médecin avait tout juste finis sa phrase que Chloé décida.
- On reste dans la salle d'attente, je veux être là si...
Et elle s'effondra en larmes dans les bras de Nicolas. Elle ne savait plus à quoi s'en tenir. Il y a quelques jours on lui annonçait que l'état d'Isabelle s'était amélioré. Et maintenant on la prévenait qu'Elle allait peut-être mourir. En une minute tous ses espoirs étaient tombés en ruines.
Philippe et les autres allèrent s'asseoir dans la salle d'attente, une boulle logée au creux du ventre.

Laboratoire de l'Hôpital

- Docteur ! Docteur ! appela une jeune laborantine.
-Vous avez du nouveau sur la patiente de la chambre 135 ?
- Justement je voulais vous en parler. J'ai trouvé une substance anormale dans son sang. Elle est en cours d'analyse.
L'ordinateur qui se trouvait à côté d'elle émit un bruit.
- Ah ! c'est fini, constata-t-elle. Cette subatance c'est...Du venin de cobra ?!
- Du venin de cobra ?! répéta-t-il. Vous êtes sûr ?
- Comment a-t-il pu se retrouver là ? renchérit la laborantine.
- On posera les question plus tard, il faut lui l'antidote d'urgence.

Le médecin passa en courant et en entra dans la chambre d'Isabelle suivit de deux infirmiers qui prirent le lit et l'emmenèrent dans une salle spécialisée.
Voyant que le médecin et ses acolytes s'affairaient, Chloé se leva.
- Qu'est-ce que qui se passe ? Où vous l'emmenez ?
- C'est très urgent. Je vous expliquerai plus tard.
- Urgent ?! Mais qu'est-ce qu'elle a ?
Le médecin était déjà loin.
- Vous l'emmenez où ? murmura Chloé comme dans un état second.
Elle resta plantée au milieu du couloir, les joues mouillé de larmes.
Philippe se leva à son tour et lui enlaça tendrement les épaules.
- Viens t'asseoir. Ils savent ce qu'ils font, la rassura Philippe.
Elle tourna la tête et planta ses yeux pleins de larmes dans les siens.
- Tu penses que c'est grave ?
Philippe se contenta de hausser les épaules. Il n'avait pas de réponses.

Après une heure, deux même peut-être trois le médecin apparut sur le pas de la porte de la salle d'attente.
- Vous êtes capitaine à la Gendarmerie, n'est-ce pas? demanda-t-il à l'intention de Philippe.
Celui-ci approuva mais ne comprenait pas en quoi cela pouvait être utile.
- Alors j'aurai besoin de vous.
Philippe ne comprenait toujours pas mais le médecin ne tarda pas à s'expliquer.
- Il semblerait que madame Florent ait été victime d'une tentative de meurtre.
Philippe ne comprenait définitivement rien. Bien-sûr qu'Isabelle avait été victime d'une tentative de meurtre. Marchand lui avait placé une balle « presque »mortelle dans l'abdomen. Cette balle qui la paralysait dans ce lit d'hôpital pendant plus d'un mois et le médecin très intelligent venait de comprendre qu'Elle avait été victime d'une tentative de meurtre.
Philippe resta tout de même poli.
- Je ne comprends pas, on a déjà « arrêté » le coupable, c'était Gilbert Marchand.
- Non ! Je ne parle pas de ça. Je voulais vous dire que quelqu'un à tenter une nouvelle fois de la tuer.
Tous en furent abasourdis.
- Je vous avais averti qu'elle faisait des arrêts cardiaques à répétition. Je lui ai donc fait une prise de sang et je l'ai envoyé au labo. La jeune laborantine y a découvert du venin de cobra.
Chacun écarquilla les yeux.
- Et c'est grave ? demanda Chloé d'une toute petite voix.
- Mais bien-sûr que c'est grave, s'emporta Philippe. Alors quoi ? continua-t-il sur le même ton. Vous venez nous annoncez qu'elle est morte, c'est ça ?
- Tout d'abord calmez-vous Monsieur, demanda le médecin.
- Au contraire, je venais vous annoncez que nous avions réussi à la sauver. Le venin n'avait pas encore trop endommagé les organes vitaux.
Chloé serra la main de Nicolas, enfin rassurée.
Mais le médecin restait pessimiste sur un point, Isabelle avait replongé dans coma de stade 3 apparemment préoccupant.
- En me demandant si j'étais gendarme, vous vouliez me confier l'enquête, déduisit Philippe.
- Tout à fait.
- Dans ce cas je vous aide, intervint le père d'Isabelle.
Philippe n'essaya même pas de l'en dissuader, après tout cette enquête concernait directement sa fille.
- Il y a quand même un problème, j'avais placé un gendarme devant la porte, se dit-il à lui-même.
- Vous avez encore besoin de moi ? demanda le médecin
Philippe réfléchit.
- Euh...oui, vous auriez les bandes vidéo ?
Le médecin arrêta un infirmier qui passait par là.
- Voyez ça avec lui.
Après avoir récupérer les vidéos surveillances, il sortit pour téléphoner.
En passant, il demanda au gendarme s'il avait quitté son poste à un moment ou un autre. Celui-ci lui avoua, désolé, que oui, mais pas longtemps.
Suffisamment longtemps pour que quelqu'un puisse s'introduire dans la chambre, pensa Philippe.
Philippe n'en revenait pas. Qu'est-ce qu'Isabelle avait fait pour qu'on essaie de la tuer à deux reprises? Il savait que devenir gendarme s'était risquée sa vie à chaque instant et Isabelle faisait son travail à la perfection. Mais...
Philippe composa le numéro de la gendarmerie.
- On a un gros problème, Isabelle a été à nouveau victime d'une tentative de meurtre, expliqua-t-il.
Rivière n'en croyait pas ses oreilles.
- Comment va-t-elle ? s'empressa-t-il de demander.
- ça va, ça va. Ils l'ont sauvé à temps. Vous n'allez pas me croire mais elle a été empoisonné par du venin de cobra.
- Du venin cobra ?!
- Il faudrait que vous ressortiez tous les dossiers dont Isabelle a eu la charge. Je suis persuadé c'est une histoire de vengeance, affirma Philippe. Et demander à Platon qu'il vienne sur place pour relever des indices.
Philippe raccrocha, monta dans sa voiture et démarra sur les chapeaux de roue.
Il avait une enquête à mener à bien.

Labo de la caserne

- Bonjours Platon. Alors qu'est-ce que vous avez trouvé ?
- Pour commencer j'ai retrouvé cette seringue au pied de l'hôpital. Je l'ai bien analysée, c'est bien celle-ci qui a servi à injecter le venin dans le sang d'Isabelle. Il y a son sang sur le bout et des résidus de venin de cobra à l'intérieur. Le meurtrier a sûrement dû la jetée par fenêtre.
- Bien. Vous avez trouvé des empreintes ?
Platon fit la moue.
- Seulement partielles. J'ai également relevé celles sur la poigné de la porte de la chambre. J'ai trouvé les vôtres, celles de Rivière et Roussillon, celle du Colonel et il m'en reste 3 non-identifié.
- Sûrement que deux d'entre elles appartiennent à Chloé et Nicolas.
- Tout à fait. Ce n'est pas tout j'ai retrouvé un cheveu brun au pied du lit.
- Mais Platon il peut être au meurtrier comme à nous, nous y somme aller plein de fois dans cette chambre.
- Oui mais aux heures de visite.
- Expliquez-moi votre raisonnement, demanda Philippe qui ne saisissait pas tout.
- Les chambres sont nettoyées le soir, après que les visites soient parties. Donc comme la tentative de meurtre a eu lieu vers quatre ce MATIN, ce cheveu appartient forcément au meurtrier.
- Alors là, bien joué Platon, dit-il en lui donnant une tape amicale sur l'épaule.

Caserne de Grasse

Dans son bureau, Philippe visionnait les vidéos surveillances. Aucune personne ne semblait suspecte. Il y avait bien un homme que Philippe ne connaissait pas qui était rentré dans sa chambre quand le gendarme n'était pas là mais il tournait le dos à la caméra. Aucune manière de l'identifié.
Alors que Philippe était plongé dans ses pensées, Rivière entra.
- J'ai déjà passé en revue 20 dossiers et j'ai trouvé trois personnes qu'Isabelle avait arrêtées et qui sont maintenant sorties de prison.
- O.K. on y va.

Maison de M. Perrot

La capitaine et l'adjudant Rivière en étaient à leur 3èem et dernière « visites ». Les deux premières n'avaient rien donné, les suspects avaient un alibi confirmé. L'un avait passé deux jours au poste et l'autre était en déplacement aux Etats-Unis.
Rivière sonna.
- Gendarmerie, ouvrez !
Un homme relativement jeune ouvrit la porte.
- J'croyais que j'en avais fini avec les keufs, moi.
- On a quelques questions à vous poser. On peut entrer ?
- Comme si j'avais le choix, plaisanta-t-il en les laissant passer.
- Où étiez-vous vers 4 heures du matin ? attaqua Philippe.
- Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?
- Répondez, où étiez-vous ?
- Dans mon lit, comme tout le monde, justifia M. Perrot
- Quelqu'un peut confirmer.
- Ma copine.
- Son nom et son numéro, ordonna Philippe qui en n'avait marre de cette conversation qui traînait.
- Noémie Queloz, dit-il en tendant un bout de papier sur lequel était écrit un numéro de téléphone.
Philippe le prit sans délicatesse, composa le numéro et sortit de la pièce.
Rivière regarda le suspect. Il semblait stressé, pas à sa place. Pour l'adjudant cette attitude trahissait un quelconque reproche. Il engagea la conversation pour en savoir plus.
- Vous vous souvenez de la personne qui vous arrêté ?
- Ah cte salope de gendarmette. Oui pourquoi ?
- Oh vous ne parlez pas d'elle comme ça, le rembarra Rivière.
Heureusement que Philippe n'était pas là, pensa-t-il sinon il s'en serait déjà ramassé une.
- Flo... Florent c'est ça ?
- Oui, approuva l'adjudant.
Il s'en souvenait bien. Rivière décida de continuer.
- Vous ne l'avez pas revu ? insista-t-il.
- Non je ne l'ai pas revu. Mais pourquoi vous me demander tout ça ?
- Vous avez accès à du venin de cobra ? contrattaqua-t-il.
- Non ! Pourquoi ? répéta-t-il pour la énième fois.
- Le lieutenant Florent a été empoisonnée, expliqua enfin Rivière.
- Vous croyez vraiment que j'avais envie de revoir la femme qui avait foutu en l'air ma vie ?
- On peut aussi voir que c'est vous qui avez foutu en l'air votre vie, comme vous le dites.
M. Perrot resta muet.
Rivière se leva et contempla d'un regard l'appartement. Sur les commodes trônaient des cadres photos dans lesquels on pouvait voir une belle jeune fille, sûrement cette Noémie Queloz. L'adjudant n'était pas convaincu de sa culpabilité. M. Perrot avait raison, étant sorti de prison depuis peu ce n'était pas la femme qui l'avait arrêté qu'il allait revoir en premier.
Rivière commença à ouvrir les tiroirs de la commode, lorsqu'il tomba sur des photos qui contredirent totalement son hypothèse. Ces photos représentaient Isabelle au restaurant, devant la caserne, derrière la vitre de son appartement, en ville...
- Capitaine ! appela-t-il.
Philippe entra dans la pièce le portable à la main.
- Je n'ai pas réussi à la joindre.
- J'ai autre chose, dit Rivière en tendant les photos.
Philippe les passa en revue.
- Effectivement, constata-t-il.

Caserne de Grasse

- Vous affirmez ne pas avoir revu le lieutenant Florent depuis votre sortie de prison. Alors pourquoi avons-nous retrouvé ces photos chez vous.
Philippe était sur les nerfs. L'idée qu'Isabelle ait pu être une cible lui était insupportable.
- Je vous écoute, reprit-il.
- C'est un copain qui me les a données.
- Vraiment ? Un copain ?
- Ouai il avait fait une fixation sur elle.
- Dans ce cas vous ne voyez pas d'inconvénient si l'on compare vos empreintes à celles retrouvées sur la seringue.
- Non aucun.
Philippe se leva et alla chercher les feuilles nécessaires pour appliquer les doigts de M. Perrot.
Quelques minutes plus tard c'était fait.
- En attendant que le résultat tombe vous êtes placé en garde à vue, déclara Philippe.
Il se tourna vers l'officier et lui demanda de l'emmener. Puis, les empreintes à la main il partit au labo.

Labo de la caserne

- Platon, il faudrait que vous me compariez ces empreintes avec celles trouvées sur la seringue, de toute urgence.
- Bien mon capitaine je vous fais ça, toute suite.
Philippe partit en traînant les pieds. Il s'arrêta devant les photos qu'on avait retrouvées chez M. Perrot. Il les contempla. Isabelle étai si belle. Pourquoi n'était-elle plus près de lui ? Une multitude de remords l'envahit. Après tout c'était à cause de lui si elle était dans ce lit entre la vie et la mort. Il aurait dû l'écouter quand elle lui avait dit qu'il était dangereux, il aurait dû la faire protéger, lui interdire de sortir de la caserne...
Au fond de lui, il savait bien qu'isabelle n'aurait jamais accepté toute ces restrictions. Elle aimait tellement s'impliquer dans son travail.

Caserne de grasse

Philippe demanda à Rivière si il voulait l'accompagné voir Isabelle. Mais celui-ci préférait se concentrer sur l'enquête (comme par hasard... plutôt il voulait le laisser aller seul).

Hôpital de Grasse

Philippe aurait pu passer des heures au chevet d'Isabelle mais il devait aussi mener son enquête.
Il lui prit tendrement la main.
- Comment quelqu'un a-t-il pu te faire ça ?
Philippe trouvait déjà déconcertant que Marchand ait voulu se venger après toutes ces années. Mais qu'en plus quelqu'un d'autre soit venu l'empoisonner pour la tuer une nouvelle fois le dépassait complètement.
Il ne pouvait pas supporter l'idée de voir la vie, sans son sourire radieux, sans son éternel entêtement, sans sa joie de vivre...bref sans Elle.
« Pourquoi ? Pourquoi elle ? »
Il se répétait sans cesse cette même question.
Il était tellement fatigué qu'il posa sa tête contre le bras d'Isabelle et ferma les yeux.

Chapitre 4
" Un trou de mémoire "


Dans la chambre qui était baigné dans une douce lumière matinale, Philippe dormait mais il ne tarda pas à être tiré de son sommeil par une légère pression dans sa main.
Non ce n'était pas possible ! Ce devait être rien d'autre qu'un rêve !
La pression devenait plus insistante, ce qui lui permit de penser qu'il ne rêvait pas.
Isabelle cligna des yeux à cause de la lumière. Où était-elle ? Ses yeux tombèrent sur un homme en chemise bleue qui dormait. Elle découvrit rapidement de qui il s'agissait.
- Philippe ?
Sa voix n'avait été qu'un murmure, mais il était bien réel.
« Pincez-moi, je rêve » se dit Philippe, le coeur s'accélérant.
Mais Isabelle continua.
- Philippe, c'est bien toi ? chuchota-t-elle.
Celui-ci, le visage fendu en un immense sourire approuva d'un hochement de tête.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi suis-je ici ? s'interrogea-t-elle.
- Je vais te raconter. Mais avant je voudrais savoir si tu a mal quelque part.
Isabelle baissa les yeux. Quand elle s'était réveillée elle avait trouvé bizarre le bas de son corps. A vrai dire elle ne le sentait plus vraiment. Mais elle ne voulait pas inquiéter Philippe.
- ... Je ne sens plus mes jambes, finit-elle par lui avouer.
Alors là, il s'en fichait royalement. Il ne savait même pas pourquoi il avait posé cette question. Elle pouvait être en fauteuil roulant, il en avait rien à cirer puisqu'elle vivante, VIVANTE ! Il aurait pu le crier à la terre entière.
Philippe lui caressa la joue du bout des doigts puis il s'arrêta pour la contempler. C'était bien elle. Bien vivante et toujours aussi belle, certes elle avait changé, son visage s'était aminci, son corps certainement aussi, ses cheveux étaient devenu ternes, mais ses yeux, eux, n'avaient nullement changés. Toujours ce magnifique vert émeraude. Chaque fois qu'il les regardait il en avait le souffle coupé. Ils étaient si...mystérieux et à la fosi il avait l'impression qu'en se plongeant dedans le coeur d'Isabelle se livrait à lui sans secret.
Comme attiré par ses yeux, Philippe se pencha vers elle. Il les voyait s'approcher, devenir de plus en plus grands, de plus en plus verts... Il baissa les siens afin de trouver ses lèvres. Mais la magie prit fin lorsqu'Isabelle se racla la gorge.
Il se reprit à temps.
- Je vais appeler Chloé pour la prévenir de la bonne nouvelle, claironna Philippe comme si de rien n'était.
- Qui est-ce ? murmura Isabelle.
Philippe s'arrêta nette. Ah ! Cette fichue amnésie, le médecin l'avait prévenu. Dieu merci elle souvenait encore de lui.
- Tu ne te souviens pas d'elle ? demanda-t-il calmement.
Isabelle réfléchit.
- Non je ne vois pas, se désola-t-elle.
- Ce n'est pas grave, ne t'inquiète pas ça va revenir, lui dit-il tendrement. Maintenant reposes-toi.
Isabelle était tellement fatiguée qu'elle ne fit pas prier.

Philippe sortit de la chambre et se mit à la recherche du Docteur Duciel. Il le trouva quelques chambres plus loin.
- Docteur ! Elle s'est réveillée, cria-t-il presque.
- Oui, j'ai été informé.
- Mais...Il y a un petit problème. Elle ne semble plus se souvenir de Chloé, la jeune fille blonde, expliqua-t-il au médecin.
- Oui, en effet. Je vous ai averti qu'elle pourrait avoir une légère amnésie. Pour la plupart des patient c'est comme si ils revenaient des années en arrière.
- Ah alors c'est pour ça. Isabelle n'est pas légalement sa mère, mais sa tutrice légale. D'après ce que vous dites, il se pourrait qu'elle ait oublié qu'elle l'ait adopté.
- C'est tout à fait possible.
- Et...elle retrouvera la mémoire quand ?
Il était immensément heureux qu'Isabelle ce soit réveillée mais le fait qu'elle puisse ne plus être la même lui faisait peur. Parce que qui dit perte de mémoire, disait perte de souvenirs des moments partagés ensemble, de leur baiser échangé et surtout, ce qu'il redoutait le plus, oubli des sentiments qu'elle avait pour lui (si elle en avait).
La voix du médecin le fit sortir de ses pensées.
- Vous savez, ça varie beaucoup en fonction du patient. Je ne peux vraiment pas vous dire.
Philippe en avait marre. Les médecins répondaient toujours la même chose.
Philippe savait que si Isabelle ne se souvenait plus jamais de Chloé, la jeune fille le prendrait terriblement mal. Elle n'avait plus qu'elle.
Avant que le médecin ne parte, Philippe se souvint qu'il lui avait annoncé que la balle avait peut-être endommagé la moelle épinière.
- Pour sa mobilité. Qu'en est-il maintenant ?
- Nous allons réaliser les examens dans quelques minutes. En attendant, je vous propose d'aller avertir sa famille.

Philippe gravit en toute hâte les escaliers qui menait aux appartements et frappa à la porte de celui d'Isabelle, le sourire aux lèvres. Nicolas lui ouvrit.
Philippe entra et Nicolas ferma la porte.
- Alors j'ai une bonne nouvelle...
- Isabelle s'est réveillé ? émit Chloé.
- Exactement, affirma Philippe.
- Non ?! C'est pas possible !! s'écria-t-elle la voix tremblante.
- Si, je vous promets, sourit Philippe.
Chloé courut se jeter dans les bras de Philippe.
- C'est merveilleux, articula-t-elle entre deux sanglots (de joie). Si tu savais combien de fois j'ai rêvé de ce moment.
Philippe lui caressa tendrement les cheveux.
- Et elle se souvient de tout ? demanda Nicolas.
« Aïe ! » pensa Philippe. Pas cette question.
- Oui, il me semble, mentit-il.
- Alors c'est génial ! s'exclamèrent en coeur Chloé et Nicolas.
- Je vous emmène, déclara Nicolas.
Philippe se mordit la lèvre. Il s'en voulait de ne pas avoir dit la vérité au sujet de sa mémoire. Chloé ne le lui pardonnerait jamais.
Pour se consoler, il se dit qu'il avait une super bonne nouvelle à annoncer à l'équipe. Sur ce, il descendit à la caserne.

Arrivé en bas, il demanda à Rivière de rassembler tout le monde. Celui-ci haussa les sourcils en signe de question, mais Philippe le fusilla du regard.
- D'accord, je ne pose pas de question. C'est un ordre, je suppose, ironisa-t-il.
Philippe sourit.
Une fois l'équipe rassemblée, Philippe prit la parole.
- Voilà, je voulais vous annoncez une magnifique nouvelle : Isabelle s'est réveillée, termina-t-il tout sourire.
- C'est pas possible ! s'écria Roussillon.
- Vraiment ?! renchérit Platon
- Quelle bonne nouvelle ! ajouta Rivière.
Philippe laissa se taire les éclats de joie de ses collègue avant de continuer.
- Je vous propose que vous alliez la voir, une fois durant cette semaine. Ça lui fera plaisir, ajouta-il.
Tous approuvèrent. Roussillon, lui, ne rêvait que de ça.
Chacun retourna à sonoccupation, une nouvelle lumière dans les yeux.
- Platon ! appela Philippe, vous avez la comparaison d'empreintes que je vous avais demandées ?
- Oui, elle ne corresponde pas, mon Capitaine.
- Et merde !lâcha Philippe. Donc si je comprends bien, on reprend tout à zéro ?
- J'ai bien peur que oui, mon Capitaine.
- Vous n'avez pas une piste ? Même une toute petite ?
- Non, rien. Vous voulez que je retourne dans sa chambre pour rechercher des indices ?
Platon eut tout juste le temps de finir sa phrase, que Philippe s'écria :
- Mais oui !! Quel con ! Pourquoi je n'y ai pas pensé plutôt : les lettres !
- Quelles lettres ? demanda Platon complètement perdu.
- Les lettres de menaces que j'ai reçues, expliqua-t-il. Vous vous souvenez, je vous avais demandé d'analyser la première. Mais ensuite, j'en ai reçu une deuxième. Je n'ai pas semblé utile de vous la transmettre, croyant que c'était une mauvaise plaisanterie mais maintenant je saisis.
Platon ayant finalement compris son raisonnement termina.
- Vous pensez que la personne qui est derrière ces lettres est passée à l'acte ?Effectivement, c'est toute à fait possible.
- Ne bouger pas, ordonna Philippe. Je vous les amène dans trente secondes.

Chloé courut presque jusqu'à la chambre d'Isabelle mais s'arrêta nette lorsque sa main de posa sur la poignée. Elle ne savait plus si elle devait l'ouvrir. Et si Isabelle n'était plus la même...Chloé n'était plus sûr de vouloir pousser cette porte et de découvrir un légume, qui ne sait plus parler et à peine bouger.
Finalement, elle inspira profondément et ouvrit la porte.
Isabelle dormait. Si on n'avait pas remarqué que tous l'amas d'appareils avait disparu, on aurait pu croire qu'elle ne s'était pas réveillée.
Chloé approcha une chaise et s'assit. Elle prit sa main de la sienne tout doucement pour ne pas la réveiller mais Isabelle ouvrit quand même les yeux.
Chloé sourit. Ça lui faisait tellement plaisir de revoir ces beaux yeux verts. Elle s'avança pour l'embrasser mais Isabelle eut un mouvement de recul.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle, la gorge serré.
Elle avait parlé à voix base comme pour ne pas troubler ce silence magique des retrouvailles.
- Euh...vous êtes qui ?
Chloé se redressa affolée.
Comment ça ?! Qui je suis ?
- Mais enfin, Isabelle. Tu ne te souviens pas de moi ?
Elle avait essayé de ne pas faire trembler sa voix. S'il y a avait bien une chose qu'elle n'aurait jamais voulu connaître, c'était bien ce moment.
Isabelle, après avoir remué dans sa mémoire ou visiblement ce qu'il en restait, secoua la tête.
- Non vraiment pas, regretta-t-elle. Pourquoi je devrais ?
Chloé, la bouche grande ouverte, les yeux aux bords des larmes, savait qui si elle prononcerait ne serait-ce qu'un mot, elle éclaterait en sanglot.
Elle qui était si contente de retrouver son Isa, maintenant elle aurait voulu qu'elle ne se soit jamais réveillée.
Les médecins étaient tous très enthousiasme de voir une patiente sortir relativement rapidement d'un coma aussi profond. Ils disaient presque que c'était un miracle de la science.
Mais pour Chloé ce pas du tout un miracle ! Si Isabelle n'était pas morte il y a un mois, elle l'était aujourd'hui dans le coeur de Chloé.
Comme guidée par une force qu'elle ne contrôlait pas, elle lâcha la main d'Isabelle, sortit de la chambre en trombe manquant de renverser Bernard et Nicolas, s'engagea dans le couloir et courut...
Courir pour oublier.
Courir pour échapper à son destin qui se dessinait devant elle.
Courir, courir à n'en plus finir.

Bernard, la main posée sur la poignée se retourna vers son petit-fils.
- Qu'est-ce qui lui prend ? demanda-t-il à Nicolas en parlant de Chloé.
Celui-ci, qui n'en avait aucune idée haussa les épaules.
Bernard poussa la porte et entra suivi de Nicolas.
En l'apercevant, un sourire las se peignit sur les lèvre d'Isabelle.
Le colonel hata le pas et la prit dans ses bras.
- On a eu tellement peur, murmura-t-il en lui déposant un baiser dans les cheveux.
- Alors comment ça va ? demanda-t-il en relâchant son étreinte.
Il eut pour toute réponse, un léger sourire sur les lèvres de sa fille qui voulait dire « ne t'inquiète pas ».
- Nicolas, appela doucement Isabelle.
Son fils qui était resté un peu à l'écart, la prit dans ses bras.
- Ne refais plus jamais ça, promis ?
Isabelle sourit. Il y avait si longtemps qu'elle n'avait pas revue son fils.
A ce moment, trois infirmières apparurent dans la chambre.
- Nous devons emmener la patiente pour des examens, déclara celle qui se trouvait en tête. Veillez sortir s'il vous plaît.
Nicolas et Bernard s'exécutèrent, après avoir regardé une dernière fois Isabelle.
Après avoir annoncé la bonne nouvelle à ses hommes, Philippe avait repris la direction de l'hôpital car il savait que Chloé allait découvrir qu'Isabelle ne se souvenait plus d'elle et après l'avoir trahi, il voulait être là pour la soutenir.
Comme il s'y attendait, il la découvrit roulée en boule sur un banc. Il s'approcha doucement et s'assit à côté d'elle.
- Chloé... dit-il en posant une main qui se voulait rassurante sur son épaule.
Chloé ne bougea pas. Pour elle plus rien n'avait d'importance.
Philippe la prit dans ses bras et ne tarda pas à sentir les larmes chaudes de Chloé mouiller sa chemise.
- Chloé..., répéta-t-il doucement.
- Philippe, elle ne ..., sa voie s'étrangla en sanglots.
- je sais, je sais...
Chloé releva la tête, surprise.
- Quoi ?! Tu savais ?
Philippe hocha la tête.
- Pourquoi tu m'a rien dit ? hurla-t-elle presque.
- mais Chloé... comprend-moi je ne voulais pas te faire de peine.
- pas me faire de peine, répéta-t-elle avec dédain. Mais t'aurais pu m'avertir, pas besoin de me mentir.
- D'accord, je n'aurais pas dû, concéda Philippe.
Il savait qu'elle avait raison. Mais Philippe n'abandonna pas et continua à défendre sa cause.
- Imagine un instant que je sois arrivé chez vous et que j'aurais dit : « j'ai une super nouvelle, Isabelle s'est réveillée, mais Chloé ça sert à rien que tu y ailles elle ne se souvient pas de toi. » Et alors que Nicolas et son grand-père fêterait la nouvelle, toi tu broierais du noir, seule dans ta chambre. Je ne pouvais pas, Chloé.
Cette réplique tira un sourire à Chloé. Philippe avait vraiment un sens de l'ironie bien à lui, pensa-t-elle.
- Bon peut-être pas de cette manière, répliqua Chloé. Mais si tu me l'avais dit, je n'entendrai pas continuellement ce : « Mais vous êtes qui, mademoiselle ? » prononcé par Isabelle. Et je ne verrais pas ces yeux vide, comme si j'étais une parfaite inconnue.
Pour toute réponse, Philippe resserra son étreinte. Il savait qu'il aurait dû lui parler avant, avant qu'elle ne se reprenne la vérité en pleine figure. Mais, il avait préféré se délaisser de ses responsabilités, et avait choisi le rôle du lâche. Il s'en voulait terriblement.

Philippe ayant ramené Chloé à la caserne et Bernard et Nicolas ayant fait de même. Roussillon en profita pour rendre visite à Isabelle.
- Bonjour, Isabelle, dit-il en poussant la porte.
Elle tourna la tête dans la direction de la provenance voix et eut un sourire en le découvrant. Finalement, personne ne l'avait oubliée.
- Bonjour, Pierre, sourit-elle.
Il approcha une chaise du lit.
- Vous m'avez fait tellement peur... Ne me refaites plus jamais ça, dit-il en prenant sa main dans la sienne.
- Rassurez-vous je ne comptais pas recommencer de sitôt, plaisanta-t-elle.
- Et sinon, vous avez mal quelque part ?
- Non, mentit-elle.
Elle avait parlé à Philippe du fait qu'elle ne sentait plus ses jambes, ce qui l'inquiétait par ailleurs. Mais c'était à Philippe. Elle n'avait pas envie d'attirer la pitié de tout le monde. C'était déjà assez humiliant pour elle de rester là à ne rien faire dans un lit d'hôpital.
- Et la brigade ? demanda-t-elle pour changer de sujet.
- ça va... un peu moins bien puisque vous n'êtes pas là, dragua-t-il.
Ah c'était bien notre Roussillon national, songea Isabelle.
- Je serai de retour bientôt, assura-t-elle un peu flattée.
Allez, il fallait se lancer se dit Pierre, et c'était le moment idéal. Après tout jamais personne n'était mort dans une déclaration d'amour.
- Isabelle..., commença-t-il.
« Oui, c'est bien. Mais pas suffisant. Allez continue », lui intimait son moi intérieur.
- Il faut que vous sachiez que je...
- Chut... murmura Isabelle en appliquant son doigt sur ses lèvres. Taisez-vous vous allez le regretter.

Chapitre 5
" L'arrestation "


Depuis qu'Isabelle s'était réveillée et qu'ils avaient sû qu'elle ne serait pas en fauteuil roulant pour la fin de sa vie mais qu'elle devrait juste faire quatre long mois de rééducation, Philippe, Bernard et Nicolas avaient retrouvé leu sourire et leur bonne humeur.
Roussillon et Chloé, quant eux, peinaient à les retrouver. Pour l'un ce réveil avait un méchant goût de râteau et pour l'autre, il était synonyme d'abandon.

Chloé, les yeux encore ensommeillés, apparut sur le seuil de sa chambre.
- ça va ? demanda Nicolas, une tasse de café dans une main et une tartine dans l'autre.
Philippe lui avait tout raconté. Et ça lui faisait de la peine de la savoir si triste. Il n'aimerait vraiment pas être à sa place. Alors il essayait de la consoler comme il aurait fait avec une petite soeur.
- Bof, répondit-elle laconique. Vous allez à l'hôpital ?
- Oui, tu veux venir ? lui proposa-t-il.
- A quoi ça servirait ?
- Je n'aime pas te voir comme ça. Allez viens t'asseoir, invita Nicolas.
Chloé se traina jusqu'à la chaise, que le montrait Nicolas.
- Tu sais, commença-t-il, elle va bien retrouver ses souvenirs un jour.
- Je sais, mais ça fait déjà une semaine, s'indigna Chloé.
Nicolas prit sa tasse et sortit de table. Décidément, il n'y avait rien à faire, elle était toujours aussi pessimiste.
- Tu devrais essayer de sourire, tu verras le temps passe plus vite, et la vie est plus belle, conseilla-t-il en lui ébouriffant amicalement les cheveux.
- La mienne ne mérite plus d'être vécu, de toute manière, râla Chloé.
- Qu'est-ce que tu racontes ? s'interrogea Nicolas.
- Rien, rien... lâcha-t-elle.
Nicolas était sûr de bien avoir entendu mais il n'y prêta guère attention.

- Alors Platon ? demanda Philippe en refermant la porte du labo derrière lui.
- Les lettres ont toutes les deux été écrite par la même personne, puisque j'ai pu constater que c'était le même papier et qu'elles ont été tirées par la même imprimante.
- C'est bien ce que je pensais. Vous avez trouvé des empreintes ?
- Malheureusement non. Bien sûr il y a les vôtres puisque vous les avez lues mais sinon rien.
Philippe soupira, il n'allait donc jamais boucler cette affaire ?
- Par contre, continua Platon. Le papier que la personne a utilisé n'est pas ordinaire. Si l'on regarde bien en bas à droite, on remarque le logo d'une société en l'occurrence Labowyss.
- Et c'est quoi cette entreprise ? demanda Philippe qui commençait enfin à voir une piste pointer le bout de son nez.
- Alors, dit-il en prenant la feuille qui était posé sur son bureau. C'est un laboratoire pharmaceutique qui a appartenu à Franck Wyss. Je dis « a appartenu » car, heureusement pour nous, la société la société a fait faillite en 2001 ce qui réduira la liste des gens qui aurait eu accès à ce papier à lettre.
- Bon travail, Patrick, félicita Philippe. Je vais demander à Roussillon de se renseigner sur les circonstances de cette faillite et sur ce « Wyss ».

- Messieurs ! On a une piste, claironna Philippe.
Rivière, Roussillon cessèrent leur tâche et s'approchèrent du Capitaine prêt à l'écouter.
Philippe leur expliqua les découvertes que Platon avait faites peu de temps avant.
- Donc, Rivière, vous allez au domicile des Wyss.
Il se tourna vers Roussillon.
- Quelle rue ? le coupa l'adjudant Rivière.
- Voyiez ça avec Platon, dit-il à l'attention de Rivière.
- Quant à vous Roussillon ! J'aurais besoin que vous me dressiez la liste des employés qui travaillaient de l'entreprise Labowyss. J'aimerais aussi que vous vous renseigné sur les cause de la faillite de cette entreprise.
- Oui, mon capitaine, dit-il comme un enfant dit oui à sa mère quand elle l'exaspère.
Philippe le fusilla du regard.
- Ce n'est pas fini ! Vous allez me trouver tout ce que vous pouvez sur un dénommé Franck Wyss.
- Toujours pour moi le sale boulot, marmonna-t-il.
Philippe qui allait s'en aller, se retourna.
- Pardon ? Vous pouvez répéter ?
Philippe avais très bien entendu ce qu'il avait dit entre ses dents mais il n'aimait que l'on remette en cause son autorité.
Remarquant le regard du capitaine, Roussillon changea vite de discours.
- Je m'y mets de suite.
Philippe hocha la tête satisfait du changement d'attitude de Roussillon.
Il avait constaté que depuis à peu près une semaine, Roussillon était devenu agressif, insolent. Ce qui étonnait Philippe c'était que ce changement d'attitude coïncidait approximativement avec le réveil d'Isabelle, une nouvelle plutôt réjouissante.

- Qu'est-ce que tu as ces temps, Pierre ? demanda Francis après que le Capitaine soit sorti.
Son collègue ne daigna pas sortir un instant de son travail qu'il venait de commencer.
- C'est à cause d'Isabelle ? émit Rivière ignorant le déni de Pierre.
Cette fois, il releva la tête.
- Je n'ai pas envie d'en parler, c'est clair ! cracha-t-il sentant que son ami s'aventurait en terrain scabreux.
- Bon, bon, s'inclina Rivière. Sache juste que je...
- Que tu es là si je veux parler, le coupa Pierre. Je sais, dit-il sèchement.
Francis haussa les yeux au ciel : Qu'est-ce qui lui prenait ?
- Et si tu te remettais à ton VRAI travail de gendarme pas comme moi, conseilla moqueusement Pierre.

Philippe était partit aux archives pour essayer de trouver si par hasard quelques journalistes avaient couvert la faillite de Labowyss. Comme malheureusement il était ressorti bredouille et que cette visite ne lui avait pas prit énormément de temps, il décida de s'accorder un petit détour par l'hôpital.
- Coucou, dit-il en ouvrant la porte de la chambre d'Isabelle.
Cette apparition imprévue, tira un sourire à Isabelle.
- Alors comment ça va, aujourd'hui, demanda-t-il en s'appuyant contre l'encadrement de la porte.
- Gentiment, sourit-elle afin de le rassurer.
Puis leur yeux se plongèrent dans ceux de l'autre, et ne se quittèrent plus.
Philippe avait l'impression qu'à travers les prunelles émeraude d'Isabelle, il pouvait lire le fond de sa pensée. Par exemple : elle avait répondu "gentiment " à sa question, mais il pouvait distinguer également que les exercices de rééducation la fatiguait et l'irritait en lui montrant son impuissance, qu'elle en avait marre de rester dans ce lit, à ne rien faire... Bref : il la comprenait en un simple regard.
La voix d'Isabelle vint troubler ce silence magique.
- Viens t'asseoir près de moi, intima-t-elle le sourire aux lèvres.
Philippe prit la chaise la plus proche, s'assit et saisit tendrement la main d'Isabelle.
- Tu sais...commencèrent-ils en coeur.
- Honneur aux femmes, concéda Philippe.
Elle marqua une courte pause afin de trouver les bons mots.
- Je réfléchis beaucoup ici, vu qu'il n'y a rien d'autre à faire, plaisanta-t-elle.
Elle reprit sont sérieux et plongea ses yeux dans ceux du Capitaine.
- Cet accident m'a fait prendre conscience que la vie était trop courte pour ne pas être vécu pleinement. Il m'a aussi montré que je tenais vraiment beaucoup à tous les gens de ma famille et... aussi à toi. C'est pour ça que j'aimerais que tu sache que je...
Philippe appliqua délicatement son doigt sur ses lèvres, il fit descendre sa main écartant doucement ses cheveux et l'attrapa par la nuque.
Puis pour être sûr qu'elle ne dise plus rien, il appliqua tendrement ses lèvres sur les siennes.
Un frisson parcourut le dos d'Isabelle. Aux contacts de ses lèvres, elle retrouva la même sensation que la dernière fois, avant son accident. Elle se souvint qu'elle se trouvait chez Philippe, mais aussi de son accident, de Marchand. Puis un flot de souvenir déferla dans son esprit : l'enterrement de la mère de Chloé, sa première arriver chez elle, le départ de Nicolas pour les Etats-Unis... Elle avait retrouvé la mémoire !
Après trente bonnes secondes, Philippe s'écarta et approcha sa bouche de l'oreille d'Isabelle.
- Moi aussi, murmura-t-il tout simplement.
Puis il prit sa veste et s'apprêta à sortir après s'être retourné pour offrir un dernier sourire à Isabelle.
- Philippe, je me souviens de tout ! s'exclama-t-elle après avoir retrouvé ses esprits.
Philippe se retourna.
- Quand tu dis de tout c'est vraiment de tout ? s'assura-t-il.
- Oui, je me souviens de Chloé, si c'est ça que tu veux savoir.
Ce n'était pas vraiment ce que Philippe voulais confirmer mais Chloé allait être contente.
- Et bien, c'est génial ! Je vais l'appeler tout de suite.
- à ce soir, dit-elle un sourire aux lèvres et d'une voix pleine de sous-entendu.
Philippe lui rendit son sourire et sortit afin téléphoner à Chloé pour lui annoncer la merveilleuse nouvelle. Bizarrement, elle ne répondit pas alors que d'habitude elle avait toujours son portable sur elle. Philippe se dit que ce devait être un oubli de sa part, mais il trouvait quand même cela étrange.
Son téléphone sonna, espérant que s'était Chloé il décrocha rapidement.
- Je sors à l'instant du domicile de Mme Wyss, dit Rivière.
- Oui, alors ?
- Elle nie tout en bloc. Elle prétend ne jamais avoir vu ce papier à lettre et elle m'a formellement assuré qu'elle ne connaissait aucune Isabelle Florent.
- Bon...tant pis, dit-il défaitiste.
Philippe raccrocha et monta dans sa voiture.

Arrivé à la caserne, Philippe monta dans la partie destiné aux appartements pour voir si Chloé ne s'y trouvait pas. Il frappa, mais personne ne répondit. Il sortit alors la clé qu'Isabelle lui avait donné au cas où et entra. Il découvrit sur la table un mot rédigé par Chloé qui disait qu'elle était chez Audrey.
Philippe n'était pas tranquille. Il prit le téléphone et composa le numéro de Nicolas. Il lui demanda s'il savait où était Chloé. Celui-ci lui répondit qu'elle lui avait dit qu'elle était partie faire un tour en forêt. Après lui avoir assuré de ne pas s'inquiéter, Philippe raccrocha.
Cette histoire devenait de plus en plus bizarre. Sur un papier il écrivait qu'elle était chez une amie et à Nicolas elle racontait qu'elle allait se promener.
Philippe se résigna, après tout qu'est-ce qui pouvait bien lui arriver de mal et il descendit à la caserne.

- Capitaine ! appela l'adjudant Rivière. Une femme a appelé, elle dit qu'il y a une jeune fille sur le pont qui surplombe l'autoroute, qui menace de sauter.
Soudain, l'idée que ce pouvait être Chloé se fraya un passage dans l'esprit du Capitaine.
- Merde ! jura-t-il, hâtant le pas en direction de labo.
Il écrivit rapidement le numéro de Chloé sur un bout de papier et le tendit au TIC.
- Vous pouvez me localiser ce portable, Platon ? Rapidement s'il vous plaît.
- Tout de suite !
Platon entra le numéro dans le logiciel et attendit qu'il le trouve. Au bout de trente seconde un point vert indiqua son emplacement.
- Pont Saint-Exupéry, lut Philippe à haute voix.
Il remercia rapidement Platon, puis sortit en courant du labo, héla l'adjudant Rivière au passage, se précipita dans la cour et ouvrit la portière de sa voiture.
- On peut savoir ce qu'il se passe ? demanda Rivière le souffle court.
- Je vous expliquerai en route. Montez ! ordonna le Capitaine.
L'adjudant s'assit sur le siège et Philippe démarra sur les chapeaux de roue.

Philippe arrêta la voiture une centaine de mettre avant le pont.
- Vous faîte le tour, ordonna Philippe à Rivière.
De loin il pouvait tout juste distingué que Chloé avait passé la barrière et qu'elle regardait le vide qui la séparait du sol. Et pour corsé le tout elle n'avait pas choisi un pont "normal" où si jamais elle sautait, il pourrait plonger pour tenter de la sauver. Non elle avait choisi un pont qui dominait l'autoroute ou si elle sautait, je vous laisse imaginer la suite.
Philippe arriva près d'elle le souffle court à cause du sprint d'enfer qu'il avait piqué.
- Ne fais pas ça, Chloé ! cria-t-il.
- Ne t'approche pas ! cracha-t-elle.
Philippe n'avança plus mais il continua de lui parler.
- Chloé...tu n'as qu'une vie. Sois raisonnable.
- Qu'une vie, railla-t-elle. Ouai ben la mienne n'a plus de sens si elle ne se souvient pas de moi.
Discrètement Philippe fit un pas.
- Je sais ce que tu ressens. Mais...
- Non tu sais pas, le coupa-t-elle. Tu sais pas ce que sais de ne plus avoir de mère, de se réveillé seule au monde, de se sentir abandonné. Non tu sais pas ce que c'est ! Imagine, si elle ne s'était pas souvenue de toi, comment tu aurais réagi ! Hein comment ?! insista-telle.
Philippe baissa les yeux. Qu'elle ne se souvienne plus de lui, avait justement été sa hantise quand le médecin avait annoncé qu'il serait possible qu'elle souffre d'une légère amnésie.
Mais là n'était pas la question, ce n'était pas de lui qu'on se préoccupait mais de la vie de Chloé.
Sans bruit, il avança encore d'un pas. Maintenant, il pouvait presque attraper sa main.
- Ne t'approche pas ou je le fait, menaça-t-elle en le voyant avancer.
- Chloé...je sais que tu n'en feras rien. Écoute-moi, je suis allée la voir à l'hôpital, elle a retrouvé la mémoire, assura-t-il.
- QUOI ?! s'exclama-t-elle.
Elle connaissait les techniques des gendarmes. Elle savait qu'Isabelle avait sauvé plusieurs vies, dont celle de son père en bluffant.
- Elle m'a déjà prévenu que tu ne savais pas mentir ! cria-t-elle tentant de le démasquer.
- Mais enfin, ce n'est pas un mensonge. Elle se rappelle de toi, répéta-t-il.
Philippe fit un pas.
- Bon écoute-moi, reprit-il. Imagine que tu... que tu sautes. Comment veut tu que je lui annonce ça ?
- Il faudra bien que tu te débrouille, parce que...
Avant même qu'elle ait terminé sa phrase, Chloé fit glisser son pied, et ses mains lâchèrent la barrière. Mais elle n'eut pas le temps de tomber, Philippe avait franchi le pas qui le s'éparait d'elle et avait rattrapé sa main.
Rivière arriva en courant et aida le capitaine à la remonter.
Philippe la prit dans ses bras et elle commença à pleurer.
- C'est fini, Chloé, murmura-t-il, c'est fini...
Chloé dont les larmes avait cessé de couler, releva la tête et demanda.
- C'est vraiment vrai, ce que tu as dit ?
Souriant, Philippe approuva d'un hochement de tête énergique.
- Je peux aller la voir, alors ? demanda-t-elle timidement.
Elle était un peu honteuse, d'avoir fait ce qu'elle avait fait. Alors que finalement ce n'était pas si grave. C'était même génial puisque tout était rentré dans l'ordre.
Philippe la fixa droit dans les yeux.
- Oui, mais une condition : ne me refait plus jamais ça ! Compris !
Chloé sourit, contente qu'il lui ait pardonné.

Après quelques minutes de route, Philippe arrêta la voiture sur le parking de l'hôpital.
- Vas-y, mais ne fais quand même pas trop long, dit-il en coupant le moteur.
-Tu ne viens pas ? lui demanda-t-elle, sachant bien qu'il se tramait quelque chose entre eux.
Philippe ne savait pas quoi répondre. Il avait peur de monter et de croiser dans les yeux d'Isabelle cette mystérieuse lumière qu'il avait entrevu le matin. Il avait peur qu'elle ait mal pris son baiser. Il avait peur de leur amour. Il avait peur de s'engager. Bref, il se posait tout un tas de question.
La voix insistante de Chloé, le fit sortir de ses pensées.
- Pourquoi tu ne veux pas venir ?
- Si, si, je vais venir, s'inclina Philippe.

Dans les couloirs, le téléphone de Philippe sonna, ce qui laissa un peu d'avance à Chloé pour aller retrouver Isabelle, seule.
Il s'excusa auprès de Chloé et décrocha : c'était Roussillon.
- Mon Capitaine, j'ai fait les recherches que vous m'aviez demandées.
- Oui, alors ?
- Labowyss qui est donc un laboratoire pharmaceutique, a été soupçonné d'importer des animaux de laboratoire illégalement. Finalement, les enquêteurs ont découvert des preuves ce qui a conduit à un procès que Labowyss a perdu. Ils ont dû payer une amende, très élevé dans le cas présent ce qui a provoqué la faillite.
- Intéressant ! Et je suppose que leur « animaux de laboratoire » compte des cobras, émit Philippe.
- Exactement ! Donc il était facile pour le tueur de ce procuré du venin.
- Bien, et qu'avez-vous trouvé sur Franck W...
Philippe avait à peine terminé sa phrase qu'une question surgit dans son esprit.
- Roussillon, vous avez vérifié si celle qui était chargé de rassembler des preuves contre LaboWyss n'était pas Isabelle ?
- Non, l'enquête avait été confiée à la brigade voisine.
Philippe soupira. Il pouvait bien allez faire une visite chez les Wyss mais il n'avait aucune preuve qu'ils connaissaient Isabelle, et encore moins qu'ils l'aient tuée.
- Sinon sur Franck Wyss, poursuivit Roussillon à l'autre bout du fil. Il a fait des études de chimiste s'est marié à Martine Fleury, ensemble ils ont eu un fils. En 1995, il a ouvert son laboratoire pharmaceutique qui marchait plutôt bien. Mais après le procès et donc la faillite, il a entamé un dépression pour finalement mettre fins à ses jours en 2002.
- Il n'avait jamais eu affaire à la justice avant ?
- Non, mon capitaine. Mais par contre leur fils a été arrêté en 2003 par Isabelle.
- Le mobile pourrait donc être la vengeance ?
- C'est probable. Mais une chose est sure, sa femme a menti quand elle a dit à Rivière qu'elle ne connaissait pas le Lieutenant.
- Bon, prenez quelques hommes, et procédé à une perquisition et l'interpellation de leur fils avec Rivière.
- Bien, mon capitaine.
Ils raccrochèrent.

Ayant constaté que Philippe était occupé au téléphone, Chloé le devança et arriva devant la porte. En posant sa main sur la poignée toute une ribambelle de souvenirs lui revint en tête. Elle se rappela de la première fois qu'elle avait ouvert cette porte, espérant pouvoir reparler à Isabelle. Cette fois où elle avait eu l'impression que sa vie s'écroulait.
Après avoir balayé tous ces mauvais souvenirs, elle inspira profondément et appuya sur la poignée, d'un geste résolu.
Isabelle dormait dans la douce lumière du soir. Chloé s'assit sur le rebord du lit en essayant de faire le moins de bruit possible.
Chloé observa Isabelle, son visage était serein et on distinguait un léger sourire sur ses lèvres. Maintenant que Chloé savait qu'elle se rappelait d'elle, la jeune fille trouvait que c'était vraiment Isabelle, toujours pareille. C'était son Isa !
Du bruit dans le couloir, fit ouvrir les yeux à Isabelle. En voyant Chloé assise près d'elle ses yeux s'illuminèrent.
- Ma puce...chuchota –t-elle en levant sa main pour lui caresser la joue.
En entendant sa voix, les larmes montèrent aux yeux de Chloé et sa gorge se noua.
Isabelle se redressa et la serra très très fort. Chloé ne put contenir ses larmes plus longtemps. Il y avait tellement de temps qu'elle ne l'avait plus prise dans ses bras comme ça.
- Chut...chut...je suis là ne pleure plus, la consola Isabelle.
Chloé relâcha l'étreinte d'Isabelle et sécha ses larmes. Elle commença a lui raconter tout ce que Isabelle avait manqué depuis son accident. Elle écouta attentivement même si son père et son fils le lui avait déjà raconté, à quelques petites détails près...
Quelques minutes plus tard, quelqu'un frappa et Philippe entra.
- Coucou ! clama-t-il le sourire aux lèvres.
En constatant l'état des yeux de Chloé, il en conclu que les retrouvailles avaient dues être émouvante.
Il appliqua une main rassurant sur l'épaule de Chloé, qui releva la tête et lui sourit, les yeux encore tout embué.
Puis Philippe se tourna vers Isabelle mais n'osa pas la regarder dans les yeux, de peur de...
Il ne savait même plus de quoi il avait peur.
Il allait ouvrir la bouche mais Isabelle le devança.
- Tu as été retenu par le boulot ? demanda-t-elle.
- Oui, mais rien de grave...le rassura Philippe.
- Raconte-moi, ça me changera un peu les idées, proposa-t-elle.
Chloé s'apprêtait à commencer à raconter, lorsqu'elle croisa le regard implorant de Philippe qui lui fit refermer la bouche.
- Oh, c'est juste un vol de voiture, mentit Philippe.
Isabelle ne fut pas dupe.
- Je t'ai déjà dit qu'il fallait que tu apprennes à mentir, c'est très utile dans notre métier, plaisent-t-elle.
D'un soupir, Philippe s'avoua vaincu. C'était une réalité, il se savait pas mentir et encore moins à Isabelle.
Chloé vint au secours de Philippe.
- Quand tu étais dans le coma, quelqu'un a essayé de...de t'empoissonner, dit-elle avec hésitation. Donc Philippe enquête sur ta tentative de meurtre.
Isabelle fut choquée par la nouvelle qu'elle venait apprendre. Ça voulait dire que premièrement Marchand avait tenté de la tuer mais de plus lorsqu'elle était totalement impuissante dans un lit d'hôpital une autre personne avait à nouveau tenté de la tuer.
- ça veut dire que j'ai passée deux fois près de la mort ? déduisit-elle ahurie.
Philippe hocha la tête. Il n'avait jamais vu la chose sous cet angle. Il était très fier d'elle, ça prouvait que c'était une vrai battante. Bien qu'il n'en ait jamais douté.
- Et vous l'avez arrêté ? poursuivit-elle.
Philippe secoua la tête.
- Mais nous avons une piste solide, affirma-t-il.
Il repensa à ce que Roussillon lui avait appris.
- D'ailleurs je crois que tu le connais : Mattias Wyss.
- Mais oui ! s'exclama-t-elle après avoir réfléchi un court instant. Je l'ai arrêté il y a...neuf ans je crois pour...trafic de stupéfiant.
Philippe fut bien content de constater que sa mémoire fonctionnait à merveille.
- Alors puisque tu t'en souviens, tu penses qu'il serait capable d'une telle vengeance ?
- Matthias ?! Franchement ? Non je ne pense pas. Il avait très bien admis son arrestation et il avait pris conscience qu'il avait fait une énorme bêtise. Mais les mentalités changent en prison.
Philippe ne put retenir un soupir de découragement. Au fil du temps, il avait appris que les intuitions d'Isabelle se révélaient rarement fausses. Lui qui pensait que l'enquête touchait à sa fin !
- Bon si on arrêtait de parler boulot, suggéra Philippe. Comment vas-tu aujourd'hui ?
- Comme d'habitude, sourit Isabelle. Ah, j'allais oublier, s'exclama-t-elle. Le médecin m'a annoncé que je pourrais sortir demain.
Le visage de Philippe se fendit en un énorme sourire, tandis que Chloé s'écria en la prenant dans ces bras :
- C'est génial !
Philippe regarda sa montre. L'heure des visites allait bientôt se terminer.
- Bon, on va y aller, annonça Philippe.
Après avoir embrassé une dernière fois son Isabelle retrouvée, Chloé sortit de la chambre suivit de Philippe.
- Philippe, le rappela Isabelle.
Celui-ci se retourna.
- Merci...Merci pour Chloé.
- Je n'ai fait que mon métier !
- Tu l'aimes bien, n'est-ce pas ?
Philippe sourit.
- Et... Merci de m'avoir dit la vérité, dit-elle d'un ton reconnaissant.
- Tu sais bien que je ne peux rien te cacher, rigola-t-il.
- C'est pour cela que je t'aime, murmura-t-elle.
Les battements de coeur de Philippe s'accélèrent. Elle le lui avait dit !
- Moi aussi, chuchota-t-il en revenant vers elle.
Il s'assit sur le lit, l'enlaça et l'embrassa passionnément.
- Philippe ? Tu viens ? cria Chloé depuis le couloir.
Comme elle n'avait pas de réponse. Elle revint sur ses pas et poussa la porte. Le spectacle qui s'offrit à ses yeux, lui fit apparaître un large sourire sur ses lèvres. Puis elle referma discrètement la porte comme si de rien était.
Sachant bien que Chloé les avait vus et comprenant qu'elle s'impatientait, ils mirent fin à leur baiser, les yeux pétillants.
Après avoir souri une dernière fois à sa chère et tendre, Philippe quitta la chambre et appela Chloé qui était assise sur une chaise dans le couloir.
- Tu l'aimes ? demanda Chloé lorsqu'elle fut à sa hauteur.
Philippe la regarda droit dans les yeux.
- On ne pose pas de question quand on connait déjà la réponse.

Chapitre 6
" L'arrestation "

Philippe était allé se coucher, sur un petit nuage. La vieille, il avait pu goûter à nouveau pleinement à la délicieuse saveur des lèvres d'Isabelle. Enfin ! s'était-il dit. Il y a avait tellement longtemps qu'il avait attendu ce moment.
Cela faisait à peine deux heures qu'il l'avait quitté et déjà il voulait retourner auprès d'elle. Elle lui manquait tellement.
L'esprit en paix, Philippe ferma les yeux.
Sa paisible nuit ne fût pas très long car il fut réveillé à six par la sonnerie de son téléphone qui se trouvait sur sa table de chevet. A tâtons dans l'obscurité, il tenta de saisir le combiné.
- Allô, marmonna-t-il d'une voix à demi réveillée.
- Bonjour, mon Capitaine !
Malgré son état mi réveillé, Philippe n'eut aucune peine pour reconnaitre la voix du gendarme Roussillon.
- Désolé de vous réveiller de bon matin, s'excusa-t-il.
Philippe se souvint de la conversation téléphonique qu'ils avaient eue la veille.
- Alors qu'a donné cette perquisition ? demanda Philippe en se frottant les yeux.
- Justement, je voudrais que vous descendiez pour que je puisse vous en parlez.
- Tout de suite, répondit Philippe qui était déjà levé, le pantalon dans une main prêt à s'habiller.
Quelques minutes plus tard, Philippe était dans le bureau de Roussillon.
- Je vous écoute, dit-il en se servant une tasse de café, comme l'avait déjà fait Pierre.
- Vous l'avez arrêté ? demanda Philippe.
- Oui, Rivière est en train de l'interroger, dit-il en désignant de la tête le grand bureau.
- Et vu ce que l'on retrouvé chez lui, on pourra le garder un moment.
D'un regard, Philippe lui demanda de développer.
- Premièrement, commença Pierre. Nous avons récupéré un terrarium dans lequel se trouvait un cobra. Je l'ai laissé à Platon afin qu'il compare les deux venins, précisa-t-il.
Le Capitaine resta septique. Il avait appris à ne pas tirer trop rapidement des conclusions hâtives.
- Ce n'est pas un crime de posséder un cobra chez soi, argumenta Philippe. Vous savez, comme moi, que c'est ce qu'il va prétendre.
- Vous avez tout à fait raison. C'est pour cela que Platon analyse le venin, expliqua Roussillon.
Il but une gorgée de café tiède et reprit :
- Quant à moi, j'ai passé toute la nuit à inspecter l'ordinateur que l'on a retrouvé chez, pour chercher une quelconque trace des lettre de menace ou encore peut-être de photo d'Isabelle, comme nous avions trouvé chez M. Perrot. Mais au lieu de ça j'ai trouvé...
Quelqu'un frappa à la porte, et Rivière passa sa tête par l'entrebâillement.
- Pierre, tu pourrais venir m'ai...
Il s'interrompit en croisant le regard réprobateur de Philippe qui n'aimait pas qu'on le coup.
- Bonjour, Capitaine, salua-t-il, gêné.
Sans même terminer sa phrase, Rivière sortit du bureau.
Philippe réfléchis un instant. Il avait peut-être été un peu dur sur ce coup-là.
Mais il avait tellement envie que cette enquête finissent comme ça il pourrait aller retrouver Isabelle. Même si il s'accordait déjà ce droit bien que l'affaire ne soit pas close.
- Alors... oui cet ordinateur, reprit Philippe.
- Pendant toute la nuit j'ai cherché des lettres de menaces mais finalement c'est tout autre chose que j'ai trouvé.
Il finit sa tasse et continua.
- Dans l'historique de ses pages internet j'en ai trouvé une page qui traitait d'un sujet assez peu classique, en rapport avec l'enquête...devinez, dit-il d'un ton joueur.
Philippe le fusilla du regard, il n'aimait pas du tout les devinettes.
- « comment extraire du venin de cobra », lâcha Roussillon après s'être racler la gorge.
- Pas mal, admit Philippe. Et il justifie ça comment ?
Roussillon haussa les épaules.
- C'est Rivière qui s'occupe de l'interrogatoire.
- Bon, allez le relayer, ordonna-t-il.
- Mais j'ai déjà fait toute l...
Roussillon savait bien que le Capitaine n'allait pas céder, donc il préféra ne pas terminer sa phrase.
Ne pouvant s'empêcher de laisser échapper un soupir, il sortit en tâchant de ne pas claquer la porte derrière lui bien qu'il en ait une forte envie.

Philippe sortit à son tour du bureau et appela Rivière pour qu'il vienne dans le sien.
- Mon capitaine, salua-t-il en refermant la porte derrière lui.
- Alors que dit notre cher M. Wyss ? questionna Philippe
- A vrai dire pas grand-chose, répondit Rivière. Quand je lui ai demandé s'il connaissait Isabelle, il a tout d'abord prétendu que non. Mais lorsque je lui ai rafraîchis la mémoire en lui rappelant que c'était la femme qui l'avait arrêté il y a huit, il a affirmé qu'il ne s'en souvenait plus.
- Et à propos du terrarium ?
- Il nous a dit que c'était le seul cadeau de son père qu'il avait gardé. Il faisait partie de ceux qu'il y avait dans Labowyss avant sa fermeture.
Philippe approuvant d'un hochement de tête. Enfin, un peu de nouveau dans cette affaire sans fin ! pensa-t-il.
- Si vous voulez mon avis, proposa Rivière. Ce type n'est pas clair, déjà il ment et je l'ai trouvé nerveux pendant l'interrogatoire, comme si il avait quelque chose à cacher. Ça ne m'étonnerait pas que ce soit lui.
- Mouai..., marmonna Philippe.
Rivière le regarda, étonné de constater qu'il n'avait pas l'air convaincu du tout.
- Ce n'est pas vous qui vouliez terminer cette enquête au plus vite ?
Non en effet, bien que Philippe soit content d'avoir une piste à se mettre sous la dent, il n'était pas convaincu.
Il hésita un moment avant de parler, après tout qu'avait-il à cacher ? Hier il était allé à l'hôpital pour conduire Chloé et non pour...
- Autant vous le dire tout de suite. Hier quand j'ai été à l'hôpital pour conduire Chloé, n'oublia-t-il pas de préciser.
Isabelle m'a dit qu'elle ne pensait pas que Maxime Wyss était capable d'une telle vengeance. Pour elle, il avait totalement admis son arrestation.
Il marqua une courte pause et reprit.
- Tout ça pour vous dire que vous savez comme moi que les intuitions...
- D'isabelle sont rarement fausse, termina Rivière qui avait saisi le sens de sa tirade.
Il soupira bien conscient qu'ils n'étaient pas encore sortit de l'auberge.
- Je ne dis pas que ce n'est pas lui, rectifia Philippe. Mais...attention à ne pas se réjouir trop vite.
Philippe se leva de sa chaise.
- Vous pouvez disposer, je vais aller l'interroger moi-même, déclara-t-il.
Rivière le salua et sortit.

Le dossier à la main, Philippe entra dans le grand bureau.
- Vous voyiez, Roussillon ce n'était pas bien compliquer ce que je vous demandais. Vous pouvez déjà disposer, le taquina Philippe.
Roussillon se dit qu'il valait mieux ne pas le regarder et ne rien rajouter, de peur de perdre la face. Il se leva donc sans un coup d'&frac12;il au Capitaine et sortit de la pièce.
Philippe prit tranquillement sa place encore chaude et se présenta au suspect.
Malgré que celui-ci ne daignait pas relever les yeux, Philippe commença.
- Vous vous servez souvent de votre ordinateur ?
Cette fois, surpris par la question d'apparence peu pertinente, M. Wyss releva la tête.
- Pour mon boulot et une ou deux petites recherches sur internet, répondit-il.
Là, Philippe ne put s'empêcher de prendre l'énorme perche que lui tendait le suspect.
- Comme par exemple, pour se renseigner sur la façon d'extraire du venin de votre cobra ?
- Mais qu'est-ce que vous racontez ? D'ailleurs pourquoi vous parlez tous de ce cobra, s'indigna-t-il. Je le grade en souvenir, ce n'est pas une arme ! Ça fait trois fois que je le répète.
Philippe qui n'était guère attentif à son indignation, poursuivit.
- Par contre nous avons retrouvé dans l'historique des pages internet que vous avez consulté une qui traite de ce sujet, expliqua Philippe.
Le suspect agrandit les yeux.
- Alors je comprends très bien que vous prétendiez ne pas vous souvenir du Lieutenant Isabelle Florent, adjudant-chef avant, précisa-t-il au passage. Puisque elle vous a arrêté il y a huit ans. Tandis que la page internet remonte à peine à dix jours.
- Je vous assure que je n'y suis jamais allé, jura-t-il tentant de ne pas faire transparaître le tremblement dans sa voix.
Philippe le remarqua malgré tout. Ce n'était pas pour rien qu'il avait fait gendarme. Il ne savait pas mentir mais il savait discerner quand les autres mentaient.
- Bien, alors puisque ce n'est pas vous. Vous ne voyiez aucun inconvénient à ce qu'on lance une comparaison d'empreinte entre les vôtres et celles retrouvées sur la seringue ? dit-il pour couper court à la discussion qui s'éternisait un peu trop à son goût.
M. Wyss haussa les épaules, pour bien montrer qu'il n'y avait rien à répondre et qu'il n'avait pas vraiment le choix.

Philippe se dirigea vers le labo, pour demander à Platon de lancer les analyses. En chemin, il réfléchit. Rivière avait raison, ce type n'était pas totalement blanc. Il cachait quelques choses. Mais quoi ?
- Bonjours, Platon, salua-t-il. Vous pouvez lancer les analyses.
Platon releva la tête de son ordinateur.
- Bien, mon capitaine. Mais autant vous avertir tout de suite, je ne sais pas ce qu'il y a aujourd'hui mais ça va drôlement lentement.
- Tant pis, concéda Philippe. On prendra le temps qu'il faudra.

Puisqu'il avait justement le temps, il accorda une petite pause et prit la direction de l'hôpital. Lorsque Rivière lui demanda où il allait, il prétendit qu'il devait encore demander des précisions à Isabelle sur l'enquête. Bien sûr Francis ne fût pas dupe mais Philippe n'y prêta guère attention.
Après avoir garé la voiture sur le parking, Philippe se pressa de parcourir les quelques couloirs, pour enfin entrer dans la chambre d'Isabelle le sourire jusqu'aux oreilles.
En entendant la porte s'ouvrir, Isabelle qui était en train de préparer ses affaires pour partir, releva la tête. En l'apercevant un sourire se dessina également sur ses lèvres. Il lui avait tellement manqué.
- Alors tu es si pressé de partir ? taquina Philippe.
Elle délaissa sa valise pour s'approcher de lui.
- Tu sais ce n'est pas très passionnant ici, répondit-elle.
Elle avança d'un pas afin de se trouver face à lui et plongea ses yeux dans les siens.
- Et je suis tellement impatiente de te retrouver pour de vrai, susurra-t-elle en approchant ses lèvres des siennes.
Philippe ne put résister à l'insoutenable tentation de l'embrassa passionnément. Ses lèvres se posèrent sur les sienne et leurs âmes ne formèrent plus qu'un.
- Je t'aime comme je n'ai jamais aimé, murmura-t-il à son oreille.
- Moi aussi, tu m'as tellement manqué, avoua-t-elle comme si il y avait dix ans qu'elle ne l'avait pas revue.
Mais il y avait dix ans qu'elle ne l'avait pas revu, qu'elle n'avait pas voulu le voir. Dix ans qu'ils s'aimaient tous les deux mais qu'aucun n'avait eu le courage de faire le premier pas. Il avait fallu qu'elle se retrouve entre la vie et la mort pour que l'un des deux ait le courage de se lancer. En y repensant, Isabelle se trouvait vraiment bête.
Comme si Philippe avait devinez sa pensée, il dit.
- Tu te rends compte, on a quand même mis dix ans.
- Mmmh, approuva Isabelle toujours enlacée par ses bras.
- Maintenant j'aimerais ne plus jamais te quitter, avoua Philippe.
Isabelle sourit et appuya tendrement sa tête contre son torse comme pour montrer son accord avec ce qu'il avait partagé. Elle non plus elle ne voulait plus jamais être loin de lui
Déjà un point sur lequel ils étaient d'accord tous les deux, après...
- Tu veux que je passe te chercher ce soir quand tu sors ?
- C'est gentil, mais mon père m'a déjà proposer, il viendra avec Chloé et Nicolas.
- Tu as peur qu'on nous voie ensemble ? demanda Philippe inquiet qu'elle ne veuille pas partager leur amour entièrement et qu'ils doivent se cacher.
Isabelle resta silencieuse. Elle ne savait pas comment lui répondre sans le décevoir, ni le blesser.
- T'a peur qu'on soit mal vu parce que je suis ton supérieur ? suggéra-t-il.
- Non... mais laisse-moi un peu de temps, s'il te plaît.
- Du temps ? Il vous faut toujours ça vous les femmes, railla Philippe.
Elle l'avait déçu. Lui qui pensait qu'il avait franchis le pas.
- Philippe, c'est compliqué...Mais je t'assure que ce n'est pas à cause de toi, promit-elle.
Philippe ne comprenait pas. Alors quelle était la raison si ce n'était pas lui ? Une partie de réponse se fraya un chemin dans son esprit. Pierre Roussillon ! Ce prénom et ce nom qu'il n'appréciait guère.
Sachant qu'Isabelle faisait attention à ne blesser personne, il était presque sûr que c'était la seule explication.
- C'est Roussillon ? demanda Philippe.
Isabelle sourit.
- Toi, tu n'as pas fait gendarme pour rien ! s'exclama-t-elle.
Elle non plus n'avait pas fait gendarme pour rien. Philippe savait bien qu'un bon gendarme ne répondait jamais explicitement à une question. Ce qu'elle venait de faire. Mais malgré qu'elle n'y ait pas répondu clairement, Philippe savait que c'était la seule raison.
Il soupira, déçu par le manque de courage d'Isabelle. Partant elle était plus que téméraire dans son travail. C'est là que l'on peut constater que la vie professionnelle n'a rien avoir avec la vie sentimentale.
Mais il l'aimait donc il attendrait le temps qu'il faudrait, même une éternité. Juste pour elle.
Isabelle perçut ça déception.
- Tu m'en veux, demanda-t-elle timidement.
Philippe la regarda d'un air sérieux.
- Moi ?! Tu sais bien que je ne pourrai jamais rien te reproché... puisque je t'aime.
Isabelle sourit, pour la énième fois. Elle aimait l'entendre répéter cette phrase au pouvoir magique et aurait voulu rester là, dans ses bras éternellement.
Finalement l'amour c'est partagé des moments, des regardes, des sourires essayer de comprendre l'autre de le rassurer. Vouloir construire un futur ensemble.
Philippe l'embrassa tendrement pour lui prouver qu'il ne lui en voulait pas du tout. Peu à peu, il fit descendre ses lèvres dans son cou. Isabelle le pria tendrement de s'arrêter. Elle sentait que s'il ne s'interrompait pas sur le champ elle aurait envie de lui tout entier. Ils étaient tout de même dans un hôpital. Elle appuya sa tête dans le creux de son cou et ferma les yeux. Elle se sentait tellement bien auprès de lui, comme si elle était protégée.
Ils se couchèrent sur le lit au milieu des habits qu'Isabelle venait de plier soigneusement.

Le téléphone de Philippe vibra, ce qui le réveilla en sursaut. Il se leva précipitamment et se dirigea vers l'extérieur pour pouvoir parler sans déranger Isabelle qui par chance n'avait pas été réveillée.
Avant de décrocher, il tira la manche de sa chemise pour regarder l'heure. Oh mon dieu ! Ils avaient dormi trois heures.
- Allô ! dit-il en essayant d'emprunter le ton le plus réveillé possible.
- Ah enfin, mon Capitaine, s'exclama Platon. Si je peux me permettre : vous êtes où parce qu'ici tout le monde vous cherche.
Philippe n'avait aucune envie de répondre à cette question et par la même occasion faire jazzer toute la caserne sur la relation qu'il entretenait avec Isabelle. Finalement, lui non plus ne prenait pas se responsabilités.
Il décida donc de changer de sujet.
- Vous avez terminé la comparaison d'empreinte ?
- Oui, je voulais justement je voulais vous annoncer que malheureusement elles ne correspondaient pas.
A peine, Platon avait-il prononcé le mot malheureusement que Philippe soupirait déjà. Il devait si attendre Isabelle se trompait rarement comme Rivière venait encore de lui faire remarquer quelques heures plus tôt.
- Et vous avez une autre piste ? demanda Philippe une pointe d'espoir dans la voix.
- C'est assez bizarre, lâcha Platon. Vous pourriez venir ?
Philippe soupira mais Platon avait raison, il s'était un peu lassé aller, il fallait qu'il se rattrape.
- J'arrive, je suis là dans 5 minutes.
Philippe raccrocha et revint dans la chambre où Isabelle dormait toujours paisiblement. Sans faire de bruit, il attrapa sa veste et déposa doucement un baiser sur son front.
Comme elle était dans un sommeil léger, elle se réveilla et cligna des yeux éblouie par la lumière qui baignait la chambre.
- Tu pars ? demanda Isabelle d'une dans laquelle on pouvait discerner de la déception.
Philippe qui n'avait pas remarqué qu'elle s'était réveillée se retourna surpris.
- Désolé, je ne voulais pas te réveiller, s'excusa-t-il.
Isabelle sourit, il fallait bien qu'elle se réveille une fois ou l'autre.
- Ne t'inquiète pas, tu ne vas pas te débarrasser de moi comme ça, plaisanta-t-il.
Bon il fallait vraiment qu'il se dépêche s'il ne voulait pas que Platon ne se pose pas trop de questions.
Il l'embrassa rapidement une dernière fois et sortit en toute hâte dans le couloir.

Après s'être recoiffé convenablement dans le rétroviseur de sa voiture, Philippe gravit les quelques marches menant à la caserne et prit la direction de laboratoire pour y rejoindre Platon.
- Me voilà, annonça-t-il en ouvrant la porte à la volée.
- Venez, intima Platon. C'est assez étrange, dit-il en désignant l'écran du menton.
Philippe posa une main sur le bureau de Platon et regarda l'ordinateur qu'il venait de lui indiquer. Il put constater qu'il s'agissait de l''analyse ADN qu'il lui avait demandé de faire. Mais au lieu qu'au milieu de l'écran il soit écrit « no match » comme l'avait averti Platon et était marqué « match 50% ». Philippe ouvrit des énormes yeux.
- Comment est-ce possible ? s'étonna-t-il. Et il avait raison de l'être.
- Je ne vois qu'une solution. Puisque son père est mort, qu'il n'a' pas d'enfant, c'est donc...
- L'ADN de sa mère, termina Philippe qui avait saisi son raisonnement logique.
Philippe soupira. Il ne l'avait pas vu venir du tout et il ne se le pardonnait pas. Cette enquête devenait de plus en plus compliquée.
- Mais quel était son mobile ? demanda Philippe qui n'y comprenait plus rien.
- J'allais justement vous posez la même question, déclara Platon. Mais je pense avoir une partie de réponse et vous demanderez confirmation à Isabelle.
- Je vous écoute.
- J'ai remarqué que la faillite de l'entreprise et l'arrestation du fils était proche, il y à peine une année d'écart entre les deux évènements tragique. Donc je suppose que déjà la dépression de son mari, puis son suicide, l'ait touché. En plus, elle apprend l'arrestation de fils. Sûrement, qu'elle en a terriblement voulu à Isabelle en lui mettant sur le dos qu'elle lui avait pris la seule famille qui lui restait.
Platon qui avait fini l'explication de son hypothèse dévisagea Philippe pour observer sa réaction.
- Pas mal ! exprima Philippe d'une voix reconnaissante. En tout cas, ça tient debout.
Platon sourit, flatté.
- Comme M. Wyss avait l'air nerveux, peut-être était-ce parce que ça mère ayant regretté son acte s'était confier à son fils, poursuivit Philippe.
- Ce serait donc ça qu'il semble caché, derrière tous ces mensonges.
Philippe haussa les épaules.
- Peut-être ! Ça vaudrait le coup de l'interroger. Vous pouvez venir avec moi, pour remplacer Roussillon et Rivière.
Platon savait bien que ce n'était pas question mais bel et bien un ordre.

- Messieurs, vous pouvez disposer, déclara Philippe en ouvrant la porte du grand bureau dans lequel se déroulait l'interrogatoire.
Rivière et trois autres gendarmes qui se trouvaient là sortirent.
- Rivière ! appela Philippe avant que celui-ci n'ait pu quitter la pièce.
En entendant son nom, l'adjudant-chef se retourna et fit un signe de la tête pour montrer qu'il était à l'écoute.
- Vous pouvez aller me chercher le suspect et demander à Roussillon qu'il me trouve Mme Wyss, demanda-t-il.
Celui-ci referma la porte et réapparut quelques instants plus tard avec Mattias Wyss devant lui qu'il vint asseoir sur la chaise qui se trouvait en face de celle du Capaitaine.
- C'est donc votre mère que vous protégiez, attaqua Philippe.
- Laissez ma mère en dehors de tout ça, dit-il du tac au tac.
- Monsieur, intervint Platon. Les empreintes ont parlé, plus la peine de nier.
M. Wyss dut se résigner à parler devant la science.
- Mais...elle...elle n'a pas voulu, balbutia-t-il. Elle était fragile...
Quelqu'un frappa à la porte.
- Entrer, clama Philippe.
Roussillon passa la tête par l'entrebâillement de la porte.
- Vous pouvez venir, Capitaine ? demanda-t-il.
Philippe se dirigea vers la porte, qu'il prit soin de refermer derrière lui, après être sorti.
- Mme Wyss a disparu, informa Pierre.
Philippe écarquilla les yeux.
- Disparut ? Et merde ! lâcha-t-il.
Lui qui pensait pour la énième fois être à la fin de cette fichue enquête.
Après sont juron, il reprit son sérieux.
- Bon. Je vous envoie Platon et tentez une localisation de son portable avec lui. Pendant ce temps je vais essayer de d'apprendre si son fils sait où elle se cache.
- Bien mon Capitaine, salua-t-il en s'éloignant vers le Laboratoire.

Philippe retourna dans la grande salle et s'assit en face du suspect.
Avant de recommencer l'interrogatoire, il informa discrètement Platon de sa mission et le pria d'aller rejoindre le gendarme Roussillon.
Philippe se tourna alors vers M. Wyss.
- Alors vous admettez de croire que c'est votre mère ?
M. Wyss savait pertinemment qu'il n'avait pas besoin de répondre. Il n'avait pas vraiment eu le choix.
- Où est-elle maintenant ? demanda Philippe, bien conscient que le suspect n'allait pas lui fournir l'endroit bien précis, comme ça sur un plateau d'argent. Mais comme on dit : « Qui ne tente rien, n'a rien ! »
- Chez nous, répondit-il naturellement.
- Il se trouve que non.
Le suspect baissa les yeux et commen4a à se ronger les ongles, nerveusement.
- Si vous savez quelque chose, il faut nous le dire, conseilla Philippe qui avait remarqué cette attitude pour le moins inhabituelle.
- Mais je ne sais pas où elle ! Je ne sais pas, hurla-t-il. Il faut me croire !
- Pourquoi vous croirai-je ? Tout d'abord vous prétendez que vous ne connaissez pas d'Isabelle Florent alors que c'est elle qui vous a arrêté. Ensuite vous prétendez n'être jamais allé sur ce site qui apprenait comment extraire du venin. Et maintenant vous voulez que je vous croie ?
Le suspect était en train de lui taper sur les nerfs.
- Mais c'est la vérité, se défendit-il. Elle ne s'est pas confiée à moi, si c'est ce que vous voulez savoir. Je ne savais même pas que cette Isabelle Florent avait subi une tentative de meurtre.
- Deux, précisa Philippe qui quand il était énervé commençait à jouer sur les mots.

Platon et Roussillon se tenaient cote à cote les yeux rivés sur l'écran.
- Allez ! encouragea Pierre tout haut. Trouve-moi ce portable qu'on en finisse avec cette enquête.
Visiblement Philippe n'était pas le seul à en avoir marre.
L'ordinateur bipa trois fois pour finalement faire apparaître une fenêtre dans laquelle il était écrit en gros caractère rouge : « not found »
Platon laissa échapper un soupir. Décidemment il n'avait pas la chance de leur côté.
- Je vais prévenir le Capitaine, avisa Roussillon.

Chloé et Nicolas claquèrent leur portière de la voiture ensemble.
- C'est génial qu'elle sorte ce soir ! s'exclama Chloé, toute joyeuse.
Nicolas hocha la tête, un large sourire sur les lèvres. Soudain il s'arrêta net.
- La fête ! hurla-t-il presque. J'ai complétement oublié !
Chloé sourit.
- Ne t'inquiète pas j'ai tout prévu.
Chloé ne s'était pas seulement posé tout en tas de question durant les jours où pour elle Isabelle n'était plus la vrai Isabelle. Elle avait aussi pensé au jour où elle reviendrait son Isa. Elle avait demandé à tous les gendarmes d'assister à la fête, elle lui avait fait un cadeau, elle avait préparé une décoration...
Nicolas sourit et lui ébouriffa amicalement les cheveux.
- C'est toi qui es génial ! remercia Nicolas.

Roussillon ouvrit la porte et secoua la tête pour signifier qu'il n'avait pas réussi à localiser le téléphone.
avait compris et il referma la porte.
- Mon collègue vient de me faire savoir qu'il n'était pas parvenu à trouver où était votre mère grâce à son téléphone. Donc vous ...
Une sonnerie ne lui permis pas de terminer sa phrase. Philippe sortit le sien mais constata que l'écran restait noir. D'un signe de tête il interrogea le gendarme qui retranscrivait l'interrogatoire pour si c'était le sien mais celui-ci secoua la tête. Finalement, en écoutant plus attentivement, Philippe comprit que c'était celui de M. Wyss qui se trouvait dans un sachet destiné notamment aux pièces à conviction. En se penchant au-dessus il put lire : Maman.

Chapitre 7
"Tout peut basculer"

Philippe tenta de faire face à la panique qui le submergeait.
M. Wyss lui non-plus n'en menait pas large.
- Décrocher, ordonna Philippe en lui tendant le téléphone qui était toujours en train de sonner. Il faut que vous essayez de faire le plus long possible et de savoir où elle est, précisa-t-il.
Le suspect appuya sur la touche verte.
- Allô...
A peine avait-il prononcé ces mots que Philippe se précipita vers la porte et rappela Roussillon.
Celui-ci se retourna, surpris de l'entendre crier son nom pareillement.
- Tracez le portable de Mme Wyss ! Elle appelle son fils en ce moment, expliqua-t-il.
En comprenant que la situation était pressante, Roussillon accéléra le pas pour rejoindre le laboratoire.
Philippe revint sur ses pas et rentra silencieusement dans le bureau.
- Ecoute-moi..., demanda M. Wyss à sa mère.
Philippe remarqua que le suspect était stressé. Ce qui était tout à fait normal. On parlait de la vie de sa mère.
- Pour la troisième fois : où es-tu ? dit-il tendant toute sa volonté pour ne pas faire transparaitre le tremblement dans sa voix.
- ...non !... j'entends des oiseaux, tu es dans la forêt, émit-il.
Soudain le souvenir d'une cabane en bois lui revint en tête. Ils allaient souvent tous les trois là pour faire des pique-niques en été.
Il cacha le combiné pour le murmurer au Capitaine.
Chose qu'il n'aurait pas dû faire car se mère prit conscience qu'il n'était pas tout seul, put deviner Philippe d'après la tête désespéré que son fils faisait.
- Non, maman ! Parle-moi, cria-t-il.
- Maman...
Mattias Wyss abaissa le téléphone. Elle avait raccroché comprit rapidement Philippe qui se ruait déjà en direction de la porte. Au bout du couloir, il aperçut Roussillon.
Avant que Philippe puisse poser sa question, Roussillon répondait déjà.
- On l'a ! hurla-t-il victorieusement.
Pour une fois, la chance leur avait souri.
- Platon vous donnera les coordonnés. Combien d'homme dois-je prendre ?
- Elle ne doit pas être très dangereuse, voyez vous-même, décréta Philippe.
- Vous aimez bien déléguer les responsabilités,... laissa échapper Pierre, tout bas.
Philippe avait bien entendu le reproche de son officier mais il n'avait guère le temps de traîner sur des simples détails de jalousie. Il retourna à l'intérieur le grand bureau dans lequel le suspect était affalé sur la chaise, dépité.
- Qu'est-ce qui va se passer ? demanda-t-il timidement.
Philippe le gratifia d'un regard compatissant.
- Ne vous inquiétez pas, on a la situation en main, le rassura-t-il.

Philippe passa dans son bureau chercher son arme, enfila son gilet pare-balle et rejoignit Rivière et Roussillon devant la porte. En sortant, il aperçut Chloé et leur regard se croisèrent.
Se souvenant de la fête, Chloé l'appela.
- Philippe, il faut que je te parle ! hurla-t-elle pour couvrir le bruit qui régnait dans la caserne.
- Je pas le temps, affirma-t-il sans tourner la tête avant de s'engouffrer dans une voiture bleue de la gendarmerie.
- C'est important, cria-t-elle.
En vain, la voiture sortait déjà de la cours pour rejoindre la route.

En effet, comme l'avait envisagé Mathias Wyss, les coordonnés du point où il avait localisé Mme Wyss, les menèrent dans une forêt que Philippe connaissait bien, puisqu'il venait souvent là avec Isabelle lorsqu'ils voulaient tous les deux changé d'air.
Il y avait bien dix minutes qu'ils roulaient mais ils étaient encore bien loin du point qu'indiquait le GPS. Heureusement pour eux cette place d'habitude si fréquenté en cas de beau temps se transformait en une simple forêt humide complètement déserte. Ils n'auraient donc pas à faire évacuer des gens qui se prélasseraient au soleil.
Soudain la route s'arrêta et ils purent constater que la piste continuait en un étroit sentier. Philippe demanda à Rivière, qui conduisait la voiture, de s'arrêter là : ils feraient le reste à pied.
Rivière coupa donc le moteur et les trois gendarmes descendirent de la voiture. Avant de sortir, à son tour, l'adjudant arracha le GPS de son câble et le prit avec lui.
Philippe en tête, la petite troupe s'enfoncèrent dans la forêt. Philippe se rappela soudain de la cabane qu'avait évoqué quelque temps auparavant Mathias Wyss, lui aussi était venu faire un pique-nique avec Isabelle et Chloé, cet été même. Ce souvenir lui tira un sourire triste. Avant qu'il avoue son amour à Isabelle, il s'entendait si bien, partageait déjà tant de choses. Il n'avait pas du tout envie de perdre ça, ni de passer à côté de cette douce amitié, simplement parce qu'Isabelle ne voulait pas blesser son collègue et ami Roussillon.
Rivière accéléra le pas pour arriver à la hauteur du Capitaine.
- Encore une centaine de mètres, chuchota-il en lui tendant le GPS.
Philippe hocha la tête.
D'un geste, il ordonna à Roussillon de prendre à gauche avec dix hommes, à Rivière à droite avec dix autres gendarmes et à Platon de rester vers lui.
Tous les deux ils avancèrent encore cent mètres à pas de loup sous la végétation humides jusqu'à distinguer le commencement d'une clairière herbeuse. Comme le chemin sur lequel il se trouvait, continuait en direction de la clairière, donc à découvert, les deux gendarmes bifurquèrent à droite en direction de Rivière et ses hommes qu'ils ne tardèrent pas à rejoindre.

- Nicolas, tu peux me donner encore une guirlande, demanda Chloé du haut de son échelle.
Sans perdre une seconde, Nicolas lui tendit ce qu'elle avait demandé.
Tous les deux avait passé leur après-midi à bricoler et ensuite décorer l'appartement avec des guirlandes « home-made ».
Chloé qui avait terminé d'accrocher sa dernière création descendit de l'échelle pour admirer la pièce. Un sourire de satisfaction se dessina sur ses lèvres. Isabelle allait être ravie.

Philippe fit l'état de lieux malgré que cet endroit lui soit familier.
Il se pencha pour écarter les feuilles d'arbre de son champ de vision. Au milieu de la clairière trônait une cabane en bois, sans porte, il put juste distinguer que les planches avait été scié pour tenir lieu d'entrée. En plissant les yeux, Philippe discerna une silhouette à travers un large trou qui apparemment était censé être une fenêtre.
Il releva la tête, satisfait. Elle n'était pas partie ! La chance avait finalement tourné en leur faveur.
Comme l'entrée se trouvait du côté de Roussillon, il imagina appliquer la tactique de la prise en sandwich. Roussillon et ses hommes avanceraient de face en direction de Mme Wyss en se présentant en tant que « gendarmerie » tandis que pendant ce temps, discrètement, lui et ses hommes tenteraient de la surprendre par derrière.
A travers les branchages, il aperçut les ombres du groupe de Roussillon.
- Vous êtes prêt ? demanda-t-il dans son micro.
De l'autre côté Roussillon balaya ses hommes d'un regard.
- Affirmatif ! répondit-il, silencieusement.
Philippe lui expliqua son plan et après avoir jeté un dernier coup d'&frac12;il à ses hommes, il donna l'assaut.
Roussillon et les autres gendarmes se précipitèrent hors des taillis, armes pointé sur la cabane.
- Gendarmerie Nationale, ne boucher pas ! hurla Roussillon pour couvrir le bruit de la pluie.
Ce que Philippe n'avait pas remarquer c'est que Mme Wyss avait allumé un feu, sûrement pour se réchauffer. Elle attrapa le bout d'une bûche enflammée et la lança de toutes ses forces.
Le gendarme à côté de Roussillon, pas très attentif se la reprit en plein ventre et tomba par terre. Roussillon tourna la tête, pour s'assurer que son collègue allait bien.
Entre le laps de temps où elle avait jeté la buche et celui ou le gendarme était tombé, Mme Wyss avait eu le temps de sortir un pistolet. Ce que Roussillon n'avait pas remarqué puisqu'il avait tourné la tête vers son collègue, toujours allongé sur le sol.
Vu la situation relativement présente, Philippe demanda à ses hommes de hâter le pas pour parcourir les quelques mètre qui les séparait encore de l'émeute.
Mme Wyss apparut sur le seuil de la porte, arme pointée vers Roussillon.
- Demandé à vos hommes partir ! cria-t-elle en sanglot. Je n'ai rien fait !
Roussillon ne savait que faire. Lâcher son arme et reculer ou rester là.
Le fait qu'elle se soit avancé sur le seuil de la porte, facilitait la tâche de Philippe. Il lui restait plus que quelques pas à franchir pour monter à sa hauteur. En s'appuyant contre la façade de la cabane, il passa sur le dernier côté et se retrouva sur le côté de Mme Wyss. Par chance, elle ne l'avait pas vu.
Elle avança encore d'un pas en direction de Roussillon.
- Foutez-le camps !! hurla-t-elle de désespoir, en appliquant le doigt sur la gâchette.
Philippe sentit que c'était le moment d'agir. Il fit trois pas et s'annonça.
- Gendarmerie Nationale ! dit-il en plaçant son arme dans le dos de la coupable.
- Nooon ! se débâtit-elle. Je n'ai rien fait.
Philippe agrippa son bras et lui passa les menottes. Tout le monde reprit leurs esprits. Enfin !
Roussillon se tourna vers son collègue et l'aida à se relever.
- ça va, Eric ? Questionna-t-il inquiet.
Celui-ci hocha la tête pour le rassurer. Ça lui apprendrait à être plus attentif.
- Surtout ne me remercier pas, dit Philippe faisant mine d'être vexé.
Roussillon le gratifia d'un large sourire complétement niais.
Ce qui fir rire Philippe. Ah la Jalousie!
Il sourit, fier de lui. La patience finissait toujours par payer. Il suffisait de saisirent le moment opportun.
Toute la troupe parcourut le chemin en sens inverse et embarquèrent la coupable dans la voiture qui démarra les gyrophares allumés.

Chloé, Nicolas et son grand-père parcoururent les couloirs qui menaient à la chambre d'Isabelle pour la enième fois depuis un mois.
Mais cette fois-ci, le chemin un air de renouveau puisque bientôt tout allait redevenir comme avant. (Malgré quelque petit changement pour certain...)
Et oui ! C'était la dernière fois, qu'ils arpenteraient ces longs couloirs aux odeurs ignoble de désinfectant.
Personne ne pouvait vraiment regretter cette perceptive.
Arrivé devant la chambre numéro 135, Bernard poussa la porte. Isabelle était là, les attendant, ses valises à ses pieds. Il s'approcha d'elle pour la saluer.
- Isabelle, cria Chloé en lui sautant au coup, toute joyeuse.
L'ancienne patiente de cet hôpital sourit et lui rendit son étreinte.
Nicolas vint à son tour déposer un baiser sur la joue de sa mère.
- Tu sais, j'ai fait l'appartement tout beau pour ton retour, pialla Chloé, surexcité.
Isabelle sourit. Elle reconnaissait bien là sa Chloé.
- Alors ? Prête ? demanda son père.
Isabelle hocha la tête. Si son regard un peu perdu trahissait sa peur, ses poings fermés monter sa détermination.
Pendant longtemps, lors de ses longues journée seule dans ce lit, elle c'était demandé si elle allait retrouver les mêmes reflexes qu'avant, la même intuition...
Finalement elle avait conclue qu'elle allait faire de son mieux et peu à peu elle avait aussi compris que si ce n'était pas le cas Philippe serait là pour la protéger.
La voix de Nicolas, la fit sortir de ses pensées.
- Ce soir il y aura une...
Chloé lui décocha un de coude qui le fit grimacer.
- Aïe ! s'écria-t-il.
D'un regard Chloé le pria de se taire.
Isabelle qui avait assister à la scène fit semblant de ne pas voir compris de quoi il voulait parler.
- Alors, on y va ? dit Chloé d'un air enjouer pour changer de sujet.
- Je suis prête, affirma Isabelle résolue.
Bernard empoigna une de ses valises et Nicolas l'autre. Tous les quatres sortirent de la chambre après qu'Isabelle se soit retournée une dernière fois pour la contempler.

Isabelle ferma la portière de la voiture et son père démarra. Après quelques minutes de route, la clio bleu s'engouffra dans la cour.
Alors qu'Isabelle s'apprêtait à sortir, une voiture de la gadarmerie gyrophares allumés d'éboula dans l'enceinte de la caserne.
Sans trop y prêter attention, les quatres individus se dirigèrent vers les marches de la partie privative.
Sans ménagement, Rivière tira Mme Wyss, hors de la voiture qui venait d'entrer dans la cour.
Isabelle s'arrêta soudain de gravir les marche et tourna la tête croyant avoir apercut un visage qui lui semblait familier. Bien entendu, elle ne voulait pas parler de celui de son collègue Rivière qui était venu plusieur fois lui rendre visite à l'hôpital, mais de celui de la femme qui se tenait debout devant lui, menottes aux mains.
Elle fut comme happé par son regard dans lequel on pouvait lire de la haine.
- Alors, vous êtes toujours en vie ? cracha la femme au regard noir en apercevant sa victime.
Rivière, comprenant qu'elle parlait à Isabelle, arrêta de faire avancer la coupable.
Philippe qui sortait tout juste de la voiture, se frappa le front de la paume.
- Merde ! jura-t-il entre ses dents.
Le retour d'Isabelle lui était complétement sortit de la tête. Lui qui était si heureux de la retrouver, comment avait-il put oublie cet événement si important? Soudain il se souvint de la scène où Chloé l'avait appelé pour lui rappeler quelque chose d'important. Ce devait être ça ! Qu'est-ce qu'il est bête. Au lieux de l'écouter, il l'avait envoyé boulé.
- Vous êtes fière de vous ? reprit-elle sur le même ton hargneux.
Isabelle voulut detourner les yeux, continuer à monter les marches, faire comme si elle n'avait rien entendue, mais elle lui était impossible de se défaire du regard hypnotysant de cette femme.
- Vous avez foutu ma vie en l'air, accussa-t-elle.
Tous les gens qui assistait à la scène, était figé telle des statue, n'ayant aucune idée de se qui allait suivre.
Isabelle inpira profondément pour conserver son calme.
- Mme, je n'ai fait que mon travail.
Sa voix n'avait pas tremblée, mais les batement de son c&frac12;ur qui raisonnait encore dans ses tempes trahissait sa crainte.
- Votre trvail ! railla Mme Wyss. Arracher un fils à sa mère qui vient de perdre son mari, c'est ce que vous appelez votre travail. Et bien ! Il doit être fascinant votre boulot!
Rivière en avait assez entendu ! Il tira fermement la coupable en direction de la caserne.
Mais celle-ci restista et poursuivit.
- Si vous n'aviez pas survécu à la dose de poison que je vous avait injecté, vous ne seriez plus contraint de faire votre métier, comme vous dites ! Plus obliger de détruire des familles, des couples, d'emprisonner des innocents...
- Bon ça suffit ! hurla Philippe.
Du menton il ordonna à Rivière de la faire monter. Les deux femmes restèrent les yeux braquer l'une sur l'autre jusqu'à qu'elle rentre dans la caserne. Le dégout qu'Isabelle put lire dans ce dernier regard, lui fit monter les larmes aux yeux. Comment des gens pouvaient-ils en arriver là ?
Philippe accourut auprès d'Isabelle.
- ça va ? demanda-t-il en lui prenant l'épaule, inquiet.
Isabelle se força à sourire pour le réconforter.
- Grâce à moi, tu auras eu des aveux, plaisanta-t-elle mais le c&frac12;ur n'y était pas.
Philippe la caressa des yeux une dernière fois et disparut à l'intérieur.
- Ravi de vous retrouver parmi nous, Isabelle, lâcha Roussillon au passage.
Isabelle sourit. « Parmi nous ! » allait-elle y rester encore longtemps ?

Philippe assit Mme Wyss sur la chaise qui se trouvait en face de celle de son bureau.
- Vous êtes folle, s'indigna Philippe. Qu'est-ce qui vous a pris ?
La coupable ne se démonta pas.
- Mais elle m'a pris mon fils !
- Arrêtez de retourner la situation, s'énerva Philippe. Vous savez très bien qu'elle n'a rien avoir là-dedans.
Philippe essayait tant bien que mal de garder son calme. Il savait que s'il ne se contrôlait pas, il allait commettre une énorme bêtise.
Mme Wyss se rembrunie.
- Vous comprenez j'avais déjà perdu mon mari et une année à près on m'enlevait son fils..., gémit-elle. Alors quand j'ai appris qu'elle était à l'hôpital, sans défense, j'ai pensé que c'était un signe du destin qui m'offrait ma vengeance.
- Le destin! répéta Philippe, exédé. Ce n'est pas une raison valable pour tenter d'assassiner une innocente qui n'a fait qu'applquer la loi française.
Platon arriva pour l'emmené.
- Je veux juste revoir mon fils, implora-t-elle.
après un court instant de reflexion, à contre c&frac12;ur, Philippe accepta sa requête.

Isabelle gravit les marches qui montaient à son appartement. C'était étrange, il lui semblait qu'elle redécouvrait la caserne. Ce lieu qu'elle avait si souvent fréquenté et dont elle connaissait chaque recoin, avant. Lui était devenu presque inconnu.
Chloé la prit par le bras. Elle était si impatiente de voir la réaction d'Isabelle.
- Attention, tu es prête ? demanda Nicolas, la main sur la poignée.
Sa mère hocha bien décider à admirer le talent créatif de Chloé, aidé par son fils.
Nicolas ouvrit la porte, et comme l'avait imaginé Chloé, Isabelle resta patoise devant le spectacle qui s'offrait à elle.
Elle entra dans la pièce pour contempler de plus près ses magnifiques décorations. Ses yeux regardaient les alentours de la salle telle ceux d'un bébé qui découvre le monde.
Elle voulut ouvrir la bouche mais aucun mot ne voulut sortir.
- Te voilà chez toi, annonça joyeusement son père, un large sourire aux lèvres
- C'est...C'est magnifique, réussit-elle à articuler, une larme perlant au coin de l'&frac12;il.
Elle prit Chloé dans ses bras et attira aussi Nicolas vers elle pour monter qu'elle les aimait tous les deux.
- Je vous aime..., murmura-t-elle la voix tremblante, par l'émotion.
Chloé sourit et lui déposa un baiser sur la joue, touché par ce qu'elle venait de lui dire. Sa « première » mère ne lui avait jamais dit de tels mots.
- Et moi alors ? s'enquit Bernard, faussement vexé.
Isabelle sourit pour lui faire comprendre que lui aussi elle l'aimait.
Que demander de plus ? Toutes les personnes qu'elle aimait étaient rassemblées dans un appartement magnifiquement décoré. Ou presque... une seule manquait à l'appel.

Philippe termina de marquer « affaire classée » sur le dossier Wyss et sortit de son bureau pour monter dans la partie privative. Il voulait essayer d'avoir en moment en tête à tête avec Isabelle pour savoir ce qu'elle avait décidé pour leur couple. Mais pour l'instant, elle était avec sa famille et lui devait se préparer pour la petite fête dont il s'était souvenu juste à temps.
Il repensa à la scène qui s'était déroulé dans la cour de la caserne, quelques heures auparavant. Chaque parole acerbe prononcée par Mme Wyss, lui avait fait l'effet d'un couteau qu'on lui plantait dans le dos sans relâche. Mais cette sensation n'était rien comparée à ce qu'avait dû ressentir Isabelle. Il s'en voulait un peu de ne pas avoir tenté d'empêcher cette situation. Une fois de plus il n'avait pas été là pour la protéger. C'était comme cette fois dans la grotte où Marchand la menaçait avec son arme. Il y avait souvent repensé à cette scène qui lui semblait bien loin mais qui avait belle et bien changé sa vie. S'il n'avait pas ouvert cette porte, Marchand n'aurait peut-être jamais appuyé sur la gâchette. Et...
Pour se réconforter, il avait fini par ce dire que le passé était passé et que le futur était à venir pour le meilleur ou pour le pire.
Perdu dans ses pensées il ne remarqua pas Christine Rivière, et lui fonça dedans.
- Pardon, s'excusa-t-il confus.
- Ah mon Capitaine, salua gaiment Mme Rivière. Vous venez à la fête ?
Philippe hocha la tête, distrait et s'éloigna.
- Ah... l'amour, lâcha Christine en poursuivant son chemin.
Mais Philippe n'avait pas entendu, il rentrait déjà dans son appartement.

Ce qu'avait dit Mme Wyss avait profondément blessé Isabelle. Au point de la faire pleurer, toute seule dans sa chambre. Quelque chose la dérangeait, elle trouvait qu'il y avait une part de vrai dans les mots que la femme avait prononcé. Après tout, elle ne faisait pas un si beau métier, se dit-elle.
Après avoir sécher soigneusement ses larmes pour ne pas faire couler son maquillage, Elle sortit de sa chambre, presque méconnaissable, tellement elle rayonnait.
Elle avait revêtue une sublime robe verte émeraude qui s'accordait à la perfection avec la couleur de ses yeux et avait relevé ses cheveux en un chignon ce qui faisait ressortir les belles boucles d'oreilles que Nicolas venait de lui offrir son fils.
- Tu es magnifique, la complimenta son père.
- Merci, sourit-elle.
- Alors on y va ? demanda Nicolas qui lui aussi c'était mis sur son trente et un.
Isabelle fut surprise de le voir vêtu d'un accoutrement dont elle n'avait pas l'habitude.
- Eh bien, il faudra définitivement que je m'habitue à ce que tu grandisses.
- Depuis le temps que le dit, tu ne l'as toujours pas intégrer, plaisanta-t-il.
Elle rigola et tout le monde sortit de l'appartement.
Pour l'occasion, le grand bureau avait été autant bien décoré que leur appartement. On pouvait voir par-ci par-là des assiettes pleines d'amuse-gueule posé sur les bureaux transformé en table. Isabelle eut un pincement au c&frac12;ur, tout ce monde était rassembler pour elle ? Elle n'en croyait pas ses yeux.
Après avoir saluée tout le monde, elle s'éclipsa en prétendant devoir allé aux toilettes. Mais en fait, elle avait besoin de revoir son bureau et surtout d'être seul pour réfléchir. Elle entrouvrit la porte pour constater que rien avait changé, mis à part une photo d'elle qui était tombée. Sûrement que Philippe avait dû la prendre lorsqu'elle était dans le coma. Cette pensée lui tira un sourire. Malheureusement, bientôt tout changerait.
Elle entra et saisit la photo de toute l'équipe. Ils allaient tous lui manquer. L'humour dragueur de Roussillon, la mauvaise humeur matinale de son T.I.C préféré, les disputes entre Francis et Christine, l'ironie de son fidèle adjoint. Et surtout, son Capitaine bien aimé.
Mais elle devait le faire...
Philippe qui était venu déposa quelque chose dans son bureau, trouva étrange que la porte de celui d'Isabelle soit ouverte. Il avait bien fait attention qu'elle soit toujours fermée afin que rien ne bouge. Il s'approcha, intrigué et constata avec surprise qu'elle s'y trouvait, perdu dans ses pensé la photo de l'équipe à la main.
- Tout va bien ? demanda-t-il, inquiet.
Elle sursauta, surprise de l'entendre. Elle plongea ses yeux dans les siens pour bien lui faire comprendre que ce qu'elle allait dire était irrevoccable.
- Je démissionne, Philippe, déclara-t-elle avec fermeté.

Chapitre 8
"Le plus beau jour de sa vie "

Philippe n'était pas sûr d'avoir bien entendu.- Toi ? Démissionner ? répéta-t-il, hébété.
Elle posa un regard grave sur lui.
- Oui, affirma-t-elle en lui faisant bien comprendre qu'il n'y avait pas la possibilité d'un retour en arrière.
- Isabelle, tu rigoles j'espère ? s'assura Philippe.
- Est-ce que j'en ai l'air ? répondit sèchement Isabelle.
Non, effectivement, elle n'avait pas du tout l'air de plaisanter.
Philippe qui aurait dû la trouvé magnifique dans sa sublime robe verte, la trouvait presque terrifiante à cause du regard effrayant qu'il pouvait lire dans ses yeux. À la fois il pouvait discerner de la peur, une envie de vengeance, une âme lésée par des horribles paroles. Ce n'était plus du tout le regard lumineux et plein de tendresse qu'il lui connaissait.
- Mais...Pourquoi, Isabelle ?
- Cette femme a raison, on ne fais pas un beau métier. Séparer des familles, briser des vies, emprisonner des innocents...je trouve ça sale.
- Au contraire, je trouve que c'est un métier noble. Toi, tu regard du côté des erreurs, mais tourne-toi plutôt vers toutes les enquêtes que tu as résolu brillamment, argumenta Philippe.
Isabelle resta pensive.
- C'était...avant, Philippe.
Mais pourquoi disait-elle ça ? Pourquoi pensait-elle qu'elle avait changé ? À moins que...
- Tu te caches derrière ce que t'a dit Mme Wyss, mais finalement tu as peur de ne pas être à la hauteur comme...avant ? avança Philippe.
Isabelle hocha, timidement la tête.
Philippe lui attrapa le poignet.
- Isabelle, arrête. Tu sais bien que je suis là si jamais...
- Tu es là ?! répéta-t-elle, la voix railleuse. Et si nous ça ne marche pas ? Tu y as pensé ?
Philippe plongea ses yeux dans les siens.
- Non je n'y ai pas pensé parce que je sais que ça va marcher, affirma-t-il serein.
- Je n'ai pas envie de prendre le risque...
- Si on n'essaie pas tu n'auras jamais la preuve que cet amour était impossible.
Philippe qui tenait toujours son poignet droit saisit le deuxième et la fixa droit dans les yeux.
- S'il te plaît, implora-t-il.
Isabelle secoua la tête.
- Philippe...je ne sais pas...je ne sais plus, avoua-t-elle perdue.
Philippe l'attira vers lui et lui caressa tendrement les cheveux. Il ne la reconnaissait plus. Elle, qui avant était si forte, maintenant était en train de se noyer dans un verre d'eau. Avant jamais une telle idée de démission ne lui serait venue à l'esprit. Sûrement que les propos blessant de Mme Wyss avait dû être la goutte qui avait fait débordé le vase.
Il chercha ses lèvres mais Isabelle détourna brusquement la tête.
- Non, Philippe, murmurant-elle la voix tremblante. Pas encore...
Elle sortit du bureau en claquant la porte violemment.
- Isabelle ! ... Et merde, jura-t-il en balança un grand coup de pied dans le bureau d'Isabelle.
Avait-il fait quelque chose de faux ? Pourquoi avait-elle changé ? Pourquoi ne voulait-elle pas de leur amour ? Pourquoi ?...Pourquoi ?... Une multitude des questions se bousculait dans sa tête sans jamais trouver de réponses.

Philippe arriva dans la salle, peu après Isabelle, essayant de paraître le plus naturel possible et s'approcha de Rivière et Roussillon qui se trouvaient dans une discussion pour le moins agitée.
- Mais je te jure que je vais lui tordre le coup, vociférait Roussillon en gesticulant.
- Pierre, calme-toi et résonne-toi tu ne peux pas...
Rivière laissa sa phrase en suspend en voyant le Capitaine arriver.
Philippe trop perdu dans ses pensées, ne remarqua pas que l'adjudant c'était subitement arrêter de parler et que les deux gendarme semblait mal alaise.
- Alors mon capitaine, tout se passe bien ? demanda Roussillon pour changer de sujet.
Philippe comprenant qu'il était en train de lui parler, le regarda étonné.
- Ah...oui, répondit-il totalement dans un autre monde.
Après s'être servi d'une poigné de cacahuète, il s'éloigna pour rejoindre Chloé qui l'appelait.
Rivière décocha discrètement un coup de coude à son collègue.
- Tu ne le trouve pas un peu bizarre ?
Pierre se tourna vers lui.
- Plutôt..., abonda-t-il. Qu'est-ce qu'il a ?
Francis haussa les épaules malgré qu'il ait sa petite idée sur la question mais impossible de soumettre cette hypothèse à son collègue.

- Je cherche les chips partout, tu ne les aurais pas vu ? demanda Chloé à Philippe.
Philippe le regard dans le vide, ne l'écoutait pas.
- Philippe, appela Chloé en lui saisissant le coude.
Comprenant qu'elle s'adressait à lui, il s'ébroua.
- Tu aurais vu les chips ?
Philippe secoua la tête de manière laconique.
- Dis ! Ça va ? demanda-t-elle remarquant bien que quelque chose le préoccupait.
- Oui, oui, marmonna-t-il sans grandes convictions.
Chloé ne fut pas dupe. Quelque chose n'allait pas. D'ailleurs où était Isabelle ? Elle qui pensait retrouver Philippe continuellement sur les talons d'Isabelle pouvait constater que ce n'était pas le cas du tout. Au contraire ils avaient tous les deux l'air triste, abattu. En apparence Isabelle parvenait mieux à le cacher mais on pouvait tout de même remarquer le regard triste qui ternissait ses yeux quant à Philippe il ne faisait rien pour le cacher, tel l'homme résigné qui n'a plus la force de se battre.
Mais qu'avait donc bien put se passer?
- Qu'est-ce qui ne va pas ? l'interrogea Chloé, revenant à la charge.
Philippe la fusilla du regard.
- Je t'ai dit que j'allais BIEN. Alors maintenant tu me lâche, s'énerva-t-il.
Chloé baissa les yeux.
- Bon, bon, murmura-t-elle.
Elle ne comprenait vraiment pas pourquoi il se mettait dans des états pareilles.

- Ah oui...je me rappelle, s'exclama Isabelle en éclatant de rire.
Entendit Philippe de là où il se trouvait. Isabelle était en pleine discussion animée et joyeuse avec Platon et un autre gendarme.
Philippe se renfrogna. Ce qui le contrariait c'était qu'elle n'avait pas du tout l'impression d'être triste.
Comment pouvait-elle prendre de telles décisions à la légère sans en mesurer les conséquences. « Peut-être qu'elle ne l'aimait pas vraiment ! » pensa Philippe mais il s'efforça à grand peine de chasser cette idée absurde de son esprit.
Lorsqu'Isabelle tourna la tête vers lui, il se dépêcha de plonger son regard dans son verre vide. Il n'avait aucune envie de lui attirer sa pitié.
Absorbé par ces pensées, il n'avait pas remarqué que le père d'Isabelle était venu s'asseoir à côté de lui.
- Un problème, Capitaine ? demanda Bernard, que le haussement de ton avec Chloé n'avait pas échappé.
- Parce que vous vous inquiétez pour moi ? riposta Philippe qui savait bien que répondre à cette question ne ferais que l'enfoncer un peu plus.
- Je me soucis de gens que ma fille aime, que ce soit Nicolas, Chloé ou encore vous, répondit calmement le colonel.
Philippe sourit, comment avait pu imaginer que le fameux colonel n'aurait pas remarqué... C'était quand même sa fille.
- Vous l'aimez n'est-ce pas, reprit Bernard.
Pour dévier la conversation Philippe s'empara d'un canapé disposé sur les plateaux posé sur la table et dit.
- Ils sont vraiment très bon. Vous les avez commandez chez quel traiteur ?
Bernard sourit. Quelle meilleure réponse qu'un changement de sujet !

Isabelle éclata de rire.
- Vous êtes toujours autant de bonne humeur le matin ? demanda Isabelle à l'intention de Platon.
- Ah moi... le matin il ne faut pas me contredire, répondit-il en se remémorant la scène dont Isabelle voulait parler.
- Alors Isabelle, intervint Roussillon sur un ton d'admiration. On dirait que vous avez parfaitement retrouvé la mémoire.
- Parce que vous en doutiez, peut-être ?
- Moi ?!...Je n'ai jamais douté de vous, répondit-il d'une voix équivoque.
Ah Roussillon ! C'était bien lui.
Plus Isabelle discutait avec les gens réunis dans cette salle, plus elle se disait qu'elle ne pouvait partir comme ça en les plantant là.
Résolue, elle se dirigea vers Philippe qui était appuyé contre le rebord de la fenêtre et l'attrapa par la manche.
Celui-ci, dans la lune depuis le début de la soirée ne le remarqua seulement lorsqu'il constata qu'il ne se trouvait plus dans la grande salle mais dans le bureau d'Isabelle.
- Qu'est-ce que tu m'annonce maintenant ? Que tu veux partir aux Etats-Unis pour vivre avec ton fils et surtout ne plus me voir, l'attaqua Philippe.
Isabelle ne voulait et ne pouvait pas tenir une conversation sensée avec un homme autant sur la défensive. Donc elle préféra se taire et tenta de ne pas être touché par les paroles absurdes qu'il venait de prononcer.
- Tu sais, je crois qu'on vivrait beaucoup mieux si finalement tu étais morte dans cette intervention, s'emporta-t-il.
Il était hors de lui et il fallait que sa colère sorte mais il y allait un peu fort.
Isabelle sentit les larmes lui monter aux yeux. Comment pouvait-il dire ça ? Premièrement Mme Wyss lui mettait ses quatre vérités en face et maintenant c'était au tour de Philippe.
- Parce que...reprit Philippe sur le même ton de voix.
Isabelle se dit qu'il fallait absolument qu'elle intervienne sinon elle allait entendre des choses encore plus horribles.
- Tais-toi, hurla-t-elle presque.
Elle avait pourtant essayé de contrôler sa voix mais elle s'était brisée sur les derniers mots pour se terminer en pleurs.
- Tu en as déjà assez dit, sanglota-t-elle. Trop dit.
Philippe baissa les yeux honteux. Lui qui deux minutes plus tôt s'était transformé en un Philippe méconnaissable plein de rage, était revenu le Philippe tel qu'on le connaît et avait immédiatement regretté les paroles blessant qu'il avait pu prononcer à l'égard d'Isabelle.
Isabelle ne doutait pas un instant de lui et savait pertinemment qu'il avait dit ces mots sous le coup de la colère et qu'il ne les pensait pas le moins du monde. Mais quand même sous la colère c'est un peu notre inconscient qui parle.
- Bon, je peux te parler maintenant ? demanda un taponnant ses yeux pour éviter de faire couler son mascara.
Philippe hocha la tête, honteux de l'avoir blessé jusqu'au point de la faire pleurer.
- J'ai agis comme une lâche en voulant démissionner, avoua-t-elle. Ici, il y a tellement une ambiance amicale que je crois que je n'aurais même pas franchis le seuil de la porte.
Philippe, qui avait soudainement retrouvé le sourire lui sauta au coup, depuis le temps qu'il en rêvait.
- Je ne voulais pas te blesser, s'excusa-t-il tendrement en lui caressa les cheveux.
Isabelle sourit, elle en était convaincue.
Un silence lourd de sens s'immisça entre eux. Chacun pensait à la même chose mais personne n'osait ouvrir la bouche.
Ce fut Philippe qui se lança le premier.
- Et pour nous ? demanda-t-il timidement.
Isabelle relâcha leur étreinte et plongea des yeux durs dans ceux de Philippe.
- J'ai bien réfléchis, il faut qu'on arrête...
Philippe n'en croyait pas ses oreilles. Quel naïf avait-il été ? Il avait été assez bête pour croire que tout était rentré dans l'ordre.
- Il qu'on arrête de jouer les adolescents, reprit-elle. Maintenant on est adultes alors on prend ses responsabilités.
Philippe éclata de rire. Il n'avait pas marché, il avait couru ou même sprinter.
- Tu as de la chance que je ne sois pas cardiaque, plaisanta-t-il. Parce que tu m'aurais vu mourir le jour qui devrais être le plus beau de ta vie et par ta faute en plus.
Isabelle rigola et Philippe put retrouver cette lumière rieuse qui étincelait dans ses yeux.
- Viens voir par ici toi...
Philippe lui offrit le plus beau baiser de sa vie, pour le plus beau jour de sa vie.


- S'il vous plaît, cria Philippe pour attirer l'attention de tous les gens présent dans la grande.
Isabelle attrapa peur, il n'allait quand même pas annoncer leur liaison à tous les gendarmes comme ça.
- Chloé a une petite surprise pour Isabelle, déclara-t-il en se retirant pour laisser la place à la jeune fille.
Isabelle soupira. Ouf ! Il ne s'agissait pas de ça.
Une surprise dis donc elle était bien gâtée.
Chloé s'avança une feuille de papier à la main. Elle regarda l'assemblée et commença.
- Deux ans que tu es rentré dans ma vie et je n'ai rien vu passer, il faut dire qu'avec toi jamais on ne s'ennuie. Tu es une sacré femme ou devrais-je plutôt dire une femme sacrée.
Philippe passa son bras autour de la taille d'Isabelle comme pour montrer qu'il était d'accord avec ce que disait Chloé.
- 24 mois durant, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tu as pratiqué ce métier que tu aimes tant, car ici tout le monde le sait tu es et restera un sacré gendarme ou même un gendarme sacré.
Isabelle sentit les larmes lui monter aux yeux.
Chloé marqua une courte pause et reprit.
- 104 semaines, pendant lesquelles, malgré ton travail prenant tu as toujours trouvé des petits moments pour me partager ton amour. Tu as un sacré coeur je dirais même un coeur sacré. 730 jours se sont écoulés sans que je me rende compte que tu devenais peu à peu pour moi, une sacré mère ou plutôt une mère sacrée.
Chloé baissa sa feuille et sourit à Isabelle qui vint la prendre dans ses bras, les larmes aux yeux.
- Et toi, tu une sacré fille, remercia-t-elle la voix pleine d'émotion.
C'était vraiment le plus beau jour de sa vie.

FIN
Tags : Fiction
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#Posté le samedi 04 février 2012 07:54

Modifié le vendredi 17 janvier 2014 15:55

Scénario 2 : La Fusillade

 
 
La fusillade
 
 
 
Chapitre 1
"Sans réponse..."

 
Roussillon sortit de la grande salle en essayant de ne pas claquer trop fort la porte, tellement il était énervé.
Il l'avait vu et il était sûr qu'il n'avait pas rêvé. Philippe avait passé son bras autour de la taille d'Isabelle. Si pour certain cet acte semblait tout à fait banal pour lui ce geste était bien assez équivoque, et lui transperçait le c½ur.
Il lui montrait surtout que la partie était finie et que son rival avait gagné.
Nicolas qui avait perçu la colère de son ami, sortit à son tour de la caserne et courut pour le rattraper.
- Pierre ! appela-t-il. Pierre !
Mais ce dernier traversait la cour sans vouloir se retourner pour entendre des conseils complétement débiles et absurdes qui ne résoudraient absolument rien.
Nicolas accéléra.
- Pierre attend ! cria Nicolas en le saisissant par le bras pour qu'il lui fasse face.
- Oublie-la, Pierre, conseilla Nicolas.
Pierre laissa échapper un rire sarcastique.
- Et c'est pour me dire ça que tu t'es tuer à faire 50 mètres, railla-t-il.
- Mais je suis sérieux, insista-t-il. Oublie-la.
- Parce que tu crois que c'est si facile ? Depuis que M. Philippe Kremen est arrivé parmi nous j'ai essayé de le faire, voyant bien qu'il était plus fort que moi, mais je n'y arrive pas, se désola-t-il en se laissant tomber sur le banc proche. Je n'y arrive pas...
- Qu'est-ce que tu racontes ce n'est pas une question de force, c'est les sentiments tu n'y peux rien si elle préfère Philippe, consola-t-il.
- Je ne peux pas, je l'aime trop, murmura-t-il, dévasté.
Nicolas n'aimait pas le voir dans un tel état. Mais il avait pu constater que Philippe rendait sa mère heureuse et il n'avait pas envie que son ami gâche ce bonheur par simple jalousie.
Pour l'instant Pierre avait surtout besoin d'être seul donc après avoir posé une main réconfortante sur son épaule, il s'éloigna.
 
- On va dehors ? murmura Philippe à l'oreille d'Isabelle.
Elle sourit et l'entraîna par la main hors du brouhaha de la pièce... et surtout des regards.
Mais au lieu de prendre la direction de la sortie, ils gravirent  les marches en courant main dans la main telle deux amoureux aux premiers jours de leur amour.
Arrivé au premier étage, Philippe appliqua délicatement ses mains sur les yeux d'Isabelle qui en le voyant faire se demanda ce qu'il se passait.
- Fais-moi confiance, la rassura-t-il.
Ne cachant ses yeux plus que d'une main, il utilisa l'autre pour ouvrir la porte de son appartement et fit entrer Isabelle.
- Attention...un...deux...trois !
Une fois le décompte terminé, il enleva sa main permettant ainsi à Isabelle de contempler le spectacle qui s'offrait à ses yeux. Un sourire se dessina sur son visage lorsqu'elle découvrit la pièce qui était éclairé uniquement par deux bougies posé sur une table joliment décorée.
Etonnement, Isabelle qui d'habitude jugeait les diner aux chandelles complètement  idiot trouva cette perspective plutôt amusante.
- T'es un amour, le complimenta-t-elle en se retournant pour l'embrasser.
Philippe relâcha son étreinte et se dirigea vers le four pour en sortir des lasagnes fumantes qu'il posa sur la table.
- Oh ! s'exclama Isabelle en s'approchant de la table, admirative. Tu sais cuisiner ? se moqua-t-elle.
Philippe prit un air faussement vexé.
- Ah, ah, très drôle, railla-t-il. Comme quoi, les homme ne sont pas tous des incapables !
Isabelle sourit et prit place en face de lui.
 
En bas, la petite fête touchait à sa fin. Les gendarmes commencèrent à ranger, ayant bien noté l'absence de deux personnes mais n'osant le faire remarquer.
Une fois le grand bureau en ordre, Chloé, Bernard et Nicolas montèrent à l'appartement.
- Je crois qu'on devra diner tout seul, lâcha Chloé avant d'ouvrir la porte.
Nicolas et Bernard éclatèrent de rire.
- Qu'est-ce que vous voulez à manger, les enfants ? demanda le Colonel en entrant dans l'appartement.
Les deux adolescents se regardèrent et haussèrent les épaules en même temps.
- Je vais vous faire ma spécialité, décida-t-il en sortant une casserole de l'armoire. Isabelle adorait ça quand elle était petite.
 
- C'était très bon, affirma Isabelle en posant sa main sur celle de Philippe.
- Tu ne mens pas, juste pour me faire plaisir ? s'étonna-t-il.
- Je ne mens jamais, certifia-t-elle.
Philippe se racla la gorge. Quelle modestie !
- D'ailleurs, on va mettre une règle : on ne se mentira jamais, proposa-t-elle.
Philippe sourit et approuva d'un hochement de tête.
- Alors commençons tout de suite, dit-il en plongeant son regard dans le sien. Est-ce que tu m'aimes ?
Isabelle se leva et lui prit la main pour qu'il en fasse de même.
- Mais bien sûr que oui, répondit-elle d'une voix mielleuse en approchant ses lèvres des siennes.
- Je t'aime...je t'aime...je t'aime, murmura-t-elle juste pour le plaisir de s'entendre dire ces mots si magiques.
Leurs lèvres se rencontrèrent et peu à peu Philippe l'attira vers sa chambre. Comme il l'avait fait quelques heures auparavant, il chercha la poignée à tâtons et entrèrent dans pièce sombre. Isabelle tenta avec peine de se séparer des lèvres de Philippe et commença à déboutonner sauvagement sa chemise tandis que Philippe faisait glisser les brettelles de sa robe.
 
Isabelle cligna des yeux, éblouie par la lumière qui éclairait la chambre. Ayant perdu ses repères, elle regarda autour d'elle, surprise puis la douce chaleur du corps de Philippe contre lequel elle était blottie, lui ramenèrent en mémoire les souvenirs de la veille. Rassurée et plus amoureuse que jamais, elle referma les paupières.
- Tu as bien dormi ? demanda Philippe en lui servant une tasse de café après l'avoir embrassée.
Elle approuva d'un sourire et lui renvoya la question.
- Il faudrait que tu me brief sur les dossiers qui sont en cour, demanda-t-elle en prenant un croissant.
- Tu es sûr que tu veux déjà reprendre le travail, s'assura-t-il.
Isabelle le fusilla du regard ce qui le fit rire.
- D'accord, d'accord... Mais avoue que j'ai le droit de me poser quelques questions, hier tu m'annonçais, par je ne sais quelle lubie que tu démissionnais et maintenant tu me demandes de te mettre au courant à propos des enquêtes actuelles.
Isabelle sourit. Franchement elle-même se demandait qu'est-ce qu'il lui était passé dans la tête pour donner sa démission.
- De quoi as-tu peur ? s'enquit-elle surprise.
- J'ai peur que tu t'implique trop. Le médecin a dit que tu avais besoin de repos, j'ai peur que tu sois un peu fragile psychologiquement j'ai peur...de te perdre.
Cette tendre révélation la fit sourire.
- Philippe, j'aime ce boulot et tu le sais.
- Je sais mais tu pourrais encore attendre une semaine.
Isabelle commençait à en avoir marre, pourquoi voulait-il qu'il lui arrive quelque chose ? À force de le penser ça finirait par se produire.
- écoute, si tu veux m'en empêcher tu à le pouvoir requit alors n'hésite pas, rétorqua-t-elle sèchement.
Philippe la regarda surpris.
- Pas besoin de t'énerver !
Ils finirent leur petit déjeuner puis Philippe lui expliqua ce qu'elle avait demandé avant de décider d'aller faire un pique-nique avec toute la famille vu le beau temps qui s'était installé sur la région.
 
Deux jours s'était écoulé depuis qu'Isabelle était sorti de l'hôpital, et ayant constaté qu'elle était bien entourée Nicolas avait décidé de rentrer.
- C'est bon, il ne reste plus rien dans l'armoire ? demanda-t-il à Chloé qui l'aidait à faire ses valises.
La jeune fille jeta un coup d'½il sur les étagères qui étaient à présent vides et secoua la tête.
Même si elle ne voulait pas se l'avouer, elle était triste qu'il parte déjà.
- Je reviendrai petite s½ur, la consola-t-il en lui ébouriffant amicalement les cheveux.
Chloé sourit. Comme c'était bizarre que quelqu'un l'appelle comme ça ! Mais en aucun cas elle détestait ça, elle avait encore plus l'impression d'appartenir à cette adorable famille de fous.
- Maman ! appela Nicolas.
Isabelle sortit de la salle de bain et contempla son fils qui se tenait devant elle sa valise aux pieds.
- Tu es vraiment sûr que tu ne veux pas rester encore un peu ? Tu sais, on a la place, dit-elle en le prenant par l'épaule.
- Maman..., râla-t-il. On en a déjà parlé...
Sa mère haussa les yeux au ciel. D'accord elle avait compris : sa vie était là-bas.
- Bon on y va, s'impatienta-t-il.
Isabelle hocha la tête et prit ses clefs posées sur la commode. Après avoir salué son grand-père et Chloé, Nicolas ouvrit la porte et se retrouva nez à nez avec Rivière qui s'apprêtait à toquer.
- Salut Nico ! Ta mère est là ?
- Bonjour, salua-t-il en s'engouffrant dans le couloir.
- Sa mère est là, mais elle allait justement conduire son fils à Nice, plaisanta Isabelle.
- Désolé, s'excusa Rivière. Mais... on a une fusillade dans un hôtel du centre-ville.
Nicolas lança un regard noir à sa mère. Toujours ce fichu boulot !
- C'est vraiment urgent ? demanda Isabelle qui perçut le regard réprobateur que Nicolas posait sur elle.
Rivière grimaça.
- J'en ai bien peur, le Capitaine redoute un mass murder.
Isabelle se tourna vers son fils en espérant qu'il comprendrait.
- On va demander à grand-papa qu'il te conduise, dit-elle en pivotant vers son père qui acquiesçait déjà.
Isabelle serra une dernière fois très forte son fils dans ses bras. Elle savait qu'à peine il aurait franchis la porte, déjà il allait lui manquer. Mais c'était la vie qu'il avait choisie et elle se consolait en se disant qu'il allait  revenir tantôt.
- Tu ne m'en veux pas ? demanda-t-elle timidement.
- Mais non ! assura-t-il.
Ça avait toujours été comme cela. Il avait fini par s'y s'habituer.
- Donnez-moi deux-minutes, dit-elle à l'intention de Rivière en partant en direction de sa chambre pour enfiler son uniforme.
- Alors mon garçon, on y va, demanda Bernard à son petit-fils.
- Je n'attend que ça depuis une demie heure, exagéra-t-il en saisissant la valise qui se tenait à ses pieds.
Alors son grand-père saisit les clefs qu'Isabelle avait reposé sur la commode et tous les deux montèrent dans la voiture pour tenter d'arriver à 8 heures à la gare de Nice.
 
Comme promis, deux minutes plus tard, Isabelle apparut sur le seuil de la porte toute vêtue en bleu, prête à partir.
- Alors que sait-on ? demanda Isabelle à l'adjudant pendant qu'ils parcouraient rapidement les couloirs en direction de la sortie.
- trois mort et une femme dans le coma, répondit gravement Rivière.
Isabelle fit la grimace.
- Quelle rue ? demanda-t-elle en ouvrant la portière.
- Avenue Baudoin.
Comprenant que la situation était grave à peine Rivière lui avait-il fournit le renseignement demandé qu'Isabelle démarra sur les chapeaux de roue.
 
Isabelle arrêta la voiture au pied de l'hôtel Madarina et les gendarmes gravirent en toute hâte les quelques escaliers pour arriver au premier étage où déjà trois gendarme s'affairaient.
Après avoir enjambée deux premiers corps, Isabelle entra dans la chambre où Platon faisait ses constatations.
- Lieutenant ! salua-t-il. Ce n'est vraiment pas beau à voir.
Isabelle hocha tristement la tête. Effectivement c'était un vrai carnage, il y avait du sang partout et trois corps ce n'était pas rien.
- L'homme là-bas, dit-il en désignant le corps qui était allongé au millieu de la chambre. Il s'appelle François Darbelay, j'ai communiqué son nom à Roussillon il ne devrait pas tarder à me fournir des informations.
Il fit quelques pas pour parvenir à la hauteur des deux corps qui étaient étendu à l'entrée.
- Ici M et Mme Meyer, l'informa-t-il. D'après le témoignage de la réceptionniste, ils avaient pris la chambre d'à côté depuis une semaine.
Isabelle réfléchit.
- Vu la position des corps, on peut penser qu'alerter par le bruit ils ont voulu voir ce qu'il se passait et le meurtrier ne leur a laissé aucune chance, émit-elle.
- Donc le meurtrier est prêt à tout pour parvenir à ses fins jusqu'à tuer deux innocents...
Isabelle approuva.
- Et l'identité de la personne qui a été transportée à l'hôpital ? demanda-t-elle.
- Marie Da Costa, j'ai également transmis son nom à Roussillon mais j'ai déjà trouvé dans ses affaires qu'elle habitait 21 avenue André Gide à Cabris.
Il saisit un petit flacon qui contenait une balle qu'il avait extrait du mur et le tendit à Isabelle.
- Vu la taille des balles c'est un 9 mm, l'informa-t-il. J'en saurais plus après l'analyse.
Isabelle grimaça : C'était le calibre le plus courant ! Mais si l'enquête n'était pas un peu corsé et que tout le monde pouvait la résoudre les gendarmes ne serviraient plus à rien.
- Qui a découvert les corps ?
- La femme de chambre en faisant son tour habituelle, expliqua-t-il en désignant une femme qui discutait avec un gendarme près des escaliers.
Isabelle le remercia et se dirigea vers elle.
- Le temps de déterminer les angles de tir et je vous rejoins, lança le T.I.C avant qu'Isabelle ne sorte.
Elle hocha la tête et fit savoir au gendarme qui questionnait la femme de chambre qu'il pouvait disposer.
- Bonjour, je suis le Lieutenant Florent, se présenta-t-elle. Alors, quand avez-vous découvert les corps ?
- Comme je l'ai déjà dit à votre collègue, à 7h30, répondit-elle la voix un peu troublée par l'émotion.
Voyant que le témoin était sous le choc, Isabelle s'assura qu'elle ne connaissait pas les victimes.
- Non...non, répondit-elle en reprenant son souffle. Mais ça fait quand même peur, vous croyez qu'il est dangereux ?
- Hier soir vous avez terminé à quelle heure ? demanda Isabelle qui n'avait pas envie de faire peur à toutes la population en répondant positivement à sa question.
- Comme chaque soir aux alentours de six heures.
- Vous avez remarqué quelque chose de bizarre ? Est-ce que M. Meyer était déjà avec Mme Da Costa ?
La femme secoua la tête mais se souvint soudain d'un détail.
- Lorsque j'ai rangé mon aspirateur dans l'armoire j'ai remarqué que la porte était entrouverte et l'homme serrait la femme dans ses bras.
- Vous avez réussi à comprendre quelque chose ?
Elle réfléchit un moment puis fit signe que non.
Après lui avoir demandé de passer à la gendarmerie dans la journée pour enregistrer sa déposition, elle la remercia et se dirigea en direction de Rivière qui prit congé de la personne avec qui il parlait en apercevant Isabelle qui s'approchait de lui.
- D'après ce que j'ai compris M. Meyer était attaché d'ambassade, informa-t-il.
Isabelle soupira.
- Ce serait un meurtre politique. Je sens que le Capitaine va aimez ça, plaisanta-t-elle.
- Il faudrait interroger l'ambassadeur sur la raison du déplacement de son attaché.
- Vous avez le numéro ?
Rivière fit signe que non mais déjà il composait celui de Roussillon pour l'obtenir.
Isabelle en profita pour retourner vers Platon.
- Vous avez retrouvé un quelconque dossier près de la victime ? lui demanda-t-elle.
Le T.I.C secoua la tête, désolé.
Isabelle le remercia et rejoignit Rivière qui lui tendait son carnet sur lequel était écrit une série de chiffres.
- C'est bien, et maintenant vous pouvez l'appelez tout seul ou il faut que je vous aide ? se moqua-t-elle.
Rivière haussa les yeux au ciel, à peine de retour que les vannes commençaient déjà.
Après quelques instants il raccrocha.
- Alors ? demanda Isabelle.
- Pour lui, son attaché est censé être en voyage à New-York, soupira-t-il constatant que cette piste n'avait pas d'avenir.
- Vous lui avez demandé quel dossier traitait-il en ce moment ?
- Un de ses collaborateur qui descend à Cannes passera les déposer dans l'après-midi.
- Bien ! On va chez M. Da Costa pour lui poser quelques questions sur sa femme, décida Isabelle.
 
Arrivés à Cabris, ils cherchèrent l'avenue André Gide et arrêtèrent la voiture devant le numéro 21. Une spacieuse maison avec une piscine où s'égaillaient deux jeunes enfants sous le regard attentif de leur père assit au bord de la piscine.
- M. Da Costa ? demanda Isabelle en arrivant à sa hauteur.
- Oui, dit-il en levant les yeux, étonné.
- Lieutenant Florent et adjudant Rivière, se présenta-t-elle en ouvrant sa carte.
En comprenant qu'il s'agissait de la gendarmerie, M. Da Costa se leva, un tas de question se bousculant dans la tête.
- Il y a un problème ?
- On doit vous parlez, déclara-t-elle d'un ton grave, lui faisant comprendre qu'il valait mieux que les enfants n'entendent pas.
- Charlotte et Luca, appela-t-il. Sortez.
Les deux bouts de chou obéirent sagement à leur père et attrapèrent leur serviette pour se sécher.
Pendant ce temps leur père avait emmené les deux gendarmes à l'intérieur.
- Je vous sers quelque chose à boire ? proposa-t-il.
Ils secouèrent tous les deux la tête. Isabelle se racla la gorge.
- Votre femme est à l'hôpital, révéla-t-elle.
Les yeux de son interlocuteur devinrent immenses et il commença à poser tout un tas de questions en même temps.
- Comment ça ? C'est grave ? Pourquoi ?
- Calmez-vous, intervint Rivière. Vous saviez qu'elle était à Grasse ?
- Bien sûr, je devais la rejoindre ce soir.
- Pourquoi était-elle là-bas ? demanda Isabelle qui d'un signe de tête fit comprendre à son collègue de fouiller l'appartement car elle n'aimait pas mener un interrogatoire à deux.
- C'est grave ? s'énerva-t-il puisqu'il n'avait pas de réponse.
- Elle est dans le coma mais elle devrait s'en remettre...vous pourrez aller la voir mais d'abord répondez à mes questions : Vous connaissez cet homme ? demanda-t-elle en lui montrant la photo de M. Meyer.
L'homme prit la photo entre les mains et la regarda.
- Non, dit-il en la lui rendant. Pourquoi je devrais ?
- Vous étiez où ce matin ?
- Vous me demandez un alibi ?! C'est quand même ma femme ?!
Isabelle le fusilla du regard lui faisant savoir qu'elle voulait qu'il réponde.
- J'étais chez moi, avec mes enfants.
- Quelqu'un vous a vu ?
M. Da Costa réfléchit.
- Le facteur vers 9h30, attesta-t-il.
- On vérifiera, rétorqua Isabelle en se dirigeant vers la porte après avoir rappelé Rivière d'un signe de tête.
A peine la porte refermé que M. Da Costa empoigna sa veste et partit pour l'hôpital.
- Vous le soupçonner ? s'étonna Rivière.
- Il a très bien pu les surprendre ensembles et pris de jalousie vouloir le tuer, argumenta Isabelle.
- Vous trouvez qu'il a le profil pour une telle fusillade ?
Isabelle haussa les épaules. Il avait quelque chose qui l'a dérangeait chez cet homme mais elle ne pouvait pas dire quoi. Elle allait donc vérifier son alibi comme elle le lui avait assuré. Au fil du temps, elle avait appris à vérifier chaque piste.
 
- J'arrive, je vais juste saluer mon père qui part, informa Isabelle.
Elle ouvrit la porte de son appartement et tomba nez à nez avec son père qui s'apprêtait à s'en aller.
- Ah ! ma fille à quand même penser à me dire au revoir, ironisa-t-il.
- Nicolas est arrivé à l'heure ? demanda-t-elle, ne faisait guère attention à la petite pic qu'il venait de lui envoyer.
- Oui, oui. On a très bien rouler, la rassura-t-il.
- Bon alors maintenant à toi de faire bonne route, souhaita Isabelle.
Son père hocha la tête.
- Tu feras attention..., s'assura-t-il.
- C'est promis papa, jura-t-il en l'embrassant.
 
- Vous avez des renseignements sur M. Meyer ? demanda Isabelle à Roussillon qui s'afférait derrière son ordinateur.
- Oui, je vais les communiquer à Francis parce que le capitaine m'a demandé de vous transmettre qu'il vous attendait dans son bureau, répondit-il.
Isabelle prit donc la direction du bureau de Philippe.
- Mon Capitaine, salua-t-elle en ouvrant la porte, un large sourire sur les lèvres.
Philippe releva la tête en entendant sa voix et s'approcha d'elle.
- Mon lieutenant, répliqua-t-il d'un ton charmeur en déposant un baiser sur ses lèvres et en l'étreignant tendrement.
- Arrête, Philippe, pas ici, supplia-t-elle en repoussant ses bras.
Philippe s'écarta bien conscient que c'était plus raisonnable car il savait bien que d'ici un mois ou deux les gendarmes commencerait à cancaner sur le fait que leur liaison entraver à la bonne avancée des enquêtes. Donc elle avait tout à fait raison de mettre une frontière entre vie privée et vie professionnelle, comme elle l'avait toujours fait.
- Alors il semblerait que la piste du mass murder soit écartée ? demanda-t-il pour recentrer la conversation sur l'affaire.
- Oui à mon avis les victimes n'ont pas été choisi au hasard si, bien sûr on ne compte pas les deux personnes qui sont morte parce que ayant entendu du bruit elles sont déplacés  mais...
Isabelle s'arrêta mais trop tard elle en avait déjà trop dit, lorsqu'elle vit que Philippe l'incitait à continuer.
- Je sais que ça ne va pas te plaire mais c'est peut-être un meurtre politique.
Philippe grimaça.
- Qu'est-ce qui te fais pensez ça ?
- M. Meyer, c'est l'homme qui était visé, précisa-t-elle. Il est attaché d'ambassade.
- Effectivement, on peut se poser la question. Et vous avez des éléments qui vont dans cette direction ?
Isabelle secoua la tête et le mit au courant de l'avancer de l'enquête, à vrai dire pas grand-chose.
Lorsqu'Isabelle eut fini de lui transmettre les informations qu'il avait en leur possession il hocha la tête satisfait.
- Sinon toi ça va ?
Isabelle sourit pour le rassurer. Elle aimait bien quand il se préoccupait d'elle comme ça mais elle n'avait pas envie que ce lien qui s'était renforcé entre eux gâche l'ambiance de la caserne. Elle pensait surtout aux tensions qui régnaient en Philippe et Roussillon.
La sonnerie du téléphone de Philippe vint troubler ce moment de réflexion.
- Allô ?
Il écouta ce que son interlocuteur avait à lui dire puis approuva.
Une fois le combiné reposé, Isabelle l'interrogea d'un regard.
- Platon nous attend au Labo, expliqua-t-il en se levant.
Isabelle ne tarda pas à en faire de même pour lui emboiter le pas.
- Rivière et Roussillon, au Labo, ordonna sèchement Philippe en traversant le grand bureau.
Les deux gendarmes quittèrent leur occupation, un peu étonné par la dureté du ton qu'il avait employé.
En tête Roussillon ouvrit la porte.
- Après vous, lâcha-t-il d'un ton charmeur en se mettant de côté pour laisser galantement passer Isabelle.
S'avança, Isabelle sourit de cette galanterie enfantine tandis que plus loin Philippe levait les yeux au ciel, exaspéré.
En voyant arrivé la petite troupe, Platon les invita à approcher d'un signe de main et se tourna vers son écran d'ordinateur pour commencer l'explication de son étrange découverte.
- Tout d'abord, la pénétration de la balle mortelle pour M. Meyer s'est faite de l'épaule gauche pour ensuite allé se loger dans le c½ur.
Avant que Platon reprenne le téléphone de Roussillon sonna. Ce dernier s'éloigna un peu pour décrocher.
Platon continua à la demande implicite du Capitaine.
- On peut donc établir que M. Meyer s'est mis devant...
- Mme Da Costa s'est réveillée, coupa Pierre le téléphone à la main.
Philippe se racla la gorge.
- Roussillon ! rabroua-t-il. Platon était en train de parler.
A peine avait-il terminé son reproche qu'Isabelle lui asséna de coude, pas du tout contente du tout qu'il avait employé. Malheureusement ses craintes se révélaient avérées.
- devant Mme Da Costa, termina-t-elle du ton le plus détaché possible.
Isabelle se pencha par-dessus l'épaule de Philippe pour observer l'écran entrecoupé de droite de différentes couleurs. Effectivement si M. Meyer s'était trouvé face à la porte la balle aurait dû pénétrer par devant alors que dans le cas présent elle lui était arrivée de dos.
- Pourquoi a-t-il se geste ? s'étonna Philippe.
- Un geste réflexe, c'est tout à fait possible, émit Platon.
- C'est toi Pierre qui m'a dis que dans le passé il avait été garde du corps ? dit-il en se tournant vers son collègue qui apparemment n'avait pas digérait les reproches infondés du Capitaine jaloux vu la tête qu'il tirait.
En insistant, Rivière put lui arraché une approbation.
- Ou alors il a voulu la protéger parce qu'il tenait à elle, tenait à elle dans le sens de liaison, proposa Isabelle. M. Da Costa les aurait surpris et auraient voulu les tuer tous les deux.
Philippe haussa les épaules, tout de même septique mais sachant bien que même s'il n'était pas convaincu par cette hypothèse elle irait jusqu'au bout avec ou sans son autorisation.
Il regarde sa montre.
- Roussillon et Isabelle vous allez chez M Da Costa. Et Rivière vous me chercher des informations sur cette arme, déclara-t-il.
Les trois gendarmes approuvèrent et sortirent.
- Attendez-moi deux minutes, murmura Isabelle à Roussillon, en revenant sur ses pas.
- Philippe je peux te voir dans mon bureau ? reprit-elle à l'intention du Capitaine.
 
- Je n'ai pas envie de cette atmosphère tendu dans la caserne, expliqua-t-elle en referma la porte après que Philippe soit entré. Que tu sois de nature jalouse d'accord, on ne peut pas le changer. Mais que tu te défoules sur un officier simplement parce qu'il m'a tenu la porte, je trouve que tu y va un peu fort.
Isabelle était énervée. Comme elle venait de le dire elle comprenait tout à fait que Philippe soit jaloux mais elle n'avait aucune envie que ce vilain défaut pourrisse l'ambiance.
- Oh Isabelle, c'est toi qui y va un peu fort. Je ne me « défoule » pas sur lui, se défendit-il.
- Alors il faut que j'emploie quel mot. Parce que moi c'est celui-là que j'emploie quand tu ne lui donne plus la possibilité de faire du terrain alors que tu sais très bien que faire de la paperasse est ennuyeux, quand tu reprends quelqu'un pour la moindre petite faute qu'il a commise, quand tu rabroues quelqu'un simplement parce qu'il a coupé la parole.
- Je ne l'empêche pas de faire du terrain, la preuve c'est lui qui vient avec toi chez Da Costa, protesta Philippe.
Isabelle se rembrunie mais ne tarda pas à reprendre.
- Tu pourrais au moins t'excuser, me dire que tu vas faire des efforts...
- Mais je viens d'en faire un en laissant Roussillon venir avec toi, et m'excuser de quoi ? s'étonna-t-il, exaspéré.
- T'es vraiment borné ! s'énerva Isabelle, en claquant de son bureau.
Elle rejoignit Roussillon, en se forçant à reprendre son calme.
- ça va ? demanda-t-il, étonné par la scène qu'il avait pu suivre.
Et à la fois ravi de constater que malgré ce que lui avait dit Nicolas, ils ne filaient peut-être pas le parfait amour. Donc que la partie n'était pas encore terminée.
- Très bien, répondit sèchement Isabelle, en prenant le chemin de la cour.
 
Pendant le trajet la tension était palpable. Personne n'osait prononcer ne serait-ce qu'un seul mot. Roussillon savait bien que si pour une raison quelconque il ouvrait la bouche, il allait immédiatement le regretté comme elle le lui avait fait remarqué lorsqu'il était venu la voir à l'hôpital.
Isabelle, quant à elle, ruminait sa colère dans son coin. Philippe avait eu raison et elle détestait ça. Pour l'instant elle se contenterait de ne plus lui adresser la parole même si elle savait pertinemment qu'elle ne tiendrait pas très longtemps.
La sonnerie de son téléphone la fit sursauter.
- Allô...
- Isabelle, le proc a été d'accord d'émettre un mandat d'arrestation pour M Da Costa.
En entendant la voix de Philippe, Isabelle tenta de paraître naturel.
- Bien et on perquisitionne pour trouver l'arme ?
- Mais ça va de soi, répondit-il sèchement.
Isabelle raccrocha. Décidément il n'était pas de bonne humeur. La journée avait pourtant commencé si bien. Elle se souvint du moment où elle s'était réveiller, blottie dans ces bras. Elle était tellement bien. Pourquoi tout se gâchait déjà ?
- On doit arrêter M Da Costa et perquisitionner pour trouver l'arme, expliqua Isabelle à Roussillon qui l'interrogeait du regard.
 
Isabelle sonna à la porte. Rapidement, M. Da Costa vint ouvrir.
- Vous êtes en état d'arrestation, mais tout d'abord vous allez nous servir de témoin pour la perquisition, déclara Isabelle en entrant.
- Arrestation ? Perquisition ? répéta-t-il, étonné.
- Oui vous avez parfaitement, affirma Roussillon.
- Vous avez une arme ? demanda Isabelle.
- Oui mais je me la suis fait volé, il y a trois moins ?
- Volé ? Vraiment ? s'étonna Isabelle, pas du tout convaincue. C'était quel modèle ?
- un ???
D'un regard, elle ordonna à Roussillon de chercher l'arme. L'officier s'exécuta.
- Vous pouvez placez vos enfants chez quelqu'un après l'école, car cette situation risque de durer quelques temps.
M. Da Costa hocha la tête.
- Oui leur grand-mère, elle habite de l'autre côté du village.
- Appelez-la, conseilla fermement Isabelle.
Il saisit le téléphone et composa le numéro, en soupirant.
- Isabelle ! cria Roussillon depuis une pièce de l'appartement.
Elle se dirigea vers la chambre où se trouvait l'officier et fut ravi de le voir brandir un fusil mitrailleur du même modèle.
- Bien joué, le félicita-t-elle.
Elle revint dans le salon et interpella M. Da Costa qui reposait le téléphone.
- On vient de me dire qu'on a retrouvé votre fusil.
Celui-ci releva les yeux, étonné.
- Et il est bonne état ?
- Parfaitement.
- Mais je peux savoir où ? demanda-t-il.
- Vous plaisanter ? s'indigna Isabelle.
- Mais pas du tout, protesta-t-il. Pourquoi donc je le ferais ?
- Sous votre lit, déclara calmement Isabelle. Vous allez me dire que vous ne saviez pas, peut-être ?
M. Da Costa écarquilla les yeux, hébété.
Isabelle sourit.
- On vous a jamais dit que vous auriez dû faire acteur ?
- Mais je ne savais pas, hurla-t-il, énervé. J'ai rien fait !
Roussillon passa devant eux le fusil à la main pour aller le déposer dans le coffre de la voiture garé devant la maison.
- C'est bon vous avez pu vous arranger avec votre belle- mère ?
- Oui...oui... répondit-il, ailleurs.
Roussillon réapparut sur le seuil de la porte et passa les menottes à M. Da Costa après qu'Isabelle lui ait adressé un signe de tête.
 
Roussillon sortit M. Da Costa de la voiture bleue et rentra dans la caserne suivit d'Isabelle. Ils croisèrent Philippe devant la porte, qui sortait.
- Philippe ! appela Isabelle.
Pensant qu'elle voulait s'excuser pour la dispute antérieure, il se retourna le sourire aux lèvres.
- T'a fait du charme à Madame la Procureur, pour qu'elle t'octroie ce mandat d'arrêt ?
Philippe soupira, déçut de constater qu'Isabelle faisait comme si il ne s'était rien passé. Mais qu'elle ne pouvait pas s'empêcher d'être distante avec lui.
- Parce que c'est un peu peu comme élément que notre suspect ait la même arme que celle utiliser dans le meurtre, poursuivit-elle, toujours aussi froide.
- Laisse Rivière procéder  à l'interrogatoire, il a trouvé quelque élément de plus.
Sans un sourire, ni un regard, Isabelle s'éloigna et rentra dans la caserne.
 
Isabelle entra dans le grand bureau, et se dirigea vers Rivière.
- Vous allez interroger M. Da Costa, il paraît que le Capitaine vous a mis au courant.
Rivière hocha la tête et s'empara du dossier qui était posé sur son bureau.
- Au fait c'est quoi ces éléments nouveaux ? demanda Isabelle.
- Il s'est fait flasher sur la route de Cabris à Grasse, il roulait à 120km, informa Rivière.
- A quelle heure ?
- 6h30 heures, comme l'heure du crime.
- Ah oui ça commence à faire beaucoup de coïncidences, confirma Isabelle.
Elle fit signe à Roussillon de venir installer M. Da Costa sur la chaise en face de Rivière.
- Bon vous commencez avec Roussillon et dans une une heure je viens vous remplacer avec Platon.
Il hocha la tête et s'assit sur sa chaise afin de commencer le l'interrogatoire.
- Ah au fait, se rappela-t-il. Le collègue de l'ambassadeur à déposer le dossier que vous lui aviez demandés.
- Bien, merci, sourit-elle en fermant la porte pour se diriger vers l'accueil.
- Bonjours Marc, salua-t-elle. Quelqu'un à déposer un dossier pour moi.
- Oui, c'est ici, dit-il en lui tendant un paquet d'un certains poids.
 
Après avoir feuilleté quelque quelques dizaine des dossiers, Isabelle se leva pour aller remplacez ses collègues.
Elle prit Rivière à part pour que l'adjudant l'informe de l'avancé de l'interrogatoire. Malhreusement, celui-ci lui fit savoir que m. Da Costa n'avait rien voulu lâché.
Isabelle fit la grimace puis appela Platon pour qu'il prenne la place de Roussillon.
- Bon, alors M. Da Costa, commença Isabelle en prenant place. Où étiez-vous ce matin à 7h.
Le coupable fit mine de l'écouter mais il ne répondit pas.
- Vous savez, ça ne penche pas en votre faveur, de vous taire, intervint Platon
- Lorsqu'on a retrouvé cette arme chez vous m'avez jurer que vous n'aviez rien fait, alors vous avez rien à cacher.
M. Da Costa semblait sur le point de lâcher le morceau, ce qui n'échapper à Isabelle qui insista.
- Parlez...
- Je suis allez voir ma fille à l'hôpital, elle a voulu se suicider.
Isabelle parut surprise. Un enfant de quatre qui voulait se suicider, c'était plutôt rare.
- Votre fille ? répéta Platon tout aussi surpris qu'Isabelle.
- Oui mais pas celle que vous pensez, celle de mon ex-femme. Mais s'il vous plaît ne le dites pas à Marie, s'empressa-t-il de rajouter.
Isabelle hocha la tête satisfaite. C'était donc ça qu'il ne voulait pas révéler.
- Parce que vous n'aviez pas dit à votre femme que vous vous étiez remarié ?
M. Da Costa secoua la tête.
- Non...
- Et pour votre alibi, votre ex-femme pourra confirmer ? reprit Isabelle.
- Non...c'est une copine de Laura qui m'a informé qu'elle était aux urgences, elle ne voulait pas  inquiéter sa mère. Liliane l'a su seulement à midi.
Isabelle regarda sa montre.
- Bon on vérifiera tout ça, pour l'instant on va vous laisser passer une nuit en garde à vue.
D'un signe de tête elle indiqua à Platon qu'il pouvait le ramener en cellule.
Constatant que les gendarmes étaient pour la plupart tous parti, Isabelle fit savoir à Platon qu'il pouvait lui aussi rentrer.
- Bonne soirée ! souhaita-t-elle.
- Merci à vous aussi, dit-il en montant les escaliers.
 
Elle s'installa à son bureau et prit machinalement les feuilles du dossier que lui avait amené. Elle ne savait plus quoi croire au sujet de M Da Costa. Plus il leur livrait d'informations, moins elle avait l'impression que c'était lui le coupable. C'est pour cela qu'elle décida d'explorer la piste du meurtre politique. Après quatre ou cinq tentative de piste elle tomba sur un dossier intéressant. Un certain Daval avait promis qu'il se vengerait parce que on ne lui avait pas accordé son visa pour la France.
Mais elle fut stopper dans sa lecture par la sonnerie de son téléphone.
Isabelle décrocha.
- Tu as vu l'heure qu'il est ? J'ai faim moi, râla une voix qu'elle n'eut aucune peine à identifier.
- Je sais, ma puce, j'arrive, assura-t-elle.
Elle raccrocha, mis un peu d'ordre sur son bureau puis ferma la porte et gravit les escaliers qui menaient à son appartement.
- Tu as passé une bonne journée ? demanda-t-elle en allant l'embrasser.
La jeune fille qui tenait deux assiettes à la main déjà prête à mettre la table approuva d'un signe de tête.
- Alors on mange quoi ? fit mine de se réjouir d'Isabelle.
- Tu plaisantes ? s'assura Chloé.
Isabelle éclata de rire. D'accord elle avait compris après le boulot il y avait le boulot. Parce que madame Chloé devait réviser.
- Et si on se faisait des spaghettis carbonnara ? Tu m'aides ?
Pas besoin de poser la question, son estomac criant famine Chloé avait déjà sorti tous les ingrédients nécessaires dès qu'Isabelle avait prononcé se menu alléchant.
- Et toi ta journée ? demanda Chloé qui coupait les tranches de jambon.
- Rien de neuf !
- Tu n'as pas invité Philippe à manger, s'étonna la jeune fille qui avait pris l'habitude qu'il vienne diner.
Isabelle se renfrogna ce qui n'échappa à Chloé.
- Vous vous êtes disputé ? émit-elle.
- Non...non rien, mentit-elle en versant la crème dans une casserole.
Chloé la fusilla du regard. Même le plus naïf des enfants ne la croirait pas.
- Alors si ce n'est pas une dispute, c'est quoi ? insista-t-elle.
Isabelle finit par céder.
- C'est sa fichu jalousie qui pourrie l'ambiance. Mais je n'ai pas envie d'en parler.
Chloé la rassura d'un sourit. Elle savait bien que ça finirait par s'arranger.
Soudain comme si un réveil avait sonné dans sa tête elle s'écria.
- Scène de ménages !
Isabelle qui mettait les spaghettis à cuire sursauta et se retourna vers Chloé, interloquée.
- Quoi « scène de ménage » ? répéta-t-elle.
Isabelle ne tarda pas à comprendre en voyant Chloé se précipiter pour allumer la télé pour pouvoir regarder sa série préféré tout en préparant à manger.
Chacun s'occupant de leur propre tâche, peu à peu le silence s'installa entre elles.
Chloé un ½il sur la télévision un autre sur les pâtes qui cuisait manqua de laisser tremper son doigt dans l'eau bouillante.
- Aïe, lâcha-t-elle instinctivement, sans même avoir eu mal.
- Fais attention ! Sinon je vais l'éteindre, avertit Isabelle.
- Non, s'il te plaît, supplia-t-elle.
- Après va t'asseoir je finirai toute seule, proposa-t-elle voyant bien qu'elle n'était pas d'une grande efficacité.
En la remerciant, Chloé alla s'installer devant la télévision.
Après quelques minutes, Isabelle touilla une dernière fois dans les pâtes et claironna.
- C'est prêt, madame l'affamé !
Chloé se leva pour éteindre lorsque le générique du journal de 20 heures commença.
- Laisse, demanda Isabelle. Maintenant c'est à moi d'écouter.
Chloé prit place et saisit sa fourchette.
- Bonn'a ! Souhaita-t-elle avant d'attaquer son plat fumant.
Isabelle lui rendit la politesse et elles commencèrent à manger.
- Bonjour, salua Claire Chazal. Comme je vous le disais dans les titres nous venons de l'apprendre il y a heure. L'airbus A330 qui faisait le voyage de Marseille en direction de Boston c'est crashé en pleine Océan Atlantic...
Isabelle faillit s'étouffer et chercha le regard de Chloé pour savoir si elle avait entendu la même chose qu'elle. Malheureusement, elle put y discerner la même panique que celle qui déferlait sur elle. Rongée par l'inquiétude, elle se précipita devant la télévision pour tenter d'en savoir plus, craignant de découvrir le cadavre de son fils sur l'écran, même que ce ne fut peu probable.
Chloé, toute autant paniqué qu'Isabelle tenta de se rappeler le nom de l'avion qu'il avait emprunté mais son esprit agité l'empêchait de retrouver ce renseignement. Comme solution de rechange elle effectua rapidement le calcul des heures de voyage, à son grand désarroi le timing pouvait correspondre.  Elle allait en faire part à Isabelle mais elle constata que la main tremblante elle avait composé le numéro de son fils pour tenter de le joindre.
- Répond..., supplia-t-elle en se rongea les ongles, morte d'inquiétude.
Malheureusement comme dans son pire cauchemar, elle entendit la voix robotisée d'un serveur.
Sans plus aucune illusion de revoir son fils vivant elle se laissa tomber sur le canapé et laissa les larmes rouler sur ses joues.
Sans réponse au tas de question qu'elle se posait...

 
Chapitre 2
 " Perdue "

Chloé vint la rejoindre sur le canapé et l'enlaça.
- Isabelle...il ne lui est rien arrivé, j'en suis sûr, consola-t-elle, en tentant de ne pas trop faire vaciller sa voix.
Isabelle perdu dans ses pensées, n'entendait même les paroles réconfortantes de Chloé.
« Pourquoi lui... ? Mais pourquoi... ? » se répétait Isabelle
Quand son fils était parti elle n'avait même pas pris la peine de le saluer dignement sachant bien qu'il allait revenir tantôt.
Malheureusement, elle pouvait constater avec douleur, que tout pouvait arriver à n'importe quel moment. Elle pensait qu'elle avait pris conscience de profiter de la vie à chaque instant à travers l'épreuve de son accident mais elle n'avait même pas été capable de le mettre en pratique.
Elle repoussa doucement les bras de Chloé, sans lui adressé la parole et se dirigea vers la porte tel un robot.
Arrivée dans son bureau, elle prit les dossiers transmis par l'ambassadeur et commença à lire.
Rien de mieux que de se réfugier dans le travail pour oublier...
Mais naturellement, il lui était impossible de se concentrer. Sous ses yeux, les lettres du texte se mélangeaient pour reconstituer les affreuses images de l'accident qu'elle avait vues.
 
Philippe qui était descendu pour rechercher quelque chose qu'il avait oublié, s'arrêta net. Le bureau d'Isabelle était toujours éclairé. Il fit quelque pas puis timidement il frappa à la porte redoutant qu'elle soit autant froide que dans la cour.
- Tu travailles encore ? s'étonna-t-il.
À son grand étonnement, Isabelle releva un visage dégoulinant de larmes.
- Qu'est-ce qui se passe ? lâcha-t-il, encore plus surpris.
Isabelle sécha rapidement ses yeux et déglutit péniblement avant de répondre.
- Tu n'as pas regardé les nouvelles ?
Philippe écarquilla les yeux, étonné par la question qui pour lui n'avait rien avoir.
- Si...répondit-il, pensif.
A peine avait-il répondu qu'il comprit le réel sens de sa question. Horrifié, il lui prit la main pour qu'elle se lève et la pris dans ses bras.
- C'est le même avion ? demanda-t-il doucement sachant bien que vu l'état dans lequel elle était la réponse était positive.
Réprimant un sanglot, elle hocha la tête.
La nouvelle lui fit l'effet d'un coup de poignard. Malgré que ce n'était pas son fils, il s'était attaché à la lui. Et de voir Isabelle dans cet état lui faisait encore plus mal au c½ur.
De toutes ses forces il espérait que ce n'était pas vrai. Mais rapidement avait fait le calcul des heures, et comme Chloé quelque temps auparavant, il était arrivé à la même conclusion : le timing pouvait correspondre.
- Viens, ça ne sert à rien de rester ici, insista-t-il en la prenant par la taille.
Tel un patin, Isabelle se laissa faire et aidée par Philippe, elle réussit à gravirent les deux volée de marche qui la menait à son appartement.
Fébrile, elle tendit la main vers la poignée.
Seul le ri de lumière qui parvenait à passer sous la porte de la chambre de Chloé amenait un petit filament de lumière à l'appartement plongé dans l'obscurité.
Mis à part les sanglots qui provenaient de cette même chambre l'appartement était autant silencieux que sombre.
Philippe installa Isabelle dans le canapé et passa son bras autour de ses épaules.
Isabelle, appuyé contre le torse de Philippe n'avait aucune notion de ce qui l'entourait. Le monde aurait pu s'écroulé autour d'elle, elle n'aurait pas ciller.
Philippe lui caressa doucement les cheveux.
- Tu veux que je reste dormir ? murmura-t-il.
Isabelle ne répondit pas. À vrai dire avait-elle entendu sa proposition ?
- Isabelle...appela-t-il, en lui caressant la joue.
Elle releva vers lui des yeux dans lequel il était facile de discerner le désespoir d'une mère.
- Je peux rester dormir avec toi, si tu veux, proposa-t-il à nouveau.
Cette petite attention réussit à lui tira un sourire las.
- Volontiers, avoua-t-elle en se blottissant dans ses bras.
Philippe sourit. Autant tragique que la situation soit, elle avait au moins l'avantage de les avoir réconciliés.
- Tu veux que j'aille parler à Chloé ? suggéra-t-il, remarquant qu'Isabelle n'en aurait pas la force.
 Elle secoua la tête.
- C'est bon je crois qu'elle est assez grande...
Philippe approuva intérieurement. A son avis c'était plutôt un prétexte pour qu'il reste auprès d'elle. Pas mécontent de cette déduction, il déposa un baiser dans ses cheveux.
- Je t'aime, tu sais...
Isabelle prit sa main dans la sienne et l'approcha de son visage en signe de réponse.
Pour éviter de pensée à son fils, elle essaya de concentrer ses souvenirs sur les moments qu'elle avait partagés avec Philippe. A peu près la même situation s'était passé il y a deux ans. Bien sûr le contexte n'était pas du tout le même  mais elle se revoyait, appuyée contre le torse de Philippe sur ce même canapé rouge. C'est quand elle se posait beaucoup de question notamment si elle devait accueillirent Chloé ou encore si elle avait une bonne mère puisque Nicolas venait de partir...
Isabelle se força à s'arrêter là.
Et voilà ! À peine elle voulait penser à autre chose que chaque sujet la ramenait à son fils.
- On va au lit ? demanda Philippe, d'une qui se voulait la plus joyeuse possible.
Isabelle se leva malgré qu'elle savait bien qu'arriverait à peine à fermer l'½il et l'esprit ailleurs elle se dirigea vers la salle de bain.
 
Une fois que tous les deux furent prêts pour aller au lit, Philippe la prit dans ses bras
- ça va allez,...ça va aller, réconforta-t-il.
Il appliqua avec tendresse ses lèvres sur les siennes, et à travers ce baiser il essaya de lui transmettre son espoir. Mais il put rapidement constater, qu'elle était absente.
Aussi étrange que cela pouvait paraître, elle qui avait tant de volonté, elle semblait complétement abattue.
Philippe avait l'impression de se revoir durant les longs jours d'attente qui avaient précéder le réveil d'Isabelle.
Ils se couchèrent et avant qu'Isabelle ait tenté une seul fois de fermer l'½il, Philippe dormait déjà.
Au milieu de la nuit, Philippe fut réveillé par le froid qui s'engouffrait sous la couette. À tâtons, il passa sa main sur le lit d'Isabelle et il constata avec étonnement qu'il était vide.
 

Chapitre 3
" Oublis "
 
Philippe se précipita hors du lit, le c½ur battant et une fois la porte ouverte, il laissa échapper un soupir de soulagement. Finalement plus de peur que de mal, Isabelle faisait simplement les cent pas, en se rongeant les ongles. Enfin, simplement ! Cette situation n'était pas moins sans importance.

Philippe s'approcha et lui saisit le poignet pour qu'elle arrête de s'agiter.
Les grand yeux vert d'Isabelle le dévisagèrent, complétement perdue.
Percevant son désarroi, Philippe l'attira vers lui et la prit dans ses bras. Laissant enfin libre cours à ses émotions, Isabelle éclata en sanglot.
- Pleurs...murmura Philippe, en lui caressant tendrement les cheveux. Ça te fera du bien.
Après avoir déposé un baiser sur ses cheveux, Philippe la berça doucement pour qu'elle s'apaise.
Soudain elle s'écarta de lui en gardant les mains dans les siennes et le regarda dans les yeux.
- Essaie de téléphoner à nouveau, pour moi, demanda-t-elle, presque suppliante.
Philippe soupira.
- Isabelle...demain matin, la résonna-t-il. Tu as besoin de repos.
Elle secoua la tête énergiquement.
- Je n'y arriverais pas...
Ne sachant pas très bien si elle parlait de téléphoner à son fils ou de dormir, Philippe la prit pat la taille et l'amena dans la chambre.
Sentant que c'était plus raisonnable, Isabelle n'émit aucune résistance. Et après tout c'était toujours mieux d'être dans les bras de Philippe que tout seul au milieu de ce salon, avec ses craintes et sa solitude.
 
Le lendemain matin Philippe était sorti du lit sans bruit pour ne pas réveiller Isabelle qui avait finit pas s'endormir. Dans la cuisine, il avait pris soin de préparé un plateau de petit déjeuner pour le réveil d'Isabelle. Un fois la dernière tartine posée, Chloé apparut sur le seuil de sa chambre.
- Comment vas-tu ?
C'était une question de formalité parce qu'il suffisait de la regarder pour avoir la réponse. La jeune fille avait des cernes et en croisant son regard il put constater qu'elle était tout aussi perdue qu'Isabelle.
Entendant du bruit dans la chambre, Philippe empoigna la plateau et offrit un large sourire à Chloé suivit d'un clin d'½il. La jeune fille trouvant ce geste plutôt mignon et romantique retrouva elle aussi le sourire.
- Bonjour ! claironna Philippe en ouvrant la porte, tout sourire.
Isabelle s'étira et en apercevant l'attention qu'il lui avait préparée un sourire se dessina sur ses lèvres, comme si le virus avait pris toute la famille.
- Voilà ! annonça-t-il en le posant sur ses genoux.
- Et il y a aussi le serveur avec ? rigola-t-elle.
- Oh, toi ça a l'air d'aller mieux, sourit Philippe.
En guise de réponse, Philippe l'embrassa passionnément. Une fois le baiser terminé et un fois le pétillement des yeux d'Isabelle retrouvé, elle entama sa première tartine.
- C'est vraiment mignon, tenta-t-elle d'articuler la bouche pleine.
- J'espérais que ça te remonterais le moral, avoua-t-il.
- Ah mais si tu veux me remonter le moral, il y a une autre façon, déclara-t-elle la mine malicieuse, en écartant le plateau du lit et en priant Philippe de venir s'asseoir à côté d'elle.  Avant celui-ci n'ait le temps de comprendre quoi que ce soit, Isabelle défaisait déjà les boutons de sa chemise. Décidément elle allait vraiment mieux, mais Philippe ne voulait surtout pas s'en plaindre. Loin de là !
 
Isabelle descendit  à la brigade avant Philippe. Elle ne se sentait pas bien. Comme si son souffle était limité. En bas des escaliers, elle fit un arrêt pour reprendre ses esprits et attrapa la rampe pour garder son équilibre. Elle avait la tête qui tournait. Malgré ce que qu'avait pu croire Philippe, elle n'allait pas mieux.

- ça va, Isabelle ? demanda gravement l'adjudant Rivière, qui descendait derrière elle.
Eh ben ! La nouvelle n'avait pas fait long pour faire le tour de la caserne. Surtout si le potin était véhiculé par Christine. Enfin elle ne savait pas si elle parlait de la nouvelle de la vieille ou de l'état dans lequel elle était en ce moment.

- Oui, oui, répondit-elle, se forçant à sourire.
- Vous êtes sur ? insista Rivière, voyant bien qu'elle n'était pas dans son état normal.
Pour l'instant, elle se concentrait à arriver à marcher droit jusqu'à son bureau.
La regardant partir, l'adjudant se frotta le menton pensif. Il ne voulait vraiment pas être à sa place. Et comme tout le monde ici il espérait tous que ce ne soit pas le même avion, pour ne pas à avoir à ramasser leur lieutenant préféré à la petite cuillère et encore moins d'organiser un enterrement.
Isabelle s'assit à son bureau et respira profondément pour retrouver son calme.
Elle regarda les dossiers qui trainaient devant et se souvint soudain qu'elle devait aller rendre visite à ce certain Daval à qui on avait refusé le visa.
Elle allait sortir pour aller chercher Rivière quand le téléphone sonna, c'était Platon qui avait un nouvel indice.
- Venez avec moi, ordonna-t-elle à Rivière en passant dans le grand bureau. L'adjudant arrêta immédiatement son travail et la suivit.
- Bonjour ! clama-t-elle en ouvrant la porte.
- Ah, Isabelle, voilà j'ai retrouvé se bouton qui avait pris dans les habits de M. Darbelay, j'ai regardé il n'appartient ni à lui ni à Mme Da Costa.
- Bien, je peux vous le prendre ? demanda-t-elle, déjà une idée en tête.
- Oui, mais ramener-le je dois encore chercher de l'ADN dessus.
Isabelle approuva et se retourna pour partir.
- Attendez, héla Platon. J'ai encore quelque chose.
- Oh, ça me suffira, assura Isabelle. Vous en informerai le Capitaine.
Etonné, Platon se remis au travail.
- Qu'est-ce que vous avez en tête ? demanda Rivière en ouvrant la portière.
- Je vais vous expliquer mais avant on va faire un tour à l'hôpital, dit-elle en mettant le contact.
 
- Vous avez compris mon résonnement ? demanda-t-elle en arrivant dans la cours de l'hôpital.
Rivière approuva et entra dans le bâtiment.

Isabelle s'arrêta nette devant la porte, tétanisée. Elle ne pouvait plus avancer ni reculer. Rivière qui avait continué à marcher s'arrêta surpris de ne pas voir sa coéquipière à ses côtés.
- Isabelle, ça va ? demanda-t-il, inquiet.
Pas de réponse. A vrai dire, il lui était impossible de parler.
Rivière compris soudain pourquoi elle était dans cet état. C'était son accident ! Elle devait être sous le choc de revenir dans cet endroit.
L'adjudant passa son bras autour de sa taille et l'invita a s'asseoir sur un banc proche.
Isabelle était dans un état second, sa respiration était sifflante, et elle se tenait le ventre, exactement au même endroit où elle avait sa cicatrice. Depuis quelque minute la douleur était devenue insupportable. C'était étrange, tout était revenu d'un coup !
A côté d'elle, Rivière tentant de garder son calme lui parlait mais elle ne distinguait pas ce qu'il disait, elle percevait uniquement le son de sa voix.
Peu à peu, comme si elle sortait d'un brouillard, sa respiration s'apaisa et elle reprit ses esprits.
- ça va aller..., ça va aller...répétait Rivière à côté d'elle.
Voyant que ça allait mieux, Rivière s'autorisa à sourire.
- Qu'est-ce qui vous arrive ? Vous êtes sûr vous voulez y retourner ? Vous ne préfériez pas que j'y aille tout seul ?
Isabelle se passa les mains sur le visage.
- Non, je viens, dit-il fermement. Et si jamais vous êtes là, la preuve en est !
Durant tout le chemin, Isabelle luta contre ses émotions pour se contrôler et arrivée devant la porte elle entra sans problème.
Ils cherchèrent un médecin pour qu'il leur indique la chambre dans laquelle était Mme Da Costa.
- Mme Florent ? demanda un homme en blouse blanche, dans le couloir.
Isabelle leva les yeux et reconnu sans peine le Dr Duciel qui l'avait soigné pendant son coma.
- Alors en pleine forme !
Isabelle hocha la tête, pour le rassurer mais déjà elle entendait Rivière se racler la gorge pour montrer que ce n'était pas vraiment le cas.
- Vous sauriez dans qu'elle chambre pourrait-on trouver Mme Da Costa? demanda l'adjudant pour changer de sujet.
C'est vrai, on n'était pas venu pour parler d'Isabelle !
- Mme Da Costa ? Oui c'est moi qui s'occupe d'elle, attendez..., dit-il en tirant une feuille hors de son dossier. Chambre : 114.
- Elle capable de se soumettre à un interrogatoire ? demanda Isabelle.
- Je ne suis pas sûr que vous en tiriez grand-chose, elle est très faible, annonça-t-il.
- S'il vous plaît, c'est important, insista le Lieutenant.
Le médecin soupira puis finit par donner son accord uniquement pour quelques minutes.
Une fois la chambre indiquée trouvée, Isabelle ouvrit la porte et se présenta à la femme qui comme les avaient prévenu le médecin ouvrait à peine les yeux et respirait avec difficulté.
- Vous vous souvenez de ce qu'il s'est passé ?
Lentement, la femme secoua de droite à gauche la tête.
Isabelle soupira. Elle aurait bien dû s'en douter, sa mémoire avait tous cloisonné.
- C'est qui part rapport à vous M. Darbelay ? demanda Rivière.
Mme Da Costa tourna la tête, comme si elle était gênée.
- Votre amant ? Un ex ? insista Isabelle.
Elle secoua à nouveau la tête.
- Alors c'est qui ? s'énerva Isabelle.
Rivière lui posa une main sur l'épaule, pour lui faire comprendre qu'il fallait qu'elle se calme
- Pourquoi était-il dans cette chambre d'hôtel avec vous ? tenta à nouveau Isabelle.
- Partez...prononça-t-elle avec peine d'une voix rauque. Partez...
- Répondez ! s'énerva Isabelle.
- Isabelle, grogna Rivière entre ses dents. On n'y va, dit-il en lui saisissant le bras.
- Qu'est-ce qui vous a pris, demanda-t-il une fois sortit de la chambre.
Isabelle s'écarta de son emprise et pris la direction de la sortie. Sans dénier répondre, comme si il ne s'était rien passé.
- Maintenant on va chez Daval, décréta-t-elle.
Au milieu du couloir les bras lui en tombèrent à Rivière. Vivement que son fils donne signe de vie, parce qu' elle commençait à devenir insupportable.
 
A la caserne, Philippe était énervé.
- Vous avez vu Isabelle ? demanda-t-il à Roussillon.
C'était au moins la troisième personne à qui il le demandait. Mais étrangement, elle semblait avoir subitement disparu et son téléphone était éteint.
Roussillon secoua la tête.
- Puisqu'elle n'est pas là on se débrouillera seul, décréta-t-il, agacé. Venez avec moi, ordonna-t-il.
Roussillon sur ses talons, Philippe se dirigea vers le labo.
- Mon Capitaine, salua Platon en voyant Philippe entrer.
- Vous avez vu, Isabelle ? demanda Philippe pour l'énième fois avant que le T.I.C commence ses explications.
- Elle est partie après être passée auprès de moi, mais je ne peux pas vous dire où.
- C'est pas vrai ça ! s'indigna Philippe. Bon qu'est-ce que vous avez trouvé ?
- Alors...commença-t-il en saisissant un flacon qui contenait de la poussière. Mis à part le bouton que j'ai déjà donné à Isabelle j'ai trouvé ceci.
Il le tendit à Philippe qui l'examina attentivement. Ne pouvant pas dire ce que c'était, il interrogea Platon d'un regard.
- C'est une fine poussière de pollen d'arganier, un arbre qui pousse en Afrique du nord particulièrement au Maroc. Je ne sais pas si vous connaissez mais on commence à utiliser de l'huile d'argan pour la cuisine, ici en France.
Philippe écouta attentivement sa tirade, mais il était surtout rester sur sa première phrase.
- Vous avez déjà donné un bouton à Isabelle? s'étonna Philippe.
- Oui, elle ne vous en a pas parlez ?
Constatant que le Capitaine n'avait visiblement pas été mis au courant, Platon s'expliqua.
- Elle doit avoir une idée à qui il appartient parce qu'elle semblait pressée. Je n'avais pas fini mes explications qu'elle est partit en me demanda de vous en faire part.
Philippe secoua la tête, sidéré. Ce n'était pas du tout son genre de partir sans prévenir et encore moins de ne pas attendre la fin des explications des analyses faites par Platon. Qu'est-ce qu'il lui prenait ?
- Donc surement que la piste Da Costa n'est pas vraiment bonne, émit Roussillon.
- Droit où je voulais en venir. à moins qu'il soit allé en vacances au Maroc, ce qui n'est pas le cas, j'ai vérifié, je ne vois pas comment cette poussière a-t-elle pu se retrouver sous ses chaussures ou sur ses habits. Je ne dis pas que ça vous permet de le relâcher mais...
Les yeux de Philippe s'agrandirent.
- Relâcher ? répéta-t-il, surpris. Parce que M. Da Costa est toujours dans nos services ?!
- Oui, depuis hier après-midi. C'est vous qui avez obtenu le mandat d'arrêt, rappela Roussillon.
- Oui, je sais mais je pensais qu'il avait été relâché. Il vous a fourni un alibi ? Quelqu'un l'a vérifié ?
- Isabelle a dit qu'elle le ferait, assura l'officier.
Philippe tentait de garder son calme. Il savait qu'elle était un peu ailleurs mais il ne fallait tout de même pas presqu'un jour pour passer un ou deux coup de fil afin de vérifier cet alibi.
Malgré que comme il venait de le remarquer elle était fragile psychologiquement, il n'allait pas hésiter à lui passer un savon, une fois rentrer. Elle ne pouvait pas continuer à travailler dans un état d'esprit pareil.
Dans tous les cas, maintenant, c'est à lui de faire les téléphones nécessaires. Et vite, avant que le suspect crie à la bavure.
- Peut-être qu'elle a trouvé une autre piste ? émit Roussillon.
Philippe réfléchit. Il était vrai que hier Isabelle lui avait parlé d'un dossier intéressant que lui avait transmis par l'ambassadeur. Mais il avait beau se creuser la tête, il n'arrivait pas à retrouver le nom qu'elle avait cité. Il se souvenait seulement qu'il avait émis une demande de visa mais que celle-ci lui avait été refusé, ce qui lui donnait un mobile de vengeance, d'autant plus qu'il avait été agressif envers l'attaché d'ambassade.
Il en fit part aux deux officiers mais ils arrivèrent rapidement à la conclusion que c'était chercher un aiguille dans une botte de foin. Puisque si ce monsieur est en France, il y réside illégalement.
- Je ne vois qu'un solution, allez fouiller dans le bureau d'Isabelle et éplucher à votre tour les dossiers, déclara le Capitaine.
Philippe sortit pensif du Laboratoire. Il préparait mentalement le discours qu'il allait tenir à Isabelle, tout en essayant de ne pas être trop blessant, lorsque la sonnerie de son téléphone le fit sursauter.
- Allô...
- Salut, c'est Chloé. Isabelle est là ?
- Non...
Apparemment il n'y avait pas que lui qui se posait cette question.
- Ah bon ? Elle devait venir me chercher pour aller chez le dentiste, mais ça fait une demi-heure que j'attends et elle n'est toujours pas là. J'ai essayé de l'appeler, mais son portable est éteint.
Philippe soupira. Décidément, il allait de surprise en surprise. Mais cette situation lui faisait plus peur, qu'elle ne le réjouissait.
Essayant de prendre le ton le plus détaché possible, il répondit.
- Bouge pas je viens te chercher.
Chloé, inquiète le remercia puis raccrocha. Elle avait l'impression de se retrouver dans la même situation que lorsqu'Isabelle avait été enlevé et qu'elle avait reçu cet étrange SMS.
 
Chapitre 4
" Reproches "


Philippe sortit du bureau et prit le chemin de la cour pour partir chercher Chloé, qu'Isabelle avait visiblement oublié. Au passage, il fit savoir à Roussillon de le mettre au courant dès qu'il trouvait des informations.
Une main sur le volant et l'autre qui tenaient le téléphone, il appelait pour la énième fois Isabelle. Mais comme toute les fois précédente elle ne décrocha pas. Lui qui n'était pas d'un naturel très anxieux commençait sérieusement à se faire du souci. La seule chose qui pouvait le rassurer c'est qu'elle devait être avec Rivière, c'est-à-dire en de bonnes mains.
 
Rivière gara la voiture devant une maison en mauvaise état et Isabelle ouvrit la portière.
- Qu'est-ce que vous voulez lui demander ? s'interrogea l'adjudant.
- Simplement écouter si il a quelque chose à nous apprendre, vous ne me faîtes pas confiance ?
Elle la grille toute rouiller qui fermait une petit cour et frappa à la porte.
Un homme mal coiffé, et mal rasé, la quarantaine  leur ouvrit la porte.
- Gendarmerie ! On peut entrer ?
Simple question de formalité, car Isabelle avait déjà franchi le seuil de la porte.
L'homme leur proposa à boire mais aucuns deux gendarmes n'avaient soif.
- Où étiez-vous lundi à 6h ? attaqua d'emblée le Lieutenant.
- Attendez...il se passe quoi ?! Vous me demandez un alibi ? Mais j'ai rien fait moi !
Rivière le fusilla du regard pour qu'il réponde.
- à 6h ? Je dormais comme beaucoup de gens.
- Quelqu'un peut confirmer ? demanda Isabelle.
- Comme vous pouvez le voir, je vis seul donc mis appart mon chien, personne.
Isabelle sourit. Quel sens de l'humour !
Elle se pencha vers l'oreille de Rivière.
- Allez chercher si vous ne trouveriez pas un fusil mit...
Isabelle s'arrêta nette.
- Merde, étouffa-t-elle entre ses dents.
Elle avait complètement oublié de donner le fusil mitrailleur que Roussillon avait découvert chez M Da Costa pendant la perquisition. Donc il n'avait pas pu l'analysé. Elle allait reprendre la discussion lorsqu'elle étouffa un deuxième juron. Et, elle avait totalement oublié de vérifier l'alibi de M Da Costa. C'était certain, elle se ramasserait une bonne secoué en rentrant. Et elle ne croyait pas si bien dire !
- Un problème ? demanda M Daval qui avait assisté à la scène.
Isabelle reprit son air naturel et reprit.
- Vous connaissez cet homme ? demanda-t-elle en lui tendant la photo de M Darbellay.
A peine l'eut-il dans les mains, qu'il secoua la tête.
Un non un peu rapide pour Isabelle, qui savait très bien qu'il le connaissait.
- Pourquoi vous me dite non alors que c'est oui ?
L'homme réfléchis.
- Oui, je le connais et qu'est-ce que ça fait ? répondit-il sèchement.
- Vous avez peut-être une envie de vengeance contre lui, parce qu'il ne vous a pas accordé votre visa, en son temps ?
- L'envie c'est une chose et ce n'est pas ce qu'il me manque mais le passage à l'acte s'en est une autre.
- Vous avez déjà vu ce bouton quelque part ? demanda Isabelle.
Elle regarda les habits de l'homme pour voir si il n'en portait pas des similaire. Puis ses pensées dérivèrent sur M Da Costa qui avait dû rester une journée de plus en cellule par sa faute. Mais pourquoi ? Ça ne lui était jamais arrivé auparavant. Tout ça c'était à cause de ce fichu accident d'avion. En pensant à son fils, elle sentit une larme perlé aux coins de son ½il donc elle se força à revenir sur l'interrogatoire.
M Daval la fixait comme si elle venait de descendre de la planète mars.
Elle le remercia d'un sourire et appela Rivière et ils partirent, laissant M Daval complétement pantois mais un petit sourire malicieux au coin des lèvres.
 
Philippe qui était dans la salle d'attente du dentiste en train de feuilleter un magazine reçu un appel de Roussillon.
- Bingo, mon Capitaine. C'est M Daval.
- Quoi M Daval ? s'étonna Philippe.
- Oui c'est le dossier le plus intéressant que j'ai trouvé.
Philippe qui était un peu ailleurs, notamment en train de penser à Isabelle, comprit enfin de quoi il s'agissait mais il se voyait embêté.
- Alors allez-y sans moi, je dois attendre Chloé.  Ah ! Vous avez pu faire les téléphones nécessaires pour l'alibi de M Da Costa ?
- Oui, sa fille ainsi que deux infirmières ont confirmé qu'il était à l'hôpital. Je l'ai relâché.
- Merci...
Roussillon raccrocha et prit les clés de sa voiture pour se rendre au domicile de M Daval.
 
- Pourquoi vous avez lâché ces jurons ? demanda Rivière dans la voiture sur le chemin du retour.
Isabelle ne répondit pas. Elle savait qu'en rentrant Philippe allait être énervé, il y avait de quoi mais elle avait pas du tout envie de s'engueuler avec lui. Elle n'avait surtout pas besoin de ça. Elle avait besoin d'entendre la voix de son fils.
- Isabelle ? appela Rivière en détournant les yeux de la route.
Elle le regarda étonné, n'ayant pas entendu la question qu'il lui posait.
- De quoi vous vous êtes souvenu?
- Oh...vous allez le savoir bien assez tôt !
Comprenant qu'Isabelle n'en dirait pas plus, l'adjudant n'insista pas.
Lorsqu'ils franchirent le portail de la cours de la gendarmerie, Isabelle respira profondément pour garder son calme.
Suivit de Rivière, elle entra dans la caserne. Et ce qu'il devait arriver arriva. Elle tomba né à né avec Philippe.
Après une demi seconde stupeur de la revoir enfin, il prit un air sérieux et lâcha sèchement.
- Isabelle, dans mon bureau. Tout de suite !
Isabelle le suivit, penaude. Rien qu'en croisant son regard, elle avait pu remarquer la colère qui l'habitait. Il ne faisait pas la comédie, pour montrer qu'il tenait son rôle même avec la femme avec qui il vit.
Il referma la porte et la pria de prendre place.
- Je suppose que tu sais pourquoi tu es là ? dit-il en tirant sa chaise pour s'asseoir à son tour.
Isabelle garda la tête et le défier du regard pour bien lui faire comprendre qu'elle n'allait pas s'abaisser comme ça.
- Franchement tu croyais quoi ? Que le travail allait se faire tout seul ? attaqua Philippe.
- J'avais trop de chose à faire, se défendit-elle.
- Dans ce cas, la brigade ne tourne pas toute seul ici, il y a d'autre gendarme qui serait ravi de vérifier cet alibi.
- ça m'est sorti de la tête ! s'enerva-t-elle.
- Non mais tu t'entends, Isabelle ?! Ça t'es sorti de la tête. Pour toi il y a quelque chose de plus important que de vérifier la plausible culpabilité d'un suspect ?
- Oui il y des choses plus important, cria-t-elle. Comme par exemple la vie de mon fils !
Elle ponctua sa fin de phrase, d'un bon coup de poing sur la table.
Philippe se rembrunit. Bon d'accord c'était une raison mais quand même, si elle commençait à délaisser son travail, elle qui était si à fond dedans, il y avait de quoi s'inquiéter.
Mais le Capitaine rancunier qu'il était ne se laissa pas abattre.
- Alors prend des jours de congé, reprit-il d'un ton agressif. Parce que le travail d'un gendarme ne se fait pas comme ça !
Isabelle bouillonnait pour d'eux chose. Elle avait toujours eu horreur des engueulades et détestait par-dessus tout commettre des erreurs.
- D'accord j'ai fait une faute et j'en suis désolé, reconnut-elle sincèrement. Mais maintenant il y a une enquête qui attend et on est en train de s'engueuler pour des broutilles alors qu'on ferait mieux de tout effacer et de recommencer à travailler normalement.
Philippe lui jeta un regard noir.
- Parce que tu crois que c'est aussi simple ! s'exclama-t-il, outré. On a bien failli, enfin tu as bien failli commettre une bavure, et tu sais que les journaux adorent ce genre de potin.
- Oui, « failli » comme tu viens de me le dire.
- M Da Costa aurait pu porter plainte.
- Il ne l'a pas fait ! rappela-t-elle sèchement en sortant furieusement du bureau.
Lorsqu'elle ouvrit la porte les quatre ou cinq gendarme qui tentait discrètement (enfin je ne sais pas si on peut appeler ça comme ça) d'écouter à la porte se remirent brusquement au travail. Isabelle ne put s'empêcher de lâcher une remarque.
- Vous avez besoin d'aide, peut-être?
Les cinq gendarme firent comme si de rien étaient, et se remirent à travailler.
- Mais je te jure ! soupira-t-elle, en levant les yeux au ciel.
Elle sortit de la caserne, prit son téléphone et composa le  numéro de Nicolas. Allez, cette fois il allait répondre, elle en était convaincue. A peine la première sonnerie entendue, Isabelle retrouva la boule au ventre qu'elle avait ce matin. Elle dut s'asseoir  sur le banc proche pour ne pas perdre l'équilibre. Les sonneries s'enchainèrent et personne ne décrocha. Aux bout de la dixième, elle allait raccrocher désespérée, mais elle entendit le bip s'arrêter net, comme si quelqu'un décrochait mais ses espoirs tombèrent en ruine lorsqu'elle comprit que quelqu'un n'avait pas décroché mais plutôt raccroché...
 
Chapitre 5
" Parce que je t'aime "
 
Isabelle laissa glisser son téléphone de son oreille. Elle ne comprenait pas. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi on avait raccroché ? Une seule hypothèse s'ouvrait à ses yeux. L'homme qui se trouvait à l'autre bout du fil était sûrement un policier qui n'avait pas eu le courage d'annoncer à une mère que son fils était mort donc il avait préféré raccrocher.
A cette pensée, Isabelle sentit une larme perlé au coin de son ½il qu'elle ne tarda pas essuyer rapidement d'un revers de main en apercevant Philippe arriver.
Voyant le téléphone poser sur ses genoux, il comprit qu'elle devait en avoir appris plus et il redoutait le pire.
Mais il n'avait pas oublier leur prise de bec, c'est pourquoi il fit mine de rien et s'adressa à elle d'un ton plutôt froid.
- Platon nous attend au Laboratoire.
Isabelle le dévisagea avec des grands yeux plein de larmes et le suivit, surprise par la façon qu'il avait de lui parler. Elle allait déjà peut-être perdre son fils, alors elle ne se pardonnerait jamais de perdre l'homme qu'elle aime.
 
Lorsque le Lieutenant et le Capitaine entrèrent dans le Laboratoire, Rivière exposa ses découvertes.
- J'ai trouvé un chalet réservé au nom de M. Darbelay pour le week-end prochain, expliqua l'adjudant.
- Ils avaient prévu de passé quelques jours ensemble ? demanda Isabelle.
- On ne peut pas être sûr que c'était avec Mme Da Costa qu'il envisageait de passé ces quelques jours,  mais je me suis renseigné auprès de ses amis, il n'avait pas d'autre femme dans sa vie.
- On n'en viens donc à mes conclusions étranges, intervint Platon. J'ai répertorier tous les angles de tir et j'ai fait une simulation sur l'ordinateur.
Il désigna du menton l'écran entrecoupé de droite de plusieurs couleurs et quatre silhouettes qui représentaient les victime.
- Comme Isabelle l'avait supposé, M Darbelay a été tué avant M et Mme Meyer. Ici, vous avez M Darbelay et là, Mme Da Costa, les angles de tir montrent clairement que...
Isabelle regarda l'écran et comprit rapidement où Platon voulait en venir, donc elle termina la phrase.
- Qu'il s'est mis devant Mme Da Costa. Ce qui veut dire que M Darbelay est mort pour sauver Mme Da Costa. Belle preuve d'amour ! sourit-elle, en regardant Philippe se demandant si cette idée lui était passé par la tête lors de l'intervention avec Marchand.
- Exactement, acquiesça Platon.
- Mais alors pourquoi ? intervint Philippe.
Isabelle réfléchit un court instant, puis une hypothèse lui vint à l'esprit.
- Admettons que par il ait entendu une conversation qui laissait sous-entendre qu'elle aller passée quelques jours avec M Darbelay, forcément que M Da Costa aurait voulu se venger, émit-elle.
Philippe réfléchit.
- Je pense que la principale conclusion que l'on peut tirer de cette information est que c'est non pas M Darbelay qui était visé mais au contraire Mme Da Costa. Il faudrait chercher des informations sur son passé, si elle a cassier...tout ce qu'on n'a pas fait ! Rivière vous vous en chargez ?
L'adjudant hocha la tête.
- Roussillon ne devrait pas tarder à rentrer, Lieutenant vous irez avec lui à l'hôpital pour creuser du côté de ce chalet, décida Philippe.
Rivière salua et partit dans son bureau. Isabelle et le Capitaine en firent de même mais Platon héla juste à temps Isabelle pour lui rappeler un petit détail.
- Vous avez le bouton que je vous avait « prêté », demanda le T.I.C.
Isabelle se mordit la lèvre. En se remémorant la scène, elle se souvint qu'elle l'avait posé sur la table et avait complètement oublié de le reprendre. Mais elle avait déjà commis beaucoup trop d'erreur, donc à la place d'avouer la vérité et préféra mentir.
- Oui, oui je vous l'amène tout de suite, répondit-elle le plus assurément possible, mais elle n'avait pas pu s'empêcher de bégayer ce qui l'avait peut-être trahi vu comme Philippe l'avait fusillé du regard.
Platon approuva et se remit au travail, tandis qu'Isabelle sortait de la pièce le plus vite possible. Mais dans le couloir, Philippe lui attrapa le poignet et l'attira à lui pour qu'elle lui fasse face.
Il plongea son regard dans le sien, et n'eut pas besoin de prononcé ne serait-ce qu'un seul mot pour qu'elle revienne sur ses paroles.
- Bon d'accord je ne l'ai pas...Mais qu'est que tu veux faire ? Me coller un blâme ? Ça nous mènerait où ? s'échauffa-t-elle.
- Viens dans mon bureau, lâcha-t-il, plus gentiment que la première fois.
Sa voix avait même été compatissante. Vu l'état dans lequel la première engueulade l'avait mise, Philippe avait opté pour une autre tactique.
Il referma la porte prit la chaise qui se trouvait derrière son bureau pour l'amener à côté de celle où Isabelle allait s'asseoir. D'un geste de main, il la pria de prendre place puis commença, redoutant d'apprendre le pire.
- Qu'est-ce que tu as appris de plus au sujet de Nicolas ?
Isabelle baissa les yeux, elle n'avait pas envie d'en parler. Surtout à quelqu'un qui venait de lui passer un savon, sans même prendre en compte l'état dans lequel elle était.
- Je croyais qu'on était là pour parler de la perte d'un pièce à conviction.
- N'essaie pas de dévier mes questions. Qu'est-ce que tu a appris ?
Ses yeux avait l'air tellement sincère, et empreint de toute colère qu'Isabelle ne put résister plus longtemps à lui cacher la vérité.
- Quelqu'un a raccroché lorsque j'ai téléphoné...
- Oh ! C'est génial ! Pourquoi tu fais cette tête-là ?
- Je ne vois ce qu'il y a de génial ? s'étonna Isabelle. Au contraire, il n'y pas de quoi se réjouir. C'est simplement que le gendarme ou le policier qui a récupéré le portable n'a pas eu le courage de dire à une mère que son fils était mort, affirma-t-elle, les yeux embués.
- Pourquoi es-tu si pessimiste ? demanda tendrement Philippe en lui caressant la joue du bout dans doigt. Moi, je pense plutôt que Nicolas, bien vivant, était occupé ou qu'il ne pouvait pas te parler donc il a été contrait de raccrocher.
Isabelle sourit. C'était mignon comme il essayait de la réconforté mais étrangement elle n'arrivait pas à croire un seul mot de ses paroles.
- Bon tu vas aller te reposer tu en a besoin...
- Ah non ! Philippe on n'en a déjà parlé.
Philippe sourit car il s'avait que dès qu'il allait prononcer cette phrase, Isabelle allait s'énerver.
- Alors tu restes ici et tu fais le travail que j'avais donné à Rivière. Je n'ai pas envie qu'après avoir déjà égaré une pièce à conviction, tu décides de perdre un gendarme par exemple, ironisa-t-il.
Cette petite plaisanterie tira un sourire las à Isabelle. Puis elle se leva et Philippe en fit de même.
- Tu sais je fais ça pour toi..., dit-il en prenant doucement son visage entre ses mains. Parce que je t'aime...
Ils s'embrassèrent tendrement.

 

Chapitre 6
" Allô...? "
 
Isabelle s'écarta de leur étreinte un large sourire sur les lèvres. Ils étaient tellement tendres ces moments partagés qu'elle voulait qu'ils durent toujours mais il y avait aussi le travail...
- Je fais quoi avec ce bouton ? Je vais le recherché ? proposa-t-elle.
- Non...non ne t'inquiète pas...
- Comment ça ? Alors on ne fait rien ? s'étonna-t-elle.
- Il se pourrait bien qu'il revienne par ses propres moyens, glissa-t-il malicieusement.
Isabelle agrandit les yeux, effarée. Maintenant les boutons marchaient! Eh ben on en apprenait tous les jours !
Visiblement il avait une idée derrière la tête mais elle n'avait aucune idée de laquelle ça pouvait être.
- Tu caches quelque chose, toi...dit-elle d'un ton joueur.
Pour toute réponse Philippe l'embrassa une dernière fois avant qu'elle ne retourne dans son bureau.
 
Au bout d'environ une demi-heure de travail, quelqu'un frappa à la porte du bureau d'Isabelle.
- Oui... ?
- Vous n'auriez pas oublié quelque chose ?
Roussillon entra en brandissant un petit sachet en plastique à l'intérieur duquel on pouvait distinguer un objet de forme arrondi.
Comprenant de quoi il s'agissait, Isabelle s'écria.
- Oh Roussillon je vous adore !
Flatté du compliment, un peu forcé quand même, Roussillon répliqua avec un sourire niais.
- Mais je ne vous en pas tant.
Déjà Isabelle se précipitait vers le laboratoire, la pièce à convictions retrouvée à la main pour que Platon puisse enfin procédé à ses analyses.
- Voilà, Patrick, dit-elle en lui apportant le « précieux » objet.
- Merci, Isabelle vous en avez mis du temps à le retrouvé, il était bien au fond de votre poche ? ironisa-t-il.
Isabelle sourit de cette plaisanterie.
- Je vous expliquerai... lâcha-t-elle avant de refermer la porte afin de s'expliquer avec Roussillon.
Elle rouvrit la porte et retrouva l'officier « sauveur » assit sur la chaise en face de son bureau.
- Comment l'avez-vous retrouvé ? interrogea Isabelle en prenant place.
- Lorsque le capitaine, n'arrivait pas à vous joindre, il m'a demandé de cherché dans les dossiers que vous avait transmis l'ambassadeur et j'ai trouvé ce dossier Daval. Je suis parti à l'adresse indiqué mais il n'était pas là.
- Ah bon ? Avec Rivière nous avons pu l'interroger.
- Il s'est peut-être enfuit, proposa Pierre.
- Ce qui signerait ça culpabilité, termina Isabelle.
Elle réfléchit un court instant.
- Bon on creusera cette piste demain, mais pour l'instant Platon a fait une découverte plutôt étrange. Ce n'était pas M. Darbelay qui était visé mais belle et bien Mme Da Costa.
- Alors je suppose que je dois aller l'interroger à l'hôpital ? devina Roussillon.
- Exactement ! Encore une chose, M Darbelay avait réservé un chalet vers Gourdon pour le week-end, demandez-lui si elle avait connaissance de cette réservation.
Roussillon hocha la tête.
- Vous êtes d'accord d'y aller tout seul ? Ou je dois demander à Rivière de vous accompagner ?
- Je préférerais que ce soit vous qui veniez, mais bon il paraît que c'est ordre du Capitaine que vous restez ici, railla Pierre.
Isabelle remarqua avec déception d que la jalousie ne s'était pas tarie entre les deux hommes.
Roussillon se leva et prit le chemin de la cour.
Isabelle le regarda s'éloigner, puis ce remis au travail. A peine avait-elle lu deux 5 lignes qu'elle bailla. Apparement il était plus resonnable qu'elle rentre, tout à coup elle était prise d'un réel coup de barre et prit conscience qu'elle se sentait vraiment épuisée. Pour la première fois depuis longtemps, elle décida de s'écouter, ramassa ses affaires et sortit de son bureau. Avant de remonter, elle passa voir Rivière pour lui demander s'il pouvait faire la recherche sur Mme Da Costa qu'elle avait à faire. Celui-ci accepta, compréhensif.
 
Une fois la porte ouverte et Chloé saluée, elle s'affala dans le canapé après avoir allumé la télévision.
- L'accident de l'airbus A330 survenu avant-hier est peut-être un acte terroris...
La présentatrice de l'émission n'eut pas le temps de finir sa phrase que déjà elle était remplacé par un écran noir. " Pourquoi fallait-il qu'à peine rentré chez soi tous vos problèmes vous retombent dessus ? " se demanda Isabelle. Elle qui avait l'impression d'avoir oublié la situation de son fils, elle eut la sensation qu'une vague de souvenirs deferlait sur elle du fait que la présentatrice avait réanniment sa blessure encore ouverte. Elle dut se retenir de ne pas lever pour chercher le téléphone car ça ne ferait que la torturer encore plus. Elle resta donc là, plongée dans ses pensées, jusqu'à ce que le sommeil ne la gagne et que Philippe ne la réveille deux heures plus tard d'un doux baiser.
- ça va ?
Isabelle s'étira.
- Il est quelle heure ? demanda-t-elle, désorienté.
- Huit heures... Ne t'inquiète on a déjà préparé le dîner avec Chloé, sourit-il.
- Merci.
Elle se frotta les yeux, pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Chloé remuait joyeusement une casserole fumante, à côté d'elle la table était mise.
Que pouvait-elle rêver de mieux ! Si quelque chose... mais surtout quelqu'un... Cette seule pensée la rendit à nouveau triste ce qui n'échappa à Philippe.
- Allez viens manger, je suis sûr que tu vas adorer !
Isabelle se leva et prit place tout sourire, pour bien montrer à Philippe qu'elle n'allait pas si mal que ça.
Chloé, toute fière, la servit et la fixa attentivement pour capter sa réaction.
- Mmmhh, fit Isabelle, la première bouchée a peine enfournée.
- T'as même pas goûté ! s'exclama Chloé, faussement vexé.
- Parce que je sais que ça va être bon, complimenta-t-elle la bouche pleine.
Chloé sourit, ravie du compliment qu'elle avait pu lui arracher.
Au milieu du repas, la sonnerie du téléphone retentit. En râlant sur le manque d'éducation des gens qui appel en plein dîner, Isabelle saisit le téléphone et décrocha.
- Allô, maman ?
Le coeur d'Isabelle s'arrêta soudain de battre. Elle voulait parler, hurler un immense OUI mais au lieu de ça elle fondit en larme et se laissa tomber sur le canapé.
Surpris par cette réaction, Philippe accourut auprès d'elle.
- Isabelle ! Qu'est-ce qu'il se passe ?
- ça va ? Maman, c'est toi ? répétait pour la troisième fois Nicolas à l'autre bout du fils.
Entendant la voix masculine à travers le combiné et d'après l'état dans lequel l'appel avait mis Isabelle, Philippe comprit rapidement qu'il devait s'agir de Nicolas, ce qui le réjouit. Il enleva délicatement le téléphone de la main d'Isabelle pour le porter à son oreille.
- Nicolas ? demanda Philippe, pour s'assurer que c'était bien lui.
- Oui...c'est Philippe ? Tu peux m'expliquer ce qu'il se passe ? demanda le jeune homme, confus.
- Ta mère t'expliquera mais dans un moment. Elle te rappellera. En tout cas je suis content de t'entendre.
- D'accord... mais dis-lui de reprendre le numéro qui s'est inscrit sur le téléphone je me suis fait voler mon portable.
Ne comprenant pas pourquoi, il était accueilli comme un revenant, Nicolas raccrocha attendant patiemment le téléphone de sa mère qui n'allait pas tarder.
Chloé était aussi accourue auprès d'Isabelle en même temps que Philippe et l'avait pris dans ses bras.
- Arrête de pleurer, il faudrait plutôt en rire ! plaisanta Chloé, elle aussi les yeux pleins de larme.
Isabelle sécha ses larmes et reprit le téléphone.
- ça va ? demanda Philippe, en lui passant la main autour des épaules.
- C'est juste un peu trop d'émotion...Je peux le rappeler ?
- Oui mais réutilise le numéro inscrit ici, il s'est fait volé son portable, informa Philippe.
C'est donc que pour ça que quelqu'un avait raccroché lorsqu'elle avait rappelé la troisième fois. Mais il restait tout de même des questions sans réponse...
- C'est maman..., dit-elle tendant de contrôler sa voix pour qu'elle ne tremble pas.
- Coucou...Alors qu'est-ce qui se passe ?
Isabelle commença sont récit. Elle lui exliqua ce qu'elle avait appris au téléjournal, ensuite la longue attente sans nouvelles, la mystérieuse personne qui avait raccroché...
- Mais alors pourquoi tu es vivant ?
- Lorsque grand papa m'a amené à Cannes, il y avait eu des embouteillages sur le chemin donc, j'ai manqué le train ce qui fait que je n'ai pas réussi à prendre l'avion à l'heure et j'ai dû attendre qu'un autre vol se libère. Visiblement ça m'a sauvé la vie.
- Oui, rigola Isabelle pour la première fois depuis deux jours. Pourquoi tu n'as pas appelé pour dire que tu l'avais raté ?
- Vous étiez sur une affaire, comme j'ai pu le constater avant de partir, je n'avais pas envie de t'embêter avec des petits problèmes alors que j'avais déjà retrouvé un autre vol.
- Et comment tu t'es fait voler ton portable ?
- Tête en l'air comme je suis-je l'ai oublié dans l'avion...Bon je vais devoirs y aller, ce soir je sors avec des copains.
- Bonne nuit, alors...Nicolas ? rappela-t-elle.
- Oui... ?
- Je t'aime... dit-elle tendrement.
- Moi aussi...
Isabelle raccrocha et s'essuya les yeux. Elle regarda Philippe tendrement.
- ça fait un peu beaucoup d'émotion dans une journée, sourit-elle, toute joyeuse.
Philippe s'approche d'elle et lui caressa les lèvres du bout des doigts.
- Je suis contente que tu aies retrouvé la manière dont on souriait.
Pour lui transmettre sa bonne humeur retrouvée, elle l'embrassa.
Puis tous les trois, ils finirent de manger puis rangèrent la cuisine et allèrent se coucher.
- Bonne nuit, mon amour... glissa Philippe.
Mais déjà, il put entendre la respiration paisible et régulière d'Isabelle qui prouvait qu'elle dormait, et devait sûrement faire de beau rêve.
 
- Bonjour Rivière ! salua Isabelle. Alors qu'est-ce que vous avez trouvé sur Mme Da Costa ?
- La question devrait être plutôt qu'est-ce que je n'ai pas trouvé. Car je n'ai rien pu obtenir...
 

Chapitre 7
" Le sens de la déduction "

Quoi vous n'avez rien trouvé ? répéta Isabelle, surprise.
- Rien du tout, Pas d'acte de naissance, ni de famille, ni de lieu de naissance...
Isabelle ouvrit des énormes yeux, stupéfaite par la nouvelle.
- Marie Da Costa serait donc une fausse identité ? déduisit-t-elle.
Rivière haussa les épaules. Il ne voyait pas d'autres solutions.
- Vous avez déjà vu Roussillon ? demanda-t-elle, énervée. Il y avait deux jours que l'enquête était ouverte, et ils découvraient uniquement maintenant qu'ils s'étaient égarés en empruntant toutes les pistes précédentes.
Rivière allait répondre, mais il sentit la présence de celui qu'Isabelle cherchait dans son dos.
- Ah ! Pierre ! s'exclama-t-elle en l'apercevant. Vous êtes au courant ?
L'officier la regarda avec des grands yeux ne comprenant pas du tout de quoi elle voulait parler.
- Vraisemblablement que Marie Da Costa est une fausse identité, l'informa son collègue Rivière.
Pierre se frappa le front, avant de lâcher quelques jurons.
- Et dire qu'elle était là, devant moi...Maintenant elle doit surement être loin.
- Mais non, elle devait passer une semaine à l'hôpital, alors allons-y, décida Isabelle.
Roussillon la rattrapa par le bras.
- Pas la peine. Hier avant que je l'interroge j'ai surpris une conversation entre le médecin et elle qui l'informait que son état s'était vraiment améliorer donc qu'elle pourrait sortir aujourd'hui...
Isabelle soupira.
- Et qu'est-ce qu'elle vous a dit, durant l'entretient ? voulut savoir Isabelle.
Puisqu'il ne pouvait pas compter sur Mme Da Costa (enfin si on pouvait encore l'appeler comme ça) il fallait qu'ils assemblent les pièces du puzzle tout seul.
- Elle m'a dit qu'elle ne connaissait personne qui pouvait lui en vouloir, mais il y avait son mari à côté d'elle et je suis persuadé qu'elle sait qui lui en veut, au point de la tuer.
- Et comme elle n'est pas celle qu'on pensait être, on doit tout reprendre sur ses connaissances, à commencer par son propre nom.
- Et à propos du chalet ? demanda Rivière.
- Bizarrement, après que j'aie un peu insisté, elle a avoué en demandant droit dans les yeux son mari de lui pardonné de l'avoir trompé. Mais...
Roussillon laissa sa phrase en suspens, pensif. Isabelle le fixa avec insistance, pour le prier de terminer.
- Mais je ne sais pas pourquoi je n'arrive pas à croire ses aveux, j'ai l'impression qu'elle a admi le fait qu'elle avait prévu de passé le week-end avec M Darbelay cache quelque chose d'autre.
Isabelle réfléchit un instant, puis approuva.
- En effet, c'est assez bizarre d'avouer une telle chose aussi rapidement et surtout en présence de la personne concernée.
- Mais alors que cacherait-elle ? s'interrogea Rivière.
Les deux gendarmes en face de lui haussèrent les épaules en même temps.
- On va trouver, assura Isabelle. Après leur avoir donner quelques directives, elle partit vers le bureau de Philippe.
Elle frappa puis entra.
- Bonjour, sourit-elle avant d'aller l'embrasser, puisque ce matin elle s'était levé tôt alors qu'il dormait encore.
Philippe sourit, content de la revoir heureuse. Son fils retrouvé.
- Qu'est-ce qui t'amène... ou tu avais juste envie de me voir ? plaisanta-t-il.
- Marie Da Costa est une fausse identité, alors on est bon pour tout recommencer !
La stupéfaction remplaça immédiatement son romantisme.
- Vous n'avez rien trouvé sur elle ? s'étonna-t-il.
- Pas d'acte de naissance, ni de famille proche ou éloignée et encore moins de lieux de naissance. Tout simplement Marie Da Costa est un fantôme.
Philippe se frotta le menton en signe de réflexion.
- Il faut tout reprendre à zéro. Platon nous a dit que c'était elle la cible comme la première tentative a été sanglante, la deuxième risque de l'être aussi.
- Effectivement, l'auteur ou les auteurs du crime risque de recommencer mais comment veux-tu que l'on sache ses ennemis potentiels si on ne connaît pas sa vrai identité ? l'interrogea Isabelle.
Philippe haussa les épaules.
- Il doit bien y avoir un indice qui nous échappé...
Isabelle était bien d'accord avec lui mais elle ne voyait pas lequel.
- Bon alors passons tout en revu, proposa-t-elle. M Darbelay était attaché d'ambassade sans casier, il se trouvait dans une chambre d'hôtel avec M Da Costa qui s'avère être quelqu'un d'autre que ce que l'on pense. Une ou plusieurs personnes les attaque avec un fusil mitrailleur mais M Darbelay se met devant la femme pour la protéger ce qui nous laisse penser qu'il tient beaucoup à elle. Ensuite on apprend que M Darbelay avait réservé un chalet pour le week-end.
- Ah oui, intervint Philippe. Roussillon a interrogé Mme Da Costa à ce propos ?
- Justement, elle a demandé à son mari qui était près d'elle de lui pardonner de l'avoir trompé. Avoue que c'est relativement bizarre de faire de telles révélations aussi rapidement.
Philippe hocha la tête.
- Il y aurait quelque chose de cacher derrière ses aveux ?
Isabelle approuva et continua à repasser en revue les différents indices. L'heure du crime, les mobiles possibles, les témoignages, ...
Ils restèrent tous les deux, à parler pendant plus de deux heures sans vraiment trouver de nouvelles pistes, lorsque Rivière entra dans le bureau avec une nouvelle qui allait leur redonner espoir.
- Ecoutez bien, intima-t-il. Le bouton que Platon a analysé a révélé de l'ADN. Devinez lequel ?
Avant que Philippe en eut l'occasion, Isabelle le fusilla du regard pour bien lui faire comprendre qu'ils n'avaient pas le temps de jouer aux devinettes.
- L'ADN de M Darbelay, mais... ? Il se trouve que cet ADN correspond à 80% avec celui de Mme Da Costa.
Isabelle écarquilla les yeux, mais remarqua rapidement la conclusion qui s'imposait.
- Donc ils ne sont pas du tout amant, mais au contraire de la même famille et vraisemblablement frère et soeur.
- Exactement, opina Rivière. Alors imaginons qu'il y a quelques années M Da Costa (qui ne s'appelait aps encore comme cela) se soit sentie menacée pour une raison quelconque un meurtre, un cambriolage... et qu'elle ait discrètement demandé à son frère, attaché d'ambassade de lui fournir un visa pour la France sous une fausse identité. Ce qui n'aurait pas manqué d'énervé ses complices qui l'accompagnaient durant le crime et ils auraient donc voulu se venger.
Un sourire se dessina sur les lèvres des deux gendarmes, satisfait des nouvelles pièces qui venaient s'ajouter au puzzle.
- Ce qui me conforte dans ma crainte qu'elle est en danger, annonça gravement Isabelle.
- Bon travail ! félicita Philippe. Alors Isabelle, tu t'occupes d'appeler l'hôpital pour vérifier que Mme Da Costa est bien partie et comme c'est surement le cas, vois avec Platon pour trianguler son portables. Rivière, Vous aller chez son mari pour demander si par hasard sa femme lui aurait confié des informations sur sa vraie identité et fouiller un peu la maison.
A peine les ordres donnés, les deux officiers s'attelaient déjà à leur tâche.
Isabelle entra dans son bureau et saisit rapidement le téléphone puis composa le numéro de l'hôpital, sachant qu'il fallait faire vite car la vie d'une personne était en jeu.
La secrétaire lui confirma ce qu'elle redoutait d'entendre : Mme Da Costa avait quitté l'établissement.
Le téléphone à peine reposé, le Lieutenant se précipita un laboratoire.
- Platon, appel –t-elle en ouvrant violemment la porte- Triangulez-moi ce portable s'il vous plaît, demanda-t-elle en lui tendant un bout de papier sur lequel était noté le numéro.
Comprenant l'urgence de la situation, il sait le papier et entra le numéro.
- Vous avez trouvé la réelle identité de Mme Da Costa ? demanda-t-il pour engager la conversation, gardant cependant les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur.
Isabelle lui raconter l'association que Rivière avait brillamment faite mais elle fut interrompu par un bruit venu de l'ordinateur qui annonça que la localisation avait échouée.
Isabelle soupira. Mme Da Costa ne pouvait quand même pas s'évanouir dans la nature comme ça.
- A mon avis, elle sait qu'on a compris. Elle doit donc avoir retiré la puce de son téléphone. Réessayer de la localiser plusieurs fois, peut-être que par chance in ne fera pas choux-blanc.
Platon approuva et Isabelle prit la direction du grand bureau.
- Roussillon, vous avez des nouvelles de Rivière ?
L'officier releva la tête de son travail.
- Oui, il a appelé il est sur le chemin du retour mais il n'a pas pu m'en dire plus.
Isabelle soupira pour la énième fois de la journée. Décidément cette enquête n'avançait pas assez vite à son goût.
Elle alla dans le bureau du Capitaine.
- Philippe, dis-moi que tu as trouvé son nom, supplia-t-elle.
Philippe releva le nez de sa paperasse avec un grand sourire sur les lèvres en signe de victoire.
- Elle s'appelle Angela, Angela Darbelay.
- Merci Philippe, sourit-elle, ravie de constater que l'enquête ne piétinait pas tant que ça.
- Et cerise sur le gâteau, il y a cinq ans la police de Sao Paulo a voulu l'interpellé pour le braquage d'une banque du centre-ville mais lorsqu'ils sont arrivés à son domicile, elle s'était déjà enfuit et ils n'ont plus jamais retrouvé sa trace.
Isabelle hocha la tête de bas en haut, saisissant rapidement le fin mot de l'histoire.
- Forcément qu'elle n'a pas pu braquer cette banque toute seule, intervint le Lieutenant. Donc imaginons que ces complices de l'époque ait je ne sais pas par quel moyens retrouvé sa trace, il est normal qu'il ait voulu se venger. Eux, ils avaient payé mais pas elle. Je vais vérifier si l'un deux est déjà sorti de prison, déclara-t-elle en se levant et en attrapant la poignée.
- C'est déjà fait, la rappela Philippe, ne cachant pas sa fierté.
Isabelle se retourna surprise par tant de rapidité et de rigueur.
- Et figure-toi, qu'un de ses complices se nomme...
- Carlo Daval ? le coupa Isabelle, un large sourire sur les lèvres car Philippe était resté pantois devant un tel sens de la déduction.
- Comment le sais-tu ? s'étonna le Capitaine.
- Ce n'est pas bien complique de faire le raprochement. Lorsque je lui ai parlé de Mme Da Costa, qui s'avère être la complice avec qui il a fait le casse il y a cinq ans, il me paraissait un peu mal alaise. Ensuite le fait que Roussillon, alors qu'il n'est passé que deux heures plus tard, ne l'ait pas trouvé chez lui, penchait plutôt en faveur de sa culpabilité. Et finalement, l'apport de complément d'information sur le lien qui unissait M Darbelay à Mme Da Costa, m'a permis de penser que si le visa avait été refusé à Daval c'est sûremnt parce qu'Angela a demandé à son frère de ne pas le laisser entrer en France, pour le moins, légalement.
Philippe émit un sifflement d'admiration.
- Toi, tu n'es pas gendarme pour rien ! complimenta-t-il.
- Tu m'as quand même fourni le nom qu'il me manquait pour faire l'association, rectifia Isabelle pour paraître modeste.
A vrai dire elle n'était pas peu fière d'elle !
- C'est pour ça qu'on s'est rencontré, dit-il en se levant pour s'approcher d'elle. Moi je fais les recherches et toi tu résous les énigmes..., dit-il en prenant son visage entre ses mains.
- Exactement, approuva-t-elle avant de l'embrasser tendrement.
 

Chapitre 8
"Le chat et la souris"
 

Bien que le moment soit agréable, ils avaient tout de même une enquête à terminer et surtout une vie à protéger.
Platon ouvrit la porte à la volée ce qui fit sursauter les deux amoureux qui étaient encore dans les bras l'un de l'autre. Il s'excusa platement et leur expliqua les causes de sa venue précipitée. Angela Darbelay avait allumé son portable.
- Depuis où appelait-elle ? demanda le Lieutenant toute contente que la persévérance ait payé.
- L'appel n'a pas durer assez longtemps pour que je puisse la localiser précisément, je peux juste vous dire qu'elle se trouvait au centre-ville près du supermarché.
- J'y vais avec Roussillon, décida-t-elle. Continuez de la suivre et tenez moi informez, demanda-t-elle une main déjà sur la poignée prête à partir chercher son arme dans son bureau. Une fois fait, elle se précipita dans le grand bureau et héla l'officier qui laissa son travail et la suivit. Les deux gendarmes partirent au pas de course en direction d'une voiture que Roussillon fit démarrer sur les chapeaux de roues, sirène allumée.
A peine avaient-ils parcouru cinq cents mètres que le portable d'Isabelle sonna. C'était Platon qui l'informait qu'Angela Darbelay se trouvait actuellement près de la cathédrale.
Isabelle décolla le téléphone de son oreille et transmis l'information à Roussillon qui bifurqua immédiatement à gauche.
- Et j'ai réussi à trouver la personne qu'elle contactait, ajouta Platon. Il s'agit Juan Strazzi.
- C'est le troisième braqueur du cas d'il y a cinq ans ? émit Isabelle.
- Exactement.
Après l'avoir remercier et lui avoir demandé de continuer de l'informer des déplacements de la femme, elle raccrocha.
Roussillon se tourna vers elle l'air étonné.
- On joue au chat et à la sourit, maintenant ? plaisanta-t-il.
Isabelle sourit.
- Un peu comme nous deux..., ajouta l'officier.
Isabelle détourna le regard et fit semblant de ne pas avoir compris. Elle savait que sa relation avec Philippe ne plaisait pas tellement au gendarme et ça lui faisait de la peine de le voir encore espérer quelque chose, alors que pour elle il n'en était plus du tout question. Elle avait choisi Philippe. Après tout il pouvait comprendre s'il l'aimait vraiment.
Lorsqu'ils n'étaient plus qu'à quelques rue de la cathédrale, Roussillon éteignit le gyrophare et se gara derrière le bâtiment. Les deux gendarmes sortirent de la voiture, fermèrent discrètement leur portière respective et Isabelle demanda par un geste à Roussillon de prendre par la gauche tandis qu'elle allait emprunter la droite.
A l'affut, Isabelle tourna autour du bâtiment espérant trouver la silhouette d'Angela. Mais elle arriva bredouille en face de Roussillon qui lui non plus n'avait rien trouvé de son côté.
- Pourquoi n'est-elle pas là ? s'interrogea Isabelle qui sortait déjà son portable et composait le numéro de Platon.
- Platon ? Elle se trouve toujours aux alentours de la cathédrale ? demanda-t-elle, inquiète.
Elle entendit qu'à l'autre bout du fil le T.I.C pianotait sur son clavier.
- Ah ! lâcha Platon, étonné. Maintenant, elle est sur la place aux herbes.
- A quoi elle joue... ? s'interrogea Isabelle, pensive.
Elle raccrocha, toujours plongé dans ses pensées. Elle faisait glisser machinalement son téléphone d'une main à l'autre.
- Alors ? demanda Roussillon.
Après un temps de réaction, Isabelle lui fit savoir que désormais Angela se trouvait sur la place aux herbes.
Sans perdre une seconde, ils prirent le chemin pour retrouver leur voiture. En ouvrant la portière, Isabelle eut une idée.
- Je sais ! s'exclama-t-elle.
Roussillon qui n'était pas encore rentrer dans la voiture la regarda étonné.
- Elle veut nous faire passer un message !
- Qui ? demanda Roussillon, qui ne comprenait rien.
- Angela Darbelay. Elle a contacté ses deux anciens complices et s'assure qu'on la suive pour qu'on puisse les coincé, expliqua le Lieutenant.
Roussillon sourit. Décidément personne ne pouvait l'égaler ! Même le meilleur des gendarme lui arrivait à peine à la cheville.
Roussillon mis le contact et démarra en direction de la place que se trouvait à quelques pâtés de maison.
Arrivée sur la place, Isabelle fit l'état des lieux, Roussillon à ses côtés. Sur les deux bancs de gauche, il y avait un homme qui lisait tranquillement le journal et sur l'autre une femme qui berçait doucement un landau. De l'autre côté, un seul banc était occupé et la personne qui y était assis était un homme qui mangeait un sandwich. Isabelle comprit rapidement qu'Angela ne se trouvait déjà plus là. A peine la conclusion s'imposait-elle que son portable sonna.
- Oui ?
- Vous encore sur la place mais elle ne s'y trouve plus ? devina Platon.
- Vous avez réussi à la localiser à nouveau ?
- Devant l'hôtel de ville, informa Platon. Vous savez pourquoi fait-elle tous ces déplacements ?
Isabelle lui raccrocha malheureusement au nez sans le vouloir. Elle lui expliquerait plus tard.
- Direction l'hôtel de ville, annonça Isabelle à Roussillon qui s'était assis sur le banc pour paraître plus discret.
Isabelle était persuadé que cette fois était là bonne, mais elle voulait tout de même en être sûr.
Ils laissèrent leur voiture dans la rue Sans Peur et se dirigèrent l'hôtel de ville, là où ils devraient normalement trouver Mme Darbelay. Isabelle balaya du regard la place qui se trouvait devant le bâtiment, et trouva la personne recherchée assise sur un banc. Comme ils étaient Isabelle savaient qu'elle ne la voyait pas, mais il ne fallait surtout pas s'approcha d'avantage. Elle exposa sa vision de chose à Roussillon.
- On va rester ici, en tout cas un quart d'heure et si elle ne part pas, ce sera le bon rendez-vous. C'est uniquement à ce moment qu'on appellera du renfort. En attendant faite le savoir au Capitaine, pour qu'il se tienne près, ordonna Isabelle.
Celui hocha la tête et s'exécuta. Après quelques minutes, il revint à côté d'Isabelle et observa la place à la recherche des complices de Mme Darbelay.
- Vous pensez qu'elle sait qu'on est là ? demanda Roussillon.
- Si elle ne le sait pas, elle espère qu'on ait compris son message.
- Et ses complices ils sont là ?
- Je pense qu'elle s'est donné assez de temps afin qu'on saisisse le sens de tous ses déplacements, donc ils devraient venir plus tard.
Isabelle regarda sa montre, quinze minutes avaient passé.
Elle sortit son portable et appela Philippe.
- Ils arrivent, avertit-elle.

Une demi-heure plus tard, des tireurs avaient été posté dans les maisons avoisinantes et Philippe et Rivière, en civil s'était approchée d'Isabelle et de Roussillon.
- Tiens, dit Philippe, en tendant une oreillette à Isabelle. Et fait attention à toi...
Isabelle sourit, mis l'oreillette. Comme l'avait décidé le Capitaine, Roussillon s'installa à la terrasse du café, Rivière prit place sur un banc, tout en lisant le journal, et Isabelle et Philippe jouèrent aux amoureux. Enfin dans leur cas ils n'avaient pas vraiment besoin de jouer la comédie ! Ce qui les rendait encore plus crédible.
Non loin de là, au clocher de la cathédrale, on entendit quatre heures retentirent. Il y avait une heure qu'Isabelle et Roussillon étaient arrivées sur les lieux et si les calculs d'Isabelle étaient bons, les deux complices devraient se montrer.
Isabelle fit s'avoir à Philippe qui n'avait pas pu s'empêcher de l'embrasser dans le cou qu'il devait se tenir prêt.
Les quatre gendarmes étaient à l'affut du moindre détail suspect. Tout à coup, un homme s'avança vers Mme Darbelay. Isabelle regarda Philippe, ne sachant que faire. Son c½ur avait cessé de battre. Devait-elle donner le signal ? Ou était-ce une fausse alerte ?
De là où elle se trouvait, Isabelle ne pouvait pas bien distinguer les fait et geste de l'homme, elle perçut juste qu'elle désignait sa montre. Et heureusement pour eux, l'homme reprit son chemin après quelques minutes. Isabelle et Philippe soupirèrent de soulagement en même temps.
- Attention à la moto qui arrive, avertit Roussillon dans son micro.
Crainte fondé, Isabelle remarqua un des hommes sauter à terre tandis que l'autre toujours sur son véhicule continuait son chemin. L'homme qui venait de descendre, avait la main glissé dans son manteau, comme s'il tenait une arme. Ce geste équivoque n'échappa à nos quatre gendarme. Isabelle comprit rapidement leur tactique. Celui avec la moto allait garer le véhicule derrière Mme Darbelay tandis que l'autre venait en face, armé.
- Ce sont eux, déclara Isabelle dans le micro, après un regard vers Philippe pour obtenir confirmation.
- Vous vous occupé de celui en moto et nous de l'autre, informa Philippe.
A peine l'ordre donné, que les quatre gendarmes s'exécutèrent. Mais le timing aurait mérité un peu plus de précisions. Philippe et Isabelle ne se trouvaient qu'à la moitié de la place que l'homme supposé armé, n'en était plus qu'à cinq de la femme. Isabelle accéléra.
L'homme sortit lentement son bras, pour ne pas éveillé les soupçons et appliqua sa main sur le ventre de Mme Darbelay. Le geste avait été discret mais Isabelle avait tout de même put voir le métal brillé au soleil. En arrivant près de lui, elle dégaina son arme et l'appliqua sur l'arrière de la tête de M Strazzi, qu'elle reconnut sans peine.
- Lâchez votre arme, ordonna-t-elle fermement.
M Strazzi se retourna brusquement, et pointa à son tour son arme sur le Lieutenant qui ne baissa pas la sienne pour autant.
- A ta place je ne ferais pas ça, conseilla Philippe qui était arrivé en douce par derrière.
Constatant qu'il ne pouvait rien faire, l'homme se rendit et Mme Darbelay se laissa tomber sur le banc, soulagé.
- Merci, beaucoup..., remercia Isabelle en asseyant à côté.
Angela sourit.
- C'était une façon de me faire pardonner tout ce que j'ai fait avant.
Isabelle comprit qu'elle voulait bien sûr parler du cambriolage.
- Qu'est-ce qu'il va se passer maintenant ? demanda-t-elle.
- Vous pourrez retourner vers vos enfants et votre famille et je pense qu'il serait bien de leur dire la vérité...
Mme Darbelay hocha la tête, les yeux pétillant à l'idée de retrouvé ce qu'elle aime.

Tout le monde était rentré sain et sauf à la gendarmerie. Les deux anciens complices de Mme Darbelay avait été arrêté avec brio et ils se faisaient interrogé. Comme ils avaient participés à l'arrestation, Philippe et Isabelle avaient pu rentrer chez eux et s'était d'autres collègues qui s'occupaient de l'interrogatoire.
- T'a été génial ! complimenta Philippe, avant qu'ils n'entrent dans l'appartement.
Isabelle sourit puis fit tourner la clé dans la serrure.
- Bon alors qu'est-ce que tu nous prépare de bon à manger, demanda Isabelle, en entrant.
Philippe prit un air faussement choqué.
- Ah ! Parce que c'est encore à moi de cuisiner ? râla-t-il.
- Et oui ! Je dois appeler quelqu'un...
Philippe parut étonné.
- Ton nouvel amant ?
- Peut-être...plaisanta-t-elle. Mais patate ! Mon fils.
Ils éclatèrent tous les deux de rire. Isabelle s'empressa d'aller chercher le téléphone et composa le numéro de Nicolas.
- Allô ? Nico... ?
- Maman ? Comment tu vas ?
Isabelle commença à compter les évènements de la journée, un peu comme elle le faisait avec une histoire quand il était petit. Et tous les deux retombèrent dans l'enfance de Nicolas, lorsqu'ils n'étaient pas encore séparé par des centaines de kilomètres.
FIN



 
Tags : Fiction
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#Posté le samedi 24 décembre 2011 11:30

Modifié le jeudi 01 mai 2014 12:45

Scénario 3 : Accusé à tort

 
 
Accusé à tort
 
 
 
Chapitre 1
" Pizza ou croc's monsieur ? "
 Chapitre écrit par miss-web-20
 
Mai derrière et juin déjà bien commencé, on pouvait clairement dire que ça sentait les vacances à plein nez. Chloé passait plus de temps à sortir avec ses copines qu'à réviser. Et de son côté, toutes l'équipe espérait qu'ils puissent enfin avoir quelques jours de vacances. Depuis quelques temps les relations entre Isabelle et Philippe étaient de plus en plus tendu, du fait des nombreux ragots que l'on pouvait facilement entendre lorsqu'on franchissait le seuil de la caserne. Et une fois de plus, le couple était en train de se disputer.
-Pourquoi tu t'en prends à moi , comme ça ? s'énerva Isabelle. Je ne sais pas où elles sont tes clés.
-Je suis sûr que tu les a prises, ne serai-ce par inadvertance.
-Mais non ! Regarde ! s'indigna-t-elle en retournant ses poches. Bon d'abord tu vas te calmer, et d'ailleurs qu'est-ce qui te met dans cet état ?
- Mais...c'est...ces...
Isabelle agrandit les yeux, pour lui montrer que ça méritait un éclaircissement.
- Ces ragots qu'on entend sur nous ! ça m'énerve ces jugements !
Isabelle soupira. Elle aussi en avait entendu une partie bien qu'elle essayait tant bien que mal de ne pas les écouter. Sur les quelques un qu'elle avait pu entendre la plupart l'avait blessé mais elle essayait de ne pas le montrer. Alors il était tout à fait normal qu'un fois ça explose !
-Allez, on oublie tout ça et on va profiter de cette soirée ! Hein ?
-Ouais ! sourit Philippe. Tu sais où est Chloé ?
-Dans sa chambre surement !
Isabelle alla voir dans la chambre de la jeune fille mais n'y trouva qu'un mot posé sur le lit. Lorsqu'elle revint à la cuisine Philippe était derrière les fourneaux.
-Alors ?
-Elle est sorti, elle revient manger à 20 heures avec une surprise.
Philippe parut étonné. « Une surprise ? Qu'est-ce que ça pouvait bien être ? » se demanda-t-il.
- Pates à la bolognaise, ça te va ?
-Oui, Tu sais qu'il te va très bien ce tablier ?
-Ah ouais ?
-Oui ! dit-elle en l'embrassant.
Elle mit la table et s'installa devant la télé tandis que Philippe finissait le repas. Alors que 20 heures sonnaient à l'horloge du salon Chloé entra dans l'appartement.
-Bah alors t'étais où ?
-Bonsoir tout le monde !
-Bonsoir Chloé ! Répondit Philippe en retirant son tablier.
-Pour répondre à ta question Isa j'étais aller rejoindre quelqu'un !
-Ah bon ? On peut savoir qui c'est ? demanda Isabelle, imaginant déjà voir apparaître le nouveau petit copain de Chloé.
- T'es bien curieuse, toi ! la taquina Philippe.
- Laisse Philippe. C'est justement la surprise dont je parlais dans le mot que tu as du trouver !
- Et alors c'est qui ? insista Isabelle qui commençait à s'impatienter.
-C'est bon tu peux rentrer ! Cria Chloé en direction de la porte.
Un grand jeune homme aux cheveux brun, les yeux cernés du au voyage franchit le pas de la porte. En voyant entrer la personne, le c½ur d'Isabelle s'accéléra. Elle qui le croyait repartit aux états unis pour des mois ! Mais non il était bien là et il se tenait là devant elle à quelques mètres.
-Nico ! s'exclama Isabelle, en se jetant dans les bras de son fils.
- Oh...Mon Nico, tu m'a tellement manqué, reprit-elle au bord des larmes.

-Comment as-tu fait ? demanda Philippe à Chloé pendant les retrouvailles mère-fils.
-Il y a quelque mois, lorsque je lui ai téléphoné, il m'a dit qu'il avait fini ses études à Boston et qu'il n'avait pas encore de travail fixe là-bas. Et après ce qu'il est arrivé sa mère et ce qu'Isabelle a cru qu'il aurait pu lui arriver avec le crash de l'avion, j'ai réussi à le convaincre de revenir. Il ne voulait pas se dire qu'il ne l'avait que quelques fois dans l'année et que maintenant tout était fini... Enfin... il est revenu vivre en France pour sa Maman ! sourit Chloé, qui trouvé cette attitude très mignonne, étant donné qu'elle ne pouvait pas faire ça avec sa propre mère.
-...et pour ma s½ur ! Ajouta Nicolas, qui avait entendu la conversation, en prenant Chloé dans ses bras.
-Merci Chloé je suis tellement contente qu'il soit là ! avoua Isabelle en se logeant entre les bras de Philippe.
- Alors vous êtes toujours autant heureux ? demanda Nicolas.
- Oui, sourit Isabelle bien que comme ils avaient pu le constater avant ce n'était pas toujours rose. Mais elle ne voulait pas alerter son fils, c'était leurs problèmes.
-Je suis content.
-J'ai faim ! Dit Chloé. Si on passait à table !
-Toujours affamé toi ! Déclara Nicolas en rigolant.
-Très drôle !
- Déjà en train de vous chamailler ! s'exclama Philippe
Le repas se déroula dans la joie et la bonne humeur car bien entendu Isabelle était contente d'avoir retrouvé son fils. Durant la soirée les souvenir jaillirent, Chloé en profita pour savoir comment s'étaient rencontrées Isabelle et Philippe.
Nicolas était content de voir sa mère si heureuse. A minuit toute la petite famille alla se coucher car ils avaient tous une journée très chargée le lendemain.

Le lendemain matin alors qu'ils sortaient tous de l'appartement ils croisèrent Francis.
-Nicolas ?
-Salut Francis !
- Tu es déjà de retour ?
- Oui, je vais chercher du travail en France .
- Bah je suis content. Il faudra que tu vienne boire un verre à la maison un de ces soirs! Christine sera contente de te revoir .
-Oui pourquoi pas ! Bon je dois vous laisser j'ai un rendez-vous ! Chloé tu veux que je te dépose au lycée ?
-Ouai je veux bien ! A ce soir tout le monde !
-A ce soir !
Tout le monde alla travailler. A midi Philippe et Isabelle rentrèrent à l'appartement tandis que Nicolas était allé chercher Chloé au lycée pour manger en ville. Lui qui n'avait jamais eu de frère et s½ur, il la considérait comme la s½ur qu'il n'avait jamais eu et voulait rattraper le temps qu'ils avaient perdu pendant lequel il était aux états unis. Isabelle était très contente qu'ils s'entendent bien.
Ils avaient décidé de s'installé à la terrasse de La Grignote en ce beau soleil d'été.
-Tu sais que dans une semaine c'est l'anniversaire de Maman ? s'assura Chloé.
- Sans blague ! Pourquoi ?
-On pourrait lui offrir quelque chose.
- Je veux bien mais t'as une idée ?
-On pourrait lui organiser un week-end avec Philippe !
-Bonne idée mais où parce que je peux pas mettre beaucoup.
-J'ai pensé que l'on pourrait faire participer ses collègue comme ça on choisit la destination en fonction de ce que l'on a récolté !
-Super!
- Tu veux que je m'en occupe ? demanda la jeune fille, comprenant que Nicolas bien occupé en se moment, entre trouvé du travail, et cherché un appartement.
- Mais tu ne te fais pas repéré ! Elle ne doit se douter de rien !
-Tu me prends pour qui !
Ils finirent de manger puis Chloé retourna au lycée tandis que Nicolas continuait sa recherche de travail. Chloé finit les cours à 3 heures, elle en profita pour commencer la collecte. Alors qu'elle discutait avec Roussillon dans le hall de la caserne Isabelle sortit de son bureau.
- Chloé ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?
L'esprit de Chloé tournait à toute vitesse pour tenter de trouver excuse qui n'éveillerais pas trop les soupçons.
- Euh... j'ai oublié mes clé tu pourrais me passer les tiennes ? Répondit la jeune fille après avoir rapidement ranger l'enveloppe dans son sac.


-Oui bien sûr, bouges pas je vais les chercher !
Alors qu'elle était à nouveau dans son bureau, Roussillon donna sa participation à Chloé.
-Tiens pour le cadeau !
-Merci!
-Vous avez choisi quoi ?
- On ne sait pas encore ! Mentit-elle sachant que si il savait pour le week-end en amoureux cela lui ferait mal étant donner qu'il était toujours amoureux d'Isabelle.
-Tiens ! Dit Isabelle en sortant de son bureau, les clés à la main.
-Merci !
-Et la prochaine fois évite de les oublier !
-Ouais j'y penserais ! A ce soir ! Salut Pierre !
-Au revoir Chloé !
Elle monta à l'appartement en se disant « Ouf.., je l'ai échappé belle, un peu plus et elle m'aurait repérer ! ».
Dans le couloir elle croisa Philippe.
-Bah alors, tu n'es pas en cour ?
-On est mardi et comme tous les mardis je finis à 3 heures !
-Ah oui c'est vrai !
-Bon j'ai une tonne de devoirs, à ce soir !
-A ce soir ! "
Elle ressortit discrètement de l'appartement un quart d'heure plus tard et fit le tour des appartement des collègues d'Isabelle avec l'enveloppe pour le cadeau.
Le soir même alors qu'Isabelle s'afférait au salon, Chloé et Nicolas discutaient dans la chambre de la jeune fille.
-Alors tu as réussi à demander à tous collègues ?
-Oui, j'ai la cotisation de Roussillon et 4 autres collègues, mais il me manque Francis et Ludovic. Mais je me disais qu'on devrait prévenir Philippe pour qu'il donne les vacances sinon ils pourront pas partir !
-T'inquiète pas je m'en occupe, assura Nicolas.
-Merci, et tu t'es renseigné pour les différentes destinations ?
-Ouais, j'en ai trouvé 3 !
-T'as trouvé 3 quoi ? Demander Isabelle en passant la tête par la porte.
-Euh ... rien ! mentit Nicolas, qui cherchait le regard de Chloé pour qu'elle lui vienne en aide.
-Bah si tu as dit j'en ai trouvé 3 !
-Ah ça... ! C'est des livres dont Chloé m'a parler !
-T'es sur ?
-Bah oui ! Et dit moi je croyais qu'après le boulot i n'y avait plus de boulot alors les interrogatoires ... au placard !!!
-Bien chef ! répondit-elle en rigolant. Bon juste une dernière question je peux ?
-Oui ! Répondit Nicolas après avoir regarder Chloé.
-Vous voulez manger quoi ce soir ?
-Une Pizza ! Dit Chloé.
-Des crocs monsieur ! répondit Nicolas en même temps.
-Non ! Une pizza !
-Non ! Des crocs monsieur !
Chloé lui jeta un regard menaçant, pour jouer.
- Une pizza, grogna-t-elle, tentant de paraître le plus énervée possible.
- Bon quand vous vous serez mis d'accord vous me ferez signe !
- Crocs monsieur ! reprit Nicolas.
-Non ! Pizza.
-Croc monsieur.
-Moi je préfère une pizza ! Répondit Philippe en entrant dans la chambre faisant sursauter les 3 personnes qui s'y trouvaient.
-Merci Philippe ! Alors ce sera une pizza ! Déclara Chloé, toute fière à Isabelle.
-Bon, d'accord !
-Pfft ! C'est pas juste ! Bouda Nicolas.
Philippe accompagna Isabelle à la cuisine tout en lui déposant des baisers dans le cou.
-Tu m'as manquer aujourd'hui !
Isabelle sourit.
-Toi aussi, t'étais ou ?
-En réunion la plupart du temps !
-Tu sais ce qu'ils complotent Nicolas et Chloé ?
-Non pourquoi ?
- Je ne sais pas, un pressentiment ! Tu m'aides à faire la pizza.
- Je suis désoler, mais il faut que je retourne chez moi, j'ai un rapport à faire.
Isabelle parut déçue.
- Mais tu manges avec nous ?
- Bien sûr !
Il l'embrassa et retourna chez lui pour faire son rapport. Une heure plus tard il reçut un sms d'Isabelle.
C'est prêt ! Tu viens manger.
Il s'arrêta de travailler et traversa le palier pour aller manger. En plein milieu du repas Nicolas demanda :
-J'ai encore le droit au canapé ce soir ?
-Oui !
-Non si tu veux y'a le tapis de ma chambre ! plaisanta Chloé.
-AHAHAH ! Très drôle !
-Je crois que j'ai peut-être une solution ! Déclara Philippe.
-Ah ouais laquelle ?
-J'ai une chambre d'ami chez moi, tu pourrais peut-être t'y installer.
-Bonne idée.
Une fois la pizza avalée ainsi qu'un bon gateau au chocolat, Philippe accompagna Nicolas chez lui pour qu'il s'installe tandis que les deux femmes rangeaient la cuisine.
Philippe tendit un trousseau de clé à Nicolas en lui disant :
- Tiens c'est pour toi !
-Merci, tu sais, c'est juste pour quelques temps ... le temps que je trouve un appart' quoi !
-Ne t'inquiète pas tu peux rester ici aussi longtemps que tu veux !!
-Merci !
-C'est normal !
-Je peux te poser une question ?
-Oui vas-y !
-Tu l'aimes ?
-Bien sûr !
-tant mieux, tu sais, je ne l'ai jamais vu aussi heureuse que depuis qu'elle est avec toi !
-Moi, aussi je suis heureux !
-Mais je te préviens, si tu lui fais du mal ...
-Ne t'inquiète pas je ne compte pas lui faire du mal !
-Bon j'ai plein de rendez-vous demain, bonne nuit !
-Bonne nuit Nicolas ! "
Philippe retourna chez Isabelle avec ce qu'il avait besoin pour finir son rapport. Il retrouva la jeune femme assis sur le canapé lisant un magazine. Il passa son bras autour de ses épaules et lui demanda :
- Ça va ?
-Oui, oui...le rassura-t-elle.
-T'as l'air pensive ? Qu'est-ce qu'il te tourmente ?
- Rien de spécial...
- Raconte !
-C'est ... c'est Nicolas, il a arrêté toute sa vie aux états unis pour moi.
-Et ?
-J'ai peur qu'il ait des regrets.
-Mais tu ne l'as pas forcé à revenir, c'est lui qui a décidé de revenir vivre ici, près de toi.
Isabelle réfléchit.
-Oui t'as raison... Merci d'être là !
-Mais de rien !
Il déposa un baiser sur les cheveux d'Isabelle et se remit à son rapport. Il était 23 heures lorsqu'Isabelle arriva vers lui en nuisette.
-Bon, je vais me coucher tu viens ?
-J'arrive dans 5 minutes !"
Il l'embrassa et finit sa phrase avant de la rejoindre dans la chambre.
 
Chapitre 2
" ça commence mal "
 
 
Isabelle fut réveillée par le chant d'un pinson qui sifflotait sur le rebord de la fenêtre. Elle tourna la tête, et constata que Philippe quant à lui dormait encore. Elle s'extirpa du lit silencieusement et alla dans la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Peu de temps après Chloé, sortit de sa chambre.
- Bonjour ! salua-t-elle, avant d'étouffer un bâillement.
- Salut, ma puce ! Bien dormi ? demanda Isabelle en allant l'embrasser.
La jeune fille hocha la tête.
- Mais vous avez fait du bruit cette nuit ? l'interrogea-t-elle.
Isabelle réfléchit.
- Non, pourquoi tu as entendu quelque chose ? s'étonna Isabelle.
- Oui, vers deux heures, j'avais l'impression que quelqu'un marchait dans le salon.
- Moi à deux heures, je dormais, mais c'est peut-être Philippe ?
Chloé haussa les épaules. Après tout ce n'était pas bien important, elle s'était rendormie facilement.
Isabelle servit son lait à Chloé qui mettait de la confiture sur une tartine.
- Alors plus que quelque jours d'école ?
- Enfin, sourit Chloé. Je commence vraiment à en avoir marre.
Isabelle sourit. Il y avait-il dans le monde un enfant qui trouvait l'école bien ?
Nicolas ouvrit la porte, ce qui ne permit pas à Isabelle de faire la moral à Chloé à propos que l'école était importante,...
- ça va, mon Nico ? demanda-t-elle en l'embrassant.
- Oui, répondit-il en s'asseyant à coté de Chloé.
Isabelle regarda ça montre, déjà 7h30 mais qu'est que faisait Philippe ? Il n'avait pas congé... Elle ouvrit la porte de leur chambre et s'assit sur le rebord du lit. Elle vérifia qu'il travaillait bien sur l'horaire posé sur sa table de nuit et lut rendez-vous chez le préfet 8h30. Elle lui caressa doucement la joue du bout des doigts en l'appelant.
- Philippe...Mon chéri, réveille-toi.
Au contact de cette douce peau, l'homme ouvrit les yeux. Et un sourire apparut sur ses lèvres, lorsqu'il vit Isabelle penché sur lui.
Il se leva brusquement pour lui volé un baiser et la fit tombé sur son lit en la prenant dans ses bras. Isabelle riait.
- Eh ben... tu es en pleine forme, toi ! s'exclama Isabelle en se relevant.
A vrai dire pas tout à fait, mais ça faisait toujours plaisir de se faire réveiller par la femme qu'on aime. Isabelle fit le lit pendant que Philippe s'habillait et lorsqu'ils entrèrent tous les deux dans la cuisine, Isabelle surpris une conversation qui lui semblait étrange.
- T'avais pensé à quoi ? demandait Nicolas.
- Je sais pas on verra mais New York ou Los Angeles, c'est pas mal non ?
- ... mais c'est pas assez roman...
Nicolas se dépêcha de se taire en voyant sa mère reprendre sa place.
- Vous parliez de quoi ?
Chloé et Nicolas était comme pétrifiés. Ils ne pouvaient plus dire un mot et encore moins bouger.
- De la destination de te voyage d'étude, Chloé ? émit Isabelle.
Les deux jeunes gens soufflèrent enfin. Chloé montra un large sourire.
- Euh...oui c'est ça ! On n'a pas encore décidé, il faut dire qu'il y a plein de possibilité !
Isabelle secoua la tête.
Sentant que sa mère était proche de découvrir le pot aux roses, Nicolas s'obligea à dire quelque chose.
- Tu veux que je t'amène au lycée, comme hier, Chloé ?
- Volontiers, plus qu'à me brosser les dents et je suis prête.
Quelques minutes plus tard, la jeune fille ressortit de la salle de bain et Nicolas prit les clés de la voiture sur le buffet. Après voir embrasser Philippe et Isabelle, ils sortirent tous les deux.
- T'es malin, toi, s'exclama Chloé dans les couloirs.
Nicolas soupira de soulagement en refermant la porte.
- J'avoue qu'on a eu chaud !
- Tu me dis de faire attention, et c'est toi qui fais les gaffes !
- Oh ! C'est bon, râla Nicolas.

Peu de temps après leur départ, Isabelle et Philippe descendirent à la caserne.
- A plus tard ! salua Philippe.
Isabelle sourit et prit la direction de son bureau. Elle s'assit et commen4a à lire la paperasse qui se trouvait dessus. Aux alentours de 11 heures, Rivière ouvrit la porte précipitamment et l'avertit qu'on venait de les appeler pour la découverte d'un corps. Ni une, ni deux, Isabelle se leva et le suivit.
- On a déjà l'identité de la victime ? demanda-t-elle, en entrant dans la voiture.
- Non, mais Platon est déjà sur place et relève les indices.
Sur ce, il démarra en direction du bois de la marbrière.
Arrivés sur les lieux Isabelle se dirigea vers Platon tandis que Rivière s'approcha de ces collègues qui ratisser la zone.
La victime était une jeune fille, ce qui ne manqua de choqué Isabelle malgré qu'elle avait d'autre affaire similaire.
En l'apercevant, Platon releva la tête.
- En voyant ça, on se dit tout de suite que la journée commence mal !
Isabelle fit la grimace. Effectivement, comment allait-elle annoncé aux parents ? De plus qu'en apparence, la fille d'une quinzaine d'année semblait avoir été violée. Elle était à moitié déshabillé et sur sa peau portait plusieurs traces de griffure.
- Vous avez son identité ?
- Mathilde Dérant. Elle était âgé de seulement seize ans, répondit solennellement Platon.
Isabelle hocha la tête gravement.
- A votre avis qu'elles sont les causes de la mort ?
- Alors c'est très simple, vous n'avez pas vu l'impact de balle, demanda Platon en désigna la poitrine de la jeune fille.
A vrai dire, Isabelle n'avait pas eu le courage de portée trop longtemps son regard sur ce corps. Elle n'arrêtait pas de penser que Chloé pourrait très bien être à sa place...
- Vous pensez qu'il y a eu viole ?
Platon réfléchit.
- Vu comme elle est déshabillé, il est fort probable qu'il ait eut rapport sexuel...l'autopsie nous en dira plus.
- Vous avez le début d'une piste ?
Platon secoua la tête, désolé.
- Lieutenant ! appela un gendarme en tenant quelque chose à la main.
Isabelle se dirigea vers lui.
- On a retrouvé cette arme, dans le buisson là-bas, dit-il en montrant les fourrés.
Après avoir pris les gants que lui tendait le gendarme, elle empoigna l'arme. Il était tout à fait possible qu'il s'agisse de l'arme du crime, et d'après l'endroit dans lequel on l'avait retrouvé, il était plus difficile d'en douter.
Elle remercia le gendarme qui lui avait porté l'arme et revint vers Platon.
- Voici certainement l'arme du crime. Faites-en moi une analyse approfondie, empreintes, numéro de série...
- Bien ! dit-il en prenant l'arme et en la déposant dans un sachet prévu pour les pièces à convictions.
Isabelle se retourna pour partir mais elle se rappela qu'il lui manquait quelques choses.
- Vous avez trouvé son adresse ? demanda-t-elle encore au T.I.C.
- Au 15 du boulevard Pasteur.
- Merci.
Elle appela Rivière et ils remontèrent tous les deux dans la voiture en direction du domicile des Dérant. Avant de sonner, Isabelle inspira profondément pour se donner le courage d'annoncer une si triste nouvelle.
Une femme vint ouvrir.
- Vous êtes bien Mme Dérant ? s'assura le Lieutenant.
Celle-ci hocha la tête.
- Pourquoi ? Il y a un problème ?
- On peut entrer ?
- Oui...oui...
Elle les laissa entrer et les fit s'asseoir sur le canapé puis elle prit place en face d'eux.
- Alors...
- Votre fille s'appelle bien Mathilde ?
La mère hocha à nouveau la tête, avec un air de plus en plus inquiète.
- Je suis désolé...mais... elle est morte...
- Comment ! se désespéra la mère en portant la main à sa bouche, d'un voix tremblante elle demanda : Mais...vous êtes sûr ?
Isabelle hocha gravement la tête.
- Vous aviez remarquez qu'elle avait disparu ? ou c'était ordinaire qu'elle ne dorme pas chez vous ? demanda Rivière.
- Non, elle m'a dit qu'elle passait la nuit chez son amie, Audrey. Je ne comprends pas ? sanglota-t-elle.
- Vous vous entendiez bien avec votre fille ?
- Oui...c'était une adolescente mais elle est très attachante...enfin était...
- Et son père ? demanda Isabelle.
La jeune femme hésita un instant.
- Il est mort...il y a 5 ans.
- Bon on va vous laissez, déclara l'adjudant. Vous auriez le numéro de l'amie chez qui elle devait passer la nuit ?
Elle fouilla dans une boite près du téléphone et sortit un papier rose qu'elle tendit au gendarme.
- Merci, dit-il en sortant suivi d'Isabelle.
Au dernier moment le Lieutenant se retourna, l'air embarrassé.
- S'il vous plait, il faudrait que vous passiez à l'IML pour reconnaitre le corps...
Elle inspira profondément sachant que ça n'allait pas être facile.
- Je passerai dans l'après-midi.
Isabelle la salua et monta dans la voiture.

- Roussillon ! appela Isabelle, étant revenu à la caserne. Vous pouvez me chercher tous les cas de viol des deux dernières années ?
- Tout de suite.
Isabelle alla dans son bureau et sortit de sa poche le papier rose sur lequel était écrit le numéro de cette Audrey. Elle composa le numéro et après quelques sonneries une voix féminine répondit.
- Audrey ? demanda Isabelle.
- C'est moi, qui êtes-vous ?
- C'est le Lieutenant Florent de la gendarmerie, je dois te poser une question
Isabelle n'attendit pas l'accord de la jeune fille.
- Mathilde a bien passé la nuit chez toi ?
- Non...pourquoi ? La gendarmerie mais qu'est-ce qu'il se passe.
Isabelle ne trouva pas le courage de répondre.
- Il est arrivé quelque chose à Mathilde ?
-...
- Mais répondez ! s'énerva la jeune fille.
- Elle est morte...
Elle entendit l'adolescente éclater en sanglot.
- ... Non...pas Mathilde.
- Bon je vais te laisser.
Isabelle se dépêcha de raccrocher car elle savait que si elle ne le faisait pas elle allait à son tour éclater en pleurs. Elle tentait de faire comme si de rien était mais on ne s'habituait jamais à une telle situation.

Isabelle regarda sa montre, il était midi. Elle décida donc de remonter pour déjeuner avec Chloé.
Lorsqu'elle entra la jeune fille était déjà là.
- Coucou ma puce, tu es déjà là ? s'étonna-t-elle.
- Les profs avaient une réunion d'urgence qui concernait une copine, je ne sais pas pourquoi, alors on a pu sortir avant. D'ailleurs, elle n'était pas là Mathilde, pourquoi il parlait d'elle ? se demanda-t-elle à elle-même.
Mais Isabelle avait quand même écouté, et en entendant ce prénom elle se mordit la lèvre.
- Comment tu as dit ? Mathilde ? répéta Isabelle, pour s'assurer qu'elle avait bien entendu.
- Oui c'est une amie, elle est dans ma classe. Une fois je te la présenterai, comme tu as l'air intéressé.
Isabelle se laissa tomber sur le canapé en soupirant. Décidemment le sort s'acharnait sur elle pour les déclarations difficiles à entendre.
- Viens t'asseoir...
- Arrête tu me fais peur...Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Chloé en prenant place à côté d'Isabelle.
- Mathilde...ne viendra plus en cours...
- Pourquoi ? Il lui est arrivé quelque chose ? Elle est à l'hôpital ? demanda Chloé de plus en plus inquiète.
- Non...
Isabelle inspira profondément et plongea son regard dans celui de Chloé.
- ...Elle est...morte...
Chloé ouvrit la bouche horrifiée.
- Mathilde... ? Mathilde Dérant... ? répéta-t-elle la voix tremblante avant d'éclater en sanglot.
Isabelle la prit tendrement dans ses bras.
- ça va aller ma puce..., la consola-t-elle en lui caressant doucement.
- Mais...c'est horrible..., sanglota-t-elle. Elle est morte comment ?
- On ne sait pas encore, mentit Isabelle. Bon tu veux manger quoi ?
- J'ai pas faim... répondit-elle en séchant ses larmes.
Isabelle lui caressa la joue et lui ouvrit un pâle sourire pour la réconforter. Ça lui faisait de la peine de la voir comme ça.
- Si t'es d'accord qu'en tu seras remis de tes émotions, je te poserai quelques questions...
Chloé la regarda avec les yeux brillant de larme.
- Si ça permet de retrouver les cons qui ont fait ça...
Sa voix s'étrangla et elle éclata à nouveau en pleurs.
Isabelle l'a repris dans ses bras.
- Tu es sûr de vouloir aller au lycée cet après-midi ?
Chloé renifla.
- Si, si je veux être avec mes amies...
Isabelle regarda sa montre. Malheureusement, il était déjà l'heure de reprendre le service.
- Je suis désolé ma chérie je dois reprendre le boulot... ça va aller ! assura-t-elle en la forçant à sourire.
Chloé les yeux encore rougit s'obligea à sourire pour rassurer Isabelle.
- A ce soir, dit-elle en l'embrassant.

En descendant, elle croisa Philippe qui rentrait enfin de sa réunion chez le préfet.
- Philippe ! T'a un peu de temps ?
- Pour toi ? Toujours...,sourit-il.
- Viens, dit-elle en l'entrainant dans la cour.
- On a une nouvelle affaire...
- Oui Rivière m'a prévenu.
Isabelle s'assit sur le banc et Philippe en fit de même.
- Mathilde Dérant, une jeune fille de seize a été retrouvée morte dans le bois de la marbrière.
- C'est horrible ! A cet âge ! Le nom de famille ne lui était pas inconnu mais il ne se souvenait plus ou il l'avait déjà entendu.
- Mais...
Philippe la fixa pour l'inciter à continuer.
- Ce n'est pas tout... C'était une amie de Chloé...
Philippe agrandit les yeux, affolé.
- Elle va bien ?
Isabelle haussa les épaules.
- Elle fait comme elle peut. Mais il ne faudra pas trop la brusqué...
- Je n'en doute pas... Elle est forte, elle tiendra le coup !
Isabelle hocha la tête. Mais dans ces yeux on pouvait tout de même distinguer de la peine.
- Et toi, ça va ?
- ça pourrait aller mieux...mais ça va.
Le téléphone d'Isabelle sonna. C'était Platon, il avait terminé d'analysé l'arme.

- Alors cette arme ? Qu'est-ce qu'elle nous raconte ? demanda Isabelle en entrant dans le laboratoire où se trouvait déjà Roussillon et Rivière qui ne tirait pas des têtes très réjouit.
- Plutôt des mauvaises nouvelles...avertit Platon.
Isabelle parut étonnée. Les trois gendarmes se concertèrent du regard pour savoir lequel des rois allaient annoncer la nouvelle. Finalement, Rivière prit la parole.
- C'est l'arme... l'arme du Capitaine...je suis désoler Isabelle, déclaré-t-il, navré.
Isabelle eut le souffle coupé.
- Mais...vous êtes sûr ?
- Vous saviez bien que Platon ne se trompe que rarement, dit sèchement Roussillon qui voyait dans cette situation une possibilité de prouvé à Isabelle qu'il n'était pas comme son rival.
Isabelle le fusilla du regard. Pourquoi employait-il se ton si dur ? Elle se laissa tomber sur la chaise en soupirant. Décidemment cette journée commençait très mal et elle n'était pas encore terminée... Il lui était impossible d'imaginer Philippe prendre son arme et tirer sur cette gamine. Non, ce n'était pas lui ! Soudain un détail lui revint en mémoire.
- Et...commença-t-elle la voix tremblante, craignant la réponse qu'elle allait entendre. Il... y a eu...viole ?
- On ne sait pas encore...Je n'ai pas encore reçu le rapport d'autopsie.
Isabelle hocha la tête, presque soulagé. Mais la réponse tomberait bien une fois...
- Mais il doit bien avoir un alibi ! Vous ne pensez quand même pas que c'est lui ? s'indigna Isabelle.
Les trois gendarmes haussèrent les épaules.
Isabelle passa en revue la journée précédente dans sa tête.
- Mais oui, il m'a dit qu'il était en réunion ! s'écria-t-elle. Je vais appeler le procureur.
Elle se précipita hors du laboratoire et traversa les couloirs, tête baissée.
Arrivée dans son bureau, elle s'écroula sur sa chaise. Elle savait que si elle était resté plus longtemps en compagnie de ses collègues, elle n'allait pas tenir le coup. Elle saisit la photo de Philippe et d'elle qui se trouvait sur son bureau et caressa nerveusement le cadre.
- Pourquoi... ? Murmura-t-elle en sentant les larmes lui monter au yeux
Elle s'essuya les yeux et prit le téléphone.
- Monsieur le Procureur ?
- Oui ?
- Lieutenant Florent, hier vous avez bien rendez-vous avec le Capitaine ?
- tout à fait, la séance c'est terminer à 15 heures
Cette réponse fit l'effet d'un coup poing à Isabelle. 15 heures ?! Mais qu'avait-il fait durant tout ce temps ?
- Me...Merci, bégaya Isabelle.
Elle était sûr que c'était la solution qui pouvait l'innocenté ! Au lieu de ça cette information ne faisait que l'enfoncer encore plus... Isabelle avait une terrible envie de donner un violent coup de pied dans la porte. Elle qui avait basé leur relation sur la confiance, comment pouvait-il avoir un trou aussi grand dans son emploi du temps alors que personne ne savait où il se trouvait avant 19 heures, l'heure à laquelle il était rentré.
Péniblement, Isabelle reprit le chemin du laboratoire. Lorsqu'elle ouvrit la porte, les discussions cessèrent.
Les trois gendarmes l'interrogèrent du regard.
Isabelle inspira profondément.
- La séance s'est terminé à 15 heures... informa-t-elle, la voix empreint de déception.
Platon, connaissant leur du crime, soupira.
- L'heure du crime, se situe aux alentours de 16 heures...
Isabelle soupira, désespéré. Elle savait bien que la conclusion était claire.
- Je vais l'arrêter alors...
- Vous savez lieutenant, je peux très m'en chargé avec Roussillon, proposa Rivière.
- On y va tous les trois, affirma-t-elle, les poings serré.
Déterminé à ne pas se laisser abattre, elle sortit du Laboratoire suivit des deux gendarmes et frappa énergiquement à la porte du bureau de Philippe. Sans attendre de réponse, elle ouvrit.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda le capitaine surpris de cette intrusion
- Je suis désolé Philippe, je suis obligé de te placé en garde à vue...
A ces mots invraisemblables, Philippe lâcha son stylo, ahuri.
 
 
 
 
Chapitre 3
" Le sdf du parc "
 
Chapitre écrit par miss-web-20
"C'est une plaisanterie Isabelle ?
-Messieurs, conduisez le en cellule ! Dit-elle aux deux gendarmes présents.
Roussillon ne se fit pas prier, ni une ni deux il s'avança vers le Capitaine menotte aux mains.
"-On pourrait peut-être éviter les menottes ? " Demanda Philippe.
D'un signe de tête Isabelle fit comprendre à Roussillon de ranger les menottes. Elle sortit du bureau suivit de Philippe entouré de Rivière et Roussillon.
"Isabelle ! Appela Platon, j'ai des nouvelles concernant l'arme.
-On arrive Platon et j'espère que ce sont des bonnes nouvelles !"
Platon ne préféra pas répondre, malheureusement les nouvelles n'étaient pas très réjouissantes. Rivière mit Philippe en cellule en lui disant ces droits sous les yeux d'Isabelle qui prenait sur elle pour ne pas craquer. Roussillon quant à lui jubilait de voir son ennemi en cellule, il se disait que maintenant que le capitaine était hors-jeu il pouvait avoir une chance avec Isabelle. Alors que Rivière fermait la porte Isabelle jeta un dernier coup d'½il à Philippe qui s'était assis, la tête entre ses mains essayant de comprendre ce qui lui arrivait.
Les 3 gendarmes allèrent voir Platon au laboratoire.
"-J'ai fait les analyses 3 fois mais ... Commença Platon.
-Mais ? Demanda Isabelle qui n'en pouvait plus d'attendre.
-Mais les rayures sur la balle qui a tué la victime sont les mêmes que celles sur les balles tirées par l'arme du capitaine.
-C'est l'arme de Kremen qui a tué Mathilde ? Demanda Roussillon pour être sûr.
-Oui, je suis désoler Isabelle."
Isabelle qui ne comprenait pas ce qui se passait s'assit sur le tabouret le plus proche. Comment Philippe pouvait-il être mêlé à une histoire de meurtre ? Le portrait que l'on traçait de lui, n'était pas du tout celui de l'homme qu'il côtoyait.
"-Et les empreintes ? Demanda-t-elle en dernier espoir.
-Il n'y a que celle du capitaine.
-Et bah voilà on l'a notre meurtrier ! s'exclama Roussillon.
-Pardon ? Demanda Isabelle.
-J'ai dit que l'on avait notre meurtrier, répéta tranquillement l'officier.
-Ce n'est pas parce que c'est l'arme du Capitaine que c'est lui qui l'a tué. C'est tout à fait normal qu'il y ait ses empreintes dessus, puisqu'il s'agit de son arme.
-Mais nous n'avons pas de preuve comme quoi ce n'est pas lui.
-Et bha on va chercher, chercher pourquoi il l'aurait tué... Car pour l'instant je ne vois aucun mobile !
-Mais ouvrez les yeux Isabelle, il a dû la croiser dans la ville et a voulu se la faire mais comme elle n'a pas voulu il l'a tué. Dit-il en s'emportant.
-Quoi ? Mais comment vous osez dire ça ?
-Je suis lucide moi !
- Qu'est-ce que vous insinuez ?
-Personnellement, je ne suis pas aveuglé par l'amour. Ce n'est pas parce que vous vous tapez le capitaine qu'il est forcément innocent."
C'était la phrase de trop, Isabelle gifla Roussillon qui se stoppa net. Plus qu'énervé il sortit du laboratoire en claquant la porte. Il ne comprenait pas comment Isabelle pouvait encore aimer Philippe alors qu'il était accusé de meurtre. Isabelle quant à elle souffla un grand coup avant de demander
"-Et vous, vous pensez qu'il est coupable ?
-On ne peut pas savoir tant qu'on ne l'a pas interroger.
-Il faut savoir ce qu'il faisait à l'heure du crime, il a bien dû voir ou croiser quelqu'un !
-On va trouver ! Dit Rivière avant de sortir à son tour du laboratoire.
-Je n'ai pas terminé les analyses je suis sûr qu'on va trouver quelque chose.
-Merci Platon."
Elle prit le rapport d'analyse balistique et alla dans son bureau.
Rivière alla chercher Philippe en cellule mais il n'y était plus, la cellule était vide.
"-Hé Gérard, tu sais où il est le Capitaine ?
-Oui, Pierre est entrain de l'interroger dans le grand bureau.
-Et merde !"
Il courut jusqu'au grand bureau où il trouva les deux hommes assis l'un en face de l'autre.
« -Bon, on reprend, où étiez-vous hier entre 15 heures et 17 heures? Demanda Roussillon.
-Ça fait 3 fois que je vous répète que j'étais au parc.
-Vous n'avez parlé à personne, même pas croiser quelqu'un ?
-Non il n'y avait personne. Puisque je vous le dit !
-Et elle ? Demanda Roussillon en montrant une photo de Mathilde.
-Jamais vu !
-Sûr ? insista-t-il.
-Oui ! s'énerva Philippe.
-Et là ? Ça ne vous dit toujours rien ? dit-il en montrant une autre photo de Mathilde, mais cette fois ci prise sur la scène de crime.
-Non ! Je ne l'ai jamais vu !
-Moi je vais vous dire ce qu'il s'est passé. Vous l'avez croisé dans le parc et elle vous a plu alors vous avez eu envie d'aller plus loin. Vous l'avez emmener en forêt pour être plus tranquille mais comme elle n'a pas voulu alors vous l'avez menacé avec votre arme. Elle s'est débattu et a crié, alors vous l'avez tué. Dit-il en haussant le ton.
-C'est n'importe quoi ! s'insurgea Philippe. Il lisait une telle jalousie dans les yeux de l'officier surmonté d'un petit air de fierté puisque pour une fois les rôles étaient inversés, qu'il dut se retenir de lever la main sur lui.
-Alors racontez-nous comment ça c'est passer ?
-Je n'ai jamais vu cette fille et je ne suis jamais aller en forêt ! assura Philippe en se levant.
-Asseyez-vous ! ordonna-t-il sèchement. Bon allez on reprend !
-Je ne dirai plus rien.
-En faisant ça vous vous enfoncez !
-Je n'ai rien à ajouter ! répéta Philippe en élevant la voix.
-La ferme !
Philippe le fusilla du regard
-Ce n'est pas parce que je suis par erreur de l'autre côté de ce bureau que vous devez me manquer de respect ! Je suis votre supérieur !
-Vous n'êtes pas mon supérieur vous n'êtes qu'un putain d'assassin qui s'en prend à une gamine de 17 ans. »
Rivière intervint et fit sortir Roussillon avant que la situation ne dégénère.

Isabelle était dans son bureau, elle regardait une photo de Philippe lorsqu'elle reçut un appel de Platon.
« -Lieutenant j'ai les résultats des nouvelles analyses.
-Alors qu'est-ce que ça donne ?
-Je ne peux pas vous le dire par téléphone. Il vaudrait mieux que vous veniez, mais seule.
-J'arrive, répondit Isabelle inquiète.
Pourquoi voulait-il la voir seule ? Elle espérait qu'il ait trouvé quelque chose qui pourrait innocenter Philippe. Mais lorsqu'elle le vit, elle comprit que les nouvelles n'étaient pas très réjouissantes.
« -Qu'est- ce qu'il se passe ?
-J'ai une mauvaise nouvelle pour le capitaine.
-Quoi ? »
Il lui tendit un rapport d'analyse en lui disant « je suis désolé ». Elle le parcourut rapidement des yeux, alors qu'elle lisait les résultats les larmes lui montèrent au yeux.
« -C'est sa ... ?
-Oui » Répondit-il avant même qu'elle n'ait eu finit.
Sous le choc Isabelle s'assit sur le tabouret le plus proche tandis que plusieurs questions l'assaillaient. Pourquoi ne lui en avait-il jamais parlé ? Mais était-il au courant ? Qui était la mère ? Une larme perla au coin de ses yeux avant de rouler le long de ses joues, pour s'écraser sur la feuille d'analyse. Elle sortit du laboratoire en demandant de n'en parler à personne et partit voir Philippe en cellule.
Lorsqu'elle entra dans la cellule sombre Philippe était allongé sur le banc les yeux fermés. On aurait pu croire qu'il dormait. Elle referma la porte derrière elle et s'approcha de son capitaine.
Philippe ouvrit les yeux lorsqu'Isabelle lui attrapa la main.
« -Je suis content que tu sois là ! dit-il en la prenant dans ses bras.
Ils restèrent ainsi plusieurs minutes puis Isabelle se retira de cette étreinte pour s'asseoir.
"-Il faut que ... que je sache ce qu'il s'est passé ! demanda-t-elle, en prenant ses mains dans les siennes.
-Tu me crois coupable c'est ça ?
-Non pas du tout mais si tu ne me dis rien je ne pourrais pas t'aider.
-J'étais au parc. J'avais pris mal à la tête pendant le rendez-vous avec le préfet alors je suis allé prendre l'air.
-Mais tu n'as vu personne ?
-Non, le parc était désert.
-Tu n'as recut aucun coup de fil, aucun message ?
-Non, rien ! Isabelle, je ne l'ai pas tué...Il fit une courte pause et plongea ses yeux dans le vert des siens. Je le te le promet....
Isabelle hocha la tête, le c½ur serré.
-Il y a autre chose ...
-Quoi ?
-...
-Dis-moi Isa, supplia Philippe.
-Mathilde est... Mathilde est ta fille, dit-elle en lui tendant le rapport d'analyse.
-Quoi ? hurla-t-il. Mais je n'ai pas de fille !
-Je suis désolé je viens juste d'avoir les résultats, regarde.
-Mais je m'en fiche des résultats.
-Pourquoi tu ne m'a jamais dit que tu avais une fille ?
-Mais parce que je ne le savais pas !" Explosa-t-il.
Fou de colère il donna de grand coup de poing dans le mur de la cellule. Isabelle l'arrêta en le prenant dans ses bras. Philippe craque totalement et se mit a pleurer. C'en était trop! D'abbord on l'arrêtait pour un meurtre qu'il n'avait pas commis et ensuite on venait lui annocer que la vicitme était ça fille!
Isabelle ne l'avait jamais vu comme ça mais elle tenta de le réconforter du mieux qu'elle pouvait.
- Philippe...murmura-t-elle. Je te promet que je vais te sortir de là...
Elle sortit quelques minutes plus tard, après l'avoir embrassé. Un pincement au c½ur de le laisser passer la nuit en cellule.

Pendant ce temps, Roussillon était allé se calmer les nerfs dehors. Il faisait les 100 pas dans la cour de la caserne lorsque Chloé s'approcha de lui.
"-Bah qu'est-ce qu'il t'arrive ?
-J'ai les nerfs !
-Pourquoi ?
-Rien !
- Tu ne sais pas où est Philippe, j'ai quelque chose à lui demander.
-En garde à vue !
-Quoi ?! Mais pourquoi ?
-Tu n'es pas au courant ?
-Bah non !
-C'est lui qui a tué Mathilde !
-Quoi ?!"
Roussillon lui raconta toute l'histoire, enfin d'après sa version des faits. Lorsqu'il eut fini Chloé partit en pleurant jusqu'à l'appartement où elle s'enferma dans la chambre.
A la fin de la journée Isabelle rentra à l'appartement la tête occupée par l'enquête. Elle se posait tout un tas de questions, ne remarquant même pas Christine qui arrivait en face d'elle.
"-Isabelle ?
-Oh ! Excusez-moi je ne vous avais pas vu !
- Ca ne va pas ?
-Bof !
-Francis m'a raconté pour le capitaine, je suis désolé.
-Merci.
-Vous voulez venir boire un verre ? proposa-t-elle.
-Non il faut que j'aille voir Chloé.
-Comme vous voudrez. "
Lorsqu'elle entra dans l'appartement Chloé était endormie dans sa chambre. Isabelle s'assit sur le canapé et souffla un grand coup pour chasser toutes ses questions qui lui trottaient dans la tête mais elles revinrent d'un coup, lorsqu'elle vit une photo de Philippe avec Chloé et elle posée sur la table basse. Ce ne pouvait pas être Philippe qui l'avait tué ? Encore moins violé ? À vrai dire, elle ne savait plus...Une larme coula sur sa joue, puis une deuxième, puis des dizaines. C'est à ce moment-là que Nicolas entra dans l'appartement, voyant sa mère pleurer il courut s'asseoir à côté d'elle.
"-Qu'est-ce qu'il se passe ?"
Pour toute réponse Isabelle fondit en larme dans les bras de son fils. Il la laissa pleurer, sachant que ça lui faisait du bien. Quelques minutes plus tard elle releva la tête les yeux rougis, des traces de mascara qui avait coulé avec les larmes, noircissaient ses joues.
"-Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Nicolas, inquiet.
-C'est Philippe ...
-Il a un problème ?
-Il est en garde a vue ..."
Elle lui raconta toute l'histoire et alla préparer le repas pour se changer les idées. Durant le repas Chloé demanda :
"-Alors vous avez trouvez le meurtrier de Mathilde ?
-Non on cherche encore.
-Pourquoi tu mens ?
Isabelle la regarda avec des grands yeux.
-Pardon ?
-Je sais que vous avez arrêté Philippe.
-Quoi ? Comment tu sais ça ?
-Je suis sûr que c'est lui ! Il en est capable !
Isabelle parut choquée par les propos de la jeune fille. Et il y avait de quoi !
- Tu n'as pas le droit de dire ça ! On n'a pas prouvé qu'il était coupable !
-Ni qu'il était innocent ! "
Isabelle se retint de lui mettre une gifle et partit dans sa chambre les larmes aux yeux. Nicolas se retourna vers Chloé.
"-Comment peux-tu dire ça ?
-Tu ne vas pas t'y mettre toi non plus ?"
Elle jeta sa fourchette sur la table et partit furieuse dans sa chambre.

Le lendemain matin Isabelle pris une photo de Philippe et alla au parc. Elle montrait la photo à chaque personne qu'elle croisait mais personne n'avait aperçu son capitaine. Même le marchand de glace qui restait toute la journée dans le parc ne l'avait pas vu.
Désespérée, elle s'assit sur un banc à l'ombre d'un arbre. Alors qu'elle partait dans ses pensées elle aperçut un homme allongé près d'un buisson de l'autre côté du chemin. Elle s'avança vers lui et compris à sa tenue que c'était un SDF.
"-S'il vous plait ? demanda-t-elle en se plaçant face à lui.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? dit-il fuyant.
-Avez-vous déjà vu cet homme ? lui demanda-t-elle en lui montrant la photo de Philippe.
-Euh ... non.
-Vous êtes sur ? insista-t-elle.
L'homme regarda plus attentivement l'image que lui tendait Isabelle.
-Ah si, si, si, je l'ai vu ! Il était là-bas sur le banc.
-C'était quand ?
-Hier... je crois.
-Vous croyez ou vous êtes sur ?
-Oui c'est ça c'était hier vers 4 heures. Je m'en souviens parce que c'était marqué sur la montre que je lui ai pris ! " dit-il en montrant une montre qu'il avait au poignet. Isabelle reconnu tout de suite la montre que Philippe portait à son poignet droit. Il était sauvé.
"-Il faut que vous veniez à la gendarmerie pour faire votre déclaration !
- Moi ?! Danns une gendarmerie ? Ah non, non, non je ne veux pas !
-S'il vous plait, monsieur. J'ai besoin de votre témoignage, supplia-telle."
Après plusieurs minutes, Isabelle réussit à le convaincre et ils retournèrent à la gendarmerie. Lorsqu'elle entra dans le grand bureau suivit du SDF, Rivière et Roussillon discutaient.
"-Ah Isabelle, on vous attendais, dit Pierre.
-Rivière vous pouvez prendre la déposition de monsieur ? demanda-t-elle en ignorant totalement Pierre.
-Bien sûr mais c'est qui ?
-L'alibi du capitaine.
-Quoi ?! Cria Roussillon surpris.
-Vous me préviendrez quand le Capitaine sera libre, je dois aller voir le procureur.
-Ma ... madame, et la montre je peux la garder ?
Isabelle hésita un instant. Ah une montre valait toujours moins cher que la liberté, après tout.
- Mais oui bien sûr !"
Isabelle partit au palais de justice pour voir le procureur tandis que Rivière commençait à prendre la déposition du témoin. Une demi-heure plus-tard Francis alla libérer le Capitaine et lui raconta pour son alibi.
Philippe profita qu'Isabelle ne soit pas rentrée pour aller se reposer chez lui.
Alors qu'il était allongé sur son canapé il envoya un message à Isabelle.
"Je vous invite au restaurant, rendez-vous dans 15 minutes dans la cour. Bisous."
Il alla chez Isabelle pour prévenir Nicolas et Chloé. Ce fut le fils d'Isabelle qui lui ouvrit.
"-Tu es sorti ?
-Oui !
-C'est Maman qui va être contente, sourit-il.
-Je vous invite au resto ! Tu peux prévenir Chloé ?
-Euh ... oui.
-Y'a un problème ?
-Non pas du tout.
-OK, alors rendez-vous dans 15 minutes dans la cour.
-D'accord on y sera."
Philippe retourna chez lui pour patienter mais il s'endormi sur son canapé. Il fut réveillé par son téléphone qui sonna.
"-Allô ?
-Bah alors qu'est-ce que tu fais ? Je t'attends, moi ! dit une voix féminine qu'il adorait.
-Bouges pas j'arrive ! "
Il prit son manteau et descendit dans la cour. Il manqua de renversé plusieurs collègue dans les escaliers. Lorsqu'il arriva dans la cour il la vit assise sur un banc lui tournant le dos. Il s'approcha doucement d'elle sans se faire entendre et arrivé derrière elle, il lui cacha les yeux ce qui la fit sursauter.
Philippe retira ses mains des yeux d'Isabelle qui se retourna et se jeta dans les bras de son capitaine. Elle approcha ses lèvres des siennes et s'embrassèrent tendrement. Ah ! Qu'est-ce qu'il avait pu lui manquer...Ils profitèrent de leurs retrouvailles et restèrent dans les bras l'un de l'autre jusqu'à ce que Nicolas arrive avec Chloé. L'ambiance était toujours tendue entre Chloé et Isabelle.
"-Je suis désolé pour ce que j'ai dit hier soir, déclara Chloé. J'étais très énervé, je ne le pensais pas du tout
-Ce n'est pas à moi que tu dois t'excuser, sourit Isabelle.
Chloé regarda Philippe, gênée.
-Je suis désolé Philippe, j'ai dit des choses horribles et je m'excuse. Je n'ai pas cru que tu étais coupable mais ...
-Ce n'est pas grave, je sais ce que tu ressens mais t'inquiète pas on va retrouver celui qui a fait ça à Mathilde je te le jure."
Il pris la jeune fille dans ses bras. Et laissa échapper, une larmant sachant que ça pouvait tout à fait être ça fille qu'il enlaçait. Mais...plus maintenant.
"-Bon on va manger ? Tout ça m'a creuser l'appétit. Dit Nicolas en se frottant le ventre.
-Morfale !" Dit Chloé en se séparant de Philippe. Isabelle enlaça sa main avec celle de son capitaine tandis que les enfants se chamaillaient. Ils partirent à pied au restaurant, heureux de se retrouvé. Ce qu'ils ne savaient pas c'est qu'on les observait. En effet Roussillon les regardait depuis la fenêtre de son appartement. Dans un accès de colère il broya le verre qu'il tenait dans sa main s'enfonçant quelques morceaux de verre dans la paume.
  
 
 
Chapitre 4
" souvenirs douloureux "
 
Alors que la petite troupe s'éloignait, un gendarme demanda à son collègue.
- Tu ne trouves pas qu'ils en font en peu trop les deux ?
- Je trouve surtout qu'ils se montrent un peu beaucoup, répliqua l'autre.
- D'autant plus que c'est tout de même son supérieur directement, au Lieutenant.
Le gendarme hocha la tête.
- Et en plus je ne sais même pas ce qu'elle lui trouve ! s'exclama-t-il.
Sur ce, les deux gendarmes reprirent le chemin de la caserne. Depuis un moment ce genre de discussion était très fréquent et dès que les oreilles d'Isabelle ou de Philippe étaient en mesure de les entendre, elles se taisaient subitement. Nos amoureux faisaient semblant de ne pas entendre, mais ces paroles les blessaient tous de même.

Après avoir assisté à la scène des retrouvailles qui avait éveillé une grande jalousie en Roussillon, l'officier s'était resservi un quatrième verre de whisky...ou c'était peut-être déjà le cinquième. En revoyant l'image d'Isabelle en train d'embrasser Philippe, Pierre, enfin la main de pierre, saisit le téléphone et composa le numéro du commandant. Il ne savait plus ce qu'il faisait.
Le commandant de groupement décrocha.
- Bon...Bonjour, hurla-t-il presque dans le combiné.
- Oui ?
- Je voulais vous dire... Je ne supporte plus le comportement de mes supérieurs. Capitaine Kremen et Lieutenant Florent, ajouta-t-il.
- J'ai eu plusieurs échos de ce genre. Mais vous êtes ?
- Marc...Marc Lebet.
- Bien j'en prends note. Je ferai le nécessaire.
Roussillon raccrocha, un sourire vicieux sur les lèvres

- Alors on mange où ? demanda Isabelle, qui marchait enlacé par le bras de Philippe.
Chloé, se remémorant le chemin qu'il avait parcouru, devina.
- Au Bilboquet !
Philippe la regarda étonné.
- Tu as des talents de devin ?
- Mais non ! On mange souvent ici à déjeuner avec Audrey et Mathilde
Elle fit une courte pause.
-...enfin mangeait, rectifia-t-elle tristement.
Pour la consoler, Nicolas lui passa le bras autour de ses épaules.
- Vous ne voulez pas qu'on mange dehors par ce beau soleil ! s'exclama Isabelle, ayant remarqué que la conversation prenait un tour plutôt triste.
Tout le monde approuva. La serveuse leur désigna une table libre et ils s'installèrent.
- Et tu sais, on prenait toujours toute les trois des crêpes.
Isabelle et Nicolas écoutait mais Philippe paraissait ailleurs, comme si il ne voulait pas entendre.
- Mathilde adorait celle au saumon, se rappela-t-elle nostalgiquement.
Isabelle sourit. De raconter tout ça, ça permettait à Chloé d'un peu évacuer, et visiblement elle en avait besoin. Il faut dire que ce ne devait pas être de perdre une amie, et encore moins une de ses meilleurs amie. Mais bon elle avait l'air de bien s'en sortir.
- D'ailleurs son enterrement, est prévu dans deux jours, tu as prévu d'y aller, demanda Isabelle.
Chloé ferma les yeux pour ne pas pleurer, au mot enterrement qu'Isabelle avait prononcé.
- Oui, Oui bien sûr, tenta-t-elle de répondre le plus naturellement possible.
Mais en elle-même elle rêvait de fondre en larme. Comment allait-elle pouvoir supporter la vue du cercueil alors qu'elle pourrait très bien être dedans ! Déjà celui de sa mère avait été difficile mais alors celui-ci...
Isabelle se tourna vers Philippe et l'interrogea du regard pour savoir si lui aussi il pensait y aller. Ce dernier hocha la tête timidement. Isabelle parut étonné, lui qui adorait parler, rire... n'avait pas dit un seul mot depuis qu'ils s'étaient installé. Elle ne le reconnaissait plus.
- ça va, Philippe ?
- Oui, oui, répondit-il rapidement.
La serveuse amena les plats et après s'être souhaité un bon appétit, ils commencèrent à manger.
- Tu sais Philippe, commença Chloé. Mathilde me disait souvent que son père lui manquait...
À ces mots Philippe balança sa fourchette, enleva violemment sa serviette et partit à grandes enjambés de la terrasse.
Isabelle ouvrit des grands yeux étonnés et regarda Chloé et Nicolas à tour de rôle. Chloé se mordit intérieurement la lèvre, elle en avait peut-être trop dit.
Isabelle se leva à son tour et tenta de la rattraper.
- Philippe, attend ! Qu'est-ce qu'il se passe ?
Celui-ci ne se retourna pas et s'assit sur le banc non loin de là.
- Philippe... appela-t-elle arriver à sa hauteur. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Laisse-moi... je veux rester tranquille, grommela-t-il.
- Mais dis-moi...
Elle s'assit à côté d'elle et passa son bras autour de ses épaules. Philippe resta froid et n'ouvrit pas la bouche. Alors Isabelle en toute bonne gendarme, commença à échafauder des hypothèses.
- Tu as avalé une arrête ? Ou il y avait une limace dans ta salade ?
Cette petite plaisanterie réussi à faire sourire Philippe.
- S'il te plaît, Philippe... Je m'inquiète tu n'as pas dit un mot depuis le début du déjeuner. Qu'est-ce qu'il se passe ? répéta-t-elle pour la troisième fois.
Philippe hésita un moment puis voyant les beaux yeux suppliants d'Isabelle il se décida à parler.
- C'est...c'est depuis que Chloé parle de Mathilde...
Isabelle savait bien que c'était ça qui le tracassait. Mais c'était une épreuve à passer. Et elle s'était promis de ne pas être jalouse de la mère de Mathilde si toutes fois il aurait voulu la revoir.
- Tu culpabilises, c'est ça ?
Philippe se leva précipitamment.
- J'ai l'impression d'avoir foutu la vie de cette gamine en l'air, tu comprends ?, s'énerva-t-il en donnant un coup de pied dans le banc.
Isabelle le pria de se calmer et de se rasseoir.
- Mais ce n'est pas la peine te t'infliger tout ce mal, je suis sûr qu'elle vivait très bien. Sûrement elle devait avoir quelques coups de blues de ne pas connaitre son père mais ça devait vite passer, assura Isabelle.
Elle voulut rajouter quelque chose, mais elle s'arrêta elle-même. D'un regard Philippe la pria de dire ce que voulait dire.
- Mais... tu te souviens de sa mère ?
- Oui, un amour de jeunesse. Avant qu'on se rencontre pour la première fois tous les deux... Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi elle ne m'a rien dit ?
Isabelle haussa les épaules. Elle ne le savait pas non plus. En même temps le fait qu'il ne soit pas resté avec la mère de Mathilde faisait qu'à présent il s'était ensemble.
- Mathilde...répéta-t-il pensif. C'est un joli nom. Et dire que je n'ai même pas su être là pour la protéger.
Une larme parla au coin de son ½il qu'il dépêcha d'essuyer d'un revers de main. Isabelle eut un pincement au c½ur, elle ne l'avait jamais vu pleuré. Pour le consoler elle le prit tendrement dans ses bras. Elle trouvait ça tellement mignon. Ça prouvait que les gendarmes étaient humains, sinon ils arrêteraient ce métier.
- Je peux te demander quelque chose ? dit timidement Philippe. Tu serais d'accord de m'accompagner à l'IML ?
- Bien sûr, sourit Isabelle.
- Merci, dit-il en l'embrassant.
- Allez viens ! s'exclama Isabelle en lui tendant la main pour qu'il la suive.
Ils revinrent à la table et le déjeuner se termina sans encombre.

Isabelle travaillait dans son bureau quand Platon entra avec de nouvelles informations.
- Je peux vous parler, Isabelle ?
Il s'assit et lui tendit un rapport d'analyse.
- J'ai trouvé du liquide lacrymal sur les habits de la victime.
Isabelle ouvrit des grands yeux.
- Des larmes ? s'étonna-t-elle.
Platon hocha la tête.
- Et pas celles de n'importe qui.
Isabelle lu le document et tomba sur ADN : Louise Dhérant
- Mais pourquoi donc ?
- J'en ai pas la moindre idée.
Isabelle réfléchis. Pourquoi quelqu'un aurait pleuré sur ses habits ? Elle se remémora toute les fois où un de ses proches avait pleuré. La première c'était Chloé à cause de la tragique mort de Mathilde et la seconde, il y avait quelques heures pour la même raison. Tous les deux étaient des proches de la victime d'un côté son amie et de l'autre son père. Si on faisait le décompte des proches, il ne restait plus que sa mère qui elle n'avait pas versé tant de larme que ça. Isabelle n'avait pas trouvé cela bizarre, il y avait des gens qui pleuraient plus facilement que d'autre mais maintenant qu'on y réfléchissait...
- Sa mère ! s'exclama Isabelle.
- Quoi sa mère ? répéta Platon, étonné.
Isabelle lui expliqua son raisonnement, et Platon approuva.
- Donc elle aurait trouvé le corps de sa fille avant que la police n'en soit informé.
Isabelle haussa les épaules. C'était une possibilité.
- Il faut convoquer Mme Dhérant. Vous pouvez vous en chargez ?
Le T.I.C approuva et sortit du bureau.

Chloé et Nicolas s'était rassemblés dans la chambre de la jeune fille pour discuter. Avec tout ça, ils avaient un peu oublié l'anniversaire d'Isabelle.
- Tu as réuni tous l'argent ? demanda Nicolas.
Chloé, les yeux plongés dans le vague ne l'écoutait pas.
- Chloé... appela Nicolas.
La jeune fille revient à elle-même.
- Oui, oui c'est tout bon tout le monde m'a donné sa contribution, répondit-elle toujours la tête ailleurs.
- Alors on se met d'accord sur la destination ?
Chloé se leva précipitamment, jetant par terre le bloc-notes qu'elle avait sur les genoux et hurla.
- Mais merde !! Ce n'est pas le moment de parler de fête ! Mathilde est morte !
Elle tenta de regarder Nicolas, mais ses larmes lui brouillaient la vue.
- Morte, tu comprends, explosa-t-elle.
Nicolas se leva et la prit dans ses bras.
- Chut...Calme toi... murmura-t-il a son oreille.
Il n'avait pas remarqué qu'elle allait si mal et s'en voulait un peu de n'avoir pas su la comprendre. Elle semblait pourtant aller bien. Justement semblait.
Les larmes de Chloé mouillèrent rapidement le T-Shirt du jeune homme.
- Tu sais... articula-t-elle entre deux sanglots. Le plus dur c'est ce dire que je...je ne la reverrai plus jamais.
Nicolas se remémora le moment où lui aussi avait perdu un ami, quand il était petit. Il dit à Chloé exactement la même que sa mère lui avait dit pour le consoler.
- Mathilde continuera d'exister, simplement elle existera dans ton c½ur.
Il déposa un baiser sur ses cheveux blonds.
- Merci, grand frère, sourit-elle, les yeux encore rougis et les joues mouillées.
- De rien, petite s½ur.
Ils éclatèrent de rire tous les deux.

Un gendarme frappa et entra dans le bureau d'Isabelle qui leva les yeux de son travail.
- Lieutenant, Mme Dhérant est arrivée.
- Bien, fait la venir dans mon bureau.
Celui-ci s'exécuta et quelques minutes plus tard Mme Dhérant était assise devant Isabelle.
- Vous vouliez me parler ?
- Saviez-vous où était vote fille hier en fin d'après-midi ?
- Je vous l'ai déjà dit, elle était chez Audrey.
- Je lui ai téléphoné, elle m'a certifié que non. Alors ?
- J'en étais pourtant sûr ! s'indigna Mme Dhérant.
- Vraiment ?
La mère de Mathilde détourna le regard, ce qui pour Isabelle signifiait clairement qu'il y avait anguille sous roche.
- Alors comment expliquez-vous qu'on ait retrouvé de vos larmes sur le T-Shirt que portait votre fille lorsqu'on a retrouvé son corps ?
Mme Dhérant baissa les yeux mais ne daigna pas répondre. La seule chose qu'elle prononça fut, la phrase tant adoré des personnes qui avaient quelque chose à se reproché.
- Je veux voir un avocat.
- Mais pourquoi ? s'étonna Isabelle. Je ne vous ai pas mis en garde à vue, je vous pose quelque question. Plus vite vous répondrez, plus vite vous sortirez d'ici.
Voyant bien qu'elle n'allait plus parler, Isabelle la fit réagir.
- Où étiez-vous hier, aux alentours de 16 heures ?
Mme Dhérant la fusilla du regard.
- Parce que vous m'accuser de meurtre, du meurtre de ma propre fille, s'écria-t-elle. Mais vous avez perdu la tête !
Isabelle s'avait bien qu'une mère n'allait jamais faire ça, mais c'était le seul moyen pour la faire parler.
- Alors comment ça s'est passé ?
- C'est vous qui habitez avec M Kremen, maintenant.
Isabelle se mordit la lèvre. Elle avait complétement oublié. Priant qu'elle n'éprouve pas trop de jalousie elle tenta tranquillement de faire revenir la conversation en lieux plus sûrs.
- Vous avez retrouvez le corps, avant que quelqu'un prévienne la police ? C'est ça ?
Mme Dhérant ne répondit, ce qui commençait légèrement à agacer Isabelle.
- Vous savez si vous ne répondez pas, je serai obligé de vous faire passez la nuit en cellule. Donnez-moi déjà un alibi.
Mme Dhérant la regarda tristement.
- Vous savez, maintenant il n'y a plus personne qui m'attend.
Isabelle soupira et demanda au gendarme qui se trouvait près de la porte de l'amené en cellule. Décidemment ils avançaient à petit pas.
Isabelle réfléchit : Pourquoi Mme Dhérant se taisait pareillement ? Que ne voulait-elle pas révélé ? Plongées dans ses pensées, elle ne remarqua Philippe entré dans son bureau.
- Isabelle...appela-t-il, tendrement.
Elle sursauta.
- à quoi tu pensais ?
- Oh... à l'enquête. Oui ?
- Aussi bizarre que ça puisse paraître, on est convoqué chez le commandant de groupement.
Isabelle ouvrit de grands yeux, étonnée.
- Maintenant tout de suite ?
Philippe hocha la tête, en se dirigeant vers la sortie pour qu'Isabelle le suive.
- Mais...tu sais pourquoi ? demanda Isabelle, en refermant la porte de son bureau.
- Aucune idée !

Arrivée à la caserne, Isabelle ferma la portière.
- Détend-toi Philippe.
- Facile à dire, tu ne sais pas ce qu'il va nous dire ?
- Mais qu'est-ce que tu veux que ça soit !
Philippe sourit.
Arrivés devant la porte du bureau du commandant, celui-ci leur ouvrit la porte.
- Mon commandant, saluèrent-ils tous les deux.
Il désigna les deux chaises et s'assit à son tour.
- Lieutenant, tout ce passe bien dans votre caserne ?
Isabelle, regarda Philippe surprise par la question.
- Oui, parfaitement.
- Figurez-vous que les rumeurs qui circule ente les murs de votre caserne sont parvenu à mes oreilles. Je vous rappelle, Capitaine, que vous êtes le supérieur directe du Lieutenant Florent.
Isabelle reçu un choc au ventre. Les rapports qu'elle entretenait avec le commandant n'était guère amicaux mais elle n'imaginait pas du tout qu'il puisse vouloir les séparés.
- J'en suis bien conscient, répondit fermement Philippe.
- La preuve dans l'affaire en cours nous avions beaucoup d'indice contre Phi, le Capitaine se reprit-elle. Donc je n'ai pas hésité à le mettre en garde à vue.
Le commandant la fusilla du regard.
- Mais je n'en attendais pas moins.
- Et on peut savoir, qui vous a fait parvenir ces reproches ?
- Ce n'est pas la question. Ce que je vous demande, c'est que je ne vois plus un seul comportement d'ordre privée dans la caserne.
- Mais, mon Commandant... protesta Philippe
Isabelle lui donna un coup de coude. Avec ce genre d'homme c'était la loi du plus fort, donc c'était déjà perdu d'avance.
- Bien, mon Commandant on fera le nécessaire, sourit Isabelle.
Après l'avoir salué, ils sortirent en Philippe rentra dans une colère folle.
- Mais tu veux me dire qui a fait parvenir ces rumeurs chez le commandant, s'énerva-t-il.
Isabelle lui prit le bras.
- Philippe...calme-toi. Il a raison, ce n'est pas la question. Maintenant on fera juste un peu plus attention.
- Quoi ce n'est pas là question ! Mais ces rumeurs sont fausses ! reprit-il de plus belle. Tu veux que je te dise, moi je sais qui c'est...
Isabelle le fusilla du regard, elle savait déjà ce qu'il allait dire mais elle n'avait aucune envie que ce nom sorte de sa bouche. Trop tard...
- C'est ROUSILLON ! J'en suis sûr.
Isabelle s'arrêta nette.
- Philippe, tu ne vas pas recommencer avec ça.
- Mais recommencer avec quoi ? Tu n'as pas senti que depuis ces derniers temps, il est devenu distant.
Intérieurement Isabelle savait que c'était vrai, mais elle allait quand même défendre son ami.
- Ta jalousie on avait dit que tu la mettais au placard.
- Ce n'est pas de la jalousie ! C'est la vérité ! s'énerva Philippe.
Enervée par autant de mauvaise foi, Isabelle partit dans la voiture à grandes enjambées. Comment Philippe osait-il dire ça ? Roussillon faisait quand même parti de l'équipe.
Dans la voiture l'atmosphère ne se détendit pas. Arrivée à la caserne, Nicolas vint dans leur direction.
- Nicolas ? Il y a un problème, demanda sa mère.
- Je voulais demander quelque chose à Philippe.
- Monsieur est peut-être trop énervé ? ironisa Isabelle, en rentrant dans la caserne.
Nicolas ouvrit de grands yeux.
- Vous vous êtes disputé ?
- Non, non, c'est rien. Je t'écoute.
Nicolas ne se retourna pour s'assurer que sa mère était bien rentré dans la caserne et commença.
- Pour l'anniversaire de maman, avec Chloé on a pensé à vous offrir un voyage à tous les deux.
Philippe sourit, l'idée était géniale.
- Très bonne idée. Mais pourquoi tu viens me voir ?
- Justement, pour que vous puissiez partir il faudrait que vous preniez des vacances.
- Tu imagines bien que je ne vais pas dire non, mais avec l'enquête en cours et son anniversaire est déjà samedi.
- Dès que l'enquête est fini, vous partirez, assura Nicolas.
Philippe sourit, c'était le meilleur cadeau dont il pouvait rêver. Après l'avoir remercier, Philippe entra à son tour dans la caserne.

- Rivière, appela Isabelle.
L'adjudant vint vers elle.
- Mme Dhérant n'a toujours pas parlé ?
Rivière secoua la tête.
Isabelle soupira mais une idée ne tarda pas à germer dans son esprit.
- Mais elle ne va pas tarder à le faire, sourit-elle.
- Qu'est-ce que vous avez en tête ?
- Vous verrai, dit-elle en s'éloignant.
Dans les couloirs elle croisa la personne qu'elle cherchait.
- Philippe, je peux te voir ?
- Viens dans mon bureau.
Ils entrèrent et Isabelle exposa son plan. Pour elle si c'était femme avait vraiment tuer sa fille, et qu'elle ait placé ensuite des preuves pour qu'on pense que c'était Philippe qu'il l'avait c'était uniquement parce que cette dame en voulait à Philippe d'être parti et de l'avoir laissé seul élevé sa fille. Donc c'était uniquement par Philippe qu'on pourrait entendre la vérité.
- Mais...je n'y arriverai pas, gémit Philippe.
Isabelle le regarda avec des yeux suppliants.
- S'il te plaît, c'est le seul moyen de la faire parler.
- D'accord. C'est bien parce que je ne peux rien te refuser.
Isabelle sourit mais remarqua que Philippe restait assit à son bureau.
- Maintenant...
Philippe soupira et se leva péniblement. Il se dirigea vers la cellule et demanda au gendarme de l'ouvrir.
- Bonjour Louise...salua-t-il en s'approchant.
Mme Dhérant releva la tête.
- Philippe ?
- Ne prend cet air étonné, dit-il en s'asseyant à côté d'elle.
Il savait très bien qu'elle était au courant qu'il travaillait dans cette caserne.
- J'ai besoin de savoir la vérité, Louise.
Mme Dhérant le regarda, hésitante.
- On peut aller dehors ?
Sachant bien que ce n'était pas le genre à s'enfuir, Philippe accepta. Curieuse de nature, en les voyant sortir dans la cour tous les deux, Isabelle décida de les suivre. Depuis qu'il s'était disputé, elle faisait un petit moins confiance à Philippe. De là où elle était-elle n'entendait pas c qu'il se disait mais pouvait voir leur faits et gestes.
- Alors raconte-moi, demanda Philippe en s'asseyant sur le banc.
- ce n'est pas moi...
- Je veux bien te croire mais dis-moi tous ce que tu sais.
Mme Dhérant déglutis péniblement, hésita un instant et commença.
- Quelqu'un a enlevé ma petite fille... notre petite fille.
Philippe sourit. Ça faisait bizarre d'entendre de tels mots.
- Enlevé ? répéta-t-il.
- Hier matin quelqu'un m'a téléphoné pour me dire qu'il y avait Mathilde et...
A ce souvenir, Mme Dhérant éclata en sanglot. Philippe la prit dans ces bras et eu l'impression de se retrouver quinze ans en arrière.
- Hier après-midi je reçu par e-mail la photo de Mathilde, articula-t-elle entre deux pleurs. De Mathilde...morte. A la fin de l'e-mail il y avait les coordonnés du lieu, je m'y suis rendu et j'ai trouvé son...son corps inanimé. J'ai pleuré...pleuré et après je ne sais pas ce qu'il m'a pris j'ai eu l'idée de venir chercher ton arme et j'ai...j'ai...
Comprenant que ces mots étaient durs à dire, Philippe la devança.
- Et tu as tiré sur Mathilde...
- Oui, s'écria-t-elle en pleurant de plus belle.
- Mais pourquoi ? s'interrogea Philippe.
Louise plongea son regard dans celui de l'homme qui avait partagé sa vie quinze ans auparavant.
- Pourquoi tu n'es pas resté ?
Philippe répéta ce qu'il avait dit à Isabelle.
- Je ne savais pas que tu étais enceinte.
- Parce que si tu l'avais su ça aurait peut-être changé ?
Philippe haussa les épaules.
- On ne s'aimait plus...
D'où elle était Isabelle put voir leurs lèvres se rapprochées. Elle tourna le dos à la scène qui se trouvait sous ces yeux et les larmes lui montèrent aux yeux. Justement en se retournant, elle ne put pas voir qu'au dernier moment, Philippe tourna doucement la tête et que les lèvres de Mme Dhérant arrivèrent sur sa joue.
Furieuse, Isabelle rentra dans la caserne. Comment pouvait-il lui faire ça ? La sonnerie de son téléphone la fin sortir de ses pensées.
- Lieutenant Florent, s'annonça-t-elle en décrochant.
- Madame... venez s'il vous plaît.
- Vous êtes qui ?
- La mère d'Audrey. Quelqu'un veut du mal à ma fille ! s'écria-t-elle, la voix tremblante.


CHAPITRE 5
 " Nouvelle disparition "
Chapitre écrit par miss-web-20
 
"-Je suis la mère d'Audrey. Quelqu'un veut du mal à ma fille ! " S'écria-t-elle la voix tremblante.
Isabelle prit son arme dans le tiroir de son bureau et partie chez la maman d'Audrey, une amie de Chloé.
En sortant de la caserne elle croisa Philippe
"-Isabelle ...."
Toujours en colère elle ne le regarda pas et continua sa route sans lui répondre. "Comment peut-il encore me parler après ce qu'il venait de faire?" Se demanda-t-elle ne sachant pas qu'il n'avait pas embrasser son ex.
Elle prit sa voiture et parti. Lorsqu'elle arriva à destination elle trouva la maman d'Audrey dans la cour faisant les 100 pas.
"-Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda Isabelle en sortant de la voiture.
-On ... on a enlevé ma fille.
-Quand ça ?
-Hier soir elle est sortie avec des amies et elle n'est pas rentrée.
-Elle est peut-être toujours avec elles.
-Non je les ai appelé et elles se sont séparées ce matin, Audrey devait revenir tout de suite ... mais....
-Et son père il vit avec vous ?
-Non on est divorcée.
-Elle est peut-être allé chez lui !
-Non je l'ai appelé mais il ne l'a pas vu. Je n'y comprends rien...
-Vous connaissez quelqu'un qui pourrait lui en vouloir ?
-Non c'est une fille sans histoire.
-Et vous ? Quelqu'un peut vous en vouloir ?
-Non, je ne vois personne je n'y comprends vraiment rien ! " Répondit-elle désespéré en s'asseyant sur le muret de la cour.
Isabelle continua de l'interroger pendant un petit moment puis repartit après lui avoir dit de passer à la gendarmerie pour qu'elle puisse prendre sa déposition. Alors qu'elle allait démarrer, elle ressortit de la voiture et demanda :
"-Vous auriez une photo de votre fille s'il vous plait ?
-Oui, je vais en chercher une je reviens."
Elle lui rapporta une photo d'Audrey et Isabelle retourna à la caserne pour avertir son équipe de la disparition. Alors qu'elle raconta ce que lui avait dit la mère d'Audrey à Rivière et Platon, Philippe entra dans le bureau.
"-Lieutenant je peux vous voir s'il vous plait.
-Deux minutes mon capitaine je n'ai pas finie.
-Tout de suite lieutenant.
-Bien comme vous le voudrez."
Isabelle suivit Philippe dans son bureau. Les deux gendarmes qui restaient dans le bureau avaient remarqué que l'ambiance entre leur supérieur était tendue mais préférait ne rien dire de peur que ça ne leur retombe dessus.
"-Alors qu'est-ce que vous vouliez me dire qui avait l'air si urgent mon capitaine ?
-C'est bien la mère de Mathilde qui a pris mon arme, elle voulait se défendre. Elle savait que quelqu'un s'en était pris à sa fille. Et quand elle a vu sa fille morte elle a voulu me faire accuser parce que je ne me suis pas occupé de Mathilde pendant toute ses années.
-C'est tout ? demanda-t-elle sèchement.
-Non"

-Très bien, vous me ferez parvenir sa déposition s'il vous plait. Maintenant j'ai du travail !
-Isabelle ... appela Philippe en lui prenant le coude.
Lui jetant un regard noir, elle se délivra de son emprise, brusquement et lâcha.
-Au revoir mon capitaine."
Elle sortit du bureau, préférant régler leurs histoires personnelles ailleurs que dans la caserne. Comme n'avait hésité à leur dire le commandant de groupement : La vie privée devait rester en dehors de la caserne.
Pendant ce temps Roussillon était arrivé au bureau. Il avait un bandage a la main du aux morceau de verre de la veille.
"-Alors on en est ou dans l'enquête ?
-Bah au point mort. Le capitaine est innocent, on a juste retrouvée des larmes de la mère de la victime mais c'est tout. Mais qu'est-ce que tu t'es fait à la main ? Demanda Rivière en appercevant le bandage
-Oh, ça ! C'est rien ! Je me suis couper hier soir ! "
A ce moment-là, Isabelle rentra dans le bureau. Lorsqu'elle vit Roussillon elle se stoppa, le dispute lui revint en mémoire. Elle passa outre et dit :
"-Bon, le capitaine vient de me le confirmer c'est bien la mère de la victime qui lui a dérobé son arme.
-Et c'est elle qui a tiré sur sa fille ? Demanda Rivière
-Oui.
-Mais pourquoi ?
-Elle voulait se venger du Capitaine qui ne s'était pas occupé de sa fille pendant toute ses années.
-Mais donc c'est elle qui l'a tué.
-Non, quand Madame Dhérant a tiré sur sa fille elle était déjà morte.
- Donc en fait on n'a rien de concret !
-Pas tout à fait. Une autre jeune fille c'est fait enlever ce matin. Enfin, je n'en suis pas sûr mais beaucoup d'indices vont dans ce sens.
-Mais elle a un lien avec la victime ?
-Oui, s'était une de ses amies, elles étaient dans la même classe. Rivière vous aller me convoquer les jeunes filles, qui ont passées la soirée avec Audrey, elles auront peut-être vu quelqu'un !
-Très bien je m'en occupe.
-Lieutenant ? Demanda un gendarme en entrant dans le bureau, une certaine Madame Moreau demande à vous voir.
-Faites la entrer dans mon bureau, j'arrive. "
Rivière appela les amies d'Audrey tandis qu'Isabelle partait dans son bureau prendre la déposition de la mère d'Audrey.
Pendant ce temps dans la partie privée Nicolas et Chloé discutaient.
"-Bon, bah maintenant qu'on a tout l'argent on peut aller acheter les billets ? Proposa Nicolas.
-Ouais ! "
Chloé prit l'enveloppe et ils partirent en ville.
"-Mais au fait, on n'a pas choisi la destination.
-T'as une idée.
-La Guadeloupe ?
-Euh .... Non, mon père y est et je ne pense pas qu'elle ait très envie de le voir.
-Bah alors où ?
-La Réunion !
-Ouais pourquoi pas ! En plus ce ne sera pas la pleine saison, les billets devraient être moins chers et il y aura moins de monde.
-Bon bah adjugé vendu pour la Réunion.
-Mais... et la réservation de l'hôtel ? On ne peut pas la faire tant que l'on ne sait pas quand l'enquête sera finie.
-Merde j'y avais pas pensée !"
Ils cherchèrent une solution à leur problème en marchant dans les rues de Grasse.

De retour à la brigade. Isabelle entra dans le grand bureau.
"-Alors vous avancer ?
-Oui, elles ont remarqués un homme qui n'arrêtait pas de les suivre hier soir. On est en train de faire un portrait-robot.
-Très bien dès que vous l'aurez ...
-Je vous le donnerais ! Pas de problème Isabelle. "

"-J'ai trouvé ! S'écria Nicolas alors qu'ils arrivaient devant l'agence de voyage.
-Quoi ?
-On peut toujours réserver l'hôtel pour dans 3 jours pendant 2 semaines et puis si dans 3 jours l'enquête est pas finie et bah on annule la réservation jour par jour.
-Tu sais que quand tu veux-tu n'est pas bête toi !
-je te remercie !"

Deux heures plus tard quelqu'un frappa au bureau d'isabelle
"-Entrez !
-C'est bon Isabelle j'ai le portrait-robot. Et les 3 filles sont d'accord.
-Bon travail Rivière ! Bon bah je crois que c'est bon pour aujourd'hui. De toute façon on ne peut plus rien faire jusqu'à demain matin et j'ai besoin de l'accord du procureur, pour le diffuser! Dit-elle en regardant par la fenêtre.
En effet il faisait déjà nuit noire, la cour était allumé par les quelques lampadaires qui s'y trouvait. Dans le halo de lumière de l'un deux elle vit Chloé et Nicolas qui rigolaient. Cela lui faisait du bien de voir que Chloé se remettait petit à petit de la mort de Mathilde.
Isabelle sorti de son bureau précédé par Rivière et se dirigea vers son appartement. Dans le couloir elle tomba nez à nez avec Philippe qui sortait de son appartement. Elle continua sa route mais Philippe lui attrapa le bras et l'attira à lui.
"-Je peux savoir ce qu'il se passe ?
-Rien, Dit-elle en essayant de se libéré de son emprise.
-Si, tu m'évite, Pourquoi ? Demanda-t-il en élevant la voix.
-Pas si fort ! Viens." Répondit-elle en le tirant dans l'appartement.
Roussillon qui était dans les escaliers avait tout entendu. Il n'en pouvait plus, après les baisers dans la cour voilà qu'ils se disputaient en public, il fallait qu'il se dépêche de partir de là sinon la réconciliation n'allait pas tarder à arriver. Et il était hors de questions de voir ça.
Il rentra dans son appartement et se mit à écrire une lettre pour le commandant de groupement. Il savait bien qu'ils n'avaient pas le droit d'être ensemble d'après les règles de la gendarmerie et n'allait pas se privé de les séparer même si d'un côté il aurait préféré ne pas le faire.

Chez Isabelle l'ambiance était toujours aussi tendue.
"-Bon tu vas enfin me dire ce qu'il se passe ? Demanda Philippe qui ne comprenait pas le pourquoi de la situation.
-Tu crois que je ne t'ai pas vu ?
-Quand ?
-Tout à l'heure avec la mère de Mathilde.
-Pardon ?
-Je t'ai vu l'embrasser ! Moi qui faisait confiance comment t'as pu me faire ça ?
-Mais je ne l'ai pas embrassé !
-Ne mens pas je t'ai vu !
-Mais tu n'as pas pu me voir puisque je ne l'ai pas embrasser. Elle, elle a voulu mais j'ai tourné la tête !
-Je ne te crois pas !
-Mais je te jure que c'est la vérité. La seule chose qu'elle a eu, c'est de m'embrasser...
-Ah tu vois !
-Sur la joue, Isa ! Jamais elle ne m'a embrassé comme tu le pense !
-Menteur ! Cria-t-elle les larmes aux yeux.
-Mais je te jure Isa. C'est toi que j'aime je... jamais je ne pourrais te faire une chose pareille.
- Je ne te crois pas ! s'écria Isabelle.
Au fur et à mesure de la discussion, le ton avait monté. Chloé et Nicolas entrèrent en fracas dans l'appartement.
"-Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Demanda la jeune fille, on vous entend depuis le couloir.
Ignorant le reproche de Chloé, Philippe reprit.
-Il faut me croire Isa, je te jure que ce n'est pas ce que tu crois. "
Ils se regardèrent dans le plus profond des yeux. Isabelle lut dans ceux de Philippe de la tristesse et beaucoup d'amour.
"-Ce... c'est vrai ?
-Oui, je te le jure, c'est toi que j'aime et personne d'autre ! "
Il la prit dans ses bras ou elle laissa couler quelques larmes. Lorsqu'ils se séparèrent, ils s'embrassèrent, comme pour oublier la dispute, sous les yeux des deux enfants qui n'y comprenait pas grand-chose.
"-On mange quoi ce soir ? Demanda Chloé pour montrer qu'ils étaient là.
- Je ne sais pas ! Il doit bien y avoir des pates dans le placard, un morceau de fromage au frigo...
-Et le dessert on l'a ! La coupa Nicolas en montrant une boite qu'il ne tenait pas sa main.
-C'est quoi ? Demanda Isabelle curieuse.
-Tu verras !
-Allez !
-Non ! "
Ils se chamaillèrent un moment puis tout le monde mit la main à la pâte pour préparer le repas. Lorsqu'ils arrivèrent au dessert, Nicolas sortit le gâteau de la boite et y disposa quelques bougies. Il se mit à chanter JOYEUX ANNVIERSAIRE accompagné de Philippe et Chloé en amenant le gâteau sur la table. Isabelle sentit les larmes lui monté aux yeux, un grand sourire sur les lèvres. Elle souffla les bougies et ils purent manger le gros gâteau au chocolat.
"-Maintenant les cadeaux. Dit Chloé en partant dans sa chambre.
-Quoi ?
-Tiens Isabelle ! dit en lui tendant une enveloppe après l'avoir embrassée.
Lorsqu'elle ouvrit l'enveloppe, elle y trouva deux billets pour Saint dénis sur l'ile de la Réunion ainsi qu'une réservation pour une semaine dans un hôtel 4 étoiles.
"-Mais c'est ...
-De la part de toute la brigade.
-C'est très gentil, merci ! "
- C'est quoi ? demanda Philippe, faisant mine de ne pas savoir.
Isabelle lui montra les deux billets, tout sourire, les yeux brillants. Philippe s'approcha d'elle.
- Ah, mais il y a deux... ? Ça veut dire...
- Que tu viens avec moi, dit-elle en l'embrassant.
Elle se retourna vers Chloé et Nicolas et leur fit un gros bisou puis Philippe lui tendit un petit paquet.
"-Tiens, celui-là c'est de ma part ! "
Curieuse, Isabelle ouvrit la petite boîte. C'était un petit bracelet en argent. Philippe le prit et l'attacha autour de son poignet.
"-Oh ! Merci ! "
Elle l'embrassa et ils passèrent le reste de leur soirée à parler tous ensemble et à rigoler.
 

CHAPITRE 6 
" Enfin la fin "

Une fois le diner terminé, Isabelle mit les assiettes dans le lave-vaisselle et s'apprêta à partir retourner travailler.
- ho,ho,ho, l'arrêta Philippe. Tu vas où comme ça ? demanda-t-il en la prenant par le coude.
- Philippe...je te rappelle qu'on a une alerte enlèvement !
- Tu ne vas quand même pas travailler le jour de ton anniversaire ?
- Mais ce n'est pas encore mon anniversaire.
Philippe sourit. Effectivement cet argument n'était pas très pertinent, puisque son anniversaire était demain, ils avaient juste déjà donné les cadeaux, car Chloé et Nicolas espérait qu'ils pourraient partir demain soir.
- Bon...mais tu rentres à minuit. Faut que tu dormes.
- Oui papa, ironisa Isabelle avant de l'embrassé et de sortir.

Elle descendit les marches et prit la direction du laboratoire. Platon était en train de travailler.
- Alors qu'est-ce qu'a donné la localisation de son portable ? demanda Isabelle.
Platon se retourna.
- Elle l'a tout simplement oublié chez elle.
Isabelle soupira. Les jeunes avaient des portables et ils réussissaient encore à ne pas les prendre avec eux !
- Et pour le portrait-robot ?
- C'est Rivière qui s'en occupe, il essaie de l'identifier.
- Merci.
Isabelle sortit du Laboratoire, et se dirigea vers le grand bureau où travaillait Francis.
- Vous avez une correspondance dans le fichier, pour le portrait-robot qu'on fait les jeunes filles ?
- Non pas pour l'instant.
Isabelle soupira.
- On n'avance pas ! On n'avance pas ! se désola-t-elle.
Elle s'assit sur la chaise en face du bureau de Rivière et réfléchit.
- Bon il faut qu'on reprenne. Je suis persuadé que c'est le même homme qui a enlève, violé et tué Mathilde qui maintenant s'en prend à Audrey. Elles étaient toute les deux amies, mais pourquoi s'en prend-il a elle ?
- Vous savez il n'y a pas toujours de logique dans la manière dont les violeurs choisissent leurs victimes.
- Admettons, mais elles ont tout de même un lien entre elle.
Et si Isabelle poursuivait ce lien, elle en arrivait à la conclusion que la prochaine victime serait Chloé. Mais avant qu'il ne touche à elle, il aurait bien sûr retrouvé Audrey vivante et arrêtée ce salaud. Isabelle en était sûre, ou du moins essayé de s'en convaincre.
- Et dans les affaires de viol qu'a épluché Roussillon ? Il a trouvé un même mode opératoire ? reprit Isabelle.
- Il m'a dit qu'il avait environ dix cas presque similaires.
- Et il est où maintenant ?
- Partit manger.

Roussillon avait débarrassé sa table et était allé chercher une feuille de papier. Cette fois, il était décidé il allait l'écrire cette lettre. Il prit un stylo et commença à écrire. Au milieu de son « joli » récit quelqu'un frappa à la porte. Il se leva en râlent.
- Bonjour Isabelle, sourit-il. Entrez...
Isabelle franchit le seuil et regarda aux alentours.
- A vous écrivez ? demanda-t-elle en voyant la feuille sur la table et un stylo proche.
Heureusement d'où elle était, elle nous pouvait pas lire ce qu'il avait écrit.
- Ah ça ! C'est pour mon filleul, c'est bientôt son anniversaire, mentit-il.
Il se racla la gorge et remis la conversation sur un terrain plus sûr.
- Vous étiez venu pour quoi ?
- Si ça ne vous dérange pas, j'aimerais bien que vous décendiez, on a beaucoup de travail.
- Oui, oui, j'arrive.
- Mais vous pouvez finir votre lettre.
- Non c'est tout bon, je la terminerai demain.
Il prit ses clés et ils sortirent tous les deux.

- Si je suis venu vous chercher, c'est pour que vous nous parliez des cas de viol que vous avez identifié comme étant presque similaire, dit Isabelle en rentrant dans le grand bureau.
- Très bien alors, voilà j'en ai une dizaine.
Pierre partit vers son bureau et prit les dossiers qui s'y trouvaient.
- Tout d'abord, j'ai ces trois. Mais je trouve que les modes opératoire ne sont pas vraiment identique, il y a tout de même le fait qu'ils emmènent leur victimes dans la forêt. Ensuite nous avons ces deux autres cas qui...
- Bon donnez-moi ces dossier, le coupa Isabelle dont la vitesse de l'enquête ne la satisfaisait pas. On va simplement les comparer avec le portrait-robot.
Roussillon demanda, étonné.
- Ça ne va pas, Lieutenant ?
- Si, si... Mais je vous rappelle que la vie d'une jeune fille de 17 ans et en jeux !
- Vous pensez que je l'ai oublié ?
A vrai dire ce qui avait agir Isabelle de la sorte, c'était qu'elle s'inquiétait de plus en plus pour la vie de Chloé. Et la rapidité fulgurante avec laquelle ils tentaient de résoudre l'enquête n'était pas là pour la réconforter.
Isabelle passa en revue tous les dossiers tout en les comparant avec l'image robotisée du violeur présumé, mais malheureusement elle ne trouva aucune correspondance. Elle regarda sa montre il était minuit et ça allait bientôt faire 12 heures qu'Audrey avait disparu. En soupirant, elle se laissa tomber sur une chaise. Elle savait bien que Philippe lui avait demandé de rentrer à minuit pour se reposer, mais elle savait aussi qui si elle montait elle ne réussirait pas à fermer l'½il donc autant rester ici, et se rendre utile. Elle se leva et alla dans son bureau, elle devait réfléchir. Pourquoi le tueur avait choisi ces victimes-là ? Pourquoi les amenait-il dans la forêt ? etc...
Une foule de questions sans réponse se bousculait dans sa tête.
Plongée dans ses pensées, elle ne remarqua Philippe entré.
- Isabelle... grogna-t-il, faisant mine d'être énervé parce qu'elle n'était pas rentrée.
Surprise elle se retourna.
- Tu m'avais promis.
- Mais si je monte je sais que je ne fermerais pas l'½il.
Il prit la chaise qui se trouvait en face du bureau, et l'attira près de la sienne.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu as peur pour Chloé, c'est ça ? devina Philippe.
Isabelle sourit, une chose pour laquelle ils étaient ensemble, c'était bien parce que ils se comprenaient tous les deux avant qu'ils aient ouvert la bouche.
Isabelle baissa les yeux en signe d'approbation. Et Philippe lui prit la main pour la réconforter.
- Je te promets qu'il ne la touchera pas, dit-il doucement.
- J'ai quand même peur, et si...
- Et si, Et si... On l'arrêtera avant, dit Philippe tentant de paraitre le plus assuré possible.
Isabelle sourit, elle l'espérait de tout son c½ur.
- Maintenant va dormir, insista Philippe.
Isabelle fit la moue mais se leva quand même sachant bien que ce serait plus raisonnable.
- Je m'occupe de tout, assura Philippe en l'accompagnant vers la porte.
Elle monta se coucher et Philippe reprit la direction de l'équipe. Vers deux heures du matin, ils eurent enfin l'identité de l'homme que les jeunes filles avaient remarqué mais comme ils ne pouvaient pas intervenir avant six heures du matin, Philippe laissa rentrer ses hommes et alla se coucher à son tour. Mais avant de s'endormir, il prépara une petite surprise pour le réveil d'Isabelle. Il se changea puis se glissa silencieusement sous le duvet et s'endormit.


Pendant ce temps, Roussillon se remit à sa table et recommença à écrire sa lettre. Une fois terminée il la relue puis satisfait la plaça dans une enveloppe. Il s'apprêtait à sortir pour la porter dans une boîte quand il fut pris de remords. Pourquoi agissait-il de la sorte ? Ce n'était pas très sympa de faire ça à Isabelle qui, elle, le considérait comme un ami. Finalement il la laissa sur le buffet et se dit qu'il la posterait le lendemain.

A six heures et demi, le portable de Philippe le tira su sommeil, il décrocha rapidement pour ne pas réveiller Isabelle qui dormait encore.
- Capitaine, M. Laroche n'est plus chez lui, on est en train de faire la perquisition.
- Philippe soupira. C'était pour lui dire ça qu'il le réveillait de si bon matin alors qu'il n'avait pu dormir que quatre heures tout au plus.
Mais c'était l'anniversaire d'Isabelle et Philippe comptait bien rester de bonne humeur.
- Bien, bien et vous pensez avoir terminé dans combien de temps ?
- On devrait être là dans une heure.
Après l'avoir remercié et lui avoir assuré qu'il serait là pour le compte rendu de la péréquation, Philippe raccrocha.
Dans la chambre, il entendit Isabelle s'étirer. Il se dépêcha d'empoigner le plateau du petit déjeuner qu'il avait préparé quelques heures plus tôt et ouvrit la porte, un grand sourire sur les lèvres.
- Joyeux Anniversaire, mon amour !
Croyant qu'elle rêvait, Isabelle se frotta les yeux, mais non, elle ne rêvait pas il était bien là, devant elle et en plus c'était bien son anniversaire.
Philippe posa le plateau sur ses genoux et vient l'embrasser.
- Je t'aime..., murmura-t-elle.
- Moi aussi...
Quelques minutes passèrent sans que l'un d'entre eux ne dise quoi que ce soit puis Isabelle décidant que l'endroit plus approprié pour déjeuner serait à la cuisine, se leva le plateau dans les mains.
Philippe comprenait c'était pour des raisons pratiques ne se vexa pas.
- Alors vous avez avancé ? demanda-t-elle en prenant place.
- L'homme que l'on recherche a désormais un nom !
Isabelle eut un sourire satisfait.
- Monsieur Laroche.
- Et vous êtes allez chez lui ?
- J'ai envoyé des hommes à la première heure, mais ils m'ont appris qu'il était pas chez lui. Pour l'instant, ils perquisitionnent.
- Il faudrait quand même que je dise à Chloé de faire attention, dit-elle en se lavant. Il doit sentir qu'on se rapproche de lui ce qui le rend plus dangereux.
Philippe la rattrapa par le bras.
- Isabelle, Chloé est grande, tu sais.
- Oui, mais on est jamais assez prudent.
Philippe soupira.
- Qu'est-ce que tu vas faire la réveiller à 6h45 pour lui dire d'être attentive. Fait lui confiance, je suis sûr qu'elle sait se défendre dans le pire des cas.
Isabelle revint vers la table.
- Bon d'accord, tu as raison...
A vrai dire, elle avait de la peine à admettre que Chloé avait grandi et que bientôt cet jeune fille qu'elle aimait tant allait partir comme l'avait fait Nicolas quatre ans auparavant. Elle savait déjà qu'elle allait terriblement lui manquer.

- Bonjour, claironna Isabelle en arrivant dans le grand bureau.
- Bon Anniversaire, Lieutenant, dit Roussillon avec un sourire charmeur.
- C'est vrai ça, Joyeux Anniversaire, ajouta Rivière en allant lui faire la bise.
- Alors que vous ont offert Chloé et Nicolas ? demanda Pierre, curieux.
- Un voyage à la Réunion avec le Capitaine ! répondit Isabelle, très enchantée par ce cadeau.
Roussillon feignit un sourire mais intérieurement il bouillonnait, s'il ne s'était pas retenu il aurait retourné le bureau qui se trouvait devant lui. Les deux jeunes n'auraient rien pu trouver de plus débile.
Ne prêta guère attention à la réaction de l'officier, Isabelle s'apprêtait à reprendre mais Rivière la coupa.
- Et vous partez quand ?
- Dès la fin de l'enquête.
- Je sais déjà que vous allez me manquer, tenta de sourire Pierre, toujours avec le même ton dragueur. Mais au fond de lui il n'avait toujours pas digérer la pilule.
- Les hommes qu'avaient envoyé le Capitaine sont-ils revenus de la perquisition ? demanda Isabelle pour changer de sujet, car elle n'aimait pas trop quand Pierre lui faisait des sortes d'avances.
- Euh...non je ne crois pas en...
Rivière fut stoppé dans sa phrase par l'arrivée des trois officiers.
- Bonjour ! dirent-ils tous en c½ur.
- Alors qu'est-ce que ça a donné ? demanda Philippe qui venait d'arriver derrière eux.
- M. Laroche vit seul, a ce qu'on a pu voir. Mais le plus intéressant c'est que nous avons retrouvé ce pendentif de femme dans sa salle de bain, dit l'un des officier en montrant un sachet dans lequel se trouvait une chaine certainement en argent et un pendentif en forme de trèfle.
- Soit c'est celui d'une de ces amantes, soit celui de Mathilde, déduisit Isabelle.
- Je me charge de demander à Lou... enfin madame Dhérant si ce collier appartenait à Mathilde.
- Et si ce n'est pas le cas, il appartient peut-être à Audrey, proposa Rivière.
- Un tueur que voleraient les colliers de ses victimes, plutôt original comme mode opératoire, pensa tout haut Isabelle.
- Et si les trois fille avaient le même, suggéra Philippe. Ça pourrait expliquer son choix.
Isabelle approuva.
- Je vais monter, demander à Chloé si elle en a un pareil, décida-t-elle en prenant le sachet.
En passant, elle alla chercher son dossier pour lui montrer le portrait-robot.
Elle ouvrit la porte, Chloé déjeunait à la table de la cuisine.
- Coucou ma puce. Nico n'est pas là ?
- Il est parti, il avait un entretien d'embauche.
- Je peux te parler ? demanda-t-elle en s'asseyant en face d'elle.
Chloé ouvrit des grands yeux, surprise par le ton grave qu'elle avait employé.
- Est-ce que tu as un même collier que celui-là ? demanda-t-elle, en lui tendant le sachet en plastique.
Au premier coup d'½il, Chloé remarqua que c'était le collier qu'elles s'étaient offert mutuellement avec Mathilde et Audrey. La gorge nouée par les souvenirs, elle se contenta d'hocher la tête en signe d'approbation.
- Vous avez toutes les trois le même ?
- Oui, répondit Chloé en tentant de ne pas faire trop trembler sa voix. Ce sont des colliers d'amitié.
Isabelle soupira, c'était bien ce qu'elle pensait. Chloé courrait un grand risque.
- Il ne faudrait pas que tu sortes de la maison.
- Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Isabelle avait appris que dans ses moments-là il valait mieux être franche que de mentir.
- Le tueur risque peut-être de s'en prendre à toi, ma puce alors fait attention.
Chloé hocha la tête.
- Et Audrey ? Elle aussi, alors ?
Isabelle baissa les yeux, elle ne le lui avait pas encore dit. Cette réaction n'échappa pas à la jeune fille.
- Qu'est-ce qu'il y a, Isa ? demanda-t-elle, une pointe d'inquiétude dans la voix.
- Audrey a été... elle a été enlevé...
Chloé se figea, avait-elle bien entendu ? Vu la tête que tirait Isabelle, c'était bien le cas.
Voyant Chloé toute chamboulé, Isabelle s'approcha d'elle et la prit dans ce bras.
- Et... vous l'avez retrouvée ? s'enquit-elle la voix tremblante.
Isabelle préféra changer de sujet.
- Maintenant que tu es grande, je ne vais pas t'enfermer ici mais tu me promets que tu fais attention et que tu ne sors pas sans ton portable.
Chloé hocha la tête, et s'écarta de l'étreinte d'Isabelle.
- Bon je dois y aller.
Après avoir donné un baiser à Chloé, Isabelle reprit le collier et sortit.

Après le départ d'Isabelle, Chloé aperçût le dossier qu'elle avait remonté. Elle s'apprêtait à partir le lui rendre quand elle vit en première page le portrait-robot. Rapidement, elle comprit que s'était la description de l'homme qui avait tué Mathilde et enlevé Audrey, et une idée germa dans son esprit. Si elle en faisait des photocopies et qu'elle les accrochait dans tout le cartier, elle obtiendrait peut-être un ou deux témoignages qui lui indiqueraient où se cachait-il ?
Sans réfléchir à ce que pourrait dire Isabelle, Chloé mit la feuille dans l'imprimante et tira une bonne vingtaine de copie. Puis armée d'un rouleau de scotch, elle sortit de la maison mais prit quand même soin de prendre son portable avec elle comme l'avait demandé Isabelle.

Isabelle revint dans le bureau.
- Chloé m'a dit qu'elles avaient toutes les trois ce même collier, informa-t-elle.
- Donc on a déjà une sorte de mobile, déclara Rivière.
- Et toujours pas de demande de rançon ?
- Non, répondit Roussillon.
- A mon avis, s'il ne l'a pas encore tué il ne va pas tarder à le faire, dit gravement Rivière.
- Platon a déjà tracé son portable ?
- Oui, mais pour l'instant aucun résultat.
- Et vous avez regardé dans le fichier s'il avait déjà été condamné ?
- Oui, répondit Pierre. Ce Laroche est inconnu au bataillon !
Isabelle soupira.
- Bon il n'y a plus qu'à attendre que sa s½ur à qui j'ai donné rendez-vous vienne.
Un quart d'heure plus tard, Mme Jolivet était dans le bureau d'Isabelle.
- Vous savez avec mon frère ça fait longtemps qu'on ne se parle plus.
- Vous savez peut-être s'il a des endroits qu'il aime bien ?
- Je sais qu'il aimait bien aller se promener dans la forêt, vers le marais. Mais c'est tout.
Pour Isabelle c'était déjà pas mal, ça confirmait le fait que c'était bien lui, Puisqu'on avait retrouvé le corps de Mathilde dans ce même bois.
- Je suis vraiment désolé, mais je ne peux pas vous en dire plus.
- Ce n'est pas grave. Je vais vous raccompagner.
Mme Jolivet se leva et prit la direction de la sortie de la caserne. Isabelle revint dans son bureau et le téléphone sonna.
- Allô ?
- Vous êtes bien Mme Florent de la gendarmerie ?
- Oui.
- Je me trouve devant le portrait-robot que vous avez affiché sur la caissette à journaux et...
Isabelle ne comprenait à ce qu'il disait. Quelle caissette ? Un portrait-robot ?
Son interlocuteur continua.
- C'était pour vous dire que je l'ai déjà vu ?
« Vu qui ? » se demandait Isabelle. Tout à coup Isabelle comprit enfin et ça ne la réjouissait guère. Pourquoi Chloé avait-elle fait ça ? Ça n'allait que leur emmener des histoires car elle n'avait pas encore obtenu l'autorisation de l'afficher. Une fois arrêté, M. Laroche pourrait prétendre à une fausse procédure.
Après avoir écoutée où l'homme au bout du fil avait aperçu M Laroche c'est-à-dire près du lycée il y a trois jours, ce qui ne l'avançait pas beaucoup Isabelle raccrocha. Elle s'apprêtait à monter pour passer un petit savon à Chloé quand Platon déboula dans son bureau.
- Lieutenant, venez, j'ai pu trianguler le portable de notre homme, s'écria-t-il.
Ni une ni deux Isabelle le suivit dans le laboratoire. Sur l'ordinateur elle pouvait suivre le petit point rouge qui se dirigeait vers le centre-ville. Soudain la conversation précédente lui revint en mémoire.
- Chloé ! s'écria-t-elle, affolée.
- Quoi Chloé ?
- Tracez son portable, ordonna Isabelle.
Si Chloé suspendait les portraits robot elle se trouvait forcément en ville. Et cette idée ne réjouissait guère le Lieutenant.
Ne comprenant pas trop où Isabelle voulait en venir, Platon s'exécuta tout de même. Après quelques minutes d'attente interminable pour Isabelle, le point rouge s'alluma. Mais à son grand désespoir il se trouvait à la caserne.
- Elle l'a oublié...
Isabelle se haïssait, elle savait qu'elle aurait dû lui interdire de sortir mais elle avait préféré écouter Philippe qui prétendait qu'elle était assez grande. Assez grande ? Elle n'était même pas capable d'emporter son portable.
Isabelle sortit sur bureau rongée d'inquiétude et décida de remonter chercher son dossier qu'elle avait oublié. Étrangement arrivé devant l'appartement, la porte était ouverte. Elle entra et découvrit Chloé sur le canapé du salon. Elle se précipita vers elle et la prit dans ses bras.
- Ah t'es là ma chérie, lâcha-t-elle, soulagée. Tu m'as fait peur j'ai cru que...
Elle s'arrêta net.
- Mais oui ! s'exclama-t-elle en regardant Chloé.
Sans rien ajouté elle sortit, dévala les escaliers et entra dans le laboratoire.
- J'ai trouvé !
Tus les gendarme de l'équipe qui se trouvait devant l'ordinateur, se retournèrent surpris.
- Pardon ? demanda Philippe, qui ne saisissait pas où Isabelle voulait en venir.
- J'ai compris où est Audrey. Il me faut juste une petite confirmation. Platon, triangulez le portable d'Audrey et ensuite celui de Laroche.
Comme quelques minutes auparavant, le T.I.C pianota sur son clavier et après une courte attente Isabelle fut satisfaite. Le point rouge qui représentait le portable de M Laroche indiquait qu'il se trouvait chez Audrey.
- Pourquoi Laroche serait-il chez Audrey, si ce n'est pas là qu'elle se trouve elle aussi ?
- Sous la maison, devina Rivière.
- Exactement, il faudrait regarder au cadastre.
Philippe sourit.
- Bon travail, comment as-tu trouvé ça ?
- Grâce à Chloé, je te raconterai plus tard. Maintenant il faut faire sortir madame Moreau de chez elle et on pourra lancer l'opération.
Elle partit dans son bureau, chercha le numéro de la mère d'Audrey et le composa.
- Bonjour madame Moreau, c'est le Lieutenant Florent.
- Vous avez retrouvé ma fille ?
- On a une piste solide, je vous garantis que dans deux heures vous pourrez la revoir. Mais avant cela, il faudrait que vous sortiez de chez vous, je ne sais pas aller promener mais ne rester pas là.
- Mais pourquoi ?
- Faites ce que je vous demande, s'il vous plaît.
Elle raccrocha après l'avoir salué et lui voir demandé de ne pas trop se posé de questions. Elle revint dans le bureau où le Capitaine penché en dessus du plan de la maison était en train d'élaborer le plan par lequel ils allaient entrée. Après quelques minutes Philippe déclara que tout était en ordre et que l'opération pouvait commencer. Les gendarmes mirent leur gilet pare-balle et montèrent dans la voiture. L'intervention se déroula s'en encombre et Audrey fut libérée relativement rapidement. Fut le choc émotionnel qu'elle avait subi, après avoir laissé sa mère la prendre dans ses bras Isabelle décida de l'emmener à l'hôpital mais fit un petit détour par la caserne, sachant bien que Chloé voulait voir son amie.
A peine étaient-elles arrivées dans la cour que Chloé dévala les marches de la caserne et courut en leur direction.
- Audrey ! s'exclama-t-elle en la prenant dans ses bras.
En présence familière, la jeune fille se remit à parler et à sourire. Isabelle qui s'inquiétait pour son comportement fut rapidement rassurée. Après les retrouvailles, Isabelle repris Audrey et lança à Chloé.
- Ne crois pas que j'en ai terminé avec toi ! avertit-elle.
Chloé fit mine de ne pas comprendre mais elle savait qu'elle parlait des portrait-robot qu'elle avait affichés.
 
 
 
Chapitre 7
" Et nos bagages ? "
 
Chapitre écrit par miss-web-20
Isabelle et Rivière entrèrent dans le grand bureau ou Laroche les attendait, entouré de deux gendarmes.
"-Bravo lieutenant vous avez réussi à m'attraper !
-Vous pensiez que je n'allais pas y arriver ?
-Je dois avouer que j'avais des doutes !
-Pourquoi vous avez fait ça ?
-Et bien ... tiens c'est étrange je ne m'en souviens pas !
-De toute façon nous n'avons pas besoin de vous aveux ! "
Ils continuèrent tout de même l'interrogatoire pendant une heure puis chacun rentra chez soi.

Roussillon poussa la porte et tomba sur la lettre qu'il avait laissée sur la commode. Cette fois plus aucun remord ne le rongeait et il la saisit. La regarda longuement puis revint sur ses pas et prit la direction de la poste. Il ne savait plus vraiment ce qu'il fait mais il le faisait pour son bien, ou du moins ce qu'il croyait.

Lorsqu'Isabelle poussa la porte de l'appartement, Philippe et Chloé discutaient dans la cuisine.
"-Bonsoir ! Dit Philippe avant de l'embrasser !
-Bonsoir !
-Bon bah je vais vous laisser ! Dit Chloé en partant dans sa chambre pensant éviter le savon qu'Isabelle allait lui donner.
-Attend Chloé j'ai quelque chose à te dire !
-Oui ?
-Je peux savoir comment le portrait-robot de l'agresseur de Mathilde c'est retrouver placarder dans les rues de grasse ?
- Je ne sais pas, c'est peut-être ...
-Ne cherche pas de coupable je sais que c'est toi !
-Je... bégaya-t-elle un peu honteuse.
- Je n'avais pas encore le droit de le diffuser !
-Mais vous n'avanciez pas alors j'ai pensé que ...
-Que ça pourrait nous aider ?
-Oui ... et puis j'ai eu raison !
-Mouais ... je te préviens si tu recommences tu ...
-je le ferais plus ! C'est promis !
-T'as intérêt sinon...
-Quoi ?
-Je sais pas, mais je trouverai !!"
Chloé partit dans sa chambre en rigolant tandis que Philippe pris Isabelle dans ses bras.
"-Ça va ?
-Un peu fatiguée mais l'enquête est finie alors on va pouvoir souffler !
-Et partir !
-Ouai ! "
Ils allaient s'embrasser lorsque Nicolas entra dans l'appartement.
"-Oups désolé, je dérange ?
-Non bien sûr !
-Tant mieux parce que j'ai une bonne nouvelle ! Dit-il en sortant une bouteille de champagne de derrière son dos.
-Waouh ! C'est quoi ?
-Chloé vient voir ! Cria-t-il pour que la jeune fille entende.
-Alors ? Demanda sa mère Impatiente.
-Qu'est-ce qu'il se passe ?
-C'est officiel ! J'ai un job !
-C'est vrai ?
-Ouai j'ai eu rendez-vous y'a deux jours et ils m'ont rappelé tout à l'heure pour me dire que j'avais été pris !
-C'est génial ! Dit Isabelle en le prenant dans ses bras.
-Bravo Nicolas ! Déclara Philippe en sortant des flutes à champagne."
Ils s'installèrent au salon et Nicolas leur raconta ce qu'il allait faire comme nouveau job.
"-Bon et vous ? Vous partez quand ? demanda-t-il aux adultes !
- Je ne sais pas ! Quand ta mère l'aura décidé ! Répondit Philippe.
-On pourrait préparer nos affaires demain et partir après demain ! Qu'est-ce que tu en pense ?
-Ca me parait être une bonne idée.
-Faudra que j'aille acheter deux trois trucs.
-Je pourrais t'accompagner ? Demanda Chloé sachant qu'elle voulait parler de vêtements.
-Tu n'as pas cours ?
-Non il y a grève demain et tous mes profs la font.
-Bon bah si tu veux ! "
- Je prépare aussi le dîner avec Nicolas !
- ça je ne vais pas me faire prier !
Chloé et Nicolas allèrent dans la cuisine tandis qu'Isabelle s'installa devant la télévision.
- Chloé, je peux te parler ? demanda Nicolas en sortant la nourriture.
Chloé le regarda avec de grands yeux étonnée par le ton qu'il avait employé.
- C'est que... et bien...
- Vas-y, s'énerva la jeune fille.
- Le poste que j'ai obtenu est à Lyon !
- Et ?
- Et j'ai peur que maman le prenne mal, parce que elle était un peu triste quand j'étais partit aux Etats-Unis.
- Oh mais tu sais les Etats-Unis et Lyon c'est pas à la même distance !
- Donc tu penses que ça va pas poser de problème.
- Mais non ! E après tout elle sait que tu grandis et que tu seras de plus en plus loin d'elle.
Nicolas sourit.

Philippe allait régler quelques détails pour leur départ. Il trouva Rivière dans le grand bureau.
"-Bonsoir Adjudant !
-Mon capitaine ? Je peux faire quelques choses pour vous ?
-Je venais juste vous informer qu'à partir de demain vous serez a la tête de la brigade.
-Pardon ?
- Vous savez le voyage ! Le lieutenant Florent et moi nous absentons pour 10 jours alors ce sera

Sera vous qui prendrez les commandes des opérations.
-Très bien, j'essaierai d'être à la hauteur !
-Vous le serez, je ne me fait pas de soucis !
-Merci mon capitaine !
-Bonne soirée !"Dit-il en sortant du bureau pour regagner le siens afin de régler un peu de paperasse qu'il avait à faire Il fut interrompu lorsque quelqu'un frappa à la porte.
"-Oui ?
-On a un problème mon capitaine ! Dit Isabelle en entrant.
-Qu'est-ce qu'il se passe ?
-Bah on doit manger mais il manque quelqu'un, vous ne l'auriez pas vu ?
-Ah ... Euh ... il est comment ? Demanda-t-il entrant dans son jeu.
-Grand, brun, plutôt pas mal !
-Ah oui lui ! Et bah il arrive !
-Ah ouais ?
-Ouais ! "
Il éteignit la lumière puis sortit suivit d'Isabelle avant de retourner à l'appartement.
"-Ah bah c'est pas trop tôt ! Dit Chloé lorsqu'ils rentrèrent, Ça va refroidir !
-Désolé !"
Ils se souhaitèrent bon appétit et Chloé prit la parole.
- Nicolas a une petite précision à donner ! clama-t-elle.
Nicolas soupira. Il détestait faire des annonces de cette sorte.
- Maman...
Isabelle relava la tête.
- Je voulais te dire que... le... le poste pour lequel j'ai été retenu en fait il est... il est à Lyon.
Il ne put s'empêcher de remarquer la réaction déçu de sa mère mais elle dit tout de même.
- Ah mais c'est super ! Tu as déjà cherché des appartements ?
- Non, non...
Puis la discussion changea de sujet et ils terminèrent de manger. Une fois la table débarrassée ils s'installèrent devant un film après avoir fait des pop-corn, Isabelle se lova entre les bras de Philippe alors que Nicolas mettait le DVD. Mais, en plein milieu du film ils furent interrompu par quelqu'un qui tambourinait à la porte.
"-Oh non ! Grogna Chloé.
-Francis ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda Isabelle après avoir ouvert.
-Je cherche le capitaine. On a un problème !
-Lequel ? Demanda Philippe qui avait tout entendu.
-C'est le préfet, il est à l'accueil et il ne veut pas partir tant qu'il ne vous a pas vu !
-J'arrive ! "
Il prit sa veste et suivit Rivière.
"-Monsieur le préfet ! Dit-il en arrivant à l'accueil !
-Ah, capitaine, je peux savoir ce que c'est que ça ? Demanda-il en lui montrant une feuille.
-Un portrait, celui de l'agresseur de la jeune Mathilde.
-Je peux savoir ce qu'il faisait placarder sur les murs de la mairie ?
-Je n'en sais rien monsieur le Préfet ! Dit-il essayant de couvrir Chloé. Vous savez il y a un tas de site pour faire des portraits robots sur Internet, ce sont peut-être des amies de la victime qui ont voulu aider.
-Je veux que demain à la première heure toutes ses affiches soient enlevées.
-J'enverrai des hommes !
-Très bien, bonne soirée capitaine !
-Monsieur le préfet !"
Philippe retourna à l'appartement où le film avait repris.
"-Bah alors vous ne m'avez pas attendu ?
-Tu mettais trop de temps ! Dit Chloé.
-Désolé mais c'est de ta faute tout ça !
-Quoi ? Mais pourquoi ?
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda Isabelle.
- Figure-toi que le préfet est tombé sur le portrait-robot de Laroche à la Mairie.
-Et tu lui as dit quoi ? Demanda Chloé inquiète.
-Bah que c'était toi ! Et il m'a chargé de te dire que tu es convoqué demain à son bureau à 10 heures !
-Quoi mais..., oh non... dit-elle affolée.
- On n'avait pas le droit de le diffuser, c'est une faute très grave.
-Mais je risque quoi ?
- Je ne sais pas mais au moins 6 mois de travail d'intérêt général.
-Quoi ?! Oh non !
Isabelle qui avait compris que ce n'était pas vrai ne disait rien.
"-J'espère que ça va te servir de leçons !
Chloé baissa les yeux, honteuse.
- Oui tu as raison d'avoir honte !
- Honte d'avoir un Philippe qui a tout repris à ta place, continua Isabelle
-Pourquoi ?
-Parce que toutes les choses que je viens de te dire auraient pu être vrai !
- Elles ne le sont pas?
-Non !
-Comment ça ?
-J'ai réussi à te couvrir, tu ne risques rien !
-C'est vrai ?
-Oui, mais attention, je ne ferais pas ça tous les jours !
-merci Philippe ! s'écria-t-elle en lui sautant au coup.
-De rien !
-Bon on le termine ce film ?"

Le lendemain matin lorsqu'Isabelle posa les yeux sur le réveil elle se leva d'un coup voyant afficher 10h. Elle courut à la cuisine.
"-Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Demanda Chloé qui déjeunait.
-Il est 10 heures, le réveil n'à pas sonner ! Je suis en retard !
-Isa ! T'es en vacance ! C'est Philippe qui a coupé le réveil ce matin avant de partir.
- Partir où ?
-Il a dit qu'il avait des choses a réglé alors il est partit dans son bureau.
- D'accord. "
Elle prit un bol et s'assit en face de Chloé. Elle avait tellement peu l'habitude d'être en vacance.
"-Alors on se la fait quand cette séance shopping ?
- Le temps de déjeuner, de m'habiller et on y va !
-OK"
Alors qu'elle descendait les escaliers elles croisèrent Philippe.
"-Bonjour les filles !
-Bonjour !
-Vous allez où ?
-Faire du shopping ! Répondit Chloé toute contente.
-Ok.
-Au fait ne nous attend pas pour manger on va trouver à manger quelque chose en ville. Déclara Isabelle.
-Ok. Bah je mangerais en tête à tête avec moi-même. "
Isabelle sourit, désolée mais l'embrassa pour le réconforter. Elles partirent tandis que Philippe alla dans son appartement.

"-Mais moi je te dis que celui-là te va mieux que le vert ! Dit Chloé alors qu'Isabelle était dans une cabine d'essayage.
-Tu veux ne pas me passer le rouge ?
-Tiens ! Mais franchement un maillot de bain 2 pièces c'est vachement plus sexy qu'un une pièce.
-Chut ! Dit Isabelle en passant la tête par la porte de la cabine. Va donc me chercher le même que le bleu mais la taille en-dessus.
-OK !"
Lorsqu'elles sortirent du magasin Chloé dit :
"-Franchement t'as bien fait de choisir le bleu, tu vas le faire craquer Philippe !
-Bon aller grimpe on va manger, ça t'évitera de dire n'importe quoi !
-Mais euh ! "
Quand elles revinrent à la caserne les bras chargé de sac elles croisèrent Platon dans les escaliers.
"-Vous avez dévalisé les magasins Isabelle !
-Presque !
-Bonnes vacances !
-Merci Patrick !"
Une fois dans l'appartement, elles trouvèrent Nicolas et Philippe en grande conversation. Ils se stoppèrent en voyant les filles.
"-On dérange ? Demanda Isabelle en posant ses sacs sur le canapé.
-Non, non, pas du tout on parlait de foot !
-Si on allait au resto ce soir ? Proposa Nicolas voulant changer de sujet.
-Oui pourquoi pas, mais au resto chinois comme ça le serveur sera content de revoir Isabelle ! Dit Chloé en rigolant.
-Hé ! T'avais promis de rien dire ! grogna Isabelle !
-Désolé !
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demandé Philippe.
-Isabelle c'est fait draguer par le serveur du resto chinois qui n'est pas loin de la mairie.
-Bon bah finalement c'est moi qui choisis le restaurant et se sera Italien ! Déclara Philippe.

Le lendemain, Philippe et Isabelle partirent à l'aéroport à 10 heures.
"-Dire que dans quelques heures on sera sous les cocotier, pénard ! Dit

Philippe en prenant Isabelle par la taille.
-Ouais ! J'ai hâte ! dit-elle en l'embrassant
- Les passagers en direction de l'île de la réunion sont priés de se rendre porte 7. Annonça une voix au micro.
-Ah ça c'est pour nous ! "
Ils firent enregistrer leurs bagages et montèrent à bord de l'avion. Durant le vol Isabelle dormit, la tête posée sur l'épaule de Philippe qui lisait.
"-Isa ! Il faut te réveiller ! Lui murmura-t-il à l'oreille.
-Hein ? Que ? Quoi ?
-Faut mettre ta ceinture ! On va atterrir !
-Oh ! Déjà !
-Et oui ! Le temps passe vite quand on dort ! "
Une fois l'avion stoppé ils purent en descendre et allèrent chercher leurs bagages. Après une heure d'attente à regarder le tapis roulant qui amenait les bagages des passagers il n'y avait toujours aucun signe de leur valise.
"-non mais ce n'est pas possible. Qu'est-ce qu'il s'est passé avec nos bagages ? Grogna Philippe.
-Viens on va se renseigner."
Ils s'adressèrent à l'accueil.
"-Bonjour, il y a un petit problème nos bagages ne sont pas arrivé !
-Elles sont au nom de ?
-Isabelle Florent et Philippe Kremen.
-Ah je crois qu'il y a eu un petit problème ! Déclara l'hôtesse d'accueil après avoir regardé sur son ordinateur.
-Lequel ?
-Vos bagages ont été envoyés en Russie.
-Pardon ? C'est pas vrai !! S'énerva Philippe alors que le téléphone d'Isabelle se fit entendre. C'était Nicolas.
-Oui Nico ?
-Alors vous êtes bien arrivé ?
- On peut presque dire ça !
- Pourquoi il y a un problème ?
-On peut dire ça. Nos bagages ont été envoyé en Russie !
-Ah merde ! "






 
Chapitre 8
" un dûr retour à la vie quotidienne " 
 
 
Isabelle ne tarda pas à raccrocher car Philippe commençait à vraiment s'énerver.
-Et on fait comment nous ? Demanda-t-il sur les nerfs.
-La compagnie va tout faire pour que vos bagages reviennent au plus vite.
-Et en attendant ? On se balade à poil ? ironisa-t-il avec toujours la même agressivité.
- Philippe....
- Moi je vous le dit ! Vous êtes tous... tous des incapables, cracha-t-il.
- Philippe ! reprit Isabelle.
-La compagnie va vous dédommager et vous pourrez vous acheter des habits ! précisa la secrétaire.
-Merci mademoiselle ! Dit Isabelle en prenant Philippe par la main.
-Le directeur va vous recevoir.
-Très bien ! sourit-elle en prenant la direction qu'elle lui indiquait.
Lorsqu'ils ressortirent de l'aéroport Philippe était toujours énervé.
-Super le début des vacances ! s'exclama-t-il.
-Oh allez ! Tu ne vas quand même pas gâcher ce qu'il reste!
- Franchement je ne sais pas comment tu fais !
- Je passe simplement à autre chose, dit-elle en le prenant par les épaules.
- Bon alors on va chercher cette voiture ! reprit-il en essayant de paraître de bonne humeur, mais il est vrai qu'avec Isabelle, ils ne pouvaient pas se faire la tête pendant trop longtemps.
Après avoir rempli les papiers concernant la location de la voiture, ils prirent la direction de leur hôtel. Lorsqu'ils y arrivèrent Isabelle n'en cru pas ses yeux.
-T'es sur que c'est ici ?
-Oui c'est bien cet hôtel !
-Bah dis donc ils ne se sont pas foutu de nous Chloé et Nicolas.
En effet, ils avaient réservé dans un hôtel 4 étoiles, devant lequel se trouvait un immense jardin entouré de palmier. Derrière le bâtiment, la mer s'étendait à perte de vue et venait se mêlé avec le ciel à l'horizon.
Sous le charme du lieu, ils s'engagèrent dans l'allée qui menait à la réception, s'y annoncèrent et suivirent la réceptionniste les menés dans leur chambre. Pendant que Philippe faisait le tour des pièces, Isabelle sortit sur la terrasse.
Après avoir terminé son inventaire, Philipe s'approcha doucement d'elle et l'enlaça tendrement.
-Je t'aime... lui glissa-t-il à l'oreille.
Isabelle se retourna pour lui faire face. Elle allait parler mais préféra lui donné une réponse plus concrète. Elle s'approcha tendrement de ses lèvres et l'embrassa.
- C'est magnifique ! s'exclama-t-elle en se blottissant dans les bras de Philippe, une fois le baiser terminé.
Ils restèrent là enlacés pendant plusieurs minutes, seul le déferlement des vagues sur le sable fin venait troubler le silence.

De l'autre côté de la Terre, à Grasse, Nicolas se laissa tomber dans le canapé. En l'entendant revenir, Chloé sortit de sa chambre et vint s'asseoir à côté de lui.
- Tu vas partir quand ? demanda-t-elle.
- Où ? dit-il faisant mine te ne pas comprendre.
- à Lyon !
- Je ne sais pas...
Chloé l'examina.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Maman... je ne sais pas... ça lui plaît peut-être pas trop...
- Ah mais t'en ai toujours là ! Personnellement je trouve qu'elle n'a pas trop mal réagit quand sur mes conseils tu lui as annoncé que ton nouveau travail était à Lyon.
Chloé regarda Nicolas qui ne semblait pas vraiment convaincu.
- Tu sais je pense qu'elle se fait à l'idée que tu grandisses et ne t'inquiète pas si ce n'est pas le cas je suis sûr que Philippe est là pour le lui rappelé, le rassura Chloé.
Nicolas sourit.
- Et d'ailleurs tu l'as déjà fait il y a trois ans, et résultat tu t'es retrouvé avec une s½ur. Alors pourquoi tu te poses toutes ces questions ?
- Mais il y a trois ans j'ai pas du tout réfléchis je suis parti du jour au lendemain sans pensé à elle...
- Et tu as appris qu'elle avait été un peu triste ?
- Oui Pierre me l'a dit quand elle a eu son accident, c'est un peu pour ça que je suis revenu quand tu me l'as demandé.
- Pour moi tu fais ce que tu veux, mais à mon avis ce poste c'est la chance de ta vie. Et Lyon c'est seulement à 400 kilomètres...
- Seulement...
- Hey, c'est dix fois moins que quand tu étais aux Etats-Unis !
Chloé lui donna une tape amicale sur l'épaule. Quoiqu'il décide, elle serait avec lui.

L'île de la Réunion se trouvant sous les tropiques la nuit fut tombée tôt. Fatigués, Isabelle et Philippe décidèrent d'aller faire les courses pour remplacer leurs affaires le lendemain. Ils avaient juste acheté le matériel de toilette.
Actuellement ils dinaient dans le jardin à côté de la piscine. Pendant qu'ils attendaient les plats qu'ils avaient commandés, Philippe prit doucement la main d'Isabelle dans la sienne.
- ça te plaît ?
Elle le regarda tendrement. « Bien sûr que oui ! » avait-elle envie de crier. Premièrement le paysage était magnifique, de plus l'hôtel parfait et le séjour promettait d'être ravissant. Mais ce qui lui plaisait le plus c'est que Philippe soit là, avec elle.
- Tu ne t'imagine pas à quel point !
Philippe s'apprêtait à l'embrasser mais le serveur arriva avec les plats qu'il déposa devant eux. Ils mangèrent leur délicieux met et remontèrent dans leur chambre.
- On va se promener sur la plage ? proposa Isabelle dont le sable fin qu'elle avait vu faisait rêver.
- Mais avec plaisir ! dit Philippe en la prenant par la taille.
Ils marchèrent pendant un moment pied nus sur le sable fin. Trop impressionnés par ce nouveau lieu où ils venaient d'arriver, aucun des deux n'osait parler. Finalement après une bonne demi-heure de marche, Isabelle s'arrêta et s'assit sur un rocher.
- Qu'est-ce qu'on est bien...
Philippe s'assit à côté d'elle.
- Surtout en une si bonne présence...
Il lui caressa tendrement la joue puis l'embrassa.

Le lendemain matin, Isabelle se réveilla blottie entre les bras de Philippe. Ils se levèrent tous les deux, allèrent prendre le petit déjeuner et ensuite partir faire leur course pour remplacer leurs affaires égarées. Ensuite l'après-midi fut réservé à la détente et au farniente sur la plage. En fin d'après-midi, voyant le soleil peu à peu décliner, Isabelle proposa.
- Et si on allait profiter du coucher de soleil sur les hauteurs.
- Alors en voiture, j'ai pas envie de marcher.
- Mais bien sûr ! Tu as vu comme c'est haut.
Sans plus attendre, ils prirent le chemin de l'hôtel et partir pour observer le coucher de soleil.

En France métropolitaine, Nicolas rentra dans l'appartement en fracas.
- Chloé ! cria-t-il. Tu sais pas quoi ?
Chloé sortit de sa chambre en lui faisant signe de se clamer avec les mains.
- Non je ne sais pas, mais apparemment tu as envie que toute la caserne soit au courant !
- J'ai un pote à Lyon qui est d'accord de m'émergé, annonça-t-il plus doucement, sur les conseils de Chloé.
- Super ! s'exclama-t-elle.
- Je vais appeler maman pour le lui dire !
Il composa immédiatement son numéro.

Pendant ce temps, en haut de leur montagne, sur un banc, Isabelle appuyé contre l'épaule de Philippe regardait le soleil descendre peu à peu dans la mer, faisant miroiter sur celle-ci la dernière lumière rougeâtre qu'il lui restait. Une fois que le dernier bout de notre astre solaire eut disparut, la nuit tomba telle un drap de soie noir.
- C'était magnifique ! murmura Isabelle.
Philippe voulut ajouter quelque chose mais la sonnerie du téléphoner d'Isabelle l'en empêcha.
- Si c'est le travail, tu ne réponds pas, ordonna Philippe.
Isabelle regarda le nom qui s'affichait à l'écran.
- C'est Nico ! dit-elle avant de décrocher. Salut mon Nico !
- Coucou, maman ! Je ne te dérange pas ?
- Non, non. On vient d'assister à un magnifique coucher de soleil !
- ça devait être beau...
Nicolas marqua une courte pause.
- Je voulais te dire que j'avais trouvé un copain qui pouvait me prendre en coloc' à Lyon.
Isabelle se rembruni mais fit mine de rien.
- Super..., dit-elle d'une voix faussement détaché. Et alors tu pars quand ?
- Ben demain !
- Ah...déjà...
- Pourquoi tu pensais plus tard ?
- Non...non...
- Bon ben alors je te laisse !
Isabelle raccrocha sans vraiment être présente. Pourquoi partait-il si tôt ? Il était à peine rentré des Etats-Unis que déjà il repartait ! Sachant bien que Philippe allait lui faire la morale, en revenant vers lui, elle préféra ne rien dire !
- Alors ? demanda-t-il.
- Il voulait savoir si on passait de bonnes vacances, mentit-elle.
Philippe ne fut pas dupe, mais il fit mine de l'être. Il ne fallait pas être un grand observateur pour remarquer son changement de comportement durant l'appel.
- Et tu lui as répondu... ? demanda-t-il, faisant mine de rien.
- Evidemment que c'était nul, complètement moche qu'il faisait froid...plaisenta-t-il.
- La vérité, quoi ! railla Philippe en revenant vers la voiture.
Isabelle monta à son tour et Philippe démarra. Enfin, essaya de démarrer. Le moteur ne marchait plus.
- Philippe, arrête ...
Il tourna une troisième fois, la clé.
- Merde ! jura-t-il en tapant sur le volant.
- Calme-toi. C'est pas si grave...
- Mais c'est énervant, déjà les bagages ensuite cette voiture !
- Mais je vois ça plutôt bien, ça veut dire qu'on va passer la nuit ici !
- Quoi de plus romantique qu'une voiture ! s'exclama-t-il. Bon puisqu'on est obligé, soupira-t-elle.
- Dit tout de suite que ça te dérange !
- Mais non c'est pas ce que voulais dire, dit-il en la prenant dans ses bras.
- Ah quand même... articula-t-elle contre son épaule.
Ensuite le silence s'imposa entre eux. Philippe se demandait s'il devait lui demander la raison de l'appel de son fils, mais finalement il se dit qu'elle allait lui faire une théorie sur la confiance. Alors il préféra attendre qu'elle lui en parle d'elle-même, car il savait qu'elle allait le faire.
Isabelle de son côté, se posait plein de question, notamment si ça avait été une bonne chose d'avoir mentit à Philippe. Elle frissonna, une fois le soleil parti le froid de la nuit s'installait rapidement. Philippe le remarqua et prit sa veste, restée sur la banquette arrière et la passa sur les épaules d'Isabelle qui sourit.
- Philippe...Je peux t'avouer quelque chose... ?
A peine ces mots avaient-ils franchi les lèvres d'Isabelle, qu'elle les regretta aussitôt. Mais il était trop tard.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- C'est... en fait... Avant...
Sachant bien de quoi elle voulait parler, Philippe lui vint en aide.
- Nicolas, n'a pas vraiment appelé pour ça, n'est-ce pas ?
- Comment as-tu deviné ? s'étonna Isabelle.
- C'est pour ça qu'on est ensemble, sourit Philippe. Alors quelle est la vraie raison ?
- Il a trouvé un copain chez qui habiter à Lyon...
A peine avait-elle prononcé ces mots, que les larmes lui montèrent aux yeux.
- Et il part...demain.
Termina-t-elle d'une voix empreint d'émotions.
- Et tu as l'impression de te retrouver trois en arrière...
Isabelle haussa les épaules.
- Un peu...
- Sauf que il a trois je n'étais pas vraiment... enfin... maintenant je suis là pour te réconforter.
Isabelle sourit.
- C'est marrant parce que j'étais sûr que si je t'en parlais tu allais me faire la morale.
- Mais t'inquiète c'était la deuxième phase... Alors Isabelle tu sais il faut te faire à l'idée que ton fils grandis et que...
Isabelle éclata de rire.
Philippe sourit. Il avait réussi à lui redonner le sourire et lui faire oublier ce qu'il se passait à plus de 10 000 kilomètre d'eux. Isabelle bailla et appuya sa tête contre le torse de Philippe. Après quelques minutes, malgré l'inconfortabilité, ils finirent par s'endormirent tous les deux.
Le lendemain, ils appelèrent un dépanneur et rentrèrent à l'hôtel. Là-bas, ils apprirent que la compagnie d'aviation avait rapatrié leurs bagages. La fin des vacances se déroula sans encombre et aux bouts de dix jours ils ne voulaient plus rentrer, mais il le fallait bien quand même...

- Tu es prêt ? demanda Chloé à Nicolas, qui avait pu prendre l'après-midi de congé.
- J'arrive, râla-t-il. Il que 13 heures, ils arrivent dans deux heures.
- Mais il y a peut-être des embouteillages.
Nicolas prit les clés de sa voiture sur le buffet et ils descendirent dans la cour.
Effectivement ils furent ralentis sur la route é cause de travaux, ce qui fait qu'ils arrivèrent à 14h30 à l'aéroport de Nice. Ils attendirent une bonne demi-heure et soudain ils virent apparaitre devant eux deux personnes méconnaissables à cause de leur bronzage.
- Eh ben ! s'exclama Chloé. Vous êtes sacrément bronzé ! dit-elle avant d'aller l'embrasser.
- Nico ! s'exclama Isabelle. Tu as pu venir, dit-elle en le prenant dans ses bras.
- Le retour de ma mère est un peu plus important que sur quoi je travail, sourit-il.
Ils s'éloignèrent tous les quatre de l'aéroport, Chloé et Nicolas écoutant tous les périples d'Isabelle et de Philippe. Le voyage était presque trop court pour raconter tous ce qu'ils avaient vécus. Tout y était passé, les bagages égarés, le magnifique hôtel, la panne de voiture, la piqûre de méduse qu'avait reçue Philippe, les dauphins qu'ils avaient vu lors de leur petite croisière... et la liste était encore longue !
Philippe finît de raconter le dernier jour, lorsque Nicolas entra dans la cour de la caserne. A peine, Isabelle et Philippe furent descendu de la voiture qu'ils furent acclamé par une série de chaleureux bonjour. Après avoir rapidement discuté avec les gendarmes qui les avaient accueillis, notamment Rivière et Roussillon. Ils montèrent dans leur appartement.
- Ah ça fait quand même du bien de retrouver son chez-soi ! s'exclama Isabelle en entrant.
- En plus c'est tout bien rangé ! Bravo Chloé, ajouta Philippe.
Chloé sourit, flattée.
- Alors j'ai mis tout le courrier là-bas, informa Chloé en désignant la table de la cuisine.
- Merci ma puce.
- Bon je vais repartir, annonça Nicolas.
- Déjà ? s'étonna Isabelle. Tu ne restes pas dîner ?
- Bon d'accord...
Isabelle sourit.
Elle reprit à l'égard de Philippe.
- Je vais te laissez descendre pour voir ce qu'il s'est passé en notre absence et pendant ce temps je rangerai nos affaires et irai faire quelque course.
Philippe hocha la tête et partit retrouver son équipe.
- Moi, je vais à la piscine avec Audrey, annonça Chloé.
- Bien, alors on reste tous les deux ? demanda Isabelle à Nicolas.
- Ben...pas vraiment. Je dois aller voir quelqu'un...
- Tant pis !
Nicolas et Chloé sortir à leur tour, et Isabelle resta seule. Elle s'assit à la table où Chloé avait laissé le courrier et commença à l'ouvrir. Entre facture et publicité, elle ne trouva rien d'intéressant mis à part une lettre qui lui parue bizarre qui imprimé avec le logo du département de France. Intriguée, Isabelle l'ouvrit et commença à lire. Une fois arrivé à la fin, elle regretta de l'avoir ouverte. Elle relut une deuxième fois mais les mots n'avaient pas changé. Une seule question lui venait à l'esprit en ce moment cruciale : « Pourquoi ? »
En résumé, cette lettre était une sorte de mutation. Le commandant de groupement lui avait trouvé un poste à Lyon avec en prime un nouveau grade de Capitaine...Ou alors elle restait à Grasse mais sa relation avec Philippe devait immédiatement cessée. Ce qui était tout à fait impensable, elle ne pouvait pas le voir chaque matin en essayant de contrôler son désir pour lui. Non, c'était tout à fait impossible ! Mais alors, comment allait-elle faire pour lui dire ça ? Elle était tellement touchée qu'elle se leva, se laissa tomber sur le canapé et laissa couler les larmes sur ses joues. Pendant...pendant... elle ne savait plus, le temps n'avait plus d'importance pour elle.
Nicolas rentra et trouva sa mère, affalé sur le canapé en train de pleurer. Il s'assit à côté d'elle et la prit dans ses bras.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
Entre deux sanglots, Isabelle l'informa qu'elle était mutée à Lyon. Mais sa réaction ne fut pas vraiment celle qu'il attendait.
- Ah Super ! Comme ça...
Il s'arrêta net, il n'avait pas pensé à Philippe.
- Je suis désolé, se reprit-il. Mais tu es sûr que ce n'est pas une erreur. Tu as des super résultats ici...
- Justement, il prétend qu'ici c'est une trop petite ville...
- Tu veux que j'appelle pour toi ?
Isabelle hocha la tête.
Nicolas alla chercher le téléphone, lui demanda le numéro puis le composa et attendit. Mais malheureusement, il n'y avait pas d'erreur, ce qui ne sécha pas les larmes de sa mère, au contraire... Ne sachant plus quoi faire, Nicolas partit lire dans la chambre de Chloé.

Après une heure ou deux, le retour le Philippe la fit sursauter. Rapidement, elle sécha ses larmes et se leva.
Constatant que les valises n'étaient toujours pas rangées, Philippe demanda, étonnée.
- Tu n'as toujours pas rangé ?
- Je fais ce que je peux, cracha sèchement Isabelle.
Philippe plissa les yeux, se demanda pourquoi elle lui répondait pareillement.
- Il y a un problème ?
- Aucun !
Chloé rentra et Nicolas annonça qu'ils pouvaient se mettre à table.
Voyant que son fils avait placé son assiette à côté de celle de Philippe, Isabelle la prit et la plaça en face de lui le plus loin possible. Philippe fit mine de ne pas l'avoir remarqué, mais il était de plus en plus tonné par cette attitude froide envers lui. Durant le diner, Isabelle ne prononça aucun mot. L'atmosphère était tellement tendue autour de la table que Nicolas décida de rentrer à Lyon avant même d'avoir servi le désert et Chloé partit dans sa chambre.
Toujours sans rien dire, Isabelle se leva et débarrassa. Alors qu'elle mettait les assiettes dans le lave-vaisselle, l'enlaça et lui demanda d'une voix mielleuse.
- Alors c'était bon ?
Au lieu de lui répondre, elle se débarrassa gentiment de son étreinte et hocha timidement la tête en signe de réponse.
Sans était trop pour Philippe. Maintenant elle le repoussait.
- J'ai fait quelque chose de mal, Isabelle ?
Isabelle baissa les yeux. Elle savait que c'était le moment de lui dire.
- C'est pas toi...
- Mais alors ce qui ? Parce que tu commences a m'inquiété. Qu'est-ce qu'il se passe ?
Sachant bien qu'elle n'allait pas réussir à lui expliquer sans éclater en sanglot, elle préféra aller chercher la lettre et le laisser comprendre tout seul.
Surpris, Philippe prit la feuille qu'elle lui tendait et commença à lire. Comme elle l'avait fait, il relut deux fois pour être sûr de ne pas rêver. Il avait l'impression que tous ce qu'ils avaient construits ensemble pendant ces six mois s'écroulaient. Il releva les yeux pour les plongés dans ceux d'Isabelle.
- Et qu'est-ce que tu as décidé ?
- Comme je ne peux pas vivre près de toi, sans pouvoir...t'aimer, dit-elle timidement la voix troublée. Je pars à Lyon.
Sachant bien que quelque soit la réponse elle serait terrible, Philippe la prit dans ses bras et la laissa pleurer.
- Je sais déjà que tu vas me manquer chaque jour un peu plus...murmura-t-il tendrement.
- Moi aussi, articula-t-elle entre deux sanglots.
Ils s'embrassèrent longuement. Mais ce baiser avait déjà un désagréable coup d'adieux...

Ensuite ce fut au tour de Chloé de pleuré le départ qui s'annonçait, elle allait devoir quitter toutes ses amies... et vint ensuite l'annonce aux collègues. Mais celui qui reçut le plus grand choc fut Roussillon. Lui qui avait pensé que cette lettre allait les rapprocher, espérant que ce soir Philippe qui parte, n'avait fait que l'éloigner un peu plus. Il se sentait terriblement coupable. A présent il ne savait même plus pourquoi, il avait fait ça. Pour se consoler, il se disait que ce n'était pas que sa lettre qui avait fait prendre cette décision au commandement de groupement Ce qui n'est pas si sûr...
Etant donné qu'Isabelle reprenait l'appartement de fonction du Capitaine qui était parti à la retraite, ils avaient décidé que Nicolas allait habiter avec elle ce qui lui éviterait de payer un loyer.
Une semaine après leur retour de vacance, Chloé, Isabelle et Philippe attendait la voiture de Nicolas dans la cour. Quand le garçon arriva, il chargea les quelques cartons qu'elle avait décidé d'emporter et laissa Isabelle faire ses adieux à Philippe. Elle prit ses mains dans les siennes et l'embrassa une dernière fois.
- Je t'aime, murmura Philippe en la prenant dans ses bras.
Il ne put empêcher une larme de tomber dans le cou d'Isabelle.
- Tu vas me manquer, ajouta-t-il.
Isabelle ne pouvait pas parler à cause de l'émotion. Mais, elle pensait également tout ce qu'il venait de lui dire, et même plus...
Elle laissa Philippe pour que Chloé le salue.
- Au revoir ma puce, murmura-t-il en la prenant dans ces bras.
Elle relâcha son étreinte, ouvrit la portière et monta dans la voiture suivit d'Isabelle qui regarda Philippe encore une dernière fois.
- On s'appelle ! cria Chloé en lui faisant signe de la main.
-Promis ! Répondit Philippe. Prenez soin de vous ! »
Après avoir dit au revoir au Capitaine Nicolas démarra et sortit de la caserne sous les yeux de Philippe qui retenaient les larmes qui lui montaient aux yeux.
Seul l'avenir savait ce qu'il leur réservait...

Tags : Fiction
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#Posté le samedi 30 juillet 2011 04:51

Modifié le jeudi 17 juillet 2014 11:32

Scénario 4 : Meurtre au lycée

 
 
Meurtre au lycée
 

 
Chapitre 1
" Séparation forcée "
 
Isabelle se laissa tomber sur le canapé avec un soupir de soulagement, après avoir monté le dernier carton.
- Plus qu'à tout ranger ! s'exclama Chloé en regardant les cartons entassés.
Isabelle hocha la tête. Pour l'instant elle n'avait qu'une envie, c'était de dormir, mais elle devait encore aller régler quelques détails administratifs à la caserne.
Elle frappa à la porte du Capitaine Rota, celui dont elle venait prendre la relève, et entra lorsque celui-ci le lui en pria.
- Bonjour, mon Capitaine ! salua-t-elle.
Le gendarme avait déjà débarrassé toutes les étagères et il ne restait plus que le bureau et deux chaises.
- Vous avez fait bonne route ? demanda-t-il.
- Oui, mis à part quelques bouchons à l'entrée de Lyon.
- Et l'appartement vous convient ?
- Vous savez, il n'est pas très différent de l'ancien... C'est un appartement de fonction !
Isabelle avait failli dire que celui de Grasse, mais elle savait que si elle ne l'avait pas dit c'était bien parce qu'une partie d'elle-même était restée à Grasse. Cela faisait à peine une heure qu'elle était arrivée, qu'elle se demandait déjà comment elle allait pouvoir continuer. Avant de venir frapper à la porte du Capitaine Rota, lorsqu'elle cherchait quel bureau était le sien, elle avait eu l'impression qu'à un moment ou à un autre, Rivière ou Roussillon lui indiquerait le chemin mais à la place ce fut l'adjudant Mathey qui la renseigna.
Le Capitaine reprit, ce qui fit sortir Isabelle de ses pensées.
- Bon je vais vous laisser...
Isabelle sourit.
- Vous savez ils ne sont pas méchants mes gars, et je suis sûr qu'ils vont très vite vous accepter comme supérieur, la rassura-t-il.
Isabelle le remercia et ils sortirent tous les deux.

Après le dîner, Isabelle n'avait qu'une seule chose en tête : appeler son prince charmant, mais Chloé la devança. Elle attrapa le téléphone avant elle et composa le numéro.
- Chloé rend le moi ! s'exclama-t-elle, en tentant de lui prendre le combiné des mains.
- Non ! C'est d'abord moi qui lui parle parce que sinon je sais très bien que je ne pourrais plus le faire !
Isabelle la laissa faire.
- Coucou Philippe ! piailla la jeune fille.
A l'autre bout du fil, elle entendit bien qu'il était déçu.
- Ne soit pas déçu, je vais te la passer ! dit-elle en faisant mine d'être vexée. Je voulais juste savoir si ça allait bien ?
Question complétement idiote car elle connaissait pertinemment la réponse.
Philippe commençait à s'impatienter, donc Chloé fut obligé de donner le téléphone à Isabelle qui se dépêcha de le mettre à l'oreille.
- Bonjour mon amour, salua Philippe.
A sa voix, Isabelle sentit les larmes lui monter aux yeux, c'est pourquoi elle partit dans sa chambre.
- Philippe... Tu vas bien ?
- Ca pourrait aller mieux...
- Je sais...
Il y eut un silence puis Isabelle se décida à le lui avouer.
- Tu me manques, Philippe... dit-elle en se mordant la lèvre pour empêcher les larmes de couler.
- Moi aussi...
Isabelle percevait aussi l'émotion dans la voix du Capitaine. Un instant, elle se retrouva dans ses bras, puis releva la tête pour embrasser ses lèvres mais ce n'était qu'un rêve...
- Bon raconte-moi comment c'est ? demanda Philippe en ayant gommé toutes émotions dans sa voix pour essayer de se dire que finalement Isabelle était en voyage et qu'elle allait revenir.
Isabelle s'essuya les yeux et commença à lui décrire l'appartement, son bureau, la caserne, les gendarmes,...

Voyant bien qu'Isabelle souhaitait rester seule, Nicolas avait décidé d'emmener Chloé pour lui faire visiter ce qu'il connaissait déjà de Lyon.
Après s'être promenés une bonne demie-heure, ils s'assirent sur un banc au bord du Rhône et restèrent là un moment à contempler les lumières de la ville se refléter dans l'eau. Ce fut Chloé qui rompit le silence la première.
- Je peux te poser une question ?
Nicolas l'interrogea du regard.
- Tu penses qu'il y aurait une sorte de taupe dans la caserne ?
- A peine arrivée que tu te méfies déjà ! s'exclama-t-il en rigolant.
- Mais non ! A Grasse !
Subitement Nicolas reprit son sérieux. Plusieurs fois, il y avait lui aussi songé.
- Tu trouves normal que tout d'un coup alors qu'il le savait depuis longtemps, j'en suis sûr, le commandant de groupement décide de les séparer ?
Nicolas haussa les épaules.
- Je ne sais pas, peut-être qu'il a eu des plaintes ?
- Si les gens râlent c'est parce qu'ils sont jaloux. Mais je trouve dégueulasse de gâcher le bonheur des autres par simple égoïsme. Comment peuvent-ils faire ça ?
Nicolas passa son bras autour des épaules de Chloé, pour lui montrer qu'il était d'accord avec elle. Mais ils ne pouvaient pas faire grand-chose.
- En plus, reprit la jeune fille, Isabelle n'a jamais mélangé sa vie privée et je suis sûr qu'elle a imposé la même chose à Philippe. Bon d'accord, peut-être qu'ils se sont embrassés une ou deux fois dans leur bureau mais il n'y a pas de quoi en faire une montagne !
- Tu sais avant qu'on parte les rumeurs allaient bon train, qu'elles soient vraies ou fausses...
- Mais pourquoi les gens inventeraient des fausses rumeurs ?
- Comme tu l'as dit avant, par jalousie...
- A ton avis, ce sont ces rumeurs qui seraient parvenues aux oreilles du commandant et qui l'aurait fait prendre cette décision ?
Une fois de plus Nicolas haussa les épaules.
- Bon, on ferait bien de rentrer, dit-il en consultant sa montre. Maman va finir par s'inquiéter.
- Qu'est-ce que tu crois ! Je te parie qu'elle est toujours au téléphone avec Philippe et qu'elle n'a même pas vu qu'on était sorti !

Arrivés chez eux, Chloé fut fière car son pari se révéla être juste. Elle ne put s'empêcher de faire semblant de réclamer de l'argent à Nicolas qui haussa les yeux au ciel.
En les entendant revenir, Isabelle sortit de la chambre, le téléphone à l'oreille.
- Vous étiez partis ? s'étonna-t-elle.
Chloé ne put s'empêcher de narguer à nouveau Nicolas.
- Maintenant tu me vouvoies ? Et non je ne suis pas parti, dit Philippe.
- Non je parlais aux enfants, répondit Isabelle. Bon je vais te laisser...
- Alors à demain ! Je t'aime Isabelle...
- Moi aussi mon amour, bonne nuit...
Elle raccrocha sachant que si elle s'attardait trop sur les adieux, elle fondrait en larmes.
- Alors vous étiez où ?
- On s'est promené, répondit Nicolas.
- Il m'a montré où il travaillait, c'est trop beau, un bureau comme à Manhattan !
Isabelle sourit, tristement. A vrai dire, elle pensait toujours à Philippe.
- Bon il est déjà tard, on rangera tout ça demain, déclara Isabelle en regardant les tas de cartons empilés au milieu du salon.
- Et ils sont où mes vêtements ?
- Je crois dans celui-ci, répondit-elle en désignant un carton vert.
Isabelle dit bonne nuit à Chloé et Nicolas, puis elle partit dans sa chambre.

Philippe lui aussi était dans sa chambre, mais à quelques centaines de kilomètres d'elle. Isabelle ne s'en souvenait que trop bien...
Il était étendu sur le lit, dans la pénombre et tentait désespérément de s'endormir, mais l'image d'Isabelle ne voulait pas se défaire de son esprit. Elle lui manquait tellement. Bien que cette fois ci, il savait qu'elle était en sécurité, il avait l'impression de se retrouver il y a environ huit mois lorsqu'elle avait eu son accident. Il sentait ce même vide, comme si une partie de lui-même lui manquait. Il avait beau se mettre dans n'importe quelles positions, il ne trouvait pas le sommeil.
Une seule personne serait venue près de lui, et il se serait endormi, blotti contre elle, mais elle se trouvait à plus de 400 kilomètres ...

Philippe avait fini par s'endormir et s'était fait réveiller à sept heures et demie par son réveil. Il s'habilla rapidement et descendit les escaliers qui menaient à la caserne.
- Bonjour, Marc. Du nouveau ? demanda-t-il, au gendarme de l'accueil.
Celui-ci chercha quelque chose sur son bureau.
- J'ai une enveloppe pour vous, répondit-il en la lui tendant.
Philippe la saisit et l'ouvrit.
Le ministère de police lui annonçait que le remplaçant du Lieutenant Florent prendra ses fonctions dès demain.
- Eh ben, ils n'ont pas perdu de temps ! pensa-t-il tout haut.
- Un problème, Capitaine ? demanda Rivière qui passait derrière lui et qui avait entendu sa réflexion.
- Non, juste une toute petite nouveauté, ironisa-t-il en partant dans son bureau.
Le gendarme de l'accueil le rappela.
- Capitaine !
Philippe revint sur ses pas.
- Quelqu'un signale la disparition de sa fille, déclara-t-il en écartant le téléphone de son oreille.
- Prenez ses coordonnées, on arrive ! Rivière !
L'adjudant ayant compris le message, le rejoignit et attendit que la conversation soit terminée.
Après quelques minutes, le dénommé Marc raccrocha et leur tendit un billet sur lequel était écrit les coordonnées de la femme qui venait d'appeler.

Philippe et Francis montèrent dans la voiture et prirent la direction de l'adresse indiquée. Arrivé devant la maison, ils sonnèrent. Une femme blonde vint leur ouvrirent.
- Madame Lambert ? s'assura Philippe.
- Ah vous êtes là ! s'exclama-t-elle en les laissant entrer.
- Il y a combien de temps que vous n'avez pas vu votre fille, Anaïs, c'est ça ? demanda Rivière.
- Oui Anaïs ma petite fille, sanglota-t-elle. Hier elle devait être au cinéma avec son copain mais elle n'est jamais rentrée...
- Vous avez appelez son copain ? demanda Philippe.
- Oui, mais il ne répond pas. Ça ne m'étonnerait pas que ce soit lui qui l'ait enlevé...
- Vous ne semblez pas le porter dans votre c½ur... remarqua Philippe.
Mme Lambert balaya cette remarque de la main.
- On peut avoir son nom ?
- Mathieu Bovet, voilà son numéro.
Elle griffonna quelques chiffres sur un papier et le tendit au Capitaine.
- Vous avez reçu des menaces ?
La femme secoua la tête.
On entendit la porte s'ouvrir et un homme cria un bonjour à la cantonade. Il s'arrêta net en apercevant les inconnus sur le canapé.
- Alain, ce sont les gendarmes, pour Anaïs. Voici mon mari, présenta Mme Lambert.
- Bonjour monsieur, saluèrent en c½ur les deux gendarmes.
- Bon reprenons, Vous voyez quelqu'un qui pourrait vous en vouloir ? demanda Philippe.
La femme secoua la tête. Philippe se tourna alors vers le mari.
- Vous savez je suis patron d'une grande entreprise alors les ennemis ça ne manque pas. Mais je ne les vois pas enlever ma fille, répondit-il.
- Quel âge a-t-elle ? demanda Philippe.
- Elle va avoir 17 ans dans un mois, sanglota sa mère.
- Bien, pouvons-nous juste jeter un coup d'½il à sa chambre ? demanda Rivière.
- Bien sûr, c'est par ici.
La mère d'Anaïs les conduisit dans le couloir et les amène jusqu'à la porte. Philippe la remercia et il poussa la porte. C'était une chambre d'ado tout à fait ordinaire. Les penderies étaient remplies de vêtements et les placards débordaient de chaussures. Visiblement ce n'était pas une famille pauvre, ce qui était normal puisque comme venait de leur apprendre le père de la jeune fille il était patron d'une grande entreprise. Est-ce une histoire de concurrence ?
La question restait ouverte mais il devait explorer toutes les pistes, à commencer par savoir quand était la dernière fois que ce Mathieu avait vu sa petite amie.

Isabelle salua Chloé et descendit à la caserne. Aujourd'hui elle avait décidé que ce serait une journée rangement, mais le commandant en voulut autrement.
- Bonjour, Lieutenant. Dans deux minutes briefing dans la grande salle.
Isabelle soupira mais le commandant la fusilla du regard.
- Bien mon commandant. A propos de quoi ?
- Vous verrez bien, répondit-il sèchement.
« Eh, ben ! Bonjour l'ambiance ! » pensa-t-elle.
Ne connaissant pas encore très bien les lieux, elle se mit à la recherche de cette grande salle, en regardant dans toutes les pièces.
- Vous cherchez quelque chose ? demanda un grand brun.
- J'aimerais savoir où se trouve la grande salle ?
- Suivez-moi, j'y vais aussi, déclara-t-il.
Isabelle s'exécuta.
- Vous êtes nouvelle... ? ah vous remplacez le Capitaine Rota ?
- Oui, je ne connais pas encore très bien les locaux.
- Venez, on a encore un peu de temps avant que la séance commence, je vais vous faire visiter.
Ensemble ils parcoururent les différents couloirs de cette nouvelle caserne et à la fin de cette visite la gendarmerie de Lyon n'avait plus aucun secret pour Isabelle.
- Au fait je suis le Lieutenant Martin Schwarz. Et vous ?
- Lieut... Capitaine Isabelle Florent, se présenta-t-elle.
- Vous venez de changer de grade ? demanda-t-il ayant remarqué la petite hésitation.
- Non, enfin oui, se reprit-elle. C'est une longue histoire.
- Je pourrai l'entendre une fois ?
- Peut-être, puisqu'il semble qu'on sera amené à travailler ensemble.
Sur ce, ils entrèrent dans la salle où le briefing venait de commencer.

- Roussillon ! appela Philippe, étant revenu de chez les Lambert. Vous pouvez me convoquer ce jeune homme ?
- Qui est-ce ?
- On semble avoir une disparition sur les bras, et ce serait la dernière personne à avoir vu la victime, informa Philippe.
- Ce sera fait !
Philippe partit dans son bureau et s'assit. Ses yeux tombèrent sur la photo d'Isabelle. Il savait que cette nouvelle affaire serait plus difficile à résoudre sans elle. Mais pourquoi avait-elle du partir ? Comme Chloé, Philippe se posait cette question. Pour lui c'était évident, il s'agissait d'une ou de plusieurs plaintes. Déjà que le commandant ne portait pas Isabelle dans son c½ur, il n'avait pas fallu beaucoup pour le faire prendre cette décision.
Il espérait vraiment que le ou les auteurs de la plainte se dénoncent, mais en se rappelant la réaction de la caserne après l'annonce du départ d'Isabelle, il avait déjà oublié ce souhait. Les gendarmes en avaient eu pour le moins rien à faire, mis à part Rivière, Roussillon et Platon. Qui bien sûr, aux yeux de Philippe ne pouvait pas être les « traîtres ».
Ces yeux revinrent sur le dossier qu'il venait d'ouvrir. Pour l'instant, Philippe avait l'air de croire à la thèse de l'enlèvement, mais il restait à définir le mobile.

Isabelle venait d'apprendre qu'elle était en charge de démanteler un réseau de voitures volées. Il y avait à peine 48 heures qu'elle était arrivée qu'on lui confiait déjà une affaire. Elle savait pertinemment qu'il ne chômait pas à la gendarmerie, c'était d'ailleurs pour cela qu'elle avait choisi ce métier.
Elle continua à travailler avec ses nouveaux coéquipiers dont elle venait tout juste de faire la connaissance, mis à part Martin, puis vers 18 heures elle rentra chez elle et commença à préparer le dîner. Chloé ne tarda pas à rentrer, suivit de Nicolas.
A table, Chloé raconta qu'elle s'était fait une nouvelle amie. Mais elle ne dit pas que ses anciennes lui manquaient terriblement. Elle voulait faire semblant que tout allait bien pour ne pas inquiéter Isabelle, qui avait déjà assez à faire comme ça.
Ensuite Isabelle téléphona à Philippe, pendant que Chloé et Nicolas débarrassaient la table. Et plus tard, ils allèrent se coucher.

Le départ d'Isabelle laissa Philippe dans la solitude mais il n'était pas le seul à ressentir un un manque. Il y avait aussi Pierre à qui Isabelle manquait. Maintenant qu'il voyait la conséquence de son acte il avait des remords. Il se demandait même pourquoi il avait agi ainsi et ne se souvenait même plus des raisons qui l'avait poussé à écrire cette fichue lettre qui n'avait fait qu'éloigner encore un peu plus Isabelle.
C'était ces mêmes impulsions qui le poussaient tantôt à vouloir se dénoncer pour que tout redevienne comme avant, tantôt à ne pas le faire de peur d'être considéré comme un lâche. Ce qu'il n'était pas moins à vrai dire !
Pour la deuxième nuit, Pierre tenta de trouver le sommeil, mais sa conscience l'en empêchait.

Aussi bizarre que ça puisse paraître, Isabelle se réveilla de bonne humeur, ce matin-là. On était vendredi et ce soir, elle pourrait enfin revoir Philippe. Toute la journée, elle travailla avec cette seule idée en tête. Et de son côté, Philippe aussi ne l'avait évidemment pas oublié.
Il interrogea Mathieu Bovet, le petit ami de la fille qui semblait avoir été enlevé. Celui-ci prétendit qu'il l'avait quitté au croisement de la rue, un peu avant sa maison. Ils avaient également vérifié les alibis des différents concurrents de M. Lambert. Du côté de l'enquête, ils étaient au point mort ! Mais ce n'était pas ça qui allait l'empêcher de voir Isabelle. Il avait une équipe en qui il avait confiance. En parlant d'équipe, Philippe avait eu l'honneur d'accueillir le Lieutenant Arnaud Jaquet, le remplaçant d'Isabelle.
Il était vingt heures, quand Philippe, épuisé par ces 4 heures de trajet, frappa à la porte. Isabelle se précipita pour ouvrir et lui sauta dans les bras.
- Mon amour ! s'exclama-t-elle, toute heureuse.
- Isabelle, murmura-t-il, en déposant ses lèvres sur les siennes. Tu m'as tellement manqué !
- Et moi alors ? demanda Chloé faussement vexée.
Philippe lâcha Isabelle, pour embrasser la jeune fille.
- Mais toi aussi ! la rassura-t-il en lui ébouriffant amicalement les cheveux.
- Et toi mon grand ? demanda Philippe à l'attention de Nicolas. Ça te plaît ce boulot ?
- J'ai pas à m'en plaindre, sourit Nicolas.
- Bon on passe à table ? demanda Isabelle impatiente.
Ils prirent place et Isabelle servit les assiettes. Durant le repas, elle eut l'impression que tout était redevenu comme avant. Elle avait même l'impression de se retrouver à Grasse. Les discussions allaient bon train, tout le monde avait au moins quelque chose à raconter.
Avant de prendre le dessert, le portable de Nicolas sonna. Il s'excusa et partit dans sa chambre pour répondre. Surpris, avant de décrocher il remarqua que le numéro qui s'affichait à l'écran était celui de Pierre.
- Allô ?
- Nicolas, c'est Pierre. Je dois te parler.
- Je t'écoute.
- Pas au téléphone, il faut que je te vois.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Nicolas inquiet.
- Demain tu peux venir à Grasse ?
- Oui j'ai une réunion demain matin, si je prends la route juste après, je peux être chez toi vers seize heures, et je repartirai dimanche, en début d'après midi.
Mais dit ce qui ne va pas
- Je ne peux pas ! Et surtout tu ne dis pas que c'est moi qui ai appelé.

Laissant ses questions à Nicolas, Pierre raccrocha. « Que lui arrivait-il ? » s'inquiéta Nicolas en raccrochant à son tour. Il revint à table, après s'être calmé.
- Rien de grave ? demanda Isabelle à son fils.
- Non, non s'était juste le boulot, la rassura-t-il.  
 
 
Chapitre 2
" Brèves retrouvailles "
Chapitre écrit par tchoubou1407 

 
Le dîner fini, Chloé et Nicolas débarrassèrent la table et décidèrent de sortir tous les deux.
– On va où ? demanda Chloé
– Je sais pas, je connais un pub dans le centre de Lyon, proche du port, répondit Nicolas.
– Et il s'appelle comment ton pub ? questionna Chloé
– L'Eden Rock Café, je vais regarder sur mon smartphone, je sais qu'ils font des soirées à thèmes.
– Venez avec nous, proposa Chloé à Isabelle et Philippe.
– Non, allez-y tous les deux. Nous on va rester là, répondit Isabelle
– Vous êtes sûr ? insista Chloé.
– Oui oui, nous sommes sûr, assura Philippe qui avait une idée derrière la tête
– Ce soir, le thème c'est « Musique des années 80 ». Ça t'intéresse ? demanda Nicolas.
– Bah oui, allez viens on y va ! On va s'éclater un peu, s'exclama Chloé, toute enjouée.
– Bonne soirée à vous, ne faites pas de bêtises et ne rentrez pas trop tard, précisa Isabelle.
– T'inquiète pas maman, répondit Nicolas, afin de rassurer sa mère.
– Bonne soirée les amoureux ! ajouta Chloé, avant de sortir.

Chloé était très contente de sortir avec Nicolas. Pour elle, elle avait l'impression d'avoir un frère, quelqu'un pour la protéger. Ce qu'elle n'a jamais eu dans sa vie précédente.
Isabelle et Philippe s'étaient assis dans le canapé. Les enfants partis, une soirée romantique... même TRES romantique allait pouvoir commencer... !
– Je t'aime... plus que tout, déclara Philipe.
– Moi aussi... tu m'as tellement manqué toute cette semaine, avoua Isabelle en déposant sa tête sur son torse.
Philippe la prit par les épaules et la regarda droit dans les yeux. Il se rapprocha d'elle, et déposa un tendre baiser sur ses lèvres. Ils s'allongèrent sur le canapé et dégrafa doucement le soutien-gorge d'Isabelle...

Le lendemain matin, il était 8 h 30, quand le réveil de Nicolas sonna. Il s'étira puis s'extirpa difficilement du lit. Ils sont rentrés tard
dans la nuit.
Nicolas avait une réunion très importante pour son travail à 10 heures. Il se prépara puis arriva dans la cuisine pour prendre son petit déj'.
Il fit le moins de bruit possible pour ne pas réveiller le reste de la famille qui dormait paisiblement. Il prit ses affaires et quitta l'appartement.
Une trentaine de minutes plus tard, ce fut au tour de Philippe de faire son apparition dans la cuisine. Il prépara le petit déjeuner, et l'apporta dans la chambre. Isabelle se réveilla doucement en sentant la bonne odeur du café fumant et des croissants frais envahir la pièce. Ce matin, Isabelle était immensément heureuse. Son prince charmant était présent, à ses côtés, et en plus il lui servait le petit déjeuner au lit, tout pour ravir une femme !!
– Bonjour mon amour, salua Philippe. Bien dormi ?
– Merveilleusement bien puisque tu es là, articula Isabelle, la voix encore ensommeillée.
Philippe sourit.
– Tiens, je t'apporte le petit déjeuner, vu qu'en semaine je ne peux pas le faire, je me rattrape le week-end....!
– Mmm.......C'est trop gentil.
– Voici le café de madame et son fameux croissant.
– Merci.

Elle profitait de cet agréable moment car elle savait très bien que pendant 15 jours, elle devrait se passer de cette délicate attention. Voilà une des raisons pour laquelle Isabelle n'aimait pas être séparée de Philippe et ce n'était de loin pas la seule...
– Que veux-tu faire ce matin ? demanda Philippe, en savourant ce petit déjeuner en amoureux.
– On pourrait aller faire un tour sur les quais et faire deux ou trois achats sur le marché pour le repas de ce midi, proposa Isabelle.
– Oui bonne idée, en plus je n'ai jamais le temps d'aller au marché à Grasse, il faut que je vienne à Lyon pour y aller....
– Aujourd'hui, on va prendre tout notre temps.
– Ok alors on se prépare et on y va !

Quelques minutes plus tard, Isabelle entrouvrit la porte de la chambre de Chloé et vit qu'elle dormait paisiblement. Elle referma la porte, prit un bout de papier et griffonna quelques mots et qu'elle laissa en évidence, sur la table.
Isabelle et Philippe sortirent de l'appartement, dans le couloir de la caserne, ils rencontrèrent le lieutenant Martin Schwarz.
– Ah bonjour lieutenant, salua Isabelle
– Bonjour capitaine, répondit le lieutenant
– Je vous présente mon compagnon, Philippe
– Bonjour et bienvenue dans la caserne, ajouta le lieutenant.
– Merci, répondit Philippe.
– J'espère que vous vous sentirez aussi bien ici qu'à Grasse
– Philippe ne va malheureusement pas avoir le temps de s'acclimater à Lyon. Il est en déplacement toute les semaines donc il ne viendra ici que tous les 15 jours....précisa Isabelle
– Alors au plaisir de vous revoir dans nos murs
– Merci beaucoup, répondit Philippe
– Bon on vous laisse lieutenant, on va aller faire un tour sur les quais, je passerai vous voir dans l'après midi
– D'accord, bonne promenade
– Merci, répondit en c½ur Isabelle et Philippe
Ils quittèrent la caserne et se dirigèrent vers les quais qui n'étaient pas loin de la gendarmerie.

A la caserne de Grasse, un homme d'une quarantaine d'années arriva à l'accueil de la gendarmerie.
– Bonjour, je peux vous aider ? demanda Marc
– Oui, je suis le lieutenant Marchal, le remplaçant du lieutenant Florent
– Ah oui le capitaine m'a parlé de votre arrivée
Marc indiqua au lieutenant le grand bureau, le lieutenant Marchal y entra et fit les présentations avec Rivière et Roussillon, puis Platon qui arriva quelques secondes plus tard. Le lieutenant Marchal ne prendrait ses fonctions que dans 2 jours. Cela lui laissait le temps de s'installer dans son nouvel appartement.
Roussillon, Rivière et Platon cherchaient toutes les pistes pour retrouver Anaïs avant qu'il ne soit trop tard, si ce n'était pas déjà le cas...
– Il nous faudrait le nom de ses copines, dit Platon.
– A cet âge de l'adolescence, les filles discutent beaucoup entre elle... précisa Roussillon
– Et bah je vais appeler sa mère, elle doit bien connaître le nom de certaines copines d'Anaïs, déclara Rivière.
Rivière composa le numéro de monsieur et madame Lambert, il patienta quelques secondes puis une voix féminine lui répondit. Rivière expliqua à madame Lambert qu'ils avaient besoin d'une liste avec le nom des copines d'Anaïs, afin de les interroger et sûrement apprendre davantage de choses sur Anaïs.
La mère d'Anaïs s'exécuta et l'apporta à la gendarmerie, dans la matinée. Roussillon et Rivière allaient devoir chercher les adresses de ces demoiselles et les interroger. Grâce aux interrogatoires, les gendarmes espéraient pouvoir mieux cerner la jeune fille.

Chloé se réveilla, puis s'étira. Elle profitait de la fin des vacances pour faire des grasses matinées. Il ne reste plus que deux semaines avant de reprendre le chemin du lycée. Elle ne manquait d'oublié qu'il ne s'agissait plus de celui de Grasse mais bien de celui de Lyon.
Elle se leva et sortit de sa chambre, elle fit le tour des pièces mais elle s'aperçut qu'elle était seule dans l'appartement. Elle prépara son petit déj' et l'avala, installée sur le canapé, devant la télé.
Elle prit son portable et appela Isabelle. Après quelques tonalités, Isabelle décrocha.
– Allo ? répondit Isabelle.
– Oui c'est moi, vous êtes où ? demanda Chloé
– Bonjour ma puce, bien dormi ? demanda Isabelle en faisant mine de ne pas avoir entendu la question de Chloé.
– Oui merci j'ai très bien dormi. Mais vous êtes où ? insista Chloé.
– Nous sommes au marché, quai Saint Antoine. Tu n'as pas vu mon mot ?
Chloé regarda autour d'elle. Effectivement, elle remarqua un bout de papier posé sur la table mais elle n'y avait pas fait attention.
– Et vous rentrez quand ?
– On fait quelques courses et on est de retour, pourquoi tu as un problème ?
– Euh non juste pour savoir.
– Curieuse ! rétorqua Isabelle, en raccrochant.

Isabelle et Philippe allaient de stand en stand, main dans la main, leurs yeux échangeant des regards équivoques dans lesquels il y avait de l'amour, beaucoup d'amour, mais aussi de la joie de passer du temps ensemble, de l'admiration l'un pour l'autre, mais si l'on cherchait bien, au fond de ce regard, tout au fond, il y avait une certaine tristesse. Ils savaient pertinemment, qu'ils allaient devoir se quitter dans un peu plus de 24 heures et qu'une fois de plus, cet adieu serait déchirant à l'idée de ne pas se voir pendant une quinzaine de jours.

Chloé alla prendre sa douche, puis elle entreprit de ranger quelques cartons. Elle cherchait le carton avec l'ordinateur portable et la clé 3g afin de se connecter à internet. Cela faisait plus de 24 heures, que Chloé ne s'était pas connectée à internet, un record ! Elle trouva son bonheur dans le carton que Nicolas avait déposé près de la fenêtre. Elle s'installa sur son lit et commença à discuter avec deux de ses copines.
La réunion de Nicolas prit fin aux alentours de midi. Il rentra à la caserne, salua Chloé, et alla aussitôt dans sa chambre. Il prépara un sac avec quelques affaires et repassa voir Chloé dans sa chambre
– Chloé, je vais en week-end chez un copain, informa Nicolas.
– Ah bon ? s'étonna Chloé. Et tu as prévenu Isabelle ?
- Je te laisse le faire. Je rentre demain soir, répondit Nicolas en s'apprêtant à refermer la porte, avant que Chloé ne se pose trop de questions.
– Euh...oui, mais...le retint Chloé.
– Bon allez, bon week-end, à demain, dit Nicolas en coupant la parole à Chloé
– Merci, à toi...
Chloé n'eut pas le temps de finir sa phrase que Nicolas était déjà parti.

Sur le marché, Philippe parlait de l'enquête qu'il devait résoudre à Isabelle. Il lui expliquait qu'Anaïs, une adolescente de 17 ans avait disparu, et qu'ils n'avaient aucune piste.
– Tu sais, dans ce genre de situation il faut évidemment interroger la famille, mais aussi, et surtout les amis. Les adolescents d'aujourd'hui passent tellement de temps à discuter avec leurs amis, devant leurs ordinateurs ou le portable accroché à l'oreille, que bien souvent les amis savent plus de choses que les parents, expliqua Isabelle.
– On a interrogé son petit ami mais il ne sait pas grand-chose, il nous a dit qu'il l'avait quitté au croisement de la rue, un peu avant sa maison, mais cela ne fait pas de lui un coupable, ajouta Philippe.
– Non évidemment, répondit Isabelle.
– Son père est patron d'une entreprise, ce n'est donc pas les ennemis qui manque, mais on ne peut pas suspecter tout le monde. Rivière et Roussillon ont vérifié les alibis des quelques personnes qui auraient proféré des menaces envers monsieur Lambert mais leurs alibis ont été confirmés, continua Philippe
– Vous avez visité la chambre d'Anaïs ? demanda Isabelle. Connaître l'environnement de la pièce où une adolescente passe la plupart de son temps, permet de rentrer un peu dans son univers et parfois de comprendre certaines choses...
– Oui on a visité sa chambre mais c'est une chambre d'ado assez ordinaire, avec beaucoup de vêtements et de chaussures mais c'est le passe-temps des filles donc rien d'étrange..., déclara Philippe.
– Et en fouillant la chambre, vous n'êtes pas tombé sur le journal intime d'Anaïs ? demanda Isabelle.
Philippe s'arrêta net. Il trouva l'idée d'Isabelle brillante. Bien souvent les jeunes filles se confient à leurs journaux intimes, sans retenue.
Philippe appela la caserne à Grasse. Le téléphone sonna à l'accueil, Marc répondit puis transmit l'appel à Rivière. Dans le grand bureau, le téléphone de Rivière sonna. Il décrocha.
– Allo, Rivière ?
– Oui mon capitaine
– Vous en êtes où ?
– Madame Lambert nous a transmis une liste avec les noms et prénoms des amis d'Anaïs, nous sommes en train de chercher leurs adresses afin de les interroger.
– D'accord, très bien. Il faudrait également retourner chez les Lambert et chercher dans la chambre le journal intime d'Anaïs, si elle en a un, ou demander à la mère, peut-être qu'elle sait où le trouver.
– D'accord mon capitaine
– Tenez-moi au courant
– Oui mon capitaine
Philippe et Rivière raccrochèrent chacun de leur côté et revinrent à leurs occupations

Après l'appel passé à Rivière, Philippe et Isabelle rentrèrent à la caserne. Arrivés à l'appartement, ils posèrent les sacs de courses et commencèrent à ranger. Chloé arriva dans la cuisine.
– Ah ! Mais vous voilà ! Vous en avez mis du temps, lança Chloé
– Tu t'ennuyais sans nous ? plaisanta Philippe.
– Euh... Un peu... enfin, jusqu'a que je trouve l'ordinateur, rectifia-t-elle.
– Ah l'ordinateur... soupira Isabelle. Tu ne sais plus rien faire d'autre !
– Maintenant tu peux mettre la table Chloé, proposa Philippe.
Pendant que Chloé mettait la table, Philippe et Isabelle préparèrent le repas. Ils se mirent tous les trois à table et mangèrent tout en discutant de choses et d'autres.
– Ah, au fait ! Nicolas m'a dit de te dire qu'il passait le week-end chez un copain et qu'il rentrerait demain soir, déclara Chloé.
– Ah bon ? Mais il ne m'en a pas parlé ? s'étonna Isabelle.
– Je crois qu'il a organisé ça ce matin donc voilà pourquoi il ne t'a rien dit, précisa Chloé, pour rassurer Isabelle.

Ils finirent de manger puis débarrassèrent la table. Isabelle devait allait voir l'avancement de l'enquête. Elle déposa un doux baiser sur les lèvres de Philippe, et embrassa Chloé sur la joue, puis quitta à contre c½ur l'appartement. Elle descendit les escaliers, et passa devant l'accueil. En la voyant arriver, le gendarme qui s'y trouvait lui donna son courrier. Tout en faisant défiler les différentes lettres qu'elle avait reçues, elle se dirigea vers le bureau du Lieutenant Schwarz.
– Alors lieutenant, ça avance ? demanda Isabelle, en entrant.
– Oui, justement si on pouvait faire un débriefing dans la grande salle... ça permettrait à tout le monde de suivre les avancées de l'enquête.
– Oui très bien, dans 5 minutes dans la grande salle, vous informez les autres.
– A vos ordres capitaine.
Isabelle alla dans son bureau et ouvrit son courrier. Il y en avait beaucoup. Elle se rendit compte à quel point, être passée capitaine de gendarmerie, lui donnait de nouvelles responsabilités. Elle avait plus de 100 hommes sous ses ordres, encore plus de paperasse à remplir, mais une seule chose lui manquait terriblement.... c'était le terrain et c'était une des raisons parmi bien d'autres notamment l'éloignement avec Philippe pour laquelle, elle regrettait d'être à Lyon.
Elle se rendit dans la grande salle où tout le monde l'attendait. Les hommes d'Isabelle avaient du nouveau sur l'enquête concernant le réseau de voitures volées.
– Bon alors, vous en êtes où ? demanda Isabelle.
– Voici la carte de Lyon et sa région, on a répertorié tous les lieux où les vols de voitures ont été commis depuis ces 3 dernières semaines. On obtient un rayon de 30 kilomètres, expliqua l'adjudant-chef Leroy.
– Ce qui pourrait nous laisser supposer que le ou les voleurs habitent surement dans ce périmètre et qu'ils repèrent les voitures avant de passer à l'acte, ajouta le lieutenant Schwarz.
– Qu'est-ce qui vous fait dire qu'ils repèrent les voitures ? questionna Isabelle.
– Les modèles de voitures, pas forcément les mêmes marques, mais la même capacité : grosse berline, Audi, Mercedes, BMW, affirma l'adjudant-chef Leroy.
– Mais pourtant ce genre de voitures sont équipées contre les vols ? demanda Isabelle
– Exact, mais ça ne les arrête pas, répondit le lieutenant Schwarz.
– Pour désactiver l'alarme et ouvrir la voiture sans l'abimer, il faut avoir du matériel spécialisé ? s'assura Isabelle.
– Oui, les concessionnaires automobiles ont un genre de console qui permet de gérer l'électronique de la voiture tout en restant à l'extérieur. C'est le seul moyen pour ouvrir la voiture sans la détériorer, expliqua le lieutenant Schwarz.
– Donc forcément quelqu'un qui s'y connait très bien, conclut Isabelle
– Oui et en cherchant des affaires similaires sur les dernières années, il y a un homme qui pourrait correspondre. Il s'appelle Sébastien Mercier. Il a déjà fait de la prison pour vols de voitures, trafic de plaques d'immatriculation,... Il a prislq 2 ans ferme, et cerise sur le gâteau il est sorti de prison il y a 6 mois.
Un fort soupçon de trafic automobile avec les pays de l'Est pèse sur lui. Mais il n'a jamais balancer la moindre info, ajouta l'adjudant-chef.
– Deux ans c'est tout ? s'étonna Isabelle.
– Justement il a peut-être été libéré pour pouvoir mieux le surveiller et le prendre la main dans le sac...suggéra le Lieutenant.
– Oui c'est possible, je vais appeler le procureur pour en savoir un peu plus. Vous avez fait de l'excellent travail messieurs, félicita Isabelle.

Chloé regardait la télé dans le salon, Philippe arriva près d'elle. Il lui demanda ce qu'elle voulait faire pour l'après-midi. Chloé était indécise. Alors Philippe regarda sur internet les sorties à faire sur Lyon et lui en proposa quelques-unes.
– On peut aller faire un tour dans le quartier de la Soie ou le quartier de la Renaissance, voir les murs peints....ou visiter le musée d'Art contemporain
– Il y a des magasins au moins dans les quartiers que tu m'as dit ?
– Sûrement...répondit Philippe, très enchanté...
– Ok ! Alors on y va, s'exclama Chloé, avec comme toujours l'envie de faire les magasins
Ils quittèrent la caserne

Isabelle avait appelé le procureur pour obtenir le dossier de Sébastien Mercier. Elle avait rendez-vous une heure plus tard au tribunal pour le récupérer. L'Adjudant-chef informa Isabelle qu'ils avaient en leur possession la vidéo d'une caméra qui avait filmé un des vols de voitures dans une rue au nord de Lyon. Le technicien d'investigation criminelle avait zoomer le visage du voleur. Malgré que la photo soit floue, ils pourraient tout de même s'en servir comme preuve lorsqu'ils l'auraient arrêté, si c'était bien lui dessus.

Chloé et Philippe se promenaient dans les rues du quartier de la Soie. Il faisait très beau. Chloé en profitait pour faire quelques magasins mais pour l'instant, elle n'avait rien trouvé à son goût.
- Philippe ? Je peux te poser une question ? demanda-t-elle, en prenant un T-Shirt.
- Oui ?
- Tu ne trouves pas bizarre la mutation d'Isabelle ?
- Par contre je me serais passé de celle-ci..., soupira Philippe.
- Mais c'est vrai, tu ne trouves pas ça surprenant qu'elle soit mutée, du jour au lendemain, à plus de 400 bornes, alors qu'elle avait de bons résultats à Grasse ?
- Tu sais, Chloé, la coupa-t-il. Il y a des décisions qu'il faut juste exécuter et pas poser trop de questions, sinon ça amène que des problèmes. Tu fais et tu te tais. La mutation d'Isabelle à Lyon en fait partie.
– C'est trop nul, elle devrait recevoir une médaille pour toute sa carrière dans la gendarmerie et puis de la reconnaissance aussi et au lieu de ça, elle est mutée loin de sa famille....
Chloé reposa le T-Shirt, déçue par la réponse de Philippe. Elle l'avait cru plus battant.

Nicolas roulait sur l'autoroute du Sud et s'approchait toujours plus de Grasse. La conversation téléphonique qu'il avait eu avec Pierre, le soir passé, le troublait.
Qu'est-ce que son ami avait de si important à lui dire au point de le supplier de faire plus de 400 kilomètres ?
Connaissant bien Pierre, cela devait vraiment être important. Et ça ne rassurait pas du tout le garçon.
Les heures passèrent et Nicolas arriva à la caserne de Grasse. Il alla directement voir si Pierre était dans son bureau mais il ne s'y trouvait pas, il retourna à l'accueil et demanda à Marc, le gendarme de l'accueil s'il y avait un mot pour lui. Le gendarme de l'accueil lui répondit qu'il n'y avait pas de mot pour lui, par contre il avait un message à lui transmettre.
– Pierre m'a dit de te dire qu'il est parti en intervention, mais voici les clés de son appartement et tu fais comme chez toi.
– Ah merci pour le message, répondit Nicolas, en saisissant les clés.
Il prit sa valise dans la voiture et alla chez Pierre, ça lui faisait bizarre de revenir ici.

Isabelle arriva devant le tribunal. Elle attendit son tour. Après quelques minutes, le procureur sortit de son bureau et l'invita à y entrer.
Isabelle ne connaissait pas le procureur, c'était la première fois qu'elle le voyait et comme ses rapports avec les différents procureurs qu'elle avait connus les années précédentes, n'étaient pas des meilleurs, elle espérait que pour une fois tout se passerait pour le mieux.
– Ce rendez-vous est très bien puisqu'il nous permet de nous rencontrer. Alors comment se passe votre nouvelle affectation Capitaine Florent?
– Très bien merci.
– Je suis sûr que vous allez vous plaire ici.
– Je n'en doute pas.
– La gendarmerie de Lyon a de très bons résultats, faites en sorte que ça continue.
– Je ferai tout mon possible, monsieur le procureur, le rassura Isabelle.
– J'en suis sûr. Bon voilà le dossier que vous vouliez.
Elle le remercia et prit le classeur qu'il lui tendait.
– Dites-moi... Ce Sébastien Mercier, il serait impliqué dans les vols de voitures ?
– C'est possible, de fortes présomptions pèse sur lui.
– Alors résolvez cette enquête au plus vite, il faut impérativement que ces vols cessent.
– J'ai mis toute mon équipe sur le coup ! assura-t-elle.
– Très bien, veuillez m'excusez mais j'ai un autre rendez-vous, si vous avez un problème appelez-moi.
– Merci, au revoir, monsieur le procureur ! salua-t-elle.
Isabelle quitta le tribunal et rentra à la caserne. Dans la cour de la caserne, elle croisa Chloé et Philippe qui rentraient de leur promenade en ville.
– Ah vous êtes là ! Vous avez passé un bon après-midi, demanda Isabelle.
– Oui ça va, on s'est promener vers le quartier de la Soie et Chloé a fait quelques magasins, répondit Philippe.
– D'accord, je rentre bientôt mon chéri, dit-elle avant de l'embrasser.

À Grasse, Pierre rentra enfin de son intervention, il franchit la porte de son appartement et vit Nicolas qui regardait la télévision.
– Ah tu es là mon poussin !
– Pierre je ne suis plus ton poussin depuis longtemps, franchement tu as déjà vu un poussin de 22 ans ? rétorqua Nicolas, faussement vexé.
– Non c'est vrai..., accorda-t-il, en souriant.
– Bon alors qu'est-ce que tu avais à me dire de si urgent ? demanda Nicolas, un peu inquiet
– Ah ! Euh je ne sais pas comment te le dire... répondit Pierre, embarrassé.
A vrai dire maintenant, il ne savait plus trop pourquoi il l'avait appelé. « Comment ses collègue allaient-ils réagir quand ils sauront la vérité sur le départ d'Isabelle ? » Cette question lui revenait sans cesse en tête depuis une semaine. Mais à présent il était trop tard, il avait fait un premier pas en appelant Nicolas, il fallait maintenant qu'il en fasse un second en lui disant la vérité. Le plus dur restait à venir.
– Bah vas-y ! s'impatienta Nicolas.
– J'ai fait une grosse erreur, commença-t-il. Je sais déjà que tout le monde va m'en vouloir, et je suis vraiment désolé...
– Pierre ?! s'énerva Nicolas Il y a un moment où il faut se lancer...
Roussillon baissa les yeux.
- C'est moi qui... 
 
 
Chapitre 3
" La vérité n'est pas toujours bonne à entendre "
 
 
Roussillon baissa les yeux. Comment allait-il lui dire ça ? Il sentait le regard intensif de Nicolas qui se posait sur lui. Il était évident que le jeune homme voulait savoir pourquoi il lui avait demandé de parcourir plus de 400 kilomètres...
Pierre inspira profondément.
- Tout est de ma faute...bredouilla-t-il.
Nicolas ouvrit de grands yeux.
- Je ne suis pas sûr de tout comprendre...
- C'est à cause de moi si Isabelle a été mutée à Lyon, avoua-t-il, plus clairement.
Nicolas le regarda étonné.
- Pourquoi tu dis ça ?
Pierre se leva, énervé.
- Mais tu ne comprends pas, j'ai tout fait foirer ! Elle va jamais me le pardonner ! dit-il en donnant un coup de pied dans sa chaise, ce qui la fit tomber. Nicolas se leva, pour le raisonner.
- Calme-toi...dit-il en relevant la chaise et le faisait s'y asseoir. Non, effectivement je ne comprends pas, explique-moi. Qui est-ce qui te pardonnera jamais quoi ? Ma mère ? supposa Nicolas.
Roussillon regarda le jeune homme. Comment avait-il pu se mettre dans une situation pareille ? Après tout, s'il avait fait venir Nicolas, c'est qu'il espérait qu'il se confie à sa mère et que peut-être la pilule passerait mieux. Donc autant tout lui dire.
- Tu sais que j'aime ta mère...
Nicolas hocha la tête. Il redoutait ce qu'il allait entendre.
- Quand le Capitaine est arrivé, j'étais très jaloux, reprit Pierre. Mais ça tu le sais déjà... Alors, quand ils se sont mis ensemble, j'ai eu de la peine à le supporter. J'ai essayé de l'oublier mais je n'y parvenais pas, elle hantait tous mes rêves... Une fois que l'annonce de leur relation se fut tarie, j'ai entendu beaucoup de rumeur dans la caserne qui disait du mal d'eux... C'est là, que j'ai eu l'idée...que j'ai écrit une lettre au commandant de groupement...
Nicolas regarda son ami. Il avait l'air sincèrement désolé. Il n'avait jamais pensé qu'il aimait autant sa mère...
- Je pensais que le Commandant allait éloigner le Capitaine pas l'inverse, se désola-t-il.
- Et maintenant je suis censé faire quoi ? demanda le jeune garçon, un peu perdu.
Il ne voyait pas vraiment pourquoi Pierre se confiait à lui en particulier, il aurait très bien pu se livrer à Rivière ou Platon.
- Je pensais que tu pourrais peut-être le dire à ta mère... Elle le prendrait peut-être mieux que si c'est moi qui le lui annonce, et surtout je ne m'en sens pas la force, avoua-t-il, dépité.
Nicolas hocha la tête, en signe de compassion. Il n'avait jamais vu Pierre dans cet état.
- Allez mon vieux ! Tu t'en remettras ! le réconforta-t-il, en lui donnant une frappe amicale sur l'épaule.
Nicolas essayait de faire comme si tout allait bien, mais il savait pertinemment que ce qu'avait fait son ami était grave.

Isabelle était dans son bureau. Quelqu'un frappa à la porte.
- On a eu Sébastien Mercier ! annonça triomphalement le Lieutenant Schwarz.
- Bien joué ! félicita Isabelle. Je viens avec vous pour l'interrogatoire.
- Je ne vais pas refuser votre compagnie, sourit-il.
- Exactement, puisque c'était un ordre.
Ils partirent tous les deux dans l'autre bureau pour interroger le suspect.
Isabelle s'assit en face de lui tandis que le Lieutenant se plaça près de la porte.
- Vous devez certainement connaître la raison de votre présence dans nos locaux, M. Mercier, commença Isabelle.
L'homme haussa les épaules, l'air nonchalant.
- Vraiment ? reprit le Lieutenant en s'approchant de lui. Vous n'en avez aucune idée ? Vous avez vraiment la mémoire courte...
- Rappelez-vous, poursuivit Isabelle. Le 28 mars, ça ne doit pas être trop loin dans vos souvenirs...
Isabelle jeta un coup d'½il au suspect qui ne daignait toujours pas ouvrir la bouche.
- Il n'y a pas que le 28 mars, continua Schwarz. Ma collègue se fera un plaisir de vous rafraîchir la mémoire !
Isabelle regarda les feuilles sur son bureau. Toutes les dates des vols de voitures y étaient inscrites. Elle commença à lire.
- 31 mars, 2 avril, 4 avril, 5 avril... Et je pourrais continuer la liste pendant un moment.
Sébastien Mercier ne leva même pas les yeux pour répondre. Il avait souvent été arrêté pour différent délits et il avait appris que la loi du silence jouait souvent en sa faveur. Donc il ne lâcherait rien. Il attendrait tranquillement la venue de son avocat, puis seulement ensuite, il aviserait.
- Alors t'étais où à toutes ces dates que ma collègue vient d'énumérer ?
- Comment voulez-vous que je vous réponde, je ne sais même pas de quoi vous parlez, protesta M. Mercier.
À peine avait-il prononcé ces mots qu'il regretta d'avoir ouvert la bouche.
- Tu te paies notre tête ! s'exclama Schwarz. Des vols de voitures... ! Alors tu t'es fait beaucoup de fric, raconte-nous !
Mercier savait que cette fois-ci, il ne fallait pas répondre.
- Vous savez monsieur, reprit Isabelle, on a tout l'après-midi et même la nuit. Donc on ne va pas vous lâcher de si tôt !
C'était sa dernière chance : soit il coopérait, soit elle le mettait en cellule pour le faire un peu réfléchir.
À nouveau, le suspect resta muet.
- Bon, et bien, on va vous offrir un petit séjour en cellule, ça vous décidera peut-être à ouvrir la bouche, déclara-t-elle en faisant signe au Lieutenant de l'y conduire.
Quelques minutes plus tard, Martin Schwarz revint vers Isabelle.
- Pourquoi l'avez-vous emmené en cellule ! reprocha le gendarme. Il aurait fini par parler.
- Vous croyez ?
- Mais bien sûr ! Il joue aux durs !
- Si on veut pouvoir l'inculper, il faudrait avoir quelques preuves supplémentaires, car je vous rappelle que nous avons uniquement un immense faisceau de présomptions, rectifia Isabelle.
Le Lieutenant n'ajouta rien, il savait bien qu'elle avait raison.
La sonnerie du téléphone posé sur le bureau retentit. Isabelle décrocha.
- Capitaine ? Pouvez-vous venir ? demanda l'Adjudant-chef Leroy à l'autre bout du fil.
- On arrive, répondit-elle.
Schwarz comprit qu'il fallait la suivre. Ils partirent donc tous les deux dans la salle de briefing. En poussant la porte, Isabelle remarqua rapidement la photo de Mercier, projetée sur le grand écran.
- Je l'ai votre preuve ! s'exclama fièrement l'Adjudant-chef.
Isabelle l'interrogea du regard.
- Avec Luc, nous avons réussis à rendre nette la vidéo de la caméra de surveillance qui a filmé le vol du 7 avril, expliqua-t-il.
- Et il s'agit bien de Mercier, termina Isabelle.
Les deux officiers hochèrent la tête.
- Mais ça ne prouve pas tout, interrompit le Lieutenant. Il a volé celle-ci, mais comment s'assurer que c'est lui qui a commis toutes les autres effractions ?
- C'est vrai, admit Isabelle. Mais grâce à cette photo, nous pourrons essayer de l'intimider pour tenter de faire parler notre muet.
Schwarz hocha la tête. Isabelle prit la photo que lui tendait le gendarme et la glissa dans le dossier, puis ils sortirent tous de la salle.
- On reprendra l'interrogatoire après la pause déjeuner, décida Isabelle arrivée en bas des escaliers.
- Bon appétit, Capitaine ! souhaita le Lieutenant en se dirigeant vers la sortie.

Isabelle gravit les escaliers et ouvrit la porte de son appartement. Elle y trouva Philippe et Chloé affairés à préparer le déjeuner.
- Bonjour ! clama-t-elle en s'approchant de Philippe pour l'embrasser.
- Ça va, ma puce ? demanda-t-elle à Chloé en l'embrassant à son tour.
La jeune fille acquiesça.
- Regarde ce qu'on a préparé de beau ! sourit-t-elle en montrant du menton les casseroles fumantes.
- Et oui, ça a l'air bon tout ça !
Chloé termina de mettre la table et Philippe apporta les casseroles, une fois qu'Isabelle et Chloé furent assises.
- Tu vas y retourner cet après-midi ? demanda Philippe.
Isabelle le regarda, navrée.
- Je suis désolée, mon chéri... Mais l'enquête touche à sa fin je veux être là pour la boucler.
Philippe retint un soupir. Il avait pensé qu'en venant à Lyon, il pourrait passer du temps sans penser au boulot, mais visiblement il s'était trompé...
- Tu m'en veux ? demanda-t-elle, inquiète.
- Mais non ! sourit-il.
Comment pouvait-il lui en vouloir ! Ça lui était tout simplement impossible.
- Je sais bien que les criminels n'attendent pas, ajouta-t-il.
Le déjeuner se termina et vers 13h30 Isabelle repartit au bureau, après avoir promis à Philippe de ne pas rentrer trop tard. Pour cela il fallait faire avouer M. Mercier, et vite !

- Capitaine ! cria Leroy.
Isabelle se retourna et l'adjudant s'approcha d'elle.
- J'ai réussi à craquer le code de l'ordinateur de Mercier, dit-il.
- Et qu'est-ce que vous avez trouvé ?
- Il a photographié toutes les voitures qu'il a volé, certainement pour les envoyer aux acheteurs potentiels.
- Bien joué ! Cette fois on le tient ! s'exclama-t-elle. Vous m'en imprimez quelques unes, histoire de lui rafraichir la mémoire.
- Tout de suite, répondit-il en se dirigeant vers le laboratoire.
Isabelle prit la direction de la salle d'interrogatoire. Elle trouva le Lieutenant devant la porte de la salle d'interrogatoire, qui entra dans la pièce dès qu'il l'aperçut. Isabelle le suivit et prit à nouveau place en face de Mercier. Elle ouvrit le dossier et posa les captures de la vidéo de surveillance sur la table, sous les yeux du coupable.
- Maintenant, M. Mercier, vous ne pouvez plus vous taire. Mes collègues ont récupéré ces images d'une caméra près de la banque qui a filmé le vol du 7 avril, exposa-t-elle.
- Alors, il s'agit bien de vous ! intervint le Lieutenant Schwarz. Vous avez une explication, peut-être ?
Mercier dut se rendre à l'évidence, mais il ne s'avéra tout de même pas battu.
Quelqu'un frappa à la porte, et l'adjudant Leroy tendit les photos à Isabelle qui se leva pour les prendre.
- Bien sûr, vous pourrez toujours dire que vous n'avez volé que celle-ci et prendre au maximum trois mois mais que dites-vous de ceci ! cracha Isabelle en lançant le paquet de photos que l'Adjudant-chef Leroy avait trouvé dans l'ordinateur du suspect.
- Ah ! Tu fais moins le malin, maintenant ! ricana Schwarz.
- Vous savez M. Mercier, avec les preuves que nous avons trouvées, je n'ai pas besoin de vos aveux pour vous envoyer devant la cour.
Isabelle attendit quelques instant, mais constatant qu'il n'allait pas revenir sur son sort, elle referma le dossier et fit signe au Lieutenant de le faire sortir. À cet instant, Mercier se décida enfin à ouvrir la bouche.
- Oui, c'est moi, soupira-t-il.
Isabelle, qui s'était levée, se rassit immédiatement et rouvrit le dossier.
- Mais encore ? demanda Isabelle.
- Quoi ? Qu'est-ce que vous voulez savoir ?
- Par exemple, où tu as caché les voitures qu'il te reste, répondit Schwarz.
Le coupable baissa les yeux et se tut.
- Vous vous êtes enfin décidé à parler, alors ne vous arrêtez pas en si bon chemin, argumenta Isabelle.
Le suspect hésita, mais se décida à répondre.
- Dans un garage près de Bron.
- Ah, ben voilà, félicita ironiquement le Lieutenant.
Isabelle se leva et s'approcha de Martin.
- J'ai promis de ne pas rentrer trop tard, je peux vous laissez rédiger le rapport ? demanda-t-elle en chuchotant.
- Bien sûr, Capitaine, lui glissa-t-il à l'oreille.
Elle sortit de la salle d'interrogatoire et consulta sa montre. Déjà 15h30. Si Philippe avait encore quatre heures de route devant lui, il devait partir vers 18h00. Ce qui voulait dire qu'il ne leur restait plus que deux heures et demie tous les deux avant 15 longs jours sans l'autre.

- Je suis déjà de retour ! dit-t-elle en ouvrant la porte.
Philippe qui jouait aux cartes avec Chloé se leva et se dirigea vers elle.
- Déjà... ! répéta-t-il.
- Oh, il est trois heures et demie, râla-t-elle.
- Mais je plaisante, et pourquoi es-tu là si tôt ?
- J'ai résolu ma première affaire à Lyon, sourit-elle.
- Bravo ! s'exclamèrent Chloé et Philippe en c½ur.
Philippe la prit dans ces bras et l'embrassa.
- Mais c'est génial ça, on va pouvoir aller se promener rien que nous, murmura-t-il à son oreille.
- Oui. Où veux-tu aller ?
- N'importe où, tant que tu es là !
Isabelle l'embrassa. Ça faisait toujours du bien d'entendre de si belles choses.
- Nicolas n'est toujours pas rentré ? demanda-t-elle, surprise.
- Je crois qu'il avait prévu de rentrer demain, mentit Chloé.
A vrai dire elle n'en avait pas la moindre idée...
Philippe tendit sa veste à Isabelle et prit la sienne restée sur le dessus de la valise qu'il avait déjà préparé.
La caserne se trouvant au bord de la Saône, l'endroit était parfaitement adapté pour une balade romantique. Isabelle lui parla de l'enquête qu'elle venait de résoudre avec ses hommes, elle lui confia que ça lui faisait bizarre de diriger plus de cent homme, et que maintenant elle comprenait toutes les responsabilités que lui il avait à Grasse. Philippe lui raconta sa matinée et son après-midi avec Chloé. Et vint l'heure de la question qu'il n'avait pas osé poser la semaine dernière.
- Tu sais Chloé, elle va devenir gendarme si tu continues comme ça, plaisanta-t-il.
Isabelle le regarda, étonnée.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Elle se pose beaucoup de question sur ta mutation... et moi aussi, ajouta-t-il.
Isabelle soupira.
- Moi aussi, tu sais. Mais je crois que moins on en pose mieux on se porte, de toute façon qu'est-ce qu'on peut y changer !
- Au début je pensais comme toi mais Chloé m'a convaincu que tout ça n'était pas net. Isabelle pourquoi ne veux-tu pas savoir la vérité ?
- Parce que tu l'as ?
- Non mais ça vaudrait la peine d'y réfléchir. Qu'est-ce qui était écrit dans ton ordre de mutation ?
Isabelle réfléchit.
- Il me faisait monter au grade de Capitaine mais dans la caserne de Lyon, rien d'autre. Philippe ça devait bien arriver un jour. On est gendarme tous les deux, et on sait qu'on peut être muté n'importe quand, argumenta-t-elle. Ça aurait pu être pire : toi à Rouen et moi à Marseille.
Philippe rit.
- Oui et là ce ne serait pas 400 kilomètres !
Isabelle avait réussi à détendre l'atmosphère. S'il avait continué sur le même chemin ils se seraient engueulés et elle ne voulait pas quitter Philippe, fâchée.
Constatant que c'était bientôt l'heure de se séparer, ils firent demi-tour et furent de retour à la caserne sur le coup des 17 heures.
- Reste ici, je monte chercher ma valise, dit-il en se dirigeant vers la porte.
Isabelle attendit et quelques instants plus tard Philippe redescendit son sac à la main et Chloé à ses côtés. Il mit sa valise dans le coffre de sa voiture et se tourna vers Chloé.
- Au revoir, ma puce, dit-il en l'embrassant.
Puis il prit Isabelle dans ses bras.
- Je t'aime ... murmura-t-il avant de l'embrasser.
- Moi aussi... prends bien soin de toi.
Il l'embrassa une dernière fois, puis monta dans sa voiture et démarra après leur avoir fait signe de la main.
Remarquant la tristesse dans les yeux d'Isabelle, Chloé la prit dans ses bras.
- Il va revenir...
Isabelle sourit.
- Merci, ma puce.

Après s'être arrêté pour manger son sandwich, Philippe reprit la route pour faire la dernière heure de trajet qu'il lui restait. Ce week-end avait été magnifique, il en avait tellement rêvé. Il avait l'impression que de l'avoir retrouvé lui avait redonné de l'énergie, il ne se sentait plus abattu comme la semaine passée.
Vers 22h, il arriva dans la cour de la caserne. Il se gara et alla chercher son sac. En traversant la cour, il crut apercevoir la voiture de Nicolas, mais étant donné que c'était la nuit, il se dit qu'il avait du mal voir. En montant les escaliers, il croisa Christine qui lui demanda des nouvelles d'Isabelle, il lui parla un moment puis rentra dans son appartement.

Le lendemain, Roussillon salua Nicolas et descendit au bureau tôt, bientôt suivit de Philippe et Rivière.
- Alors vous en êtes où, dans l'affaire Anaïs Lambert ? demanda Philippe aux deux gendarmes.
- A mon avis la piste de l'enlèvement a du plomb dans l'aile, dit Roussillon.
- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
- Rivière s'est occupé d'interroger ses camarades et pendant ce temps j'ai lu son journal intime. J'ai remarqué qu'elle écrit souvent contre ses parents ce qui me fait dire que ce serait plutôt une fugue, exposa l'officier.
- De mon côté ses amies racontent tous une histoire différente, si on part sur la piste de la fugue on peut penser qu'Anaïs leur a demandé de mentir.
Philippe hocha la tête.
- Ça se tient, affirma Philippe. C'est vrai que de pas avoir eu de rançon après 72 heures semble un peu bizarre pour un enlèvement.
- Il faudrait interroger les parents, pour savoir les endroits de cachette que leur fille connait, si par hasard elle se trouve dans l'un d'entre eux, proposa Rivière.
- Allez-y avec Roussillon, ordonna Philippe.
- Bien mon Capitaine, répondit l'adjudant en se dirigeant vers la sortie.
Remarquant que l'officier ne le suivait pas, il se retourna.
- Pierre ! appela-t-il.
Le gendarme sursauta et s'empressa de suivre son collègue.
- Ça ne va pas ? demanda Rivière, en passant devant l'accueil.
- Si, si...assura-t-il.
Rivière ne posa pas plus de question et ils montèrent dans la voiture.

Philippe partit dans son bureau mais un appel de Marc le fit venir à l'accueil. Un homme grand, brun, plutôt jeune s'approcha de lui et vint lui serré la main.
- Bonjour Capitaine, Kremen c'est ça ? s'assura-t-il.
- Mince, pensa-t-il tout haut.
Il se mordit la lèvre immédiatement.
- Vous n'avez pas l'air content de me voir ?
- Si, si le rassura Philippe. Pour tout vous dire votre arrivée m'était sortie de la tête.
- Alors rattrapez-vous en me montrant mon appartement.
Son ton n'avait pas du tout laissé paraître un quelconque reproche. On remarquait qu'il avait le souhait d'être intégré rapidement à l'équipe mais vu les circonstances de sa mutation ça risquait de s'avérer difficile.
Philippe prit une des valises qui était posé au pied du Lieutenant et l'invita à le suivre dans les escaliers. Philippe prit la direction de l'appartement d'Isabelle mais arrivé devant la porte il s'arrêta un court instant puis continua son chemin vers l'ancien de Ludovic qui avait été muté. Il ne voulait pas confier l'appartement dans lequel il avait passé tant de bon moment avec Isabelle à un inconnu. Peut-être avait-il fait ça parce que pour lui elle n'était jamais vraiment partie... ?
- Voilà, dit-il en ouvrant la porte. J'espère que vous y sentiriez à l'aise, Lieutenant Marchal.
Il le remercia puis entra.
- Je vous laisse vous installer, et vous viendrez me voir dans mon bureau pour que je vous brief sur l'enquête quand vous aurez terminez, ajouta Philippe.
- Bien mon Capitaine, répondit-il en refermant la porte.

Isabelle descendit au bureau et se retrouva face au procureur. Qu'allait-il encore lui annoncer ?
- Capitaine, je vous félicite ! s'exclama-t-il.
Isabelle ouvrit de grands yeux, mais se rappela soudain de l'enquête qu'elle avait résolue la veille et sourit un peu gênée.
- Vous avez mis trois jours pour résoudre une affaire qui traînait depuis plus d'une semaine, ajouta-t-il.
- Vous savez je ne l'ai pas fait toute seule.
- Ça confirme les dires que vous êtes un très bon élément, continuez comme ça !
Après l'avoir salué il repartit.
Et bien, enfin un procureur avec qui elle s'entendait plutôt bien,...enfin pour le moment. Il ne fallait pas se réjouir trop tôt. Elle partit dans son bureau, elle avait pleins de paperasse à remplir, elle s'attela donc à la tâche. Environ une heure plus tard, le Lieutenant Schwarz frappa à sa porte.
- On reprend une affaire des stups vous avez trouvé le dossier que j'ai mis sur votre bureau hier matin ? demanda-t-il.
- Euh oui l'affaire Lopez, c'est ça ?
Isabelle souleva les tas de feuilles sur son bureau pour tenter de le retrouver.
- Je l'ai pris hier chez moi, pour le lire. Je monte vite le chercher, j'en n'ai pour deux minutes, dit-elle en prenant les clés de son appartement.

Deux heures s'était écoulées depuis le petit briefing des trois gendarmes, les deux officiers avaient fait le tour des endroits où pourrait se cacher Anaïs Lambert mais elle ne se trouvait dans aucun d'entre eux.
- Qu'est-ce que ça a donné ? demanda Philippe en les voyant revenir.
- Rien du tout, se désola Rivière.
Philippe soupira. Mais où pouvait bien se cacher cette gamine ?
- Capitaine ! appela Marc, le gendarme de l'accueil.
Philippe vint vers lui.
Le gendarme enleva le combiné de téléphone de son oreille.
- J'ai une dame qui prétend avoir trouvé une fille qui correspond au signalement de la petite Anaïs Lambert.
- Passez-la-moi.
Marc lui tendit le téléphone.
- Allô ? Capitaine Kremen de la gendarmerie de Grasse, pouvez-vous me dire où vous trouvez-vous ?
- Je suis sur la route qui va à Cannes. Je l'ai trouvé au bord de la route marchant en direction de Grasse.
- Vous lui avez demandé son nom ?
- Elle ne veut pas parler, elle fait que de pleurer...
- Demandez-lui s'il elle s'appelle Anaïs.
Il entendit parler non distinctement, puis quelques minutes plus tard la femme revint au bout du fil.
- Elle marmonne quelque chose mais c'est incompréhensible. Je fais quoi ?
Philippe ne pouvait pas prendre de risque. Et de toute manière que ce soit Anaïs ou pas on ne laissait pas une jeune fille dans cet état là au bord d'une route.
- Vous pourriez l'amener à la gendarmerie de Grasse ? demanda-t-il.
- Oui, j'arrive dans une bonne demi-heure.
- Merci madame, dit Philippe avant de raccrocher.

Isabelle mit la clé dans la serrure mais elle constata avec surprise que c'était déjà ouvert. Elle entra et trouva Nicolas sur le canapé, plongé dans ses pensées.
- Mon grand. T'es là ! s'exclama-t-elle en allant l'embrasser.
Nicolas sursauta.
- Alors c'était bien ce week-end chez ton copain ?
- Oui, oui, répondit-il la tête ailleurs.
- Ça n'a pas l'air...
Nicolas soupira. S'il devait lui parler, il fallait le faire tout de suite car il savait que plus il attendait moins il en aurait la force.
- Tu as un peu de temps ?
- Oui...enfin non pas vraiment j'ai un collègue qui m'attend, j'étais venu chercher un dossier. Pourquoi c'est important.
- Oui, dit-il gravement.
Isabelle n'était pas du tout rassurée. Voyant que son fils avait besoin de parler, elle appela le Lieutenant pour lui dire qu'elle viendrait dans un peu plus longtemps que deux minutes.
- Assied-toi, ça vaut mieux.
- Nicolas, tu vas finir par m'inquiéter, qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-elle, en s'assoyant à côté de son fils.
- Je n'étais pas chez un copain, avoua-t-il.
- Tu étais où, alors ? s'inquiéta Isabelle.
- Est-ce que tu as trouvé ton ordre de mutation bizarre ? demanda-t-il, en changeant de sujet.
Isabelle soupira.
- Mais qu'est-ce que vous avez tous avec cette question ! s'exclama-t-elle. D'abord Chloé, ensuite Philippe et maintenant toi ! Décidément.
- Si les gens se posent des questions c'est qu'il y a des raisons, alors répond-moi, toi qu'est-ce que tu en as pensé ?
Isabelle reprit son sérieux.
- C'est vrai qu'il est arrivé à un moment plutôt inattendu, mais je suis gendarme ça devait bien arriver. Mais qu'est-ce que tu veux par « il y a des raisons » ?
Nicolas la regarda droit dans les yeux.
- Maman, je dois te dire que... que si tu as été mutée c'est... c'est à cause de Pierre...
Cet aveu fit l'effet d'un coup de poing à Isabelle. Elle se prit le visage entre les mains. Non ! Pas lui ? Pas son collègue ? Et surtout pas celui qu'elle croyait être son ami...
- Qu'est-ce qu'il a fait ? demanda-t-elle la voix tremblante.
- Il a écrit une lettre...expliqua-t-il. Une lettre dans laquelle il disait qu'avec Philippe vous mélangiez vie privée et vie professionnelle, en exagérant un peu...
Isabelle n'en croyait pas ses oreilles. Il ne devait pas parler de la même personne. Le Pierre qu'elle connaissait avant n'aurait jamais été capable de faire ça, pourquoi avait-il tant changé ? Isabelle avait bien entendu une idée de la réponse, mais elle ne pouvait pas l'admettre.
- Pourquoi a-t-il fait ça ?
Nicolas regarda sa mère, étonné.
- Tu ne sais vraiment pas ?
- Non, mentit-elle.
- Mais maman, il t'aime...
C'était bien ce qu'elle pensait. Mais malheureusement pour lui, elle aimait Philippe et ça ne pouvait pas changer.
- Il pensait qu'en écrivant cette lettre, le Commandant muterait Philippe et que tu finirais peut-être par l'oublier mais lorsqu'il a constaté que le commandant avait prévu l'inverse, il s'en est terriblement voulu..., expliqua Nicolas, tentant de défendre son ami. Il ne faut pas lui en vouloir...
- Pas lui en vouloir ? T'es drôle !s'énerva Isabelle, en se levant. De tels agissements ça ne se pardonne pas en deux jours !
- Maman, calme-toi...dit-il en se levant à son tour pour la prendre dans ses bras.
Elle ne put retenir ses larmes plus longtemps. Elle se sentait trahi, trahi par son ami qu'elle considérait le plus proche. 
 
 
Chapitre 4
" Aveux "
chapitre écrit avec tchoubou1407
 
 
– Même si c'était Philippe qui avait été muté je ne serai jamais tombé dans les bras de Pierre... s'indigna Isabelle.
– Pierre a des sentiments pour toi depuis longtemps, et vous voir Philippe et toi, ensemble, le rendait fou de jalousie, avoua Nicolas.
– S'il m'en avait parlé au lieu d'agir comme il l'a fait, peut-être qu'on aurait pu apaiser le problème, regretta Isabelle.
– Apaiser le problème ? répéta Nicolas, qui avait peur de ne pas suivre la théorie de sa mère.
– Mais oui, on se serait expliqué, je lui aurais fait comprendre que je peux être son amie mais qu'en amour c'est impossible....
– Et tu crois que ça aurait changé ses sentiments ? douta Nicolas.
– Je ne sais pas... mais là, il a tout perdu : l'amour qu'il n'y avait pas entre nous et l'amitié !
– Ne lui fait pas ça...
– Mais ! Je ne le crois pas tu le défends en plus ? reprocha Isabelle.
– Mais non ce n'est pas ça, mais je l'ai vu ce week-end, et je te jure, qu'il s'en veut, il regrette vraiment ce qu'il a fait.
– Il peut avoir tous les remords qu'il veut mais pour moi ça ne va pas changer mon ordre de mutation !
– ...Je sais...dit-il en baissant les yeux.
– Bon je dois y aller le lieutenant m'attend...
– Ok, a tout à l'heure.
– Ah ! Petite précision, bien entendu, tu n'en parles à personne pour le moment et même pas à Chloé...
– Evidemment...

Isabelle quitta son appartement. Elle croisa Chloé dans le couloir.
– Ah ma puce, ça va ? Où était tu ? demanda Isabelle.
– Je suis allée m'inscrire dans mon nouveau lycée, répondit Chloé.
– Oups... c'était aujourd'hui les inscriptions ?
– Oui
– Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Je serai venue avec toi.
– Tu avais plein de travail et puis je peux m'inscrire toute seule
– D'accord... Bon je dois y aller ma puce, je suis attendue.
– Tu es sûre que ça va ?
– Oui pourquoi ?
– Bah peut-être parce que tu as les yeux rouges...
– Oh c'est rien ça
– Bien sûr... ironisa Chloé.
– Ah tout à l'heure, ma chérie, salua Isabelle en s'éloignant pour que Chloé arrête de l'assommer de questions auxquelles elle n'avait guère envie de répondre...pour le moment. Elle devrait bien lui en parler une fois.

Chloé ouvrit la porte de l'appartement et vit Nicolas affalé dans le canapé en train de regarder la télévision.
– Dis-moi, on dirait que ton week-end a été épuisant, plaisanta Chloé.
– Tu ne peux même pas imaginer !
– Bon maintenant tu peux me le dire où tu étais ?
– Je te l'ai dit, j'étais chez un copain.
– Tu me prends vraiment pour une truffe ?!
– Un peu.... se moqua Nicolas.
Chloé attrapa le coussin posé sur le canapé et le balança avec force sur Nicolas qui se moquait légèrement d'elle. Nicolas prit le coussin qui était sous sa tête, se redressa en vitesse et en donna des coups à Chloé, qui se défendit tant bien que mal. Rien de mieux qu'une bataille de coussin pour se défouler !! Après quelques minutes de bataille sans merci, les esprits s'apaisèrent et tout redevint calme. Assis dans le canapé, ils reprirent leur discussion.
– Tu imagines si Isabelle nous avait vu ?
– Elle nous aurait hurlé dessus en nous disant que « les coussins ne sont pas fait pour se battre », plaisanta Nicolas en imitant la voix de sa mère.
– Bon maintenant tu peux me dire la vérité ?
– Chloé, je ne peux pas tout t'expliquer maintenant mais dans quelques jours ou semaines tu sauras tout...
– C'est ce que tu me caches qui a fait pleurer ta mère ?
– Oui... avoua Nicolas
– Pourquoi tu ne peux pas me le dire ?
– Parce que pour l'instant moins il y a de personne au courant et mieux c'est, affirma Nicolas.
– Comme tu veux, répondit Chloé en soupirant.
Chloé laissa Nicolas, occupé à regarder l'écran de télévision et alla dans sa chambre. Elle décida de ranger les quelques derniers cartons du déménagement qui restaient là, à côté de son armoire.

Isabelle était dans la grande salle avec le lieutenant Schwarz et l'adjudant-chef Leroy. Ils discutaient tous les trois de l'affaire Lopez.
– J'ai lu le dossier hier soir, mais je veux bien qu'on m'explique l'affaire plus en détails, demanda Isabelle.
– Voilà, les faits ont eu lieu, il y a un peu plus d'un mois. Un vendredi soir vers 18h, une équipe de gendarmes faisaient des contrôles de papiers aux abords de Lyon. Une voiture avec deux hommes à l'intérieur, a pris la fuite. A force de poursuite, entre les gendarmes et les deux individus, ils ont été arrêtés avec dix kilos de cocaïne a bord du véhicule et veulent nous faire croire que c'est pour leurs consommations personnelles... relata le lieutenant.
L'adjudant-chef remarqua que son supérieur n'écoutait pas.
– Capitaine ?... Capitaine ? appela-t-il.
– Hein ?... Excusez-moi, répondit Isabelle, en revenant à elle.
– Ça va Capitaine ? demanda l'adjudant-chef.
– Oui, répondit Isabelle de la voix la plus convaincante possible.
– Vous êtes sûre ? s'assura le lieutenant.
– Et ensuite qu'est-ce qu'il s'est passé pour les deux hommes ? demanda-t-elle pour éviter la question.
– D'après un officier de la brigade des stups, les deux hommes n'avaient aucun papier d'identités sur eux. Mais après de longues heures d'interrogatoire et de garde à vue, les gendarmes chargés de l'enquête ont réussi à avoir leurs identités. Les deux individus sont frères et s'appellent Miguel et Rafael Lopez, originaire d'Espagne, domiciliés rue Henri Gorjus, dans le 4ème arrondissement, expliqua l'adjudant-chef.
– Et donc ça fait un mois que Miguel et Rafael Lopez sont en détention provisoire ? Demanda Isabelle
– Oui, les stups sont persuadés qu'un trafic se cache derrière ces deux hommes, affirma le Lieutenant.
– Ça me semble évident qu'il y ait un trafic de cocaïne mais ce n'est pas en mettant les frères en détention provisoire que le réseau sera démantelé ! s'indigna Isabelle. Pourquoi les stups nous redonnent l'affaire ?
– Aucune idée, je pense que c'est le procureur qui en a décidé ainsi, supposa le Lieutenant.

Le portable d'Isabelle sonna, elle regarda l'écran et en voyant « Philippe » s'y afficher, elle s'excusa auprès des deux gendarmes, puis sortit de la grande salle afin de se mettre à l'écart. Elle décrocha.
– Allo ?
– Ah mon amour... s'exclama Philippe qui était content d'entendre la douce voix de sa bien-aimée.
– Ça va ? demanda Isabelle.
– Oui, tu me manques terriblement et comme j'avais cinq minutes de libre...
– Tu as donc pensé à moi, coupa Isabelle.
– Oui, répondit franchement Philippe.
– Toi aussi tu me manques, murmura-t-elle.
– Tu pourrais peut-être essayer de venir à Grasse ce week-end ? suggéra Philippe.
La proposition de Philippe était très séduisante, mais Isabelle pensa immédiatement à Roussillon, l'idée de devoir le croiser dans les couloirs pendant le week-end, lui était pour le moment impossible.
– Je suis désolée mon amour mais je ne peux pas, j'ai récupéré une affaire des stups que je dois clore dans les plus brefs délais, prétexta Isabelle.
– Je comprends... répondit Philippe avec une certaine déception qui s'entendait dans sa voix.
– Et toi tu en es où dans ton enquête ?
– Ça avance.
– Bon je dois te laisser, mon chéri.
– Je t'aime.
– Moi aussi je t'aime.
Ils raccrochèrent tous les deux.

Dans la cour de Grasse, une voiture arriva et se gara. Une dame d'une cinquantaine d'années en descendit, en fit le tour et ouvrit la porte côté passager, elle força une jeune fille à descendre du véhicule mais cette dernière n'en avait pas envie.
La femme se présenta à l'accueil de la gendarmerie avec l'adolescente qu'elle tenait par le bras.
– Mais, lâchez-moi ! s'énerva la jeune fille, en se débattant.
– Non, avance ! répliqua la dame.
Philippe qui pensait encore à Isabelle, entendit frapper à la porte de son bureau. Il donna l'ordre d'entrer. La porte s'ouvrit, il aperçut Marc, le gendarme de l'accueil.
– Mon capitaine, la dame qui a appelé tout à l'heure est arrivée, l'informa-t-il.
Philippe le remercia et se dirigea vers l'accueil où se trouvait cette dame avec une adolescente qui avait l'air rebelle à côté d'elle qu'il reconnut aussitôt. C'était Anaïs.
– Bonjour, Capitaine Kremen, se présenta Philippe.
– Bonjour, je vous ai appelé il y a une trentaine de minutes, j'ai vu cette jeune fille sur le bord de la route en direction de Cannes, elle titubait, je me suis donc arrêtée. Elle avait l'air perdue. Je me suis rappelée de l'appel à témoin paru dans le journal donc j'ai appelé la gendarmerie et on m'a renvoyé vers votre caserne, expliqua la dame.
– Je vous remercie madame.
– Laissez-moi partir ! répéta Anaïs.
– Oh tu te calmes Anaïs ! s'énerva Philippe.
– Sinon quoi ? rétorqua l'adolescente avec agressivité.
Philippe ne prit pas la peine de relever la menace insolente d'Anaïs. Il se tourna vers le gendarme de l'accueil.
– Marc, appelez le Lieutenant Marchal et demandez-lui de me rejoindre dans la cour ? ordonna Philippe.
– Tout de suite mon capitaine.
Philippe se tourna vers Anaïs, il commença à lui expliquer qu'il allait devoir lui poser quelques questions mais qu'avant ça, il allait la conduire à l'hôpital afin de lui faire passer des examens médicaux.
– Je ne les ferai pas vos examens, cracha Anaïs.
– Tu n'as pas le choix Anaïs, tu as disparu pendant presque une semaine. On ne sait pas où tu étais, ce que tu as subi, donc les examens médicaux sont là pour m'assurer que tu es en pleine forme, expliqua Philippe.
– Ouai bah je m'en fous ! lâcha Anaïs avec insolence.
– Bon arrêtons de parler de toute façon ça ne sert à rien !! s'agaça Philippe.
– Capitaine ? appela Marc.
– Oui ? répondit Philippe.
– Je n'arrive pas à joindre le nouv...enfin Marchal, par contre il y a Roussillon de disponible... ?
– Dites-lui de venir !
Philippe monta en voiture ainsi qu'Anaïs qui n'avait pas eu le choix. Roussillon arriva quelques minutes plus tard. Il expliqua au capitaine Kremen que Marchal était parti déjeuner. Ils prirent le chemin de l'hôpital.

A Lyon, Isabelle et Chloé mangeaient. Chloé n'avait toujours pas réussi à faire avouer Nicolas. Elle savait que quelque chose n'allait pas.... Isabelle n'était pas comme d'habitude, elle était absente, l'air triste... Qu'est ce qui pouvait la ronger à ce point...?
Chloé hésita à aborder le sujet. Est-ce qu'Isabelle allait lui répondre franchement et lui dire la vérité ? Ou est-ce qu'au contraire elle n'allait rien dire et détourner la question...?
Après un temps de réflexion, Chloé se lança.
– Isabelle... commença Chloé.
– Oui ma puce ?
– Je... je sais que quelque chose ne va pas, mais ni toi ni Nicolas ne veut me dire la vérité... Dis-moi ce qui se passe...
– Plus tard Chloé ! rétorqua Isabelle.
– Non tout de suite ! D'abord pourquoi Nicolas est au courant et pas moi ? renchérit Chloé
– Parce que c'est Nicolas qui a appris la nouvelle en premier... répondit Isabelle
– Et alors ? Tu ne me fais pas confiance ? S'indigna Chloé.
– D'accord.... je n'ai pas le temps de t'expliquer ce midi, mais ce soir je vais essayer de rentrer tôt, on se fait une soirée entre filles et je t'expliquerai, ça te va ? proposa Isabelle
– Pour toi, rentrer tôt c'est quelle heure ?
– Chloé je t'assure que je fais ce que je peux... Je préférerais mille fois être avec toi, avec Nicolas, mais j'ai une enquête et des ordres qui vont avec.
– Ca va j'ai compris.... dit Chloé déçue, mais elle savait très bien que les horaires chez les gendarmes n'étaient pas fixes.
– Bon je dois y aller ma puce, dit-elle en l'embrassant.
– A tout à l'heure !

Quelques minutes passèrent et Isabelle arriva dans son bureau. Elle repensa à l'affaire Lopez, prit son téléphone et appela le procureur. Ils discutèrent puis il lui donna rendez-vous dans trente minutes. Elle se rendit dans la grande salle et informa le lieutenant Schwarz et l'adjudant-chef Leroy de son départ pour le palais de justice et retourna dans son bureau. Elle prit ses affaires ainsi que le dossier concernant l'enquête, monta dans sa voiture et quitta la caserne.

A l'hôpital de Grasse, après quelques examens passés, le médecin fit son compte rendu auprès de Philippe. Il affirma qu'Anaïs n'avait pas été abusée sexuellement et n'avait subi aucun traumatisme. Les premiers résultats des divers examens étaient satisfaisants. Il ne manquait plus qu'à voir les résultats des analyses de sang qui allaient être examinés dans la journée. Pour Philippe, il restait un point à éclaircir : la dame qui a ramené Anaïs à la caserne a dit qu'elle titubait sur la route. Quelle en est la raison ?
Le médecin lui répondit que c'était uniquement avec les résultats des analyses qu'ils pourraient savoir s'il y avait des substances étrangères dans le sang d'Anaïs.
Le médecin donna son accord pour que Philippe interroge Anaïs.

De retour à la caserne de Grasse, Roussillon installa Anaïs dans le grand bureau, Philippe arriva. Il s'installa puis commença à poser des questions à l'adolescente.
– Ton petit copain, Mathieu Bovet nous a dit qu'il t'avait quitté au croisement de la rue, un peu avant ta maison. Que s'est-il passé ensuite ? interrogea Philippe.
Anaïs ne daigna pas répondre. Philippe enchaîna les questions les unes après les autres. Il savait qu'Anaïs finirait par craquer et dire la vérité
– Pourquoi es-tu partie ? En fuguant qu'est-ce que tu voulais montrer ?
Anaïs resta silencieuse.
– Fuguer pourquoi ou pour qui ? reprit Roussillon. On a interrogé tes amis, comment expliques-tu qu'ils nous aient tous raconté une histoire différente, il avait connaissance de ton souhait de partir ?
- Arrêtez, arrêtez !! cria Anaïs
– Il est temps que tu nous expliques pourquoi tu as fugué et surtout ce qui s'est passé pendant cette fugue, ajouta Philippe.
– Je voulais juste être libre.... s'exclama Anaïs.
– Libre ? Répéta Philippe.
– Oui si j'ai fugué c'est parce que j'en ai marre de mes parents. Dans leurs bouches, il n'y a que le travail, les affaires, les concurrents de mon père et moi je fais partis des meubles. Ils ne me voient pas. Ils font leurs vie tous les deux...sans moi.
– Donc tu t'ai dit qu'en fuguant, ils allaient forcément s'intéresser à toi, devina Roussillon.
– Oui... pour une fois j'allais devenir leurs préoccupations... juste une fois...
– Quand Mathieu Bovet t'a laissé qu'as-tu fait ensuite ? demanda Philippe.
– Une amie m'a hébergé discrètement pendant 2 jours chez elle et avec le peu d'argent que j'avais j'ai pris le bus pour aller à Cannes mais je n'ai pu faire que deux arrêt.
– Pourquoi Cannes ? Questionna Roussillon
– Je ne sais pas, comme ça...
– Tu es arrivée à Cannes et ? Continua Philippe.
– Comme je vous l'ai dit j'ai dû descendre à Mouans-Sartoux. J'ai fait la manche pendant 2 jours, au final j'avais juste de quoi me nourrir. Je me suis vite rendue compte que l'idée de la fugue n'était pas des meilleures, donc j'ai décidé de rentrer mais je n'avais plus d'argent. J'ai fait du stop et encore une fois ce n'était pas une bonne idée non plus... Un type s'est arrêté et m'a demandé où j'allais, et quand je lui ai dit Grasse il m'a répondu qu'il y allait aussi. L'aubaine ! On s'est arrêté sur une aire pour manger. Et quand on a repris la route j'avais la tête qui tournait, c'était bizarre, raconta Anaïs. Et puis...
Philippe l'incita à poursuivre d'un regard.
– Il a commencé à.... à me caresser... j'ai serré le frein à main, la voiture est partie en dérapage, il s'est arrêté, je suis sorti de la voiture, j'ai couru, il m'a suivi.... et après il est retourné à sa voiture, je pensais qu'il allait me rattraper en voiture et en fait il est parti.... ensuite j'ai marché, la dame s'est arrêtée et m'a ramené ici.

Philippe avait bien remarqué que l'état d'insolence qu'elle montrait avant était une protection qu'elle mettait devant elle pour ne pas montrer qu'elle avait été bouleversée par les évènements. Il était évident que de parler lui avait fait énormément de bien.
– Tu te rends compte que tu as risqué ta vie Anaïs ? s'indigna Roussillon afin de faire comprendre à l'adolescente que fuguer n'était pas innocent.
– .... je sais, admit Anaïs.
Le téléphone sonna, Roussillon décrocha. Marc l'informa que le médecin de l'hôpital était en ligne. Roussillon passa le combiné à Philippe qui prit l'appel du médecin.
Il avait reçu les résultats d'analyses d'Anaïs. Elles faisaient apparaitre que l'adolescente avait du GHB dans son sang, voilà pourquoi elle se sentait bizarre dans la voiture. Philippe mit fin à la conversation.
– Sur l'aire de repos, est ce qu'à un moment ou à un autre tu t'es éloignée de l'endroit où vous mangiez ? Demanda le capitaine.
– Euh... non, répondit Anaïs tout en essayant de se remémorer le scène.
– Tu en es certaine ? Insista Philippe.
– Ah si, pendant le repas il m'a demandé si je pouvais aller lui chercher une bière, se rappela-t-elle.
– Evidemment tu y as été ? Présuma Philippe.
– Bah oui pourquoi ?
– Dans ton analyse de sang, il y a des traces de GHB, informa Philippe.
– C'est quoi ?
– Une drogue, plus communément appelée drogue des violeurs... Tu as eu de la chance...
Malgré l'agressivité et insolence avec laquelle Anaïs était arrivée, l'adolescente fut anéanti par la nouvelle.
– Tu saurais faire un portrait-robot ou nous donner des indices sur cet homme ? demanda Roussillon.
– Bien sûr je ne vais pas oublier sa tête de sitôt à celui-là !
- Je n'en doute pas, consentit Philippe....
Platon qui avait été appelé par Philippe, arriva dans le grand bureau, et se mit a faire le portrait de robot à l'aide des indications d'Anaïs. Une vingtaine de minutes, l'équipe de gendarmes avait le portrait de l'homme qui avait agressé Anaïs.
– Anaïs, tes parents ont été prévenus que tu es là et ils t'attendent, ce serait peut-être bien de leur parler, et de leur expliquer..., tu ne crois pas ? Demanda Philippe
Anaïs fit la grimace. Elle n'avait pas l'air ravie de retrouver ses parents, malgré tout ce périple qu'elle a vécu pendant presque une semaine
– Tu fais ce que tu veux, mais si tu ne leur dis rien, ils ne peuvent pas comprendre tes problèmes. Parles-en avec eux.... Roussillon faites les venir ! Ordonna Philippe.
Les parents d'Anaïs arrivèrent dans le bureau, la jeune fille qui maintenant jouait la timide, ne savait pas comment agir avec eux. Le capitaine leur expliqua la situation tout en laissant le choix à l'adolescente de dire pourquoi elle a fugué. Une vingtaine de minutes plus tard, ils quittèrent tous les trois la caserne. Peut-être qu'une nouvelle vie allait commencer pour Anaïs....

Isabelle se trouvait dans le bureau du procureur, ils discutaient de l'enquête concernant Miguel et Rafael Lopez. Une question lui brulait les lèvres...
– Pourquoi avoir retiré l'enquête des stups pour nous la donner ? Les stups sont bien plus compétent que nous à ce niveau-là... demanda Isabelle
– Détrompez-vous ! Dès votre arrivée, vous avez su me prouvez que vous êtes un excellent élément, vous avez résolu l'enquête des vols de voiture en peu de temps. Je pense que vous êtes tout à fait capable de faire de même avec cette enquête, justifia le procureur.
– Je vous remercie pour votre soutien et votre confiance que vous accordez à mon équipe et moi-même mais pour résoudre l'enquête il faudrait remettre en liberté Miguel et Rafael Lopez. Si on veut démanteler le réseau, il est impératif de mettre les meneurs du trafic en confiance et pour ça on a besoin des frères Lopez, expliqua Isabelle.
– D'accord, demain matin ils seront relâcher mais ils seront sous votre protection, donc faites en sorte qu'ils ne leur arrivent rien sinon... avertit le procureur.
– J'ai bien compris le message monsieur le procureur, ajouta Isabelle qui savait que s'il arrivait un problème aux frères Lopez, elle en subirait les conséquences.
– Excusez-moi j'ai une audience dans quelques minutes, au revoir Capitaine.
– Au revoir monsieur le procureur, salua Isabelle

Isabelle ressortit du palais de justice et monta dans sa voiture. Elle arriva à la caserne quelques instants plus tard. Isabelle vit Chloé dans la cour.
– Où vas-tu, ma puce ? demanda Isabelle.
– Nicolas m'a appelé, il a oublié un dossier dont il a besoin tout de suite, répondit Chloé.
– D'accord, dans une heure j'aurai fini, l'informa Isabelle.
– Je t'attendrais à l'appartement, ajouta Chloé.
– A tout à l'heure !

Isabelle franchit l'accueil et alla dans la grande salle. Elle y trouva le lieutenant Schwarz
– Bon j'ai vu le procureur, il va relâcher Miguel et Rafael Lopez ce qui veut dire qu'à tour de rôle vous allez les surveiller jours et nuits, expliqua Isabelle.
– Je vais en informer Leroy, il va commencer demain et puis on va mettre en place une équipe, déclara le lieutenant Schwarz.
– On va les laisser en liberté très surveillée deux ou trois jours et après on avisera.
– Vous pensez qu'ils vont reprendre contact avec leur fournisseur en si peu de temps ? demanda le lieutenant Schwarz.
– Oui... répondit Isabelle qui réfléchissait. Je veux que les deux frères soient sur écoute 24/24h et trouvez-moi aussi le listing de leurs appels des, deux, voire trois derniers mois
– A vos ordres capitaine !
– Bon je vais dans mon bureau.
– Capitaine ?
– Oui ? Répondit Isabelle en se retournant
– Vous êtes libre ce soir ? demanda le lieutenant Schwarz.
Isabelle qui était surprise de la question du lieutenant ne savait pas quoi répondre
– Euh...je...
– Je voudrais vous inviter au restaurant.
– C'est à dire que ma fille m'attend, répondit Isabelle.
– Votre fille est grande, elle peut peut-être passer la soirée toute seule ou avec des amis
– On vient d'arriver, des amis elle n'en a pas beaucoup pour le moment...et puis je lui avais promis de...
– S'il vous plait capitaine, cela nous permettrait de se connaitre un peu mieux... argumenta le lieutenant Schwarz.
– D'accord...
– A 20 h dans la cour.
– Oui.
Isabelle partit dans son bureau. Elle se demanda pourquoi elle lui avait oui. Elle avait promis à Chloé qu'elles passeraient la soirée ensemble... Chloé va lui en vouloir.
Son portable sonna, elle vit à nouveau « Philippe » s'afficher sur l'écran. Décidément, elle était vraiment devenue indispensable dans la vie de Philippe. Elle décrocha
– Allo ?
– Ah mon amour, je voulais entendre ta voix, s'empressa de dire Philippe.
– Ça va ? demanda Isabelle.
– Oui, nous avons clôturé l'enquête sur Anaïs, je finis de remplir quelques documents et après je rentre.
– Vous avez retrouvé Anaïs ? questionna Isabelle.
– Oui, une dame qui l'a trouvé sur le bord de la route, elle a appelé la gendarmerie puis nous l'a ramené, l'informa Philippe.
– Et elle va bien ?
– Oui... Isabelle, tu me manques terriblement, surtout le soir quand je suis seul dans mon appart et que je rêve de t'enlacer.
– Toi aussi tu me manques.
– Il y a quelque chose qui ne va pas ?
– Non pourquoi ?
– Je ne sais pas tu as une drôle de voix, celle de quelqu'un qui est contrarié
– Tout va bien Philippe, ne t'inquiète pas pour moi
– Si tu le dis....
– Bon je dois te laisser mon chéri
– Je t'appellerai demain.
– D'accord bonne soirée, et puis sors un peu ça va te changer les idées.
– Sortir sans toi c'est pas possible, c'est trop ennuyeux...
– Je te laisse, je t'aime, à demain.
Isabelle raccrocha, elle composa le numéro du procureur. Son greffier répondit. Elle voulait avoir une commission rogatoire pour mettre les téléphones des frères Lopez sur écoute. Le procureur était encore en audience mais le greffier lui informa qu'il allait passer le message. Elle raccrocha. Elle quitta son bureau puis monta à l'appartement. Chloé était dans le canapé avec l'ordinateur devant elle. Isabelle rejoignit Chloé.
– Chérie, j'ai un petit problème pour ce soir, dit Isabelle
– Ton enquête ? répondit tout de suite Chloé
– Non c'est pas ça... articula Isabelle
– Bah alors c'est quoi encore ? commença à s'énerver Chloé.
– Le lieutenant Schwarz m'a invitée au restaurant et je n'ai pas pu refuser....
– Eh bah vas-y au restaurant je vais me faire une soirée pizza télé ici et puis c'est tout, râla Chloé.
– Tu n'as qu'à faire une soirée pizza télé avec Nicolas ? Proposa Isabelle.
– S'il rentre, pourquoi pas...
– Bon je vais me préparer
– Ok....
Isabelle alla dans sa chambre pour se changer et se maquiller un peu.

A Grasse, pour l'équipe de gendarme la journée était aussi finie, ils rentrèrent chacun chez eux. Roussillon était de plus en plus mal à l'aise face à ce qu'il avait fait envers Isabelle. Il décida, pour se changer les idées d'aller faire un tour dans Grasse.
Philippe s'installa devant la télé et s'occupait à zapper les chaines.
Quant au Rivière, ils dinèrent tous les deux en tête à tête.
Et le lieutenant Marchal, qui connaissait peu de monde à Grasse, resta dans son appart, tout seul....

Isabelle était prête, elle alla retrouver le lieutenant Schwarz dans la cour. Ils partirent tous les deux au restaurant, qui n'était pas loin de la caserne.
La soirée se passa tranquillement pour tout le monde. Au restaurant, Martin Schwarz parlait avec Isabelle, de l'enquête de sa carrière de gendarme, de la vie à Lyon. Puis arriva une conversation sur la vie privée du lieutenant. Il expliqua qu'il s'était marié avec Anna mais qu'il a divorcé il y a 5 ans car sa femme ne supportait plus la vie de caserne.
– Et vous votre mari ? Ça ne le dérange pas la vie de la caserne ? Questionna Martin.
– Vous savez mon mari ne vit pas à plein temps à la caserne, donc il ne ressent pas cette sensation d'enfermement comme les époux ou épouse de gendarmes, mentit Isabelle.
– Et que fait-il dans la vie ? Demanda Martin Schwarz.
– Il est... commercial.
– Dans quel domaine ?
– Dans l'import-export, répondit spontanément Isabelle.
Ils discutèrent encore une vingtaine de minutes puis la fin du repas arriva. Le lieutenant Schwarz paya la note puis ils quittèrent le restaurant. Tout en marchant dans la rue pour revenir à la caserne, ils discutèrent. Le lieutenant Schwarz s'arrêta.
– Isabelle, vous permettez que je vous appelle Isabelle, depuis que je vous ai vu la première fois à la caserne, je....
– Vous.... reprit Isabelle.
– Je ne pense plus qu'à vous, vous envahissez mes pensées, déclara Martin Schwarz.
– Taisez-vous ! Ordonna-t-elle.
– Je vous aime Isabelle, je vous aime plus que tout, avoua le lieutenant
Isabelle ne sut quoi répondre.
– Je sais, je sens que vous n'êtes pas heureuse, votre mari vous le voyez que tous les 15 jours....
– Et alors, on ne m'a pas laissé le choix d'être séparé de lui.
Martin Schwarz commença à caresser la joue d'Isabelle du bout des doigts, elle lui ordonna d'arrêter ça tout de suite.
– J'aime Philippe et qu'il soit à 50 ou à 500 kilomètres, mes sentiments restent les mêmes, et il n'y aura jamais d'autres hommes que Philippe, alors mettez-vous bien ça dans la tête lieutenant !!! s'énerva-t-elle.
Isabelle partit, mais Martin la rattrapa, et lui demanda pardon, il ne voulait pas lui faire de mal, mais il avait besoin d'exprimer ses sentiments envers Isabelle. Isabelle lui demanda de la laisser seule, ce qu'il fit. Elle rentra chez elle et alla directement dans sa chambre, sans même voir si Chloé et Nicolas étaient là. Elle éclata en sanglots. La situation lui devenait insupportable. Tout ce qu'elle voulait c'était de rentrer à Grasse, reprendre sa vie là où elle s'est arrêtée là-bas....

A Grasse, tard dans la nuit, Roussillon arriva dans les couloirs en vacillant d'un mur à l'autre. Il arriva devant la porte de Philippe et essaya de mettre la clé dans la serrure. Philippe qui entendit ce vacarme, se leva et ouvrit la porte. Il vit Roussillon.
– Roussillon ? Mais qu'est-ce que vous faites là ? Demanda Philippe surpris de voir Roussillon devant sa porte
– Aaah... capitaine Kremen, répondit Roussillon.
– Mais vous êtes ivre !? S'exclama Philippe.
– Oui !! Je suis iiivre !! Je suis allé dans un bar pour noyer mes soucis.
– Rentrez chez vous et prenez une douche froide !!! ordonna Philippe.
– Vous savez capitaine je dois vous dire...commença Roussillon.
– Quoi encore ? Demanda Philippe.
– C'est à cause de moi qu'Isabelle est partie, dit Roussillon.
– Mais qu'est-ce que vous racontez ? s'étonna Philippe qui ne comprenait rien.
– La lettre au commandant de groupement c'est moi ! avoua Roussillon.
– Hein ? Vous n'avez pas fait ça, pas vous ? Demanda Philippe qui ne voulait pas le croire
– Bah si ! J'étais fou de rage de vous voir tous les deux alors, j'ai écrit une lettre au commandant de groupement sauf que ce con, il a décidé de muter Isabelle et pas vous !!!
– Allez vous coucher immédiatement, on réglera ça demain matin !

Une partie de la caserne avait entendu la conversation entre Philippe et Roussillon et la plupart des gendarmes connaissaient maintenant la vérité. La nuit passa, et le silence était revenu dans la caserne.
Le lendemain matin, Philippe était déjà dans son bureau et attendait de pieds fermes Roussillon. Le gendarme arriva à l'accueil, la tête enfarinée, le gendarme de l'accueil le prévint que le capitaine voulait le voir dans son bureau, dès son arrivée.
Roussillon savait très bien qu'il allait se prendre un savon par le capitaine. Il frappa, attendit l'ordre d'entrer, puis entra.
– Ah Roussillon, je vous attendais ! S'exclama Philippe
– Je.... Je suis désolé pour cette nuit, dit Roussillon
– Qu'est-ce qui vous a pris ? demanda Philippe
– Je suis allé dans un bar et .... articula Roussillon
– Non mais je vous parle de cette lettre ! le coupa Philippe
– Ah ça.... j'ai pas d'excuses...je sais, avoua Roussillon
– Je suis totalement d'accord avec vous ! En agissant ainsi vous avez pensez à votre personne, à ce que vous ressentiez vous, mais vous ne lui avez pas demandé son avis à Isabelle ? s'indigna Philippe
– Non, je voudrais revenir en arrière, que tout redevienne comme avant, regretta-t-il
– ça tombe bien, j'ai appelé le commandant de groupement, il vous attend dans 30 minutes dans son bureau, vous n'avez pas de temps à perdre !

Roussillon quitta le bureau, monta dans sa voiture et sortit de la caserne. Il arriva devant le lieu de son rendez-vous. Il poussa la porte, monta les marches une par une. Puis arriva devant le bureau du commandant de groupement. Il frappa, la secrétaire vint lui ouvrir. Il entra puis vit le commandant assit derrière son bureau.
– Gendarme Roussillon.... vous voilà, dit le commandant
– Mon commandant, salua Roussillon timidement
– Le capitaine Kremen m'a informé ce matin que vous aviez quelque chose d'important à m'avouer ?
 
Chapitre 5
" Réunis...pour la vie "
 
 
Un mois plus tard...
Isabelle arriva dans la cour de Grasse, accueillie par l'équipe qu'elle avait quitté presque deux mois auparavant.
- Bonjour, tout le monde ! sourit Isabelle, en ouvrant la portière.
Elle se précipita dans les bras de Philippe pour l'embrasser puis elle salua le reste des gendarmes. Arrivée devant Roussillon, elle ne put s'empêcher de lui envoyer un regard glacial avant de se tourner vers Platon pour lui faire la bise.
Chloé sortit à son tour de la voiture.
- Coucou, Philippe !
- Salut ma puce, t'es contente de revenir ?
- Bah je commençais juste à me faire des amies, plaisanta-t-elle.
Elle avait appris à apprécier Lyon mais elle était immensément ravie de revenir et de retrouver ses copines même si Nicolas était resté...mais il reviendrait.
- Alors on doit dire Capitaine ou Lieutenant ? demanda Rivière à Isabelle.
- Etant donné que nous avons déjà un Capitaine, exceptionnellement le commandant m'a redonné le grade de Lieutenant avec mon accord, expliqua-t-elle.
- Ah, moi qui me voyais déjà fêter votre promotion !
- Une prochaine fois, plaisanta Philippe très content qu'Isabelle soit revenue.
Sûrement comme elle, il s'en fichait pas mal qu'elle soit redescendu en grade, tant qu'ils étaient tous les deux rassemblés !
- Je vous présente le Lieutenant Marchal, dit Platon.
- Bonjour, salua Isabelle. Alors vous les avez eus à l'½il ?
- Pas de problème ! Tous s'est très bien passé ! la rassura-t-il.
- Et... qu'est-ce qu'il va se passer pour vous ? Enfin...je veux dire depuis que je suis revenue, vous restez parmi nous ?
- On m'a proposé un poste à Bordeaux, il y a une semaine, je n'ai pas pu refuser il s'agit de la SR !
- Bravo, la Section de Recherche ça ne doit pas être facile d'y rentrer, félicita-t-elle.
Le Lieutenant la remercia gêné.
- Bon Philippe tu m'aides à porter ?
- Bien sûr, dit-il en se dirigent vers le coffre de la voiture que Chloé avait déjà commencé à décharger.
Philippe prit deux cartons, un sous chaque bras, Isabelle en fit de même et ils entrèrent tous les deux dans la caserne. Comme il le lui avait dit lorsqu'elle lui avait annoncé qu'elle revenait, elle avait eu de la chance que l'appartement soit libre mais Philippe n'avait jamais douté qu'elle puisse revenir un jour, et pour lui, le plus tôt possible était le mieux.
Philippe posa les cartons dans l'entrée et referma la porte. Il prit Isabelle dans ses bras et l'embrassa tendrement.
- Je ne pouvais pas faire ça devant les gars, justifia-t-il. On sait trop pourquoi...
- Tu m'as terriblement manqué, avoua Isabelle en resserrant son étreinte. On ne sera plus jamais séparé, je te le promets.
- Je t'aime...
Isabelle l'embrassa puis s'écarta de lui.
- Tu n'as rien dit à Pierre ? demanda-t-elle avec insistance.
- Non, mentit-il. Mais je me suis fortement retenu.
Isabelle baissa les yeux. Elle était vraiment triste que tout ce soit passé ainsi.
- Je ne sais même pas si j'arriverai encore à lui parler, avoua-t-elle la voix empreint d'émotion.
- Il faudra quand même que tu lui parle un jour.
- Oui...mais pas maintenant...
Philippe la prit dans ses bras.
- Ça va s'arranger, tu verras, j'en suis sûr.
- J'espère..., murmura-t-elle.

Une fois la voiture déchargée avec l'aide de Philippe et de Chloé, tous les trois se chargèrent de ranger les cartons qui s'étaient amassé devant l'entrée.
En bas, à la caserne, c'était Rivière et Roussillon qui aidaient le Lieutenant Marchal à vider le bureau qui avait été le sien pendant un mois pour le rendre à Isabelle avant de prendre la route pour Bordeaux dans la semaine. Il n'avait presque pas eu le temps de défaire tous ses anciens dossiers donc le travail n'était pas très long. Vers midi, Marc le gendarme de l'accueil informa Philippe qu'un cadavre avait été retrouvé au lycée. Heureusement pour eux, il ne s'agissait pas d'un élève mais du concierge. Isabelle insista pour l'accompagner et confia la tâche de ranger l'appartement à Chloé qui se montra très enthousiaste...
Isabelle monta dans la voiture et Philippe démarra.
- Je me demande si on a bien fait de revenir...
Philippe la regarda étonné.
- Pourquoi ?
- Ca fait réfléchir, un concierge tué dans le lycée où Chloé va bientôt reprendre, sans oublier qu'elle y a déjà passé deux ans, expliqua Isabelle.
- C'est le concierge, la rassura Philippe. Ce n'est pas comme si c'était un professeur ou pire un élève.
- Oui tu as raison...
- Et sinon, le trajet s'est bien déroulé ? demanda Philippe.
- Impeccable, il n'y avait pas beaucoup de circulation.
- Super, et il y a une semaine tu me disais que Nicolas avait trouvé un appartement, il a déjà emménagé ?
- Oui, il a déjà signé le bail mais les gens qui occupent l'appartement partent dans le courant du mois, en attendant il loge chez un collègue de travail, répondit Isabelle.
- Et ça va ... ?
Isabelle le regarda, surprise.
- Mais très bien...pourquoi me demandes-tu ça ?
- Je ne sais pas la dernière fois, tu... tu étais triste qu'il parte.
- Oui, mais comme tu me l'avais dit : il grandit !
Isabelle avait pu le constater plusieurs fois à Lyon. Elle n'avait plus besoin de lui demander d'acheter du pain, il en ramenait par lui-même. Il l'aidait en cuisine, sa chambre était parfaitement rangée et lorsqu'elle avait voulu s'intéresser à son boulot elle n'avait pas eu besoin de lire beaucoup de calcul pour comprendre qu'il avait de vraies responsabilités.
Philippe gara la voiture dans la cour du lycée. Ils en descendirent et se dirigèrent vers les rubans jaunes qui avaient été tirés dans le hall du bâtiment juste devant la porte donnant sur le hangar du concierge.
- Vous avez fait vite, Platon ! s'exclama Isabelle.
- Les cadavres n'attendent pas !
- On a de la chance d'être samedi !
- Oui effectivement, on a moins de petits curieux comme ça, dit Platon.
- Comment s'appelle la victime, demanda-t-elle.
- Fernando Paiva, répondit-il en lui montrant son portefeuille.
Platon vérifia si toute les cartes de crédit étaient encore là.
- On peut déjà exclure le vol, tout s'y trouve et pas qu'un peu ! s'exclama-t-il en sortant un billet de 500 euros.
- Pourquoi tant d'argent ? s'étonna Isabelle.
Platon haussa les épaules.
- On inspectera ses comptes. Alors pour la mort ? demanda Philippe.
- Comme vous pouvez le voir, il a reçu quatre coups de couteau dans l'abdomen, l'un d'eux à sectionné l'aorte ce qui a provoqué la mort.
- Une idée de la forme de la lame ? intervint Isabelle.
- Je ne sais pas encore, le médecin légiste vous en dira plus.
- Vous avez trouvé d'autres indices ? demanda Philippe.
- Je ne sais pas s'il y a un rapport avec notre enquête mais la victime avait ce sachet de coke dans son blouson. Je dirais qu'il doit y en avoir 100 grammes, estima-t-il en le pesant.
- Un règlement de compte entre trafiquant ? émit le Capitaine.
Isabelle se montra septique.
- Pourquoi ne pas avoir pris le sachet, alors ?
- C'est vrai..., admit Philippe. Ça vaut quand même la peine de l'analyser.
Platon fit signe aux deux personnes restées sur le bord qu'elles pouvaient enlever le corps.
- Et pour l'heure de la mort ? demanda Isabelle.
- Je dirais vers 17 ou 18 heures. Pour moi il était sur le point de ranger ses affaires et de partir quand il a été tué.
- Oui vu l'emplacement du corps, c'est cohérent, approuva Isabelle.
À l'extérieur, on entendit une voiture arriver et deux portières claquées, c'était Rivière et Roussillon qui arrivaient.
- Bonjour ! saluèrent-ils en c½ur.
- Vous avez l'adresse de la victime ? demanda Philippe à Platon.
- Voilà, dit-il en lui tendant un papier sur lequel son assistant avait écrit les coordonnées du concierge.
- Merci, Lieutenant vous y allée avec Rou...
Isabelle le fusilla du regard. Si elle avait eu des mitraillettes à la place des yeux, il serait déjà mort.
Soudain, Philippe comprit le pourquoi de ce regard et se reprit.
- ... avec Rivière. Et vous Roussillon vous venez avec moi, on va interroger le voisinage.
Les gendarmes partirent.

Rivière s'arrêta devant le 26 du boulevard Gambetta et coupa le moteur.
- Il avait des enfants ou une femme ? demanda-t-il en franchissant le portail suivit d'Isabelle.
- Je ne crois pas, et à voir le maison j'en suis de plus en plus sûr.
En effet la maison était très calme et ça faisait bien longtemps que quelqu'un s'était occupé du jardin. Rivière frappa quand même au cas où, mais personne ne répondit. Avant de forcer la porte, Isabelle poussa tout de même la poignée et effectivement la porte s'ouvrit. Elle porta immédiatement la main à son arme et Rivière en fit de même. D'un signe de tête, elle lui fit comprendre qu'elle s'occupait des portes de droites et lui, celles de gauche.
Après quelques minutes, Rivière revint vers Isabelle et l'informa qu'il n'y avait rien à signaler.
- De mon côté non plus, répondit-elle.
L'appartement était complètement retourné.
- Regardez ! On dirait qu'à partir de cet endroit le cambrioleur a trouvé ce qu'il cherchait.
- Effectivement, tout a été remué jusqu'ici mais depuis-là plus rien, approuva-t-il en montrant le buffet où on pouvait voir la nette différence.
Isabelle ce dirigea vers le meuble et ouvrit les tiroirs pour tenter de trouver ce que leur homme cherchait. Elle tira les gants en plastique de sa poche et les enfila. Le premier tiroir était déjà à moitié vide, la plupart des dossiers qu'il contenait avait été renversés sur le sol. Isabelle passa donc au suivant. Il était complètement vide ainsi que le troisième et le quatrième qu'elle inspecta. Arrivée au cinquième qui se trouvait tout en bas au milieu, elle jeta un bref coup d'½il puis passa au suivant mais tourna à nouveau la tête. Dans le coin droit, elle avait failli ne pas remarquer les résidus de poudre blanche.
- Rivière ! appela-t-elle.
Celui-ci arriva aussitôt.
- Regardez, dit-elle en désignant la poudre.
- De la coke ? émit l'adjudant.
- Ça m'en a tout l'air. J'appelle Platon, dit Isabelle en sortant son téléphone.

Bien que le lycée se trouvait en plein centre-ville, l'enceinte du bâtiment public était si grande que les maisons les plus proches se trouvaient seulement à 50 mètres donc il était peu probable que les habitants aient entendu quelque chose de suspect. Mais ça valait toujours la peine d'essayer.
- Vous faites cet immeuble là et moi je me charge de celui-ci, décréta Philippe.
Roussillon hocha la tête et se dirigea vers l'immeuble bleu-ciel que lui avait désigné le Capitaine. Il poussa la porte, gravit quelques marches et sonna au premier appartement. Une vieille femme lui ouvrit.
- Bonjour madame, gendarmerie. J'aimerais savoir si vous aviez entendu des cris venant du lycée hier soir.
- Pardon ? Avoir des prix pendant le marché du terroir ? Mais ce n'est pas ici !
Roussillon soupira et répéta sa question. Mais vu comme elle était sourde, il était fort probable qu'elle n'ait rien entendu. Il la remercia quand même et passa au palier suivant. Cette fois la femme qui lui ouvrit était nettement plus jeune mais elle ne le renseigna pas plus. Après une petite heure à avoir interrogé les gens, le Capitaine et l'officier se retrouvèrent sur le trottoir pour faire le point. Finalement de son côté Philippe n'en avait pas appris beaucoup plus si ce n'est qu'un homme avait entendu une voiture démarrer sur les chapeaux de roue aux alentours de 17h30. Ce qui les laissait penser, s'il s'agissait bien du meurtrier, que le crime avait été commis peu de temps avant.
Finalement ils rentrèrent à la caserne dans une ambiance tendue qui qualifiait la caserne depuis quelques semaines. Roussillon était devenu taciturne, il ne donnait plus son avis sur les différentes pistes d'une enquête comme avant. Et cela était en partie dû à la l'engueulade que Philippe lui avait donnée.

En attendant que Philippe revienne, Isabelle alla dans son ancien bureau qui était redevenu le sien et aida le Lieutenant Marchal à finir de ranger ses dossiers.
- Je peux vous poser une question ? demanda-t-il.
- Oui ?
- Il y a un problème entre l'officier Roussillon et vous ? dit-il en mettant un classeur dans un carton.
Isabelle posa sur le bureau le classeur qu'elle tenait dans les mains.
- Ne me dites pas que vous n'êtes pas au courant !
Le Lieutenant sourit.
- Bien sûr que si je suis au courant. Et si vous permettez j'aimerais bien vous donnez mon avis sur la situation.
- Non merci ! s'énerva Isabelle.
- A vrai dire ce n'était pas une question.
- Mais je ne vous demande pas votre avis, c'est ma vie et je suis assez grande pour résoudre mes problèmes toute seule, décréta Isabelle en haussant la voix.
- Encore faudrait-il que vous ne fassiez pas comme si de rien était.
Isabelle le fusilla du regard. De quel droit se permettait-il de lui donner des leçons.
- Durant ce mois j'ai tout de même eu la possibilité de faire la connaissance avec les gendarmes de l'équipe. J'ai notamment pu constater que vous manquiez beaucoup au Capitaine, qu'il avait également la peur du notable ou encore que Rivière était les archives ambulantes de la caserne..., s'il vous plaît écoutez-moi...intima-t-il.
Isabelle soupira et se laissa tomber sur la chaise de bureau. Après tout Philippe n'était toujours pas rentré donc, elle n'avait pas grand-chose d'autre à faire.
- Je n'ai pas vraiment le choix, si je comprends bien.
- Effectivement, confirma le Lieutenant.
Marchal s'approcha d'elle et vint s'asseoir sur le rebord du bureau.
- Je n'ai pas seulement parlé au Capitaine, ni à Rivière mais aussi à Pierre Roussillon qui est votre ami...
- était, rectifia Isabelle.
- Était si vous voulez. Mais je ne trouve pas ce verbe à l'imparfait justifié. Il regrette vraiment son acte. Je sais que ce n'est pas à moi de m'occuper de vos histoire de c½ur, mais je pense que vous devriez aller lui parler et tenter de lui pardonner...
- De lui pardonner ?! s'exclama Isabelle, outrée. Mais vous ne vous rendez pas bien compte de ce qu'il a fait !
- Bien sûr que si mais on fait tous des erreurs dans la vie, et la jalousie en est souvent la cause première, argumenta le Lieutenant.
- Des erreurs ! railla Isabelle. Je vous signale quand même au passage que cette erreur m'a éloigné pendant un mois et demi de la personne que j'aime et de toute l'équipe et je ne parle même pas de ma fille qui a dû quitter ses amies...
- Alors je n'ai pas réussi à vous faire changer d'avis ?
Isabelle soupira à nouveau.
- Je ne sais pas... je vais y réfléchir...
Le Lieutenant sourit. Il savait que sous ses airs d'amie trahie, elle continuait d'éprouver de la sympathie pour Pierre.

Lorsqu'Isabelle aperçut Philippe rentrer, elle se dirigea immédiatement vers son bureau. Elle frappa et passa la tête par l'entrebâillement de la porte.
- On peut faire le point ? demanda-t-elle.
- Oui, entre, dit-il en lui désignant du menton la chaise en face de son bureau.
Isabelle s'y assit et commença.
- Le domicile de la victime a été cambriolé. Quand nous sommes arrivés la porte était ouverte et le salon était recouvert de dossiers, d'objets,...
- Et vous avez une idée de ce que le voleur cherchait ?
- A première vue, il venait chercher le ou les sacs de coke que lui devait Paiva. J'ai retrouvé de la poudre blanche dans un des tiroirs du buffet, et on remarque nettement qu'à partir de ce meuble le cambrioleur s'est arrêté de fouiller...donc il a trouvé ce qu'il cherchait, déduisit Isabelle.
- Tu as demandé à Platon d'analyser la poudre ?
Isabelle approuva d'un signe de tête.
- Il aura les résultats tantôt. Et vous qu'est-ce que ça a donné ?
- Pas grand-chose. Tu dois t'en douter, vue la distance qui sépare le lycée et les premières habitations. J'ai tout de même un témoin qui prétend avoir entendu une voiture démarrer sur les chapeaux de roue aux alentours de 17h30.
- De quel côté du bâtiment ?
- Sur la rue Max Vidal, c'est le chemin le plus court pour sortir de l'établissement et le plus discret étant donné qu'il se trouve derrière. On peut donc en déduire qu'il s'agit surement de notre meurtrier.
Isabelle hocha la tête.
- Ton témoin, il peut la décrire la couleur ? La marque ?
Philippe soupira.
- Non...
- Et pour ses comptes ?
- J'ai mis Roussillon dessus, il nous en dira plus dans un moment.
Isabelle allait ouvrir la bouche pour ajouter quelque chose mais elle fut stopper dans son élan par trois coups frappé à la porte.
- Entrez ! clama Philippe.
Platon ouvrit la porte, une feuille à la main.
- Lieutenant ! La poudre que vous avez retrouvée dans le tiroir est bien de la cocaïne, l'informa-t-il.
Isabelle le remercia et se retourna vers Philippe en soupirant.
- Pas encore une affaire de stup..., se désola-t-elle.
Philippe la regarda étonné.
- Pourquoi tu dis ça ?
- La dernière à Lyon s'est plutôt mal terminée...
- Tu veux en parler ? demanda Philippe qui voyait qu'Isabelle éprouvait une certaine tristesse aux souvenirs de ces évènements.
Isabelle se revit trois semaines en arrière sur les quais de la Saône avec toute son équipe. Après des jours et des jours de surveillance acharnée des frères Lopez, ils avaient réussi à les prendre en flag. Miguel et Rafael Lopez avaient donné rendez-vous à leur fournisseur sur le parking d'une usine désaffectée en banlieue.
Les gendarmes avaient appris l'information grâce à l'écoute téléphonique qui avait été mis en place et Isabelle avait lancé l'opération. Seulement sur les lieux, un gendarme n'avait pas écouté les ordres et s'était présenté seul devant les criminels et évidemment ceux-ci l'avaient descendu. Isabelle avait appris par la suite que sa fille était morte d'une overdose donc il en avait fait une affaire personnelle, ce qui lui avait coûté la vie.
Et ce n'était pas tout, les trafiquants avaient immédiatement pris la fuite. Alors s'était engagée une véritable course poursuite dans tout Lyon, qui s'était terminée aux bords de la Saône. Les trois dealeurs avaient fini par sortir de leur voiture mais l'un deux s'était suicider d'une balle dans la tête, car il lui était impossible de retourner en prison.
- Bien sûr c'était un criminel, mais c'était d'abord un homme..., termina Isabelle tristement.
- C'est normal d'avoir ce genre de réaction, la rassura Philippe. Ça prouve qu'on est...humain.
Isabelle sourit. Ça lui avait fait du bien de parler. « Décidemment Philippe à une âme de psychologue ! » pensa-t-elle en se remémorant la scène ou elle était venue lui raconter qu'elle avait dit ma fille en parlant de Chloé, quelques années auparavant.

Aux alentours de 18 heures, le Capitaine et le Lieutenant organisèrent un debriefing pour tenter de trouver une première piste.
- Je pense que tout le monde a eu le temps de faire les recherches qu'il avait à faire, commença Isabelle. Alors commençons par vous Rivière.
- J'ai fait le listing de ses appels durant les trois derniers mois. Rapidement on note que ce numéro revient deux à trois fois par semaine, dit-il en désignant une série de chiffres qu'il avait passé au marqueur vert.
- Son fournisseur ? demanda Philippe.
- Ce numéro appartient à un dénommé Dario Santo mais je n'ai rien pu obtenir sur lui.
- Oui parce qu'il faut dire qu'on a tout lieu de penser qu'il s'agit d'un règlement de compte entre dealeur, expliqua Isabelle. Premièrement avec l'adjudant Rivière nous avons retrouvé des résidus de coke dans un tiroir. Et l'appartement venait d'être cambriolé.
Ce qui nous laisse penser que quelqu'un est venu rechercher son dû. Deuxièmement, je me suis chargée de regarder si la victime avait un casier judiciaire et effectivement il a déjà été arrêté pour détention de stupéfiant à l'âge de 25 ans. Troisièmement, la somme retrouvée dans son portefeuille est peut-être l'argent que lui devait un ancien client. Roussillon vous vous êtes chargé des comptes de la victime, pouvez-vous nous en dire plus ?
Isabelle avait essayé de faire paraître sa voix la plus chaleureuse possible, mais elle n'y était pas parvenue.
Pierre se leva péniblement et commença d'une voix monotone à expliquer que le compte en banque de la victime n'était pas très fleurissant mais qu'on pouvait tout de même observer des rentrées d'argent régulières au milieu du mois mis à part son salaire qui ne lui permettait pas de vivre dignement.
Isabelle n'écoutait que d'une oreille. « Où était passé le Roussillon qu'elle connaissait, le gendarme qui apportait toujours ses idées, l'homme vif, drôle, dragueur... ? » se demandait Isabelle. A présent le gendarme qu'elle avait sous les yeux lui était inconnu. Il faisait son travail parce qu'il avait à le faire, pas un sourire, pas une seule objection... Comme si il avait perdu tout discernement. En y réfléchissant Isabelle se rendit compte qu'elle était peut-être à l'origine de ce changement mais elle refusa cette pensée et se dit que si, il en était là, c'était sa faute et uniquement sa faute. Après tout, il avait écrit cette lettre de son plein gré !
- Isabelle ? appela Philippe.
Elle sursauta. Plongée dans ses pensées, elle avait oublié d'écouter le dialogue qui se déroulait autour d'elle.
- Oui ? dit-elle d'une petite voix, pour montrer sa désolation.
- D'où pensez-vous que cet argent vient ? demanda Philippe.
Heureusement qu'Isabelle avait quand même un peu écouté ce que Roussillon avait dit, comme ça elle put comprendre de quoi Philippe parlait.
- A mon avis, si on part sur la piste du trafiquant, il s'agirait de la somme qu'il récoltait avec ses clients.
Philippe hocha la tête.
- Oui, ça colle. Le casier, les rentrées d'argent, et la coke volée... dit-il pensif. Lieutenant vous avez pu avoir contact avec ses amis de l'époque, lorsqu'il a été arrêté ?
Isabelle relut sa feuille de note et répondit.
- L'un d'entre eux habite désormais Paris, l'autre est mort d'une overdose et le dernier connu de nos services n'a pas laissé d'adresse à sa sortie de prison.
- Contactez tout de même celui qui habite Paris et tentez de trouver l'adresse de l'autre, ordonna le Capitaine.
- Donc si je comprends bien il n'y a que la piste de l'homme qui appelle deux à trois fois par semaine qui tient, résumé Rivière.
- Oui.
Isabelle consulta sa montre. Il était 18 heures et le temps pressait car un meurtre dans un lycée faisait souvent peur, bien qu'il s'agisse du concierge. Plus vite cette affaire serait résolue mieux ce serait !
- Cherchez le domicile de cette personne et on y va, ordonna Isabelle.
- Mais c'est déjà fait, Lieutenant, déclara Rivière en lui montrant un post-it sur lequel était inscris les coordonnées de Dario Santo.
- Oui ! J'avais oublié que j'avais affaire à vous, sourit Isabelle. Alors allons-y !
Vu l'état de Roussillon, Philippe lui intima de rentrer chez lui et le Capitaine en fit de même pour que l'appartement soit totalement rangé au retour d'Isabelle. Si ce n'était pas déjà fait...

Comme le lui avait demandé le Capitaine, Pierre rentra chez lui trainant les pieds. Il ouvrit la porte de son appartement et se dirigea immédiatement vers la cuisine, prit un verre et se servit un whisky. Malheureusement, depuis quelques semaines c'était devenu une habitude. Il s'assit sur le canapé et commença à boire. Cette journée qui aurait dû être magnifique puisqu'Isabelle revenait, avait été un cauchemar. Il n'était pas difficile de lire dans son regard la haine qu'elle éprouvait dès à présent pour lui. Il n'avait même plus le courage de le croiser, alors qu'avant il l'avait tant cherché...
« Mais Pourquoi avait-il fait ça ? » depuis un mois cette question lui revenait sans cesse dans la tête, sans jamais trouver de réponses valables. Et avec le congé non payé que lui avait donné le commandement, il avait eu le temps de se la poser.
« Vous êtes un bon gendarme » lui avait assuré le Commandant. Avant Pierre n'en aurait pas douté mais maintenant... Pas besoin de tendre beaucoup l'oreille pour savoir ce qu'il se disait sur lui. Tout y était passé, salaud, lâche, traître, ...
Il y a un mois il était arrivé penaud dans le bureau du Commandant et lui avait avoué que c'était lui qui avait écrit la lettre qu'il avait reçu, et qui avait fait courir tous ces bruits bien entendu faux sur Philippe et Isabelle à la caserne. Le commandant qui n'aimait pas beaucoup Isabelle, s'en était douté mais il avait quand même prit cette décision de mutation. Pour Roussillon il lui avait donné un congé non payé de trois semaines en plus d'un blâme. Pierre l'avait plutôt bien pris, lui qui s'attendait à être muté à l'autre bout de la France et par conséquent ne plus revoir Isabelle. Evidemment il n'avait pas échappé à l'engueulade du Capitaine, qui lui reprochait d'avoir envoyé la femme qu'il aime à plus de 400 kilomètres de lui, tout ça juste par simple jalousie !
Mais la sanction la plus douloureuse, c'était aujourd'hui qu'il se l'était reçue en pleine poitrine lorsqu'il a pu lire la haine dans le regard d'Isabelle.
Lui qui pensait que deux petites phrases d'excuses et tout reviendrait comme avant...
Pierre avala la dernière gorgée de son verre et se leva pour s'en servir un deuxième.

Philippe ouvrit la porte de l'appartement d'Isabelle, et pensant trouvé encore des cartons partout, il s'arrêta net. Tout était parfaitement rangé !
Décidément Chloé n'avait pas fini de l'épater ! Si on ne l'avait pas su, on pourrait croire que jamais les meubles n'avaient bougé. Tout y était, et de plus, au même endroit !
- Chloé ? appela Philippe, bouche-bée.
La jeune fille et deux de ses amies sortirent de la chambre.
- Oui ? demanda la jeune fille, feignant l'innocence.
Comme Philippe fixait l'étagère, Chloé tourna la tête à son tour.
- Ah oui, pardon celui-là il va ici, plaisanta-t-elle en déplaçant un livre.
Philippe éclata de rire.
- Ah ! Tu n'étais quand même pas toute seule...
- Audrey et Elodie étaient tellement contente de me revoir qu'elles sont venues ici, donc je leur ai proposé de m'aider.
- Mais...bah... Merci à toute les trois !
- De rien ! s'exclamèrent les trois jeunes filles en c½ur.
- Vous voulez rester pour dîner ? proposa Philippe.
Chloé se tourna vers ses deux amies.
- Merci, mais j'ai des invités ce soir, répondit Elodie.
Audrey regarda Chloé en souriant.
- C'est gentil je veux bien, j'appelle mes parents, répondit-elle en sortant son portable.
- Parfait !
- Mais Isa sera d'accord ? demanda Chloé.
- Ne t'inquiète pas pour ça, sourit Philippe.

Dario Santo habitait à Nice, donc après une quarantaine de minutes de route Isabelle et Francis s'arrêtèrent devant un immeuble orangé. Après avoir regardé sur la boite aux lettres à quel étage ils devaient monter, ils sonnèrent chez lui. Etonnamment lorsque l'homme ouvrit la porte, sa tête rappela celle de quelqu'un à Isabelle.
- Gendarmerie, on peut entrer ? demanda-t-elle en présentant sa carte.
L'homme les laissa passer et les installa sur le canapé.
- C'est à quel sujet ?
- Vous connaissez Monsieur Paiva ? commença Rivière.
- Pourquoi vous me posez cette question ?
- Répondez Monsieur !
- C'est-à-dire.... Que....
- Nous enquêtons sur un meurtre, précisa Isabelle. Vous feriez mieux de répondre.
L'homme se laissa tomber sur le fauteuil qui se trouvait en face des gendarmes.
- Un meurtre ? répéta-t-il, horrifié.
Isabelle regarda Rivière. Avec cette réaction il était certain qu'il connaissait la victime.
- Alors vous le connaissez ? demanda à nouveau Isabelle.
- Oui je le connais... mais si ça pouvait rester entre nous que je le voyais...
Isabelle comprit immédiatement son allusion.
- Vous vous fournissiez chez lui ? devina-t-elle.
L'homme agrandit les yeux étonné.
- Pardon ?
- Vous lui achetiez de la drogue ? précisa Rivière.
L'homme rit.
- Ah non pas du tout !
Isabelle regarda Rivière étonnée. Il était vrai que l'appartement était très bien tenu, son apparence aussi. Mais bon, comme elle le disait souvent si les criminels avaient une tête particulière, elle n'aurait pas besoin de travailler.
- Alors de qui s'agit-il ? demanda Isabelle pour la énième fois.
- C'est mon père...  
 
 
Chapitre 6
" Amour et conflit "
chapitre écrit pas tchoubou1407 
 
 

– Votre père ?! Répéta Isabelle qui avait imaginé beaucoup de choses mais pas ça.
– Oui, vous ne pouviez pas le deviner, je porte le nom de ma mère Maria Santo, expliqua Dario santo.
– Je suis désolée mais votre père a été tué cet après-midi...., informa Isabelle
– Tué.... comment je vais faire maintenant...? répondit désespérément l'homme.
– Faire quoi ? demanda Isabelle qui craignait ne pas comprendre la réaction de Dario Santo.
– Ma mère est gravement malade, et le salaire de mon père ne suffisait pas pour subvenir aux besoins médicaux de ma mère, je lui donnais donc 400 euros chaque mois, mais là... financièrement, je ne peux pas payer l'intégralité des soins de ma mère....
– Mais votre mère est sans doute assurée et puis il y a la mutuelle, rassura Rivière.
– Ca ne suffit pas, mon père s'arrangeait pour rendre des services aux amis, aux voisins et gagner un peu plus d'argent, d'ailleurs je l'ai vu ce midi, et je lui ai donné l'argent.
– Combien ? Demanda Isabelle.
– Ce midi je lui ai donné 500 euros, car il avait besoin d'un peu plus pour payer des factures, précisa Dario Santo.
– Nous nous sommes rendus au domicile de vos parents mais il n'y avait personne, dit Isabelle.
– Ma mère est à l'hôpital depuis une semaine, la maladie a malheureusement progressé plus vite que ce que pensaient les médecins.
– Par contre la porte était ouverte, la maison a été visité, et nous avons retrouvé de la drogue dans la poche du manteau de votre père et puis des traces dans un tiroir, ajouta Isabelle.
– De la drogue ? Mais c'est impossible, s'exclama l'homme, mon père ne se droguait pas !
– On a des raisons de croire que votre père était au centre d'un trafic de drogue, dit Rivière.
– Mais mon père ne se droguait pas je vous dis ! répéta Dario Santo, indigné.
– Merci pour votre aide et nous sommes sincèrement désolé de vous avoir annoncé la mort de votre père ainsi, nous allons vous laisser et puis si vous avez besoin de quoi que ce soit nous sommes là.
– Merci.

Rivière et Isabelle sortirent de l'immeuble, le soleil se couchait, Isabelle regarda sa montre et s'aperçut qu'il était tard et que Philippe et Chloé devait l'attendre pour manger. Elle prit son portable et appela Philippe. Philippe entendit son portable sonner, il le prit et vit « Isabelle » s'afficher, il décrocha :

– Oui mon amour, répondit Philippe.
– Philippe je suis encore à Nice avec Rivière, on rentre à la caserne dans une quarantaine de minute.
– Les filles ont faim, je pense que si elles attendent plus longtemps elles vont tout dévorer
– Les filles ? Je ne me souviens pas avoir plusieurs filles à la maison ? Remarqua Isabelle
– Il y a la copine de Chloé, Audrey qui est venue cet après-midi pour aider Chloé à ranger l'appart et je lui ai proposé de manger avec nous.
– Ah d'accord, bah ne m'attendez pas pour manger...
– Je vais dire aux filles de manger si elles veulent et moi je vais t'attendre.
– Comme tu veux mon chéri, a tout à l'heure.
Isabelle mit fin à la conversation, monta dans la voiture et les deux gendarmes prirent le chemin du retour à la caserne. Dans la voiture, Isabelle et Rivière parlaient de l'enquête, du témoignage de Dario Santo, du retour d'Isabelle à Grasse puis Rivière aborda la cause de la mutation d'Isabelle à Lyon
– Isabelle, je sais que c'est à cause de ce qu'a fait Roussillon que vous avez été muté à Lyon, mais...
– Mais ? coupa Isabelle.
– Il n'a pas d'excuses, je suis d'accord, mais il est vraiment mal depuis deux mois....
– J'y peux rien.... rétorqua Isabelle, sèchement.
– Isabelle, mettez votre ranc½ur de côté et pardonnez-lui, insista Rivière.
– Je ne peux pas ! ...pas tout de suite, je crois que j'ai besoin d'un peu de temps.
– Comme vous voudrez, mais ne le laissez pas comme ça, sans paroles, sans regards, expliquez-vous une bonne fois pour toute et pardonnez-lui. Et puis si vous ne le faites pas pour lui, faites le pour nous, c'est difficile de travailler avec lui en ce moment....
– Je vais y réfléchir Francis, promis.

Ils arrivèrent à la caserne. Isabelle et Francis descendirent du véhicule. Ils montèrent tous les deux dans les parties privatives. Arrivés devant l'appartement des Rivière, Christine en sortit.
– Bonsoir Isabelle, salua Christine.
– Bonsoir Christine, répondit Isabelle
– Je suis contente que vous soyez de retour parmi nous, je commençais vraiment à m'ennuyer.
– Moi aussi je suis contente d'être revenue, la caserne me manquait vraiment.
– Et Chloé ?
– Quand Chloé a appris qu'on allait revenir ici, elle a sauté de joie de pouvoir revenir au lycée de Grasse et retrouver ses amies.
– Nicolas est resté à Lyon ?
– Oui, il est hébergé chez un collègue de travail mais dans quelques semaines, il aura son appartement.
– Tout va pour le mieux alors ?
– Oui, on peut dire ça comme ça, bon je vous laisse, Philippe et Chloé m'attendent.
– Bonne soirée Isabelle.
– Merci à vous aussi.

Isabelle rentra chez elle.
– Bonsoir tout le monde, lança Isabelle en entrant.
– Coucou, ça va ? Demanda Chloé.
– Oui, je croyais que la journée n'allait pas se terminer, répondit isabelle.
– Isabelle, Philippe a invité Audrey pour le dîner,
– Oui je sais ma puce, bonsoir Audrey.
– Bonsoir madame, salua la jeune fille.
– Appelle-moi Isabelle.
– D'accord madame euh... Isabelle.
– Philippe n'est pas là ? demanda Isabelle.
– Il prend sa douche, répondit Chloé.
– Bon on peut manger là ? s'impatienta Chloé.
– Vous n'avez pas encore mangé ? Demanda Isabelle.
– Non, on voulait t'attendre
– Alors à table ! s'exclama Isabelle.
Audrey et Isabelle s'assirent, Chloé mit le repas sur la table et s'assit à son tour. Philippe arriva dans le salon.
– Ah mais tu es là, je ne t'ai pas entendu rentrer, dit Philippe.
Il s'approcha d'Isabelle qui se retourna, et l'embrassa puis s'assit à côté d'elle. Chloé servit tout le monde, et le dîner commença.
– Alors Chloé, contente de retrouver tes copines ? Demanda Isabelle.
– Trop ! Elles m'ont trop manqué toutes les deux, même si on a discuté sur internet mais... c'était pas pareil, répondit Chloé, qui était heureuse.
– Toi aussi tu nous as manqué Chloé, avoua Audrey.
– Mais maintenant on est ensemble et on ne se quitte plus, s'exclama Chloé.
– Exactement, lundi tu pourras demander au directeur du lycée d'être dans notre classe, proposa Audrey.
– Oui, de toute façon, je n'envisage pas d'être dans une autre classe que la vôtre, dit Chloé.
– Je vais t'emmener au lycée lundi matin pour te réinscrire, proposa Isabelle.
– Alors ta visite à Nice ? demanda Philippe.
– On a quelques nouveaux éléments je vais t'expliquer tout à l'heure, répondit Isabelle.
– Comment trouvez-vous notre repas, demanda Chloé.
– C'est très bon, félicita Isabelle qui était contente de partager à nouveau de vrais repas de famille, il manquait Nicolas, et ils seraient au complet.
– On l'a préparé toutes les deux, précisa Chloé.
Le repas prit fin. Isabelle proposa à Audrey de rester dormir ici. Elle lui répondit qu'elle n'était pas contre mais qu'elle devait demander l'avis à ses parents. Isabelle et Chloé desservirent la table pendant qu'Audrey était au téléphone avec sa mère. En raccrochant le téléphone, Audrey annonça à sa copine qu'elle pouvait rester dormir à la caserne mais qu'elle devrait rentrer chez elle le lendemain matin. Chloé était super contente. Les deux adolescentes préparèrent le lit d'Audrey puis se mirent devant l'ordinateur.
Isabelle qui terminait de ranger l'appartement, alla ensuite s'asseoir à coté de Philippe dans le canapé.
– Alors qu'as-tu appris à Nice ? demanda Philippe.
– Ah ! Ah !... petit curieux !! dit-elle avec un air malicieux.
– Curieux, moi ? Je vous rappelle Lieutenant que je suis votre supérieur, donc en droit de connaître les nouveaux éléments, répondit-il sur le même ton qu'Isabelle.
– Ah oui, supérieur...? répéta Isabelle qui avait une idée derrière la tête.
– Isabelle...!
– Oublie le travail un peu et suis-moi, répliqua Isabelle.
Isabelle se leva et prit la main de Philippe pour qu'il en fasse autant. Elle l'entraina dans la chambre. Elle commença à déboutonner la chemise de Philippe et l'ôta, Philippe comprit rapidement où elle voulait en venir. Il déposa un doux baiser sur ses lèvres et lui ouvrit délicatement la fermeture éclair de sa tunique et l'enleva. Ils se laissèrent tomber sur le lit.
Il l'embrassa le long de son cou puis descendit à hauteur de la poitrine. Depuis le temps qu'Isabelle attendait impatiemment leurs retrouvailles.
La nuit se passa très tendrement, sauf pour Roussillon qui noyait une fois de plus son désespoir dans l'alcool. Malgré l'engueulade qu'il avait pris par Philippe quelques semaines auparavant, à propos de son comportement face à l'alcool cela n'avait pas changé grand-chose. Il ne supportait plus qu'Isabelle l'ignore totalement. Face à lui, il y avait un cadre avec une photo de l'équipe accroché au mur, photo qui avait été prise lors d'une sortie que Christine et Isabelle avaient organisé avant la mutation à Lyon. Il lança son verre contre le cadre, le verre se brisa et le cadre aussi.

Le dimanche matin, Isabelle se réveilla, elle se leva sans faire de bruit car Philippe dormait profondément. Elle alla prendre sa douche puis déjeuna. Elle prit un post-it, griffonna un « Je t'aime » suivi de trois coeurs, et le colla sur l'abat-jour de la lampe de chevet afin que Philippe le voit à son réveil. Elle sortit de l'appartement et se rendit dans son bureau. Elle remit le nez dans le dossier Paiva. Pendant la nuit, elle avait pensé à la fuite du tueur par l'arrière du lycée. Si la voiture entendu par le voisinage, est partie en trombe, sans doute qu'elle y a laissé des traces de pneu... Platon avait-il vérifié si ces traces de pneu étaient présentes sur le bitume ? Cet élément pourrait, après analyse, donner le type de voiture. Elle quitta son bureau et partit voir Platon au labo. En arrivant au labo, elle remarqua que Platon n'y était pas. Elle alla voir le gendarme à l'accueil, et demanda si ce dernier avait vu Platon. Il lui répondit qu'il n'avait pas encore prit son service, surprise de la réponse du gendarme, elle regarda sa montre et vit qu'il était à peine 7h. Platon ne prenait son service qu'à 8h. Elle retourna dans son bureau en se disant que finalement cela lui laisserait le temps de remplir quelques papiers administratifs.
Philippe qui se réveillait se rendit compte qu'il n'y avait personne à côté de lui. Isabelle était déjà debout. Il se leva et fut d'autant plus surpris quand il s'aperçut qu'isabelle était non seulement debout mais en plus partie. Il enfila un pull et un pantalon et trouva le post-it qu'Isabelle avait déposé sur l'abat-jour. Il sortit de l'appartement. Il était persuadé qu'Isabelle était déjà au travail. Il arriva dans son bureau et la vit assise, la tête dans les papiers. Il ferma le store pour avoir un peu plus d'intimité, et commença par l'embrasser passionnément.
– Tu ne peux pas t'empêcher de travailler...? s'exclama Philippe.
– Les bonnes choses ont toujours une fin... murmura Isabelle.
– Malheureusement, mais peut être que ce soir on va pouvoir reprendre là où on s'est arrêté...
– Qui sait...
– Bon sinon tu as déjeuné ? demanda Philippe.
– Oui, on peut faire un débriefing dans une heure ?
– Oui, dans une heure dans le grand bureau ?
– Oui très bien.
– Je vais déjeuner.
– Ok, a tout à l'heure.
Philippe sortit du bureau et monta à l'appartement. Il prépara son petit déjeuner et le prit tout en regardant les infos à la télé. Le portable d'Isabelle sonna, elle l'avait oublié sur le comptoir de la cuisine. Philippe le prit et vit que c'était Nicolas qui cherchait à la joindre.
Il décrocha.
– Allo ? Répondit Philippe
Nicolas était surpris, il s'attendait à entendre une voix de femme, alors que là c'était pas le cas.
– Euh... Philippe, hésita Nicolas.
– Oui, ça va Nicolas ? demanda Philippe.
– Oui, très bien, mais ma mère n'est pas là ? Questionna le jeune homme.
– Elle est dans son bureau mais elle a oublié son portable en partant ce matin.
– Ah ok...
– Tu as un problème Nicolas ?
– Non mais tu peux lui dire qu'elle me rappelle assez rapidement s'il te plait ?
– Je vais passer le message sans faute.
– Merci, bonne journée alors.
– Merci à toi aussi Nicolas.
Après un rapide passage dans la salle de bain, Philippe prit ses affaires et le portable d'Isabelle et sortit de l'appartement. Dans le couloir il croisa Rivière qui s'apprêtait à aller travailler. Ils se saluèrent et firent le chemin jusqu'à l'accueil de la gendarmerie ensemble.
Philippe informa Rivière qu'ils allaient faire un débriefing dans quelques minutes dans le grand bureau et lui ordonna de prévenir les autres gendarmes.
Les gendarmes arrivèrent les uns après les autres dans le grand bureau. Roussillon fut le dernier à franchir l'entrée de la pièce. Il avait la tête de quelqu'un qui avait peu dormi.
– Bon tout le monde est là, on va pouvoir commencer, Lieutenant je vous laisse la parole, annonça le capitaine.
Isabelle se racla la gorge afin d'avoir la voix plus audible possible.
– Je voudrais revenir à la voiture qu'un voisin du lycée à entendu... si le conducteur est parti rapidement, il a sans doute laissé des traces de pneu sur le bitume. Platon avez-vous été voir à l'arrière du lycée ? Demanda Isabelle
– Euh... non, dit-il penaud.
– Il n'a pas plu cette nuit, donc s'il y a eu des traces de pneu faites hier, elles y sont encore ce matin, allez au lycée et inspectez la rue Max Vidal et dépêchez-vous un peu
– J'y vais tout de suite lieutenant.
– Rivière, retrouvez les anciens amis de Paiva, notamment celui qui habite Paris, Paul Deslandes et...
– Je le convoque ici ? questionna Rivière
– Non, Isabelle réfléchit puis ajouta. Mettez-vous en relation avec la gendarmerie de Paris et mettez en place une visioconférence, je veux pouvoir l'interroger rapidement, ordonna Isabelle
– Et moi je fais quoi ? demanda Roussillon, sèchement.
– Vous ? Mais il y a surement des procès-verbaux à enregistrer... rétorqua-t-elle sans montrer la moindre sympathie.
La réponse d'Isabelle attira l'attention de Philippe. Il lui lança un regard noir.
– Lieutenant, dans mon bureau tout de suite ! Exigea le capitaine.
Philippe se dirigea vers son bureau suivit d'Isabelle. Ils y entrèrent et pria Isabelle de s'asseoir
– Isabelle, tu vas trop loin ! s'exclama Philippe
– Pourquoi ? Demanda naïvement Isabelle, qui savait de quoi parlait Philippe.
– Tu as été odieuse avec Roussillon, tu veux quoi, qu'il déprime c'est ça ?
– Tu le défends ? demanda Isabelle.
– Mais je défends personne Isabelle, s'énerva Philippe, mais tu ne vois pas qu'il va mal ?!
– C'est son problème... clama Isabelle.
– Arrête, Isabelle ! Roussillon est un très bon élément sauf que depuis que tu es revenues, rien ne va plus avec lui, s'indigna Philippe
– Je peux repartir si tu veux ? Proposa Isabelle
– Ne me fais pas dire ce que j'ai pas dit ! Mais ne le mets pas hors enquête...
– Je n'ai rien pour lui, justifia Isabelle.
– Il pourrait très bien aider Rivière.
– Rivière est venu se plaindre à moi en me disant qu'en ce moment ce n'était pas facile de travailler avec Roussillon.
– Il faut dire que tu ne lui facilite pas la tâche.
– Evidemment c'est de ma faute, s'exclama Isabelle en se levant, énervée.
– Isabelle, je te jure que tu vas t'expliquer avec Roussillon, que tu le veuilles ou non !

Marc, le gendarme de l'accueil, entendit sans mal la dispute entre le capitaine et le lieutenant. Il comprit que ce n'était vraiment pas le moment d'y aller.
Isabelle se leva.
– Ah au fait, voilà ton portable. Nicolas a appelé, il faut que tu le rappelles, l'informa Philippe.
– Merci.
Elle sortit du bureau. Son portable sonna. Elle décrocha et en même temps rejoignit son bureau. C'était Platon qui l'appelait pour l'informer qu'en effet il y avait des traces de pneu sur la route. Mais à première vue, les traces de pneu provenaient d'une voiture plutôt banale genre citadine. Elle répondit à Platon de faire une photo des traces et de rentrer à la caserne, puis mit fin à la conversation. Elle regarda le fax et vit une fiche avec l'identité et les renseignements de la pénitentiaire concernant le troisième homme qui n'avait pas laissé d'adresse à sa sortie de prison. Il se dénommait Luis Alonso.
Peut-être que Paul Deslandes, qui était à Paris avait gardé contact avec ce Luis Alonso.
Isabelle appela Rivière et lui demanda où il en était avec la gendarmerie de Paris.

Le gendarme lui répondit qu'il était en contact avec le lieutenant Darcourt de la gendarmerie du 13 ème arrondissement, que ce dernier allait rendre une visite à Paul Deslandes et qu'une visioconférence serait peut-être possible dans l'après-midi.
Quelqu'un frappa à la porte.
– Entrez ! Clama-t-elle
– Je ne vais pas tarder à prendre la route pour Bordeaux, dit le lieutenant Marchal.
– Ah ! Bonne chance alors, souhaita Isabelle.
– Merci, j'ai été ravi de vous rencontrer même si nous avons eu peu de temps.
– Oui, et puis je suis désolée, vous n'arrivez pas dans la période la plus facile.
– Je suis sûr que tout va revenir dans l'ordre et puis parlez lui, conseilla le lieutenant Marchal.
Isabelle ne répondit pas, elle laissa juste paraître un petit sourire.
– Bon j'y vais, dit le lieutenant Marchal.
– Bonne route lieutenant.
Le lieutenant prit ses affaires qu'il mit dans sa voiture et quitta la caserne, après avoir salué toute l'équipe.
Son portable sonna à nouveau.
– Oui Chloé ? Répondit Isabelle.
– Isabelle est ce que tu peux ramener Audrey chez elle, il n'y a pas de bus ? Demanda Chloé.
– Chloé, j'ai du travail au cas où tu l'aurais oublié.
– S'il te plait, sa mère a accepté qu'elle dorme avec moi à condition qu'elle rentre avant midi.
– Bon j'arrive.
– Ah merci t'es cool !! s'exclama Chloé
– Je sais....
Isabelle monta à l'appartement, Chloé rangeait sa chambre et Audrey s'apprêtait à partir.
– Bonjour les filles, salua Isabelle.
– Bonjour madame, répondit Audrey.
– Isabelle, reprit Isabelle puis demanda à la jeune fille si elle était prête.
– Oui c'est bon, dit la jeune fille.
– Tu restes là, chérie ? Questionna Isabelle.
– Oui, répondit Chloé.
– Bon on est partis alors.
Isabelle et Audrey traversèrent le couloir et descendirent l'escalier. Elles montèrent dans la voiture et quittèrent la caserne.

Rivière avait reçu des nouvelles du lieutenant Darcourt, les hommes de la gendarmerie du 13 ème arrondissement de Paris s'étaient rendu chez Paul Deslandes, ils n'avaient rien trouvé de bizarre. Ils avaient fixé un rendez-vous à 14 heures pour la visioconférence.
Rivière se rendit dans le bureau d'Isabelle et vit qu'elle n'y était pas.
Il alla donc trouver le capitaine dans son bureau. Il frappa et ouvrit la porte après avoir entendu l'ordre d'entrer. Il expliqua au capitaine, les derniers éléments qu'il avait eu. Notamment, le contact pris avec le lieutenant Darcourt, et la visioconférence avec Paul Deslandes prévue à 14 heures. Philippe l'écouta jusqu'au bout et lui déclara qu'il avait fait du bon travail.
Il lui demanda où était Roussillon et ce qu'il en pensait. Rivière lui répondit qu'il était dans le grand bureau, il enregistrait les procès-verbaux comme le lui avait demandé Isabelle.
Rivière avoua que ce n'était pas une bonne idée de punir Roussillon. Il s'en voulait déjà suffisamment, ce n'était pas la peine de le faire culpabiliser encore un peu plus. Philippe, pour une fois, approuva la pensée de Rivière. Le capitaine remercia Rivière d'avoir confié son ressenti, et lui promit qu'il allait changer la situation.

Philippe rentra à l'appartement, il y trouva Chloé qui regardait la télévision.
– Chloé, peux-tu mettre la table s'il te plait ? Demanda philippe.
– Déjà ?
– Il est 12 h 25, l'heure de manger il me semble... non ? Argumenta Philippe
– Oui mais moi j'ai déjeuné il y a une heure donc j'ai pas très faim...
– Ca ne t'empêche pas de mettre la table, allez dépêche-toi, Isabelle va rentrer.
Chloé s'extirpa du canapé, ouvrit le placard et prit les assiettes et couverts puis les disposa sur la table, quant à Philippe, il prépara le repas. Isabelle arriva. Elle alla directement dans la chambre et appela Nicolas. Chloé comprit qu'ils s'étaient encore disputés.
– Décidément, vous ne pouvez pas vivre ensemble sans vous engueuler, c'est hallucinant.....
– Chloé, en veilleuse ! la rabroua sèchement Philippe.
– Je ne dis plus rien, je crois même que je ne vais pas rester avec vous ce midi, je vais aller prendre ma douche.
Chloé partit dans sa chambre puis dans la salle de bain, tandis qu'Isabelle revint dans la cuisine. Chloé pensa qu'un repas à deux quand les deux se font la tête c'est pas très amusant. Philippe et Isabelle se mirent à table. Il essaya d'engager la conversation, sans succès... Le repas fini, Isabelle s'apprêta à retourner dans le grand bureau, lorsque Philippe l'attrapa par le poignet
– Combien de temps ça va durer ? Demanda Philippe
– Lâche moi !
– Ca ne te ressemble pas ce comportement....
– ...Finalement on est plus heureux quand on ne vit pas ensemble ! cracha Isabelle
– Je t'aime Isa.... je veux juste que tu te réconcilies avec Roussillon, il a fait une connerie mais qui n'en fait pas ?
– C'est bon j'ai compris.
Elle se libéra de l'emprise de Philippe et s'en alla, fâchée.

Elle arriva dans le grand bureau.
– Alors Rivière ?
– Le lieutenant Darcourt et ses hommes ont été chez Paul Deslandes, ils l'ont ramené à la gendarmerie, la visioconférence est prévue à 14 heures, expliqua Rivière
– Ok, dans 15 minutes, où est Roussillon ? Demanda t-elle.
– Parti manger, répondit Rivière
– Ok, vous m'appelez quand la visio commence, dit Isabelle.
– Oui, répondit Rivière.
Isabelle alla dans son bureau, elle avait quelques papiers à remplir, puis une dizaine de minutes après, Rivière l'appela et l'informa qu'il ne manquait plus qu'elle pour commencer la visioconférence avec le lieutenant Darcourt et Paul Deslandes.
Elle alla dans le grand bureau, salua le lieutenant Darcourt qui apparaissait à l'écran et le remercia pour son aide.
Elle se présenta face à Paul Deslandes et lui posa plusieurs questions : Où était-il à l'heure du meurtre ? Est ce qu'il avait récemment vu Fernando Paiva ? Est ce qu'il savait où était Luis Alonso ? Est-ce que ce dernier peut être lié au meurtre de Paiva ?

Paul Deslandes répondit qu'à l'heure du meurtre, il était chez des amis dans le 12 ème arrondissement. Il précisa que Fernando Paiva et Luis Alonso faisaient partie des conneries qu'il a fait, il y a quelques années, mais que depuis qu'il est sorti de prison, il est clean. Il avait un travail, une famille et pour rien au monde il changerait ça.
La visioconférence finie, Isabelle en conclut avec Rivière que Paul Deslandes n'avait rien à voir avec le meurtre de Paiva. Il restait plus qu'à retrouver Luis Alonso.
Roussillon revint de sa pause déjeuner. Il s'installa à son bureau sans dire un mot.
– J'ai reçu la fiche de la pénitentiaire concernant Luis Alonso, mais à part sa photo, il n'y a rien qui pourrait nous à le localiser, dit Isabelle.
– On pourrait peut-être lancer un avis de recherche en mettant sa photo dans les journaux locaux pour commencer ? Proposa Rivière.
– Oui pourquoi pas, répondit isabelle qui était pensive.
– Pour demain c'est fichu, les journaux doivent déjà être à l'imprimerie, il sera dans le journal à partir de mardi.
– Très bien, approuva Isabelle.
– Bon... puisque vous êtes tous les deux là je vais vous laisser 10 minutes, même plus s'il le faut, et vous avez intérêt à vous expliquer parce que on en a jusque-là de votre guerre. Montrez-nous que vous savez agir en tant qu'adultes ! s'énerva Rivière qui quitta le bureau en fermant la porte.
Isabelle et Roussillon étaient surprise de l'attitude de Rivière.
Elle s'assit et attendit que Roussillon fasse le premier pas. Au bout de quelques minutes, ni l'un, ni l'autre n'articula le moindre mot.
Elle se leva et se dirigea vers son bureau.
– Si vous n'avez rien à me dire, ça ne sert à rien que je perde mon temps avec vous, déclara Isabelle.
1 seconde, 2 secondes, 3 secondes passèrent....
– Attendez.... Isabelle, commença Roussillon.
– Oui, vous avez quelque chose à me dire ? demanda Isabelle
– Je sais très bien que je n'ai pas d'excuses, j'ai agi comme un nul, je suis désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris....
– Vous êtes sûr ? insista-t-elle.
Roussillon ne sut quoi dire.
– Je pensais que dans mon équipe j'avais instauré la confiance, la parole, si vous étiez venu me voir, on aurait pu en parler mais au lieu de ça vous avez préféré agir derrière mon dos sans vous préoccupez de la suite de vos actes.
– Vous parlez ? Pour vous dire quoi ? Isabelle je vous aime parce que c'est ça la réalité, si j'ai fait ça c'est parce que je vous aime, depuis le premier jour où je vous ai vu, ...et puis je ne pensais pas que l'ordre de mutation vous serez destiné, avoua Roussillon.
– Taisez-vous ! s'exclama Isabelle.
– Ah évidemment me taire, toujours me taire, vous ne pouvez pas comprendre que moi aussi j'ai des sentiments pour vous ?
– Si vous aviez réellement des sentiments pour moi, comme vous le dites, vous auriez réfléchi avant d'envoyer cette lettre ! Répliqua Isabelle.
– Parce que vous croyez que je ne l'ai pas fait?? C'est facile de refaire l'histoire après coups ! Je suis désolé pour tout le mal que je vous ai fait, voilà c'est ce que vous vouliez entendre, non ?
Le portable d'Isabelle sonna, elle s'empressa de décrocher afin d'écourter la discussion avec Roussillon.
– oui ma puce, répondit Isabelle.
– Tu es occupée ? Questionna Chloé
– Pourquoi cette question ?
– Je m'ennuie, on pourrait aller faire un tour toutes les deux, avec Philippe ?
– Ok je vais voir ce qu'il fait et on arrive, à tout de suite.
Isabelle abandonna Roussillon, et alla voir Philippe dans son bureau. Elle frappa à la porte et entra.
– Ça va ? Demanda Philippe
– Oui, assura Isabelle
– On ne dirait pas, s'étonna Philippe
– Chloé vient de m'appeler, elle s'ennuie.
– Et ? Dit Philippe qui attendait la suite
– Elle voudrait qu'on aille faire un tour tous les trois, tu es occupé ?
– Euh, bon ok, j'arrive.

Philippe et Isabelle sortirent du bureau. Isabelle appela Chloé pour lui dire qu'ils l'attendaient dans la cour. Quelques minutes plus tard, la jeune fille arriva. Ils partirent ensemble se promener dans Grasse et profiter de la dernière journée avant la reprise des cours pour Chloé. La journée touchait à sa fin. Dans les couloirs de la caserne, ils croisèrent Christine Rivière qui les invita à manger chez eux. La soirée se déroula calmement, autour d'un bon dîner. Vers 22 heures, Philippe, Isabelle et Chloé saluèrent les Rivière, puis rentrèrent à l'appartement. Tout le monde se coucha. La journée avait été un peu longue pour certains...
 
 
Chapitre 7
" Nouveau départ "
 
 
- Allez Isa ! Dépêche-toi, on va finir par être en retard, râla Chloé, qui s'impatientait devant la porte, son sac de cours déjà sur le dos.
Isabelle devait la conduire au lycée pour la réinscrire.
- J'arrive, j'arrive, soupira Isabelle, en finissant de mettre sa boucle d'oreille.
Elle embrassa Philippe, prit ses clés de voiture sur le buffet et sortit.
- Je ne t'ai jamais vu aussi contente de reprendre l'école ! ironisa Isabelle en montant dans la voiture.
- Alors ça ne m'enchante pas du tout... C'est juste bien de retrouver mes amies, rectifia Chloé.
- Et cette année, c'est...
- l'année du bac, la coupa-t-elle, en soupirant. Oui, je sais...
- Je t'énerve peut-être mais c'est tout de même important !
Chloé hocha la tête, sans grandes convictions. Elle n'avait jamais vraiment eu de la peine à l'école donc elle ne voyait pas pourquoi, elle n'aurait pas son diplôme.

Après avoir parqué la voiture et attendu quelques minutes que le directeur veuille bien les recevoir, Isabelle et Chloé entrèrent dans son bureau.
- Alors jeune fille, vous êtes à nouveau parmi nous ! s'exclama-t-il ravi.
Chloé sourit, gênée.
- Je n'ai pas très bien compris ce qu'il s'est passé, ajouta-t-il en regardant Isabelle pour qu'elle lui explique.
- Oh, quelques problèmes de mutation...répondit-elle, pour ne pas trop rentrer dans les détails.
- Ah, c'est les aléas du métier, n'est-ce pas ?
Isabelle sourit.
- Bon, je suppose que vous n'êtes pas venues pour cela, dit-il en leur désignant les deux chaises en face de son bureau pour qu'elles s'y assoient.
L'homme chercha quelques instants dans la paperasse qui trainait sur son bureau, puis posa trois feuilles devant Isabelle.
- Voilà il vous suffit de signer ici en bas, dit-il en indiquant l'endroit concerné.
Isabelle prit un stylo, lut rapidement et signa.
- Parfait... Avant de retourner en cours, Chloé passez vers ma secrétaire elle vous donnera votre planning et je peux déjà vous dire qu'on vous a replacé dans votre classe de l'année passée.
Chloé hocha la tête. Au fond d'elle-même, elle était très heureuse, qu'il ne l'ait pas changé de classe. Elle salua Isabelle, serra la main du directeur et se dirigea vers le bureau du secrétariat.
Isabelle resta dans le bureau. Comme elle se trouvait ici, elle allait en profiter pour faire avancer son enquête.
- Vous avez certainement eu vent de la mort du concierge, commença Isabelle.
- Oui, c'est terrible..., se désola-t-il. Heureusement que ce n'était pas un élève. Déjà que j'ai quelques appels de parents, alors qu'est-ce que ça serait !
- Est-ce que je pourrais vous poser quelques questions à son sujet ? demanda-t-elle.
- Bien sûr !
- Vous étiez satisfait de son travail ?
- Je suis directeur, donc j'ai bien d'autres préoccupations, mais je n'ai jamais trouvé quelque chose à redire par rapport à son travail.
- Vous lui connaissiez des ennemis ? Ou des problèmes ?
- Honnêtement, je ne peux pas vous répondre, je ne lui parlais pour ainsi dire jamais. J'ai seulement compris que sa femme était gravement malade et que visiblement ce n'était pas des plus simple pour financer son traitement, mais sinon rien de plus.
La secrétaire frappa puis l'informa que son rendez-vous suivant était arrivé.
- Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Juste une dernière chose, on a retrouvé de la coke dans sa veste, saviez-vous s'il se droguait ou trafiquait ?
Le directeur se laissa tomber sur sa chaise.
- Oh non, ça ne va pas recommencer..., soupira-t-il.
Isabelle le regardait perplexe.
- Pardon ?
Le directeur inspira profondément, avant de répondre.
- Il y a six mois, un de nos élèves est mort d'une overdose, alors qu'il était à une soirée, avec des amis. Pour la provenance de la drogue, les gendarmes avaient pendant longtemps soupçonné un ancien prof qui se droguait mais que j'avais renvoyé quelques mois avant, expliqua la directeur. Alors si maintenant il s'agit du concierge...
- Comment s'appelait le garçon ?
- Théo... Théo Farge, répondit-il. Mais vous ne pourrez pas interroger ses parents, après le drame, ils ont quitté le département.
- Et vous savez où ils sont partis ?
- Non, je me souviens juste les parents du père habitait Bordeaux, mais ce n'est pas dit qu'ils soient là-bas.
Après s'être excusé d'avoir fait si long, elle le remercia et sortit. Elle en avait appris des choses. Et elle y voyait même peut-être un début de piste sérieuse.

De retour à la caserne, elle partit dans le bureau de Philippe. Elle lui raconta ce que le directeur lui avait appris et lui demanda si elle pouvait organiser un débriefing. Philippe donna son accord, et ils se dirigèrent tous les deux vers la grande salle pour rassembler l'équipe. Une fois l'équipe réunie, Isabelle leur rapporta les dires du directeur comme elle venait de le faire quelques instants plus tôt avec Philippe.
- J'aimerais que vous trouviez tout ce que vous pouvez sur ce certain Théo Farge. Rivière vous vous charger des circonstances de sa mort et...
Isabelle inspira profondément en regardant Roussillon. Bien qu'elle lui en voulait encore, elle allait faire un effort comme le lui avait demandé Philippe.
- Roussillon, vous viendrez avec moi interroger ses amis, déclara-t-elle.
Du coin de l'½il, elle remarqua Philippe qui souriait. Il avait toujours su qu'elle savait faire des efforts quand elle voulait.
- Il faut aussi que vous retrouviez l'adresse de M et Mme Farge, les grands parents de Théo, d'après le directeur; ils habitent Bordeaux, ils pourront nous dire où réside les parents de Théo. Platon, vous vous en occupez ? demanda Isabelle.
Le T.I.C hocha la tête.
Tout le monde se leva pour aller faire ce que le Lieutenant leur avait demandé. Roussillon s'approcha d'Isabelle, puisqu'il faisait à nouveau équipe ensemble...pour le meilleur ou pour le pire. Avec l'ambiance qui régnait entre eux, il n'était pas sûr que ce soit la meilleure des choses.
- Avant d'y aller je dois juste passer un coup de fil, informa Isabelle.
Elle consulta sa montre : 10h25. Parfait, c'était l'heure de la pause. Elle sortit donc son portable, composa le numéro de Chloé et partit dans son bureau.
- Allô ?
- Isabelle ? Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda immédiatement la jeune fille, effrayée.
- Ne t'inquiète pas. J'aurais besoin de ton aide.
- Je t'écoute.
- Tu connais Théo Farge ? demanda Isabelle
- Oui, il était en 3B, mais il est mort...
- Je sais. Tu te souviens de ses amis ?
- Je ne le connaissais pas vraiment...
- Ma puce, fait un effort s'il te plaît, c'est très important.
Chloé soupira.
- Il traînait souvent avec Marie, Samuel et ...
Isabelle entendit que Chloé demandait à ses amies qui se trouvait certainement à côté d'elle.
- et Leo, termina-t-elle. Mais je ne sais pas leur nom de famille.
- Ce n'est pas grave, c'est déjà super. Pour le reste je me débrouillerai.
- Pourquoi tu me demandes ça ? Vous avez trouvez du nouveau sur l'accident ? demanda Chloé, avec son âme de gendarme débutante.
- L'accident ?! répéta Isabelle, interloquée.
- Ben oui, Théo a été renversé non ?
Isabelle failli en lâché son téléphone. Elle avait très bien compris la source du quiproquo mais elle fit semblant d'avoir oublié les vraies causes de la mort pour ne pas éveiller les soupçons de Chloé.
- Oui, oui, on a peut-être la voiture, mentit Isabelle. Et sinon les personnes dont tu m'as donné les noms ils étaient tous dans la même classe que Théo ?
- Oui.
Isabelle la remercia puis raccrocha. Elle sortit de son bureau et appela Roussillon pour qu'il la rejoigne.
- Je peux savoir où on va ? demanda-t-il avant de monter dans la voiture.
- Au lycée, répondit Isabelle, en tentant d'être la moins froide possible.

- Nous aimerions parler au directeur, déclara Isabelle à la secrétaire.
- Allez-y, dit-elle en désignant la porte. Il ne reçoit personne pour le moment.
Isabelle, suivit de Roussillon, entra dans le bureau.
- Rebonjour, salua le Lieutenant.
- Mme Florent ? s'étonna le directeur.
- Vous tenez sûrement une liste des élèves avec leurs classes, leurs noms et leurs adresses, non ?
- Bien sûr comme chaque établissement. Mais pourquoi cette question ?
- Est-ce que nous pourrions la consulter ?
Le directeur se leva et partit vers sa secrétaire qui tapa sur son clavier d'ordinateur. Après quelques minutes de recherche, le directeur les pria de venir.
Isabelle regarda l'écran à la recherche de la classe 3B. Une fois la classe trouvée, elle regarda les différents noms que Chloé lui avait donné.
- Vous avez de quoi noté, Roussillon ? demanda Isabelle.
L'officier qui ne voulait pas commettre une seule faute avait déjà sorti son calepin et son crayon.
- 23 rue Mirabeau, dicta Isabelle. C'est pour...
- Je peux savoir qu'est-ce que vous cherchez, au juste ? l'interrompit le directeur.
Isabelle releva la tête et le fixa.
- Nous cherchons les témoins de l'accident de voiture dont a été victime Théo Farge, déclara Isabelle en insistant sur les mots qu'elle pensait être un mensonge.
- Vous aviez dit overdose au Lieutenant et lorsqu'on interroge une élève elle nous dit qu'il s'agissait d'un accident, ajouta Roussillon.
Le directeur baissa les yeux, gêné.
- Pourquoi vous intéressez-vous à ces élèves, répéta l'homme, pensant qu'en changeant de conversation, les gendarmes oublieraient.
- Vous répondez déjà à ma question. Pourquoi avoir mentit sur les causes de la mort ?
D'un signe de main, il demanda à la secrétaire de sortir.
- Je pensais... commença-t-il, une fois qu'elle fut partie. Je pensais que les élèves auraient moins peur...
- Plutôt que les parent aient moins peur, rectifia Roussillon.
Le directeur soupira.
- Juste les personnes nécessaires étaient au courant.
- Vous aviez surtout peur que votre établissement ait mauvaise réputation. C'est toujours mieux d'avoir un mort par accident qu'un mort par overdose. Effectivement c'est sûr, ça fait meilleure figure de l'extérieur.
- Je ne vous permet pas ! s'indigna-t-il.
- Et les parents de Théo, reprit Isabelle. C'est vous aussi qui leur avez gentiment proposé de partir ailleurs pour que l'affaire ne s'ébruite pas trop...
- Avec un peu d'argent en prime, émit Roussillon.
- Vous connaissez certainement la loi mieux que moi. C'est de la calomnie ! Vous n'avez pas le droit ! s'énerva-t-il.
Isabelle regarda Roussillon et lui fit signe de pas aller plus loin. Elle doutait que ces mensonges aient un quelconque rapport avec leur enquête. Ce qu'elle voulait s'était les amis de ce Théo. Elle posa à nouveau son regarda sur l'écran.
- Samuel....sam...là ! Samuel Louvier, 18 avenue de Provence.
Elle descendit quelques lignes plus bas et trouva les renseignements qu'elle cherchait à propos de Léo.
- Et Léo Pesenti, 3 rue Gazan. Vous avez tout ? demanda Isabelle.
Roussillon approuva d'un signe de tête et rangea son stylo.
- Merci, monsieur le directeur. Et à très bientôt j'espère, railla Isabelle.
- On y va maintenant ? demanda Roussillon en sortant.
- Oui.
Isabelle prit l'opportunité de demander à la secrétaire qui rentrait où se trouvait la salle de classe de la 3B.
Arrivée devant la porte, Isabelle frappa et le professeur qui donnait le cours ouvrit.
- Bonjour monsieur, gendarmerie, dit-elle en montrant sa carte. Nous souhaiterions parlez à Marie, Samuel, et Léo.
- Marie est malade, mais Samuel et Léo sont là.
Le professeur alla les chercher et les amena aux gendarmes. Les deux jeunes gens furent surpris de se retrouver devant eux. Ils ne savaient pas bien comment réagir.
- Bonjour Lieutenant Florent et mon collègue Roussillon, on aimerait vous poser quelques questions.
Il s'assirent tous les quatre sur le banc proche et Isabelle leur expliqua pourquoi ils étaient là, puis elle demanda à l'un deux de raconter la soirée où Théo était mort. Dans le récit que lui fit Samuel, elle ne nota rien de surprenant malgré qu'effectivement ils avaient commis une énorme erreur de jeunesse non sans lourde de conséquences.
- Est-ce que vous pensez que la drogue qu'avait pris Théo, pouvait être celle que trafiquait le concierge ?
Les deux haussèrent les épaules.
- Les gendarmes en ont arrêté un. Soi-disant ce serait lui qui serait à l'origine de la came mais nous on le connaissait pas.
- Et le directeur ne voulait pas que cette affaire fasse trop de bruit, alors en une semaine elle a été régler, il fallait trouver un coupable.
- Vous saviez que le concierge dealait ? demanda Roussillon.
- Perso, je ne me suis pas trop renseigner. J'y touche plus à cette merde ! répondit Léo.
- On a bien vu comment ça pouvait finir, ajouta Samuel.
- Et les parents de Théo, ils l'ont pris comment la nouvelle ?
- Le père disait qu'il avait raté l'éducation de son fils et que c'était à cause du lycée si il était mort, mais j'ai jamais très bien compris, avoua Samuel.
- Et puis du jour au lendemain ils sont partis, on ne sait où.
Isabelle hocha la tête. Elle en avait assez entendu.
- Merci les garçons, vous pouvez rentrer en cours.

De retour à la caserne après un petit détour par chez Marie qui ne leur avait rien appris de plus, Isabelle prit la direction du bureau de Philippe pour lui transmettre tout ce que les différentes personnes qu'ils avaient interrogé leur avaient dit.
Elle frappa et entra après qu'elle ait entendu la voie de Philippe l'en prier.
- Bonjour, Capitaine, dit-elle mielleusement.
- Bonjour, ma chérie ça va ?
Isabelle hocha la tête.
- Alors qu'est-ce que ça a donné ? demanda-t-il, en faisant un peu d'ordre sur son bureau. Il y avait tellement de paperasse qu'il pouvait à peine voir Isabelle. Alors qu'il soulevait une pile de papier, ses yeux se posèrent sur une lettre du ministère de la défense l'informant qu'il devrait suivre un complément de formation à Paris pendant six jours. Et le stage commençait dès...DEMAIN ?! Philippe avait complètement oublié. Cette lettre trainait sur sa table depuis plus d'une semaine mais il n'avait jamais eu la force d'en parler à Isabelle. Avant elle était à Lyon et alors qu'il avait la chance qu'elle revienne à Grasse il devait lui partir dans la capitale.
- ça va Philippe ? demanda Isabelle, surprise par son comportement.
Philippe reposa immédiatement la pile de feuille sur la lettre.
- Oui, oui, assura-t-il.
Comment allait-il lui dire ça ? Mais il fallait bien qu'il le fasse le départ était demain à 13h, et elle allait certainement comprendre en le voyant faire ses affaires.
- Bon tu voulais me parler de l'affaire, déclara Philippe en regardant Isabelle.
Isabelle lui raconta tout ce que lui avaient dit le directeur et les amis de Théo. Sans bien sûr trop s'étaler sur l'altercation qu'elle avait eu avec le directeur, car elle connaissait Philippe et sa peur du notable.
- D'après le père, c'est le lycée qui a tué son fils ? répéta Philippe.
- Oui justement je suis comme toi, ça m'intrigue.
- Je vois où tu veux en venir, tu penses que si le père a appris que le concierge dealait il ne faut pas être très malin pour additionner ça et la mort de son fils, et qu'il a voulu jouer au justicier, devina Philippe.
- Exactement !
- Mais si les parents sont partis ? Le père n'a pas fait 500 kilomètres pour venger la mort de son fils !
- C'est pour ça que j'attends que Rivière me communique leur adresse, répondit Isabelle.
- Bien, mais si les parents ne sont pas partis trop loin, l'hypothèse est tout à fait plausible, abonda Philippe.
Isabelle se leva mais Philippe reprit.
- Alors ça s'est arrangé entre Roussillon et toi ?
Isabelle haussa les épaules.
- Je fais des efforts...
- C'est toujours mieux pour l'ambiance de la caserne. Je préfère la savoir bonne en mon...
Philippe s'arrêta nette. Il en avait trop dit. Il regarda Isabelle espérant qu'elle n'ait pas écouté jusqu'à la fin. Mais il remarqua vite qu'elle le fixait intensément en attendant qu'il finisse sa phrase.
- En mon ? répéta Isabelle.
Philippe soupira.
- Assied-toi, pria-t-il. En mon absence...
Isabelle parut affolée.
- Ah non ! Ça ne va pas se répéter ! s'exclama-t-elle, horrifiée.
- Quoi : se répéter ?
- C'est toi qui est muté ? demanda timidement Isabelle, redoutant la réponse.
Philippe rit nerveusement.
- Ah non, je dois aller faire une formation, déclara-t-il.
- Tu sais je peux me passer de te voir pendant les journées tant que tu rentres le soir.
- Non, mais... c'est à Paris.
- Ah... et ça dure combien de temps ?
- Six jours.
- Ce n'est jamais que quelques jours, moi qui pensais que tu allais être muté ! s'exclama Isabelle, soulagée.
- C'est tout ? s'étonna Philippe.
Isabelle le regarda, surprise.
- Qu'est-ce que tu voulais, que je te saute au coup en pleurant et en te criant de rester ? De toute façon tu n'as pas vraiment le choix, non ?
Philippe sourit.
- J'aurais au moins espérer ça ! plaisanta-t-il, en se levant.
Isabelle s'approcha de lui.
- Tu vas quand même me manquer... dit-elle en le prenant dans ses bras.
- Toi aussi, tu sais...
Isabelle s'écarta et ouvrit la porte pour sortir.
- Et tu pars quand ? demanda-t-elle avant de sortir.
- Demain à 13h. Et il ne sert à rien de préciser que je te laisse la brigade bien sûr.
Isabelle sourit pour le remercier.

- Rivière, appela Isabelle. Vous avez pu me trouver les renseignements que je vous ai demandé ?
- Oui, alors tout d'abord les causes de la mort, d'après le légiste il est mort d'une overdose d'héroïne avec en plus présence de cocaïne.
- De l'héroïne ? répéta Isabelle, étonné. On n'en a pas retrouva chez M Paiva, non ?
- Non je ne crois pas.
- Et sinon les parents de Théo Farge habite à présent à Toulon.
Isabelle soupira. Ce n'était pas si loin. Mais c'était tout de même à une bonne heure et demie de Grasse.
- J'ai calculé jusqu'ici, on met 1h35, l'informa Rivière.
Isabelle soupira.
- Décidément cette piste est de moins en moins bonne. Organisez tout de même une visioconférence avec M et Mme Farge, j'aimerais les entendre.
- Ce sera fait !

Après la pause déjeuné la visioconférence put avoir lieu et Isabelle réussit enfin à avoir les réponses aux questions qu'elle se posait. Et plus l'interrogatoire avançait plus Isabelle avait de sérieux doutes sur la culpabilité des parents en particulier du père. M Farge lui expliqua qu'en disant que c'était le lycée qui l'avait tué, il voulait dire que c'était la pression, les devoirs, les contrôles,... qui l'avait certainement fait prendre cette drogue ce jour-là et avait fini par le tuer. Pour finir, ils leur dit qu'à l'heure du crime il se trouvait chez ses parents, à Bordeaux. Rivière avait vérifié, ils avaient bien passé par les différents péages nécessaires pour se rendre dans le département 33.
- En fait, on a plus rien du tout, résuma Isabelle en se laissant tomber sur le canapé.
Philippe vint la rejoindre.
- Vous allez bien trouver une nouvelle piste, la rassura-t-il.
Isabelle fit la grimace.
- Tu en trouves toujours, sourit Philippe.
- C'est vrai ? Tu penses vraiment ça ?
- Mais oui, Isabelle. Tu sais très bien que tu es un de nos meilleurs éléments ! dit-il en la prenant tendrement dans ses bras.
- J'aime te l'entendre dire...
Il l'embrassa.
- Tu vas vraiment me manquer... dit-elle en posant sa tête sur son torse.

 
 
Chapitre 8
" La fin n'est que le début d'une nouvelle histoire "
chapitre écrit par tchoubou1407
 
 

– Toi aussi tu vas me manquer, mais on va s'appeler le soir.... dit Philippe.
– Evidemment, comme quand j'étais à Lyon, répondit Isabelle.
– Et puis une semaine, c'est vite passé, ajouta Philippe.
– Ah au fait c'est dommage tu vas rater l'anniversaire de Rivière, samedi soir.
– L'anniversaire de Rivière ? répéta Philippe qui n'avait pas eu connaissance de l'évènement.
– Mais oui, Christine nous a invité samedi soir pour fêter l'anniversaire de Francis.
– Ah excuse-moi, mais tu ne me l'as pas dit, déclara Philippe.
– Mais si je te l'ai dit quand....
– Quand ? reprit Philippe. Isabelle, même si j'admets que parfois j'ai la tête ailleurs, je pense que si tu me l'avais dit, je m'en rappellerais un peu.
– Bon d'accord j'ai peut-être oublié de te le dire.... admit Isabelle.
– Ah ! Bon je ne pourrais pas y aller mais toi tu iras.
– Je ne sais pas... sans toi ça va être moins... dit Isabelle avec un air déçu
– Moins quoi ?
– Disons que ça ne va pas être pareil...
– Vas-y pour Rivière, et puis tu ne vas pas être complétement perdue...
– Je verrais samedi, pour le moment je dois retourner travailler mon amour.
– Ok, a tout à l'heure.
Philippe quitta le bureau d'Isabelle pour rejoindre le sien.
 
Cela faisait bientôt 48 heures qu'ils enquêtaient sur le meurtre de Fernando Paiva et toutes les pistes plausibles n'étaient pas concluantes...
Le téléphone d'Isabelle sonna, elle décrocha.
Elle reprit espoir en entendant son technicien d'investigation criminelle favori.
Pour que Platon appelle, c'est forcément qu'il avait une bonne nouvelle, un indice qui pourrait leur permettre de trouver le coupable.
– J'ai fait des recherches approfondies à propos des traces de pneus, commença Platon.
– Dites-moi tout, répondit Isabelle qui était impatiente d'entendre les résultats des recherches de Platon
– Comme je l'avais dit au téléphone, les traces correspondent à une voiture de type citadine, genre 207, clio, C3, ce qui est sûr c'est que les pneus sont usés.
– C'est tout ? demanda Isabelle, sans cacher sa déception.
– Non j'ai un petit bonus mais laissez-moi le temps d'y venir, répondit Platon.
– Je vous écoute, déclara Isabelle.
– La voiture en question, est d'après un voisin, partis rapidement et qui dit rapidement dit éraflure. Donc à partir des traces de pneus, j'ai essayé de situer la position du véhicule avant démarrage et de déterminer la trajectoire emprunté par le conducteur quand il a quitté son stationnement, à quelques degrés près, et j'ai relevé des traces de peinture qui ont été faites récemment sur une des barrières qui longe la rue, expliqua Platon
– C'est génial ça ! s'exclama Isabelle.
– La teinte de la voiture est grise cool silver, informa Platon.
– Bah on est bien avancé avec ça...
– Laissez-moi finir vous verrez que tout n'est pas complétement perdu, alors je disais grise cool silver, hors, ce genre de couleur n'est utilisée que par une seule marque d'automobile, c'est Peugeot, je me suis donc renseigné chez eux et cette teinte est apparue sur les véhicules construit à partir de 2007, continua Platon.
– Donc on cherche un coupable avec une voiture Peugeot de couleur grise et assez récente, ce qui innocente vraiment les parents de Théo Farge, conclut Isabelle.
– Oui, cependant je ne peux pas garantir à 100 % que les traces de pneus et celles de peinture appartiennent au même véhicule, mais il y a des chances, précisa Platon.
– C'est bien dommage que tout ça nous donne pas le nom du meurtrier, ironisa Isabelle.
– Il ne faut pas rêver Isabelle, ce serait trop facile sinon.
– Oui je sais... ajouta Isabelle, au fait Platon, avez-vous reçu le rapport d'autopsie ?
– Non mais il ne devrait pas tarder, répondit Platon.
– Appelez le médecin légiste, afin qu'il n'oublie pas notre cadavre, ordonna Isabelle, je veux le rapport sur mon bureau demain matin.
– Je vais lui passer le message Isabelle, dit Platon.
 
Platon sortit du bureau d'Isabelle quant à Rivière, il y entra. Décidément Isabelle était très priée.
– Alors qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Rivière.
– Je sais pas, on a forcément dû rater quelque chose, répondit Isabelle.... Reprenons depuis le début : Fernando Paiva est mort samedi entre 15 heures et 16 heures, il a reçu 4 coups de couteau, un voisin a entendu une voiture partir à toute vitesse, voiture probablement de marque Peugeot et de couleur grise, on sait que le mobile du meurtre c'est la drogue, sinon le meurtrier n'aurait pas pris la peine de pénétrer à l'intérieur de la maison de la victime, on sait aussi que les Farge ne sont pour rien dans l'affaire, ils ont un alibi. Vous l'avez vérifié ? demanda Isabelle.
– Oui les parents de monsieur Farge ont confirmé, la présence du couple à Bordeaux, renseigna Rivière.
Vous avez regardé si Paiva avait un casier judiciaire ? interrogea Isabelle
– Euh... moi non, mais je crois que Roussillon l'a fait, répondit Rivière avec une certaine hésitation.
– Et ? s'enquit Isabelle.
– Bah il faut demander à Roussillon, s'exclama Rivière.
– Ok je vais lui dire de passer dans mon bureau, ajouta Isabelle.
Le portable d'Isabelle sonna, elle s'excusa auprès de Rivière, et accepta l'appel.
– Oui ma puce ? répondit Isabelle.
– Tu peux venir me chercher au lycée ? Questionna Chloé
– Mais il est quelle heure ? Demanda Isabelle
– Bah il est 17h10, et je crois que tu m'as un peu oublié.
– Oups !!! J'arrive Chloé, s'exclama Isabelle.
– Ok je t'attends devant le lycée, à tout de suite.
 
Elle raccrocha et eut une idée, mais elle préférait se renseigner auprès de Chloé, avant d'en parler à Rivière. Elle abandonna Rivière à ses occupations et sortit de son bureau.
Dans le couloir, Philippe l'attrapa par le poignet. Il lui demanda où allait elle si vite, elle lui répondit qu'elle n'avait pas vu l'heure et qu'elle était en retard pour aller chercher Chloé au lycée. Philippe lui fit comprendre que le lycée n'était pas si loin que ça de la caserne, et que Chloé, même si elle n'était pas majeure, elle était tout de même assez grande pour rentrer à la caserne toute seule. Philippe s'assura qu'il n'y avait personne dans le couloir, attira Isabelle vers lui, et déposa un baiser sur ses lèvres. Isabelle fit un pas en arrière et expliqua à Philippe que ce n'était pas trop le lieu même s'ils en avaient tous les deux envie. Elle s'éloigna puis monta dans sa voiture.
Une dizaine de minutes plus tard, elle arriva devant le lycée, Chloé l'attendait assise sur le bord du muret. Elle ouvrit la portière de la voiture et monta.
– Heureusement que je t'ai appelé sinon j'aurai pu attendre longtemps, répliqua chloé.
– Excuse moi je n'ai pas vu l'heure.
– Toujours à cause de ton travail je suppose ? lança Chloé.
– Chloé, si tu n'es pas contente, tu rentres à pieds, d'accord, cracha Isabelle.
– Ok à partir de demain je rentre à pieds.
Chloé sauta sur l'occasion, car Isabelle risquait de changer très vite d'avis. Avant le départ à Lyon, Chloé faisait tout pour qu'Isabelle accepte qu'elle rentre seule du lycée mais Isabelle refusait car elle craignait toujours qu'il lui arrive quelque chose sur le chemin.
– Dis-moi, le concierge, ça faisait longtemps qu'il était dans ton lycée ?
– Euh...je crois qu'il est là depuis 2 ans, ma première année au lycée ce n'était pas lui le concierge
– D'accord, merci pour l'info.
Elles arrivèrent à la caserne, descendirent de la voiture.
– Bon je retourne travailler, à tout à l'heure, dit Isabelle.
– Ok, répondit Chloé
Chloé grimpa les marches de l'escalier deux par deux et croisa Christine dans le couloir
– Bonjour Chloé, salua Christine.
– Bonjour Christine, tu vas bien ? demanda Chloé.
– Oui, et toi ?
– Ma première journée de retour au lycée est finie, ça fait du bien de revoir les amies.
– Au fait, tu seras présente samedi soir ou pas ? deamnda Christine
– Samedi soir.... ah oui c'est l'anniv de Francis, se rappela Chloé
– Oui mais chut c'est une surprise
– J'y serai sans problème, pour rien au monde je ne raterai cet évènement.
– Alors à samedi.
– Ok, bonne soirée.
Christine partit et Chloé inséra la clé dans la serrure puis entra dans l'appartement.
 
Isabelle était dans le grand bureau avec Rivière et Roussillon. Elle commença par demander à Roussillon le casier judiciaire de Paiva. Il lui montra un document qui le résumait. Rien de particulier, Isabelle posa la feuille sur le bureau. Elle expliqua aux deux hommes que Fernando Paiva était concierge au lycée Amiral de Grasse seulement depuis deux ans.
– Il faut trouver dans quel lycée était Fernando Paiva avant d'arriver à l'Amiral de Grasse, émit Rivière.
– Je vais appeler le directeur du lycée Amiral de Grasse, il doit certainement savoir où était Paiva en poste avant d'arriver dans son lycée, répondit Roussillon
– Oui, bonne idée, lança Isabelle.
Roussillon avait le sourire, Isabelle venait de lui faire, en quelque sorte un compliment, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps. Roussillon prit le téléphone et appela le lycée. La secrétaire lui répondit que le directeur n'était pas là mais qu'elle pouvait lui fixait un rendez-vous pour le lendemain matin. Il accepta, régla l'heure, remercia la secrétaire puis raccrocha. Il informa Isabelle qu'ils avaient rendez-vous à 9 heures.
– Bon messieurs, ça suffit pour ce soir, vous pouvez rentrer chez vous, dit Isabelle. Qui est  de garde cette nuit ?
– Christophe et David, répondit Roussillon.
– D'accord, rendez-vous demain matin à 8 h 30 ici même, bonne soirée messieurs
Isabelle sortit du grand bureau et se dirigea vers celui de Philippe. Elle frappa et entra.
– Alors vous en êtes où dans l'affaire Paiva ? demanda Philippe.
– J'ai rendez-vous demain matin à 9 heures au lycée Amiral de Grasse, informa Isabelle.
– Mais tu l'as déjà vu le directeur ?
– Oui mais j'ai une question à lui poser et comme il n'était pas joignable tout à l'heure, la secrétaire m'a fixé un rendez vous.
– Et vous avez une piste ?
– Chloé m'a dit que Paiva était concierge dans son lycée seulement depuis deux ans, hors, je voudrais savoir où était-il avant ces deux dernières années
– Ok, et tu seras là avant que je parte ?
– Tu pars à quelle heure ?
– Vers 10 heures.
– Oui je pense que je serai revenue du lycée, et sinon tu as bientôt fini ? Demanda Isabelle.
– Pas vraiment, le proc vient de m'appeler, il arrive dans 30 minutes...
– Ah... Donc tu ne vas pas rentrer tout de suite... dit Isabelle, déçue.
Elle aurait bien aimé passer la fin de la journée avec son homme, avant qu'il ne parte mais le procureur en avait décidé autrement...
– Je pense que le proc a besoin d'être rassuré et de savoir que même pendant mon absence, la caserne va continuer à fonctionner.
Isabelle sourit.
– Je monte à l'appart voir Chloé et puis je vais préparer ta valise pour demain.
– Je vais essayer d'être rapide pour rentrer le plus vite possible.
– D'accord, à tout à l'heure mon c½ur.
 
Elle quitta le bureau de Philippe et sortit de l'accueil pour retrouver les parties privatives.
Elle monta, traversa le couloir et arriva face à son appartement. Elle y entra et vit Chloé devant la télé avec un paquet de chips dans les mains.
– Chloé, tu pourrais arrêter de grignoter devant la télé, on va bientôt manger et évidemment tu ne vas plus avoir faim, râla Isabelle.
– Mais si, je vais encore avoir faim, je garde une petite place pour le dîner, promis !! se moqua Chloé.
– Oui c'est ça.... Bon je vais faire la valise de Philippe, ajouta Isabelle.
– La valise de Philippe ? reprit Chloé qui ne comprenait pas.
– Mais oui pour demain.
– Qu'est-ce qu'il y a demain ? demanda Chloé, affolée.
– Philippe part en formation à Paris pendant une semaine.
– Ah bah merci de me prévenir !!
– Je l'ai appris seulement ce matin, précisa Isabelle.
Isabelle alla dans la chambre, prit la valise dans l'armoire et mit quelques vêtements à l'intérieur. Chloé arriva.
– J'ai vu Christine tout à l'heure, elle m'a demandé si c'était toujours ok pour samedi, je lui ai répondu que j'allais vous en parler et lui donnerais une réponse ce soir
– Je ne sais pas si je vais y aller... marmonna-t-elle.
– Parce que Philippe n'y sera pas c'est ça ? devina Chloé.
Isabelle ne répondit pas, elle fit mine de ne pas entendre la question de Chloé
– Hé ! C'est l'anniv de Francis, alors on y va même si Philippe ne sera pas là ! S'exclama Chloé.
– Tu as raison, dit Isabelle.
– Bon je vais voir Christine pour lui dire qu'on sera présente toutes les deux.
Chloé laissa Isabelle finir la valise et s'en alla voir Christine. Elle frappa, Francis vint lui ouvrir. L'adolescente fut surprise, elle s'attendait à ce que ce soit Christine qui apparaisse.
– Ah bonsoir Francis, salua Chloé.
– Bonsoir Chloé, tu vas bien ?
– Euh oui... euh est-ce que Christine est là ?
– Oui, entre elle est dans la salle de bain, je crois.
– Euh non je vais l'attendre ici.
– D'accord comme tu veux, je vais voir ce qu'elle fait.
Quelques secondes passèrent et Christine arriva. Chloé lui annonça discrètement que Philippe ne serait pas là samedi, mais qu'Isabelle et elle y seraient bien évidemment.
Au retour de Chloé, Isabelle avait commençé à préparer le dîner, elle demanda à l'adolescente de mettre la table, elle s'exécuta immédiatement.
Philippe arriva, énervé, comme toujours après un entretien avec le procureur.
– Ah mon chéri, alors le proc' ? demanda Isabelle.
– Il m'énerve !! s'exclama Philippe.
– C'est vrai ? J'avais pas remarqué !! ironisa-t-elle.
– Il pense que mon absence va empêcher l'enquête d'avancer, je lui ai dit que même si je  partais une semaine, l'équipe était présente au travail, et que tu savais très bien mener tes hommes, s'indigna Philippe.
– Oui mais tu sais bien que le procureur ne m'apprécie pas, il est vieux jeu, une femme dans un monde d'hommes, pour lui, c'est une équation impossible. Mais habitue toi car tu ne vas pas le changer.... expliqua Isabelle
– Pourtant j'aimerais bien !! répliqua t-il
– Bon allez, oublie le travail un peu, on va manger et se détendre.
Ils mangèrent tous les trois, tout en discutant du départ de Philippe prévu le lendemain à 10 heures, du thème de sa formation, et divers sujets.
Après le repas, Chloé était dans sa chambre, Isabelle et Philippe dans la leur.
Philippe ajouta quelques documents nécessaires pour la formation dans sa valise puis il prit Isabelle par la taille et l'embrassa amoureusement.
A la caserne de Grasse, tout le monde se coucha hormis les gendarmes de garde.
 
Le lendemain matin, il était 7 h 55, Philippe qui était réveillé depuis quelques minutes, restait allongé dans le lit, à observer Isabelle dormir. Elle entrouvrit ses yeux et distingua Philippe qui la regardait.
– Bonjour mon amour, murmura Philippe.
– Bonjour.
– Bien dormi ?
– Oui.... quelle heure est-il ? Demanda Isabelle.
– Un peu plus de 8 h 00
– Hein ?! Mais je suis en retard, s'exclama-t-elle
Elle se leva rapidement, et s'affaira dans la salle de bain.
– C'est bon, tu as le temps...
– Je dois être à 8 h 30 dans le grand bureau et à 9 heures au lycée et tu trouves que j'ai le temps ?
– Je te rappelle que pour aller dans ton bureau tu as juste à descendre l'escalier, plutôt rapide, non ? Plaisanta Philippe.
Isabelle était sous la douche, elle n'entendit pas la dernière phrase de Philippe.
Il se leva et alla préparer le petit déjeuner. Chloé sortit de sa chambre.
– Bonjour, salua-t-elle.
– Tiens, tu n'es pas au lycée ? Demanda Philippe.
– Parle pas de chose qui fâche dès le réveil !
– Ah tu n'as pas l'air bien réveillée... tu me préviendras quand je pourrais t'adresser la parole ?
– Peut être...
Isabelle arriva dans le séjour, fit un bisou à Chloé, et s'installa à côté d'elle.
Ils déjeunèrent tous les trois.
– Je vais t'accompagner dans le grand bureau et annoncer à l'équipe mon absence pour la semaine, dit Philippe.
– Si tu veux, mais rapidement, j'ai un rendez-vous à 9 heures, répondit Isabelle
– A vos ordres lieutenant, je serai bref, se moqua-t-il
– File prendre ta douche et dépêche-toi avant que je m'énerve.
– Mmm, j'aime quand tu t'énerves, tu es encore plus séduisante.
Philippe s'en alla prendre sa douche. Isabelle discutait de l'emploi du temps de Chloé. L'adolescente n'était pas de bonne humeur car ce matin, elle avait 2 heures de mathématiques. Cela ne l'enchantait guère...
Philippe sortit de la salle de bain, finit de se vêtir et rejoignit Isabelle.
Ils partirent tous les deux, yeux dans les yeux. Plus que quelques minutes ensemble. Isabelle savait qu'après elle irait au lycée et qu'à son retour Philippe serait sur le point de partir.
Ils arrivèrent dans le grand bureau.
– Bonjour messieurs, salua Philippe.
– Bonjour capitaine, répondirent en ch½ur Rivière et Roussillon
– Bonjour Isabelle, ça tombe bien je voulais vous voir, dit Rivière.
– Pas tout de suite Rivière, vous pouvez appeler Platon et dites-lui de venir ? ordonna Isabelle.
Rivière prit le téléphone et appela le technicien. En raccrochant, il informa Isabelle que Platon arriva quasiment aussitôt. Philippe pouvait commencer à leur expliquer la raison de ce rassemblement.
– Je dois m'absenter jusqu'à mercredi prochain. Je vais à Paris pour suivre une formation, c'est donc Isabelle qui occupera l'intérim pour la semaine, et je compte sur vous tous pour résoudre cette enquête. Voilà c'est tout ce que j'avais à dire, déclara Philippe.
Philippe quitta le grand bureau et alla dans le sien.
– Isabelle, j'ai reçu le rapport d'autopsie, informa Platon.
– Ah enfin ! Et qu'est-ce qu'il dit ? Répliqua Isabelle.
– Alors Fernando Paiva, 59 ans, est mort à la suite d'une hémorragie interne dû bien entendu aux quatre coups de couteau dans l'abdomen dont un a sectionné l'aorte.
Pas de traces de drogue dans son sang. Rien de particulier.
J'en viens à l'arme du crime, un couteau dont la lame est large, et bien aiguisée. Les coups portés à la victime sont précis, nets. Le tueur était déterminé à le tuer.
J'ai examiné l'angle de pénétration de l'arme dans le corps de la victime, le tueur est gaucher, expliqua Platon.
– Vous êtes sûr ? Demanda Isabelle.
– Il n'y a aucun doute, affirma Platon.
– Merci Platon ! Bon excusez-moi nous avons rendez-vous au lycée. Vous m'appelez si vous avez du nouveau.
– Bien sûr Isabelle.
Isabelle accompagnée de Rivière et Roussillon montèrent dans le véhicule de gendarmerie et quittèrent la caserne. Quelques minutes plus tard, ils franchirent l'enceinte du lycée. Isabelle frappa à la porte du secrétariat et entra suivi des deux gendarmes.
La secrétaire prévint le directeur que son rendez-vous était arrivé. Il sortit de son bureau,  salua les gendarmes, ils allèrent tous les quatre dans le bureau. Le directeur les invita à s'asseoir.
– En quoi puis je vous aider ? Il me semble vous avoir tout dit... commença le directeur
– Depuis combien de temps Fernando Paiva était concierge dans votre lycée ? Demanda Isabelle.
– Cette année c'était sa troisième année scolaire au sein de ce lycée, répondit-il
– Savez-vous dans quel lycée était-il, avant qu'il arrive ici ? Questionna Rivière.
– Il me semble qu'il était au lycée Alexis de Tocqueville à Grasse mais je n'en suis pas très sûr. Il faut se renseigner à la direction générale de l'enseignement scolaire, au service sous-direction de la vie scolaire et des établissements. C'est eux qui recrute le personnel. Ma secrétaire va vous donner le numéro.
 
Ils se levèrent tous les quatre puis sortirent du bureau. Le directeur demanda à sa secrétaire de fournir aux gendarmes, le numéro de téléphone pour se renseigner sur la carrière de Paiva. Ils quittèrent le lycée et rentrèrent à la caserne.
Il était 9 h 45, Philippe était dans la cour en train de mettre ses affaires dans la voiture.
– Roussillon vous vous renseigner auprès de la direction de l'enseignement scolaire, ordonna Isabelle
– Tout de suite Isabelle, répondit Roussillon
Isabelle alla voir Philippe.
– Tu arrives bien... dit Philippe.
– .... Tu vas me manquer, déclara Isabelle.
– Toi aussi, lui répondit-il.
Elle mourrait d'envie de l'embrasser, mais pas dans la cour, il y avait trop de regards sur eux.
– Tu m'appelles ce soir ? Demanda-t-elle.
– Oui dès que j'arrive je t'appelle, promis.
– Je t'aime, murmura Isabelle.
L'envie de l'embrasser fut plus fort que tout.
Il monta dans la voiture, démarra puis après un dernier regard, partit. Isabelle qui était triste du départ de Philippe, alla dans son bureau.
Elle resta silencieuse quelques minutes puis Roussillon frappa et entra sans même attendre l'ordre d'entrer.
– Isabelle, j'ai appelé la direction générale de l'enseignement scolaire. Ça n'a pas été simple, ils m'ont envoyé de service en service mais j'ai tout de même à avoir la réponse à notre question. Tenez voici le fax qu'ils ont envoyé, expliqua Roussillon
Il tendit le document à Isabelle qui le prit et l'observa.
– Le directeur avait raison, Fernando Paiva était bien au lycée Alexis de Tocqueville il y a un peu plus de 2 ans, affirma Roussillon.
– Appelez le lycée, et prenez rendez-vous avec le directeur... et rapidement, ordonna Isabelle.
– Je vais l'appeler tout de suite Isabelle, ajouta Roussillon qui quitta le bureau.
 
Une sonnerie vint interrompre Isabelle qui ouvrait son courrier du jour, que le gendarme de l'accueil venait tout juste de lui apporter. Elle fixa l'écran de l'ordinateur, et vit un mail de Nicolas arrivé dans sa boite de réception. Elle l'ouvrit et le lu. Bonne nouvelle ! Nicolas venait passer le week-end à Grasse vendredi soir. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
– Isabelle ? appela Roussillon.
Elle se leva et se rendit dans le grand bureau qui était juste à côté du sien.
– Oui, alors ce rendez-vous ?
– J'ai un peu secoué la secrétaire et j'ai obtenu un rendez-vous avec le directeur dans un quart d'heure.
– Super ! Je suis heureuse de vous voir ainsi Roussillon. J'ai le sentiment d'avoir retrouvé mon ami, et... il me manquait... beaucoup même, avoua-t-elle.
Roussillon sourit à Isabelle, sans lui répondre. Il était content car enfin Isabelle commençait à lui pardonner son acte. Lui aussi avait retrouvé son amie, et il en était fier.
– Allez on y va, Rivière vous restez ici, contact radio si besoin.
 
Isabelle et Roussillon montèrent dans un véhicule et prirent le chemin du lycée Alexis de Tocqueville. Une dizaine de minutes passèrent, ils arrivèrent devant le lycée. Isabelle demanda à un lycéen la direction pour aller au secrétariat. Le jeune homme lui indiqua. Ils traversèrent la cour, entrèrent dans le hall d'accueil et virent une porte avec écrit « Secrétariat directeur »; Isabelle frappa et entra. La secrétaire les accueillit et prévint le directeur de l'arrivée des gendarmes. Celui-ci les attendait dans son bureau, donc Isabelle et Roussillon entrèrent.
– Bonjour je suis Monsieur Lambert, le directeur de ce lycée, se présenta-t-il.
– Bonjour, lieutenant Florent et mon collègue le gendarme Roussillon.
– Enchanté, en quoi puis je vous aider ? Demanda le directeur.
– Nous enquêtons sur le meurtre de Fernando Paiva, répondit Isabelle.
– Ah ! Fernando Paiva... s'exclama le directeur.
– Il a bien occupé le poste de concierge dans votre lycée ? Interrogea Roussillon.
– Oui, pendant plus de vingt ans.
– Pourquoi a-t-il soudainement changé de lycée ? s'enquit Isabelle.
– Il a été suspecté puis blanchi dans une affaire de drogue, et je ne voulais pas le garder dans mon lycée. Cela aurait donné une mauvaise image de mon établissement, informa le directeur.
– Vous pouvez nous en dire davantage ? Demanda le lieutenant.
– Il y a trois ans, un adolescent est mort des suites d'une overdose de cocaïne, la police a mené son enquête et elle est remontée jusqu'à Fernando Paiva, expliqua-t-il.
– Le nom de cet adolescent ?
– Mathieu Chéron.
– Vous avez l'identité et l'adresse des parents ? Demanda-t-elle.
– Adressez-vous à ma secrétaire, elle va retrouver le dossier.
– Quel employé était Fernando Paiva ? reprit Roussillon.
– Discret, distant, sans doute pour couvrir son trafic... à part ça il faisait très bien son travail.
– Mais pourquoi l'avoir juste muté dans un autre lycée de Grasse ? Sachant que s'il dealait de la drogue, la mutation ne changerait rien, il recommencerait forcément, demanda Roussillon
– Le juge l'a blanchi pour manque de preuves... expliqua le directeur. Et, je ne me suis jamais vraiment posé plus de questions.
– Merci pour votre aide, remercia Isabelle.
– De rien, répondit le directeur.
– Au revoir, saluèrent les deux gendarmes.
Après avoir obtenu l'identité et l'adresse des parents de Mathieu Chéron; Isabelle et Roussillon sortirent du lycée, ils montèrent en voiture. Elle prit contact avec Rivière par radio.
– Alpha de bravo vous me recevez ? Demanda Isabelle.
– 5 sur 5, Alpha j'écoute, répondit Rivière.
– Rivière, vous pouvez me vérifier si Monsieur et Madame Chéron Franck habitent toujours au 34 boulevard Emile Zola à Grasse ?
– Tout de suite Isabelle, répondit Rivière qui s'executa
Quelques secondes défilèrent et la voix de Rivière réapparut à la radio.
– Monsieur Chéron Franck habite bien au 34 boulevard Emile Zola à Grasse
– Merci Rivière.
Isabelle démarra le moteur et ils quittèrent leur stationnement, direction boulevard Emile Zola. Ils arrivèrent devant la porte d'entrée du pavillon, Roussillon appuya sur la sonnette.
Un homme à peine réveillé vint leur ouvrir.
– Franck Chéron ? Demanda Isabelle.
– Oui c'est moi, répondit l'homme.
– Gendarmerie Nationale, lieutenant Florent et le gendarme Roussillon.
– Merci j'avais cru comprendre... rétorqua-t-il.
– On peut entrer ? Demanda Roussillon.
– Je vous en prie.
– Pouvez-vous nous parler de votre fils Mathieu ? Demanda-t-elle
– .... Il n'y a rien à dire.... mon fils est mort à cause de cette drogue pourrie
– Savez-vous qui le fournissait en drogue ? s'enquit Roussillon.
– Oui, mais le juge l'a relaxé faute de preuves, s'indigna Franck Chéron
– Votre femme n'est pas là ?
– Nous sommes divorcé depuis un an, notre couple n'a pas supporter la mort...la mort de Mathieu.
– Vous pouvez nous donner son adresse.
Franck Chéron prit un post-it et griffonna l'adresse de son ex-femme. Isabelle s'aperçut que Franck Chéron était gaucher.
– Vous avez une voiture ? demanda-t-elle.
– Non un scooter répondit-il.
– Vous pouvez nous accompagner chez votre ex-femme ?
– Euh oui...
Ils partirent tous les trois à l'adresse notée sur le morceau de papier.
Quand ils arrivèrent devant la maison, Isabelle remarqua une 207 couleur grise avec une rayure sur le côté gauche. Elle demanda à Franck Chéron si c'était la voiture de sa
femme, il lui répondit que oui, Roussillon frappa à la porte, une femme s'apprêtant à partir, leur ouvrit. Isabelle se présenta ainsi que Roussillon
– Vous êtes bien Claire Chéron ? S'assura Isabelle
– Oui, mais je dois partir là.
– Désolée je crois que ça ne va pas être possible, nous enquêtons sur le meurtre de Fernando Paiva, ex concierge du lycée de votre fils Mathieu. Vous étiez où samedi dans l'après-midi ? Demanda Isabelle.
– J'étais en Allemagne pour mon travail, je suis rentrée samedi soir vers 22 heures.
– D'où vient la rayure sur votre voiture ?
Claire Chéron se tut.
Roussillon s'était rapproché de la voiture, il savait que les traces de pneus prélevé sur la route provenaient de pneus usés. Il les observa et en effet, l'usure des pneus était visible.
– Alors ? s'impatienta Isabelle.
– Je l'ai prêtée à Franck.
–  Le problème c'est que le meurtrier s'est enfuit dans une voiture type 207, mais il était tellement pressé qu'il a laissé des traces de pneus usées sur le bitume, et de la peinture, de la même couleur que votre voiture, vous me dîtes que vous n'étiez pas en France, que vous avez prêté votre véhicule à votre ex-mari, et je remarque de plus qu'il est gaucher comme le meurtrier ! Avouez que ça fait beaucoup de coïncidences, non ? argumenta Isabelle.
– Je ne sais pas ce que Franck a fait avec ma voiture, je l'ai récupérée avec cette rayure, avoua Claire.
– Il faut avouer maintenant monsieur Chéron, conseilla Isabelle.
Franck Chéron avoua le meurtre, il expliqua qu'il en pouvait plus de voir Paiva faire son travail dans un autre lycée. Franck avait appris par les copains de son fils que c'était le concierge qui lui fournissait la drogue et la seule punition qu'il avait eu c'était une mutation dans un autre lycée de Grasse. Il allait forcément recommencer à dealer. Il expliqua qu'il avait entendu sur la radio locale la mort d'un lycéen à cause d'une overdose. Les souvenirs de la mort de son fils avaient refait brutalement surface. Il ne pouvait plus laisser faire ça, sans que personne ne dise rien, alors il s'est muni d'un couteau appartenant à son père qui était lanceur de couteaux dans un cirque. Franck Chéron fut arrété par Isabelle, Roussillon le menotta, ils rentrèrent à la caserne. Franck Chéron serait présenté au juge le lendemain.
 
4 jours plus tard :
Isabelle et Chloé se préparèrent pour aller à l'anniversaire surprise de Francis. Nicolas qui était arrivé le vendredi soir, avait prévu une sortie avec des copains. Isabelle et Chloé descendirent rejoindre les autres gendarmes qui étaient réunis dans la salle qui se situait au bout de la caserne. Cette salle était réservée pour les cérémonies ou grands évènements. Les filles arrivèrent. Il ne manquait plus que Francis. Pierre entra dans la salle et demanda aux invités de se placer, car Francis n'allait pas tarder à faire son apparition. Ils patientèrent quelques minutes, puis entendirent des personnes s'approcher de la salle. La porte s'ouvrit et tout le monde s'écria. 
- Bon Anniversaire !
Francis ne s'y attendait pas même s'il ne comprenait pas pourquoi Christine voulait absolument venir dans cette salle.
– Merci... merci à vous tous, articula Francis, c'est une excellente surprise....
Roussillon lui apporta, sur un plateau, une coupe de champagne afin de trinquer avec les invités. Francis était rempli d'émotion. Il n'en revenait pas. Il se tourna vers Christine.
– Merci mon amour, à nous deux, dit Francis en trinquant avec sa femme.
Francis alla d'invités en invités, les remercier d'être là.
Roussillon se servit une coupe de champagne et en proposa une à Isabelle qui accepta volontiers.
– Bon anniversaire Francis, souhaita Isabelle.
– Merci Isabelle, remercia Francis.
– Le capitaine s'excuse de ne pouvoir être présent ce soir.
– Je vais lui mettre une bouteille de côté.
– D'accord, il va être content.
 
Tout le monde discutait autour d'un apéritif dinatoire. L'ambiance était joyeuse.
Le moment du gâteau arriva. Francis prit une grand respiration pour souffler ses 48 bougies.
Après qu'elles soient toutes éteintes, Patrick lui apporta un gros cadeau, et Chloé lui apporta le plus petit. Francis se décida à ouvrir le plus encombrant. Il déchira lentement le papier afin de faire durer le suspence. Il découvrit un ordinateur, dernière génération. Il ouvrit maintenant le plus petit, c'était la souris.... Il remercia tout le monde.Avec ce nouvel ordinateur, il serait au top des nouvelles technologies.
 
– Isabelle, je peux aller en boite de nuit avec  Audrey, demanda Chloé.
– Il commence à se faire tard, chérie.
– S'il te plait... il est seulement 23 heures, supplia la jeune fille.
– .....D'accord mais tu ne rentres pas après 1 heure, précisa Isabelle.
– 1 heure du matin !!? Ça me laisse à peine 2 heures ça, répliqua Chloé qui était déçue
– A prendre ou à laisser...
 
Francis, qui avait une bouteille de champagne à la main resservit ses amis au passage.
– Isabelle, un peu de champagne ? proposa Francis.
– Non merci Francis, dit Isabelle.
– Comment ça non merci, vous n'allez tout de même pas refuser de boire une coupe de champagne avec moi, pas le jour de mon anniversaire....? s'exclama Francis.
– J'en ai déjà bu une avec vous au début de la soirée.
– Oui je sais mais je n'ai pas souvent l'occasion de trinquer avec vous.
– Bon d'accord mais c'est la dernière.
– Alors ça fait quoi de prendre un an de plus ? Demanda Pierre pour taquiner Francis.
– Rigole bien, tu verras dans deux mois ce sera ton tour ! plaisanta Francis.
Pierre racontait des anecdotes avec Patrick et Isabelle. Les blagues défilèrent les unes après les autres, le temps fit de même.
Isabelle commençait à avoir la tête qui tourne. Elle décida de rentrer. Pierre sauta sur l'occasion de la raccompagner. Dans la cour, Isabelle rigolait beaucoup, elle avait forcé un peu trop sur le champagne. Pierre la tenait par la taille. Dans l'escalier, elle manqua de trébucher, mais Pierre la rattrapa. Isabelle était appuyée contre le mur, Pierre était devant elle, très près, corps à corps. Leurs regards se croisèrent. Il approcha ses lèvres vers celles d'Isabelle. Elles se frôlèrent. Christine sortit de son appartement, et arriva au haut de l'escalier, elle les surprit, Pierre recula, semblant de rien. Elle descendit les marches en regardant Roussillon de travers. Mais à ce moment-là, il s'en foutait de ce que pensait les autres. Ils montèrent les quelques marches, et arrivèrent sur le parvis de l'appartement de Pierre. Il mit la clé dans la serrure et ouvrit la porte. Ils entrèrent. Isabelle n'était plus elle-même. Il reprit là où il s'était arrêté dans l'escalier. Ses lèvres touchèrent celles d'Isabelle
Depuis le temps qu'il attendait ce moment. Enfin ! était le mot qui revenait sans arrêt dans sa tête, sans penser à ce qui se passerait le lendemain. L'un contre l'autre, ils se dirigèrent vers la chambre....
Le lendemain matin, Isabelle qui commençait à se réveiller, caressait l'homme qui était à ses côtés. Elle n'arrivait pas à ouvrir les yeux à cause du jour qui l'éblouissait.
L'homme se réveilla aussi.
– Bonjour, dit-il.
Elle ouvrit les yeux
– Pierre !! s'écria Isabelle
Elle se leva soudainement, le drap emmêlé autour de la taille, elle ne se souvenait pas vraiment comment avait-elle atterrit dans la chambre de Pierre. Mais à voir leurs vêtements éparpillés sur le sol, elle comprit ce qui s'était passé pendant la nuit. Sa respiration était de plus en plus rapide. Les larmes montaient... Elle réalisa qu'elle venait de tromper Philippe....
 
Tags : Fiction
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#Posté le dimanche 07 août 2011 11:32

Modifié le vendredi 17 janvier 2014 15:58

[Fiction] Scénario 5 : " Prêt à tout "

 Scénario 5
Prêt à tout
 
 
 
Prologue

Il y avait deux semaines que Philippe était rentré de Paris. Malheureusement pour le couple, l'information sur la nuit qu'avait passée Isabelle n'était pas resté secrète bien longtemps. Lors d'une conversation avec le Capitaine, Christine n'avait pas pu tenir sa langue, une fois de plus. Vous vous doutez bien que Philippe n'avait pas toléré une chose pareille et qu'il était immédiatement partit s'expliquer avec Isabelle. Dans un premier temps, elle avait fait mine de ne pas comprendre, puis lorsque Philippe avait révélé ses sources, il ne lui était plus possible de nier.
- Je te promets que je ne l'ai pas voulu, avait-elle dit d'un ton suppliant et sincère.
Et elle lui avait alors expliqué qu'elle avait bu une ou deux coupes de champagne de trop, elle qu'elle ne se souvenait plus de rien.
- Dans ce cas, tu vas porter plainte pour viol ! avait-t-il hurlé, fou de rage.
Isabelle s'était laissé tomber sur le canapé, les yeux rougis par l'émotion. C'était seulement maintenant qu'elle constatait les conséquences de son acte, et ce n'était que le début. Elle avait tenté de prononcer quelques phrases toutes faites comme quoi elle s'en voulait terriblement, qu'elle lui demandait pardon mais elles étaient restées coincées dans sa gorge, nouée de regrets.
Au bout de quelques instants, Isabelle avait fini par prononcé la phrase que Philippe attendait.
- ... Je te demande pardon, Philippe, avait-elle dit la voix tremblante.
Philippe avait eu un sourire de dégout. Plus de trois semaine auparavant, la même personne qui se trouvait en face de lui, lui confiait qu'il lui était difficile de pardonner à Roussillon pour ce qu'il avait fait, avec la mutation à Lyon et maintenant non seulement elle l'avait trompé mais en plus avec cet officier dont il était si jaloux. Et elle était là devant lui, à lui demander de lui pardonner en faisant comme si de rien était.
Isabelle ne supportait pas cette situation pourtant elle s'y était préparé car elle savait qu'elle allait arrivée un jour ou l'autre. Elle s'était levée et s'était approchée de Philippe, pensant qu'il allait la prendre dans ses bras et que tout allait redevenir comme avant. Mais celui-ci c'était écarter, et avait plongé ses yeux durs et froids dans les siens.
- Qu'est-ce qu'il vous a pris ? avait dit Philippe qui tentait de comprendre ce qu'il s'était passé.
Isabelle avait baissé les yeux.
- Je te l'ai déjà dit, on avait trop bu... c'était après l'anniversaire de Francis, tu comprends ?
- Mais vous étiez entre adulte responsable, Merde ! avait-il juré, puis il était parti en claquant la porte.
Lorsqu'il était passé devant la porte de l'appartement de Roussillon, il avait dû se retenir pour ne pas défoncer la porte et aller lui casser la gueule. En descendant les escaliers, il avait manqué de reverser Chloé qui avait tout suite compris qu'il avait été mis au courant et que les prochains jours, voire prochaines semaines, n'allaient pas être toute gaies.
Si Philippe avait eu un pincement au c½ur lorsque Christine lui avait raconté ce qu'elle avait vu, il avait eu le c½ur brisé lorsqu'Isabelle ne s'était pas excusée. Ce qui lui avait fait le plus mal, ce n'était pas tant que sa confiance avait été trahi, mais une certaine phrase qui disait que lorsqu'on était ivre, toute la vérité qui ressortait. Cette phrase lui revenait en tête sans cesse depuis que Philippe était monté fou de rage dans l'appartement.
Et si elle avait réalisé que c'était avec Pierre qu'elle aurait dû faire ces 10 derniers mois qu'ils avaient passé tous les deux ? Et si elle l'aimait bien plus que lui ? Et si... Et si...
A vrai Philippe était terrorisé à l'idée de la perdre, mais il cachait sa peur derrière sa colère. Pour l'instant, pour lui ce qu'elle avait fait était impardonnable.

Chloé était alors entrée dans l'appartement et était venu s'asseoir auprès d'Isabelle.
- Il a appris ? avait demandé timidement Chloé.
Isabelle se retourna vers elle, surprise.
- Appris quoi ? avait-t-elle répétée.
- Ben... que... tu as passé la nuit chez Roussillon, samedi soir..., avait bredouillé l'adolescente gênée.
- Parce que tu étais au courant ! s'était écrié Isabelle en se levant du canapé. Il y a des fois où je déteste vivre dans une caserne !
- Je ne te le fais pas dire...
Isabelle s'était rassis et avait demandé à Chloé comment elle l'avait su.
- Tu crois que je ne me pose pas de question quand je reviens à une heure du matin comme tu me l'avais ordonné et que je ne te trouve pas dans l'appartement ?
Isabelle soupira. Evidemment...
- Et surtout quand tu reviens tôt le matin en prenant bien soin de claqué la porte dans la précipitation... Il n'y a pas 36 réponses... avait ajouté Chloé.
Un sourire triste s'était tout de même dessiner sur les lèvres d'Isabelle. Finalement à force d'habiter avec elle, Chloé allait finir gendarme.
- Et...il t'a dit quoi ? demanda timidement Chloé.
La jeune fille redoutait la séparation. Ils s'entendaient si bien tous les trois.
Isabelle l'avait regardé les yeux pleins de larmes, mais la réponse n'avait pas franchi ses lèvres. Elle avait simplement fondu en larme et Chloé l'avait pris dans ses bras.

Chaque jour, le matin, au travail ou encore le soir à table la tension était palpable. Isabelle et Philippe ne s'étaient pas parlé depuis la dispute deux semaines auparavant même pour les choses banales. À table, Philippe ne demandait jamais rien à Isabelle lorsqu'il voulait le sucre, par exemple, s'était Chloé qui se chargeait de le lui passé sur sa demande. Et la jeune fille en avait plus que marre de cette situation pensante et totalement pathétique !
Alors que Philippe était déjà descendu au bureau et qu'Isabelle prenait son petit déjeuner, la jeune fille s'approcha d'elle.
- Vous commencez vraiment à m'énerver ! On dirait des gamins de CE1 qui se font la gueule !
Isabelle sourit de la comparaison.
La jeune fille sourit à son tour, elle était contente que sa phrase l'ait fait rire car en ce moment ce n'était pas trop ça. Chloé avait bien remarqué que sans Philippe, Isabelle était malheureuse bien qu'elle tentait de le cacher du mieux qu'elle pouvait.
- Tu devrais essayer de lui parler, proposa Chloé.
- Parce que tu crois que je ne l'ai pas fait ?
Isabelle but une gorgée de café et poursuivit.
- Plusieurs fois j'ai tenté de m'expliquer mais à chaque fois il part et fait mine de ne rien entendre. À croire qu'on ne va jamais se réconcilier..., se désola-t-elle.
-Mais non ! Je me souviens quand mes parents se disputaient ils se réconciliaient toujours au maximum une semaine après.
Chloé se mordit la lèvre. Pourquoi avait-elle dit cela ? À l'instant où Isabelle ouvrit la bouche, Chloé savait déjà ce qu'elle allait dire.
- Mais ça fait déjà deux semaines... rétorqua Isabelle.
- Tu verras ça va s'arranger...et puis ça ne va pas durer éternellement...assura-t-elle en lui caressant l'épaule.
Les grands yeux d'Isabelle pleins de peur et de reconnaissance vinrent se poser sur la jeune fille.
- Merci ma puce, dit-elle en ébouriffant tendrement ses cheveux blonds.
Puis elle reprit un air attristé.
- Je suis désolé que tu fêtes tes 18 ans dans ces conditions...
- Ne t'inquiète pas pour ça je m'en remettrai. Et surtout tu ne prépares rien, tu as d'autres choses bien plus importantes à t'occuper.
- Ah non ! s'indigna Isabelle. On a 18 ans une seule fois dans sa vie.
Chloé allait répliquer mais la sonnerie du téléphone l'en empêcha. Isabelle décrocha.
- Oui...je vous attends en bas...d'accord.
Elle raccrocha.
- Désolé ma puce, je dois y aller, dit-elle en se levant et en prenant ses clés sur le buffet.

Isabelle et Roussillon arrivèrent sur les lieux environ 10 minutes après l'appel de Platon.
- Bonjour Platon, salua-t-elle en s'approchant du T.I.C. Alors comment s'appelle notre victime ?
- Bonjour Lieutenant, pour le moment nous ne savons pas, nous n'avons pas retrouvé son portefeuille.
Isabelle grimaça. S'ils n'avaient pas l'identité de la victime, l'enquête s'avérait difficile dès le début et Isabelle bien qu'elle adorait son travail, avait quand bien d'autres problèmes à régler à côté.
Roussillon regarda la scène qui s'exposait à eux. Une voiture avait foncé dans un arbre qui se trouvait à proximité de la route. Le choc avait provoqué l'ejection de la passagère hors de voiture par la vitre avant.
- ça pourrait ressembler à un retour malchanceux après une soirée un peu trop arrosée, émit Roussillon.
- Oui...mais il y a tout de même ça qui m'intrigue, répondit Platon en désignant une trace de peinture bleue sur le côté.
On remarquait nettement que cette peinture bleue avait pris la place de la rouge d'origine.
- On l'aurait poussée ? émit Isabelle.
- C'est possible. D'ailleurs ce contour n'est pas réputé des plus dangereux.
Isabelle hocha la tête.
Il est vrai que des contours dangereux où avait eu lieu plusieurs accidents successifs, il y en avait dans la région mais les gendarmes n'avaient pas encore entendu parler de celui-ci.
- Après tout s'il elle avait trop bu tous les contours pouvaient être dangereux, argumenta Isabelle.
- J'en saurai plus après l'analyse toxicologique, répondit Platon.
- Lieutenant ! appela un des hommes de Platon en brandissant un sac.
Isabelle et Roussillon s'approchèrent de lui.
- C'est les affaires de la victime, elles avaient glissé sous le siège avant, expliqua-t-il, en les lui tendant.
Isabelle prit le sac et chercha le portefeuille de la jeune femme encore inconnue. Avant d'atteindre ce qu'elle cherchait, sa main attrapa quelque chose de la forme d'une calepin en cuire. Redoutant le pire, elle l'ouvrit.
- Merde... ! lâcha-t-elle.

 
 
 
Chapitre 1
"C'est mon cas"
 
- Merde..., répéta Roussillon.
La victime était Lieutenant à la gendarmerie de Nice, ce qui annonçait l'enquête délicate.
- Son nom vous dit quelque chose Isabelle ? demanda Platon.
- Sophie Deluc...dit-elle pensive. Non ça ne me dit rien.
- Il faut appeler le Capitaine pour qu'il nous mette en liaison avec un gars de son équipe, déclara Roussillon.
- Faites-le, ordonna Isabelle qui n'avait aucune envie de parler à Philippe.
Roussillon parut désemparé. Lui non plus ne mourrait pas d'envie d'avoir une conversation avec lui. D'autant plus que le Capitaine avait déjà passé ses nerfs sur lui quelques jours auparavant.
- Moi...mais... et Patrick...
- Ah moi j'ai du travail, répondit-il en s'éloignant.
Sous le regard insistant d'Isabelle, l'officier sortit son portable et composa le numéro du Capitaine.
Isabelle retourna vers Platon.
- Vous avez d'autre chose à me dire ?
Le corps de la victime était à présent installé à l'intérieur d'un sac blanc qui allait bientôt être refermé. Cependant Platon s'en approcha et écarta les deux bords.
- Vous voyez ces hématomes ? dit-il en désignant sa joue et son bras gauche. Ce n'est possible qu'ils aient été faits lors de l'accident, on ne les verraient pas encore.
- à quoi pensez-vous, Platon ?
- Je ne sais pas... peut-être qu'elle se faisait... battre.
Isabelle haussa les épaules.
- Peut-être... Je vous rappelle tout de même qu'elle était gendarme.
Roussillon revint vers eux.
- Un gendarme de l'équipe de Deluc nous attend à la brigade de Nice d'ici 20 minutes, déclara-t-il.
L'accident avait eu lieu dans les alentours de Cagnes-sur-Mer, donc il leur faudrait une vingtaine de minutes pour rejoindre Nice.
Après avoir salué Platon, Isabelle et Roussillon montèrent dans la voiture.

Un jeune homme se présenta à l'accueil de la gendarmerie de Grasse.
- Bonjour j'aimerais porter plainte.
Rivière passait par là justement à ce moment-là.
- Ah tiens ! Francis tu peux t'occuper de ce jeune homme.
Rivière l'invita à le suivre et il l'installa en face de son bureau.
- Bonjour, alors pour quoi venez-vous ?
- Ben je me suis fait voler ma voiture.
- Où ce délit a-t-il eu lieu ? Et quand ?
- C'était... hier soir, devant chez moi ?
- Et vous habitez ?
- Rue des acacias 16.
- Comment est votre voiture ? demanda Rivière tout en tapant sur le clavier de son ordinateur.
- C'est un opel grise.
- Remplissez ce dossier et nous regarderons ce que nous pourrons faire, dit-il en sortant une feuille de son tiroir et en la lui tendant. Donc votre nom, prénom, adresse, téléphone et vous signez.
Le jeune homme s'exécuta.
- Vous avez une pièce d'identité ? s'enquit Rivière.
- Ah mince... ben je l'ai oublié, je ne pensais pas que c'était utile. Mais j'ai ma carte d'étudiant...
- Non c'est tout bon, simple routine. Je ne vous garantis pas qu'on puisse retrouver votre voiture, on a des affaires plus importantes, dit-il en se levant.
- Ah bon, comme quoi ?
- Ah ça je n'ai pas le droit de vous le dire...
- Oui bien sûr, secret professionnel, sourit le jeune homme. En tout cas merci et au revoir.

Sur le chemin vers Nice, dans la voiture, l'atmosphère était aussi tendue qu'entre Philippe et Isabelle. Pierre ne disait rien car il savait que ce qu'Isabelle vivait avec le Capitaine devait être très dur mais de la voir comme le rendait très malheureux. Plusieurs fois, il avait rêvé de prendre dans ses bras, la réconforter en lui promettant que tout allait s'arranger,... étonnamment l'expérience qu'il avait vécu ensemble, lui avait fait prendre conscience qu'Isabelle n'était finalement rien d'autre qu'une amie, une très bonne amie...
De son côté Isabelle n'en voulait pas plus que ça à Roussillon. Philippe avait raison, ils étaient tous les deux responsables. Au moins à présent, elle était sûr d'une chose elle aussi, en couchant avec Pierre elle n'avait que renforcer son amour pour Philippe, elle s'était rendu compte que c'était lui et uniquement lui qu'elle aimait. Si seulement il pouvait l'entendre...
Pierre se tourna vers elle.
- ça va, Isabelle ? demanda timidement.
Elle le regarda avec des yeux tristes et haussa les épaules. À vrai dire elle ne savait plus vraiment où elle en était et encore moins ce que lui réservait le future.
Comprenant qu'elle n'avait pas envie d'en parler, il se reconcentra sur la route.
Comme prévu, après une vingtaine de minutes, Roussillon gara la voiture sur le parking de la caserne et ils se dirigèrent tous les deux vers l'accueil. En les voyant arriver le gendarme qui se trouvait derrière le comptoir, releva la tête.
- Bonjour, Lieutenant Florent et mon collègue Roussillon, salua-t-elle en présentant sa carte.
- Nous avons rendez-vous avec un homme de votre brigade au sujet de... du Lieutenant Deluc, reprit Roussillon.
- Oui j'ai été mis au courant. Vous le trouverez dans le deuxième bureau sur la gauche, répondit-il.
Isabelle le remercia puis prit la direction qu'il leur avait indiquée. Arrivée devant la porte elle frappa, et l'officier leur ouvrit. Mais soudain, Isabelle se figea.
- Lestac ?! s'exclama-t-elle, stupéfaite.
C'était bel et bien Ludovic Lestac, le jeune gendarme qui avait passé quelques années à la caserne de Grasse qui se tenait devant eux.
Isabelle qui reprenait peu à peu ses esprits l'embrassa tandis que Roussillon s'approcha de lui et le prit par les épaules.
- Ludo, mon vieux, ça faisait longtemps ! s'exclama-t-il. Alors qu'est-ce que tu deviens ?
Ludo eut un pâle sourire. Non pas qu'il n'était pas content de retrouver ses amis mais il venait d'apprendre la mort de son supérieur donc il n'avait pas vraiment la tête à se réjouir.
Isabelle le remarqua et lui transmis ses condoléances.
- Je ne comprends pas..., se désola-t-il en se laissant tomber sur sa chaise de bureau. Ce serait un accident ? Ou...
Isabelle soupira.
- Franchement, il y a peu de chance... En tout cas on a tout fait pour nous le faire croire. Est-ce que tu sais si elle était allée à une fête hier soir ?
Ludo secoua la tête.
- Je ne sais pas... Elle est... enfin était pas très fêtarde...
Roussillon posa une main réconfortante sur l'épaule de son ami.
- Vous pouvez nous indiquer son appartement ? demanda Isabelle.
- Oui sans problème, dit-il en se dirigeant vers la porte de son bureau.
Isabelle et Roussillon le suivirent mais s'aperçurent avec surprise qu'il se dirigeait vers la sortie.
- Elle n'habite pas dans la caserne, s'étonna Isabelle.
- Non. Il y a quelques mois le ministère a demandé des renforts mais il n'y avait plus d'appartements disponibles donc elle a dû en trouver un ailleurs. Mais je vous rassure ce n'est pas très lin.
Après avoir traversés trois rues et contournés cinq maisons, ils arrivèrent devant l'immeuble en question.
Ludovic s'approcha de la porte mais une vieille dame, des poubelles à la main, l'ouvrit avant lui. Dès qu'elle remarqua qu'il s'agissait de gendarme, elle s'arrêta net.
- Il y a un problème ? demanda-t-elle immédiatement.
- Bonjour madame, vous êtes la gardienne ? s'enquit Isabelle.
La vieille femme posa les poubelles sur le bord du trottoir et acquiesça d'un signe de tête.
- Vous avez certainement la clé de l'appartement de Sophie Deluc, reprit Roussillon.
- Oui...mais pourquoi ?
- Vous allez nous ouvrir, insista Isabelle.
Comprenant qu'elle n'aurait pas de réponse, elle sortit son trousseau de clés et les invita à la suivre dans les escaliers.
- Tu dois rester là, Ludo, rappela Roussillon une fois le pas de la porte franchit.
Isabelle se tourna vers la gardienne.
- Vous pouvez nous servir de témoin ?
La vielle femme haussa les épaules. Après tout elle n'avait rien de plus important à faire.
Roussillon pénétra dans le salon. Des papiers était éparpillés un peu partout, un pot de fleur avait été renversé, des livres était tombés de l'étagère sur laquelle ils se trouvaient. Aucun doute, on s'était disputé ici. Ou...quelqu'un était passé avant, pour récupérer quelque chose.
Isabelle regarda Roussillon et constata qu'il était parvenu à la même conclusion qu'elle.
- Appelez Platon, pour qu'il vienne passer la pièce au peigne fin, ordonna Isabelle.
Puis elle prit la gardienne par l'épaule et l'emmena dans le hall d'entrée pour la questionner.
- Lieut...madame Deluc a-t-elle un mari ?
- Oui mais on ne le voit pas souvent il est routier, je crois qu'il rentre un week-end sur deux.
- Et ils s'entendent bien tous les deux ?
- Isabelle..., coupa Ludo.
- Plus tard, Lestac, le rabroua Isabelle.
Elle se tourna vers la femme pour qu'elle réponde à la question qu'elle lui avait posée avant que Ludovic ne les interrompe.
- Je n'en sais trop rien... Mais j'entends souvent des disputes, c'est peut-être pour ça qu'elle le trompe.
- Elle le trompe ? répéta Isabelle. Qu'est-ce qui vous fait penser cela ?
- Souvent le mardi et le jeudi soir je vois un bel homme se présenter à sa porte. La première fois il était venu me demander où habitait Sophie. Un jeune homme très charmant. Et je peux vous dire qu'ils ne font pas que prendre un thé ensemble !
- Et vous ne pensez pas que son mari l'ait découvert ? s'enquit Isabelle, qui voyait là un début de mobile.
- Je ne sais pas... il n'est pas souvent là. Remarquez, je la comprends ça ne doit pas être tous les jours faciles de vivre avec un homme pareil !
- Vous disiez que vous entendez parfois des disputes, à quand remonte la dernière.
La gardienne réfléchit un instant.
- Ah oui ! C'était avant-hier, mais là ce n'était pas la même voix.
- C'était l'amant, devina Isabelle.
- Oui il me semble.
- Et vous avez entendu ce qu'ils se disaient ? Ne serait-ce que quelques mots.
­- Vous savez je suis d'un naturel curieux, sourit la gardienne. A ce que j'ai compris elle allait avoir une promotion Lieutenant ou Capitaine, vous devez connaître ça mieux que moi... et elle lui demandait de quitté sa femme et de partir avec elle dans sa nouvelle affectation.
- Et il n'était pas d'accord ?
- Il lui avait répondu que ça ne se faisait pas comme ça...bref vous voyiez le genre de réponse.
Isabelle hocha la tête, il y avait quelques minutes la gardienne lui fournissait un premier mobile et là un deuxième et même un troisième. Mais celui-là allait être plus dur à faire avaler au Capitaine.
- Comme vous le voyiez souvent cet homme, vous pouvez certainement faire un portrait-robot ?
La gardienne approuva.
- Vous viendrez avec nous à la brigade de Nice, déclara Isabelle.
Elle se tourna vers Ludovic.
- Que vouliez-vous me dire ?
- Euh...et bien...
- C'est bon, on peut y aller, clama Roussillon. Platon est en route, il arrive avec son équipe.
Ludovic soupira, pourquoi personne ne l'écoutait. Toute la troupe descendit les escaliers et montèrent dans la voiture de gendarmerie en direction de la caserne.

- On a un nouveau concierge ? demanda Philippe à Rivière.
- Oui l'ancien est parti à la retraite, l'informa-t-il.
- Roussillon et Isabelle rentre bientôt ?
- Je ne sais pas mon Capitaine... je crois qu'ils ont prévu de passer la journée à Nice histoire de bien connaitre le contexte de la vie du Lieutenant Deluc.
Philippe soupira. Il détestait savoir Isabelle loin en plus avec Roussillon. Et s'ils en profitaient pour roucouler en douce... Cette idée ne cessait de lui revenir en tête. Il en avait marre, mais marre de ces deux-là.
- Capitaine ! appela le gendarme de l'accueil. Le procureur est-là.
Et voilà un nouvelle qui allait le mettre de bonne humeur. Philippe se dirigea vers le magistrat et lui serra la main.
- Bonjour monsieur le procureur.
- Bonjour Kremen.
- Venez dans mon bureau.
Philippe ouvrit la porte, indiqua la chaise au procureur et s'assit à son tour.
- Vous êtes certainement là à propos de l'affaire Deluc, émit Philippe.
- Bien évidemment. Je tiens à vous faire savoir que cette enquête sera délicate.
- Pensez-vous que je n'y avais pas songé ?
- Bien sûr que non. Mais j'ai n'ai aucune envie que vos hommes mettent la caserne de Nice sans dessus-dessous. D'autant que cette brigade obtient de très bon résultat.
- Mais bien évidemment, le rassura Philippe.
- J'ai donc toute votre confiance, Kremen ?
- Vous pouvez en être certain, monsieur le Procureur.
Le procureur se leva et se dirigea vers la porte tandis que Philippe en faisait de même en la lui ouvrant pour qu'il puisse s'en aller.
Le procureur se retourna vers lui.
- Vous saluerez bien le Lieutenant Florent de ma part... à moins que votre relation... comme dirai-je... batte de l'aile, glissa-t-il avant de partir.
Philippe parut surpris par ce sous-entendu. Avait-il mal entendu ? Qu'avait voulu dire le procureur ? Et surtout comment était-il au courant ?
Philippe bouillonnait intérieur. Il détestait ce sentiment d'impuissance et d'injustice. Il revint dans son bureau en claquant la porte. À défaut de pouvoir passer ses nerfs sur Roussillon, il les passerait sur son bureau. Il balança par terre les tas de paperasse qui se trouvaient sur son bureau.
- MERDE ! hurla-t-il.
Puis il se laissa tomber sur sa chaise, après avoir donné un coup de pied dans son bureau. Les mots du procureur avaient été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Il prit le cadre dans lequel se trouvait la photo d'Isabelle dans les mains et caressa le bord du bout des doigts.
- Pourquoi tu m'as fait ça ? demanda-t-il la voix pleine d'émotion. Pourquoi...
Puis peu à peu il se calma et remit tout en ordre.

- Fred ! appela Ludovic. Tu peux t'occuper de madame pour un portrait-robot ?
Elle hocha la tête.
- Et ensuite tu le passes au fichier et tu l'envoie à Grasse, continua-t-il.
La dénommée Fred pria la dame de la suivre et ils partirent au Labo.
- Pendant ce temps je vous fais le briefing des affaires récemment résolues ? proposa Ludo.
- C'est un peu ce pourquoi qu'on est là ! sourit Isabelle.
Ludovic ouvrit la porte de son bureau et les installa sur les chaises. Il partit sur dans l'ancien bureau du Lieutenant Deluc et prit les dossiers qu'il posa sur son bureau devant Isabelle et Roussillon.
- Alors..., commença-t-il en prenant le premier dossier.
- Si j'ai bien compris elle est ici depuis pas longtemps, s'assura Isabelle.
- Juste cinq mois mais je peux vous dire qu'on n'a pas chômé. Si je devais la comparer avec quelqu'un je dirais presque vous Isabelle... elle était autant impliqué que vous dans son travail.
Isabelle sourit, ravie par ce compliment.
- Merci !
Ludovic commença à leur rapporter les différentes enquêtes qu'ils avaient résolues. Une seule avait attiré l'attention d'Isabelle, le Lieutenant Deluc avait résolue un crime passionnel d'une fille un peu retardé et sa mère avait parlé de vengeance. Mais sinon rien d'important.
- Tiens ! s'enquit Ludovic surpris. Il en manque un !
- Ah bon ? Lequel ?
- L'affaire Dumas, on l'a résolu mardi dernier.
- Tu as bien regardé dans son bureau ? demanda Roussillon.
- Oui il me semble... je peux aller revoir.
Ludovic partit dans le bureau de sa collègue désormais décédé mais revint les mains vides.
- Je ne comprends pas, normalement il devrait être classé avec les autres !
- Elle prenait parfois les dossiers chez elle ? demanda Isabelle.
- Oui ça lui arrivait.
- Peut-être que comme vous l'avez résolu seulement très récemment elle n'a pas eu le temps de le ramener de chez elle.
Ludovic haussa les épaules. C'était effectivement une hypothèse.
- Je demanderai à Platon s'il a trouvé quelque chose, le rassura Isabelle.
- On peut prendre les dossiers pour les ramener à la BR ? demanda Roussillon.
- Il faut voir ça avec le Capitaine mais normalement il ne devrait pas y avoir de problème.
Après avoir demandé le chemin à Ludo, Roussillon partit vers le Capitaine qui se montra froid envers lui car il ne supportait pas que des gendarmes commandent l'enquête du meurtre d'un de ces hommes. Mais il accepta car il savait que ce serait un pas vers la résolution de l'enquête.
- Au faite, Isabelle... avant...
Le téléphone d'Isabelle sonna ce qui empêcha Ludovic de finir sa phrase une fois de plus.
- Oui...très bien merci... quelle rue ? ...Au revoir Platon.
Roussillon revint au même instant.
- Il est d'accord. Et il demande à ce que tu ailles le trouver dans son bureau, Ludo, informa Roussillon.
- Platon vient de me dire qu'on avait trouvé l'identité de l'amant du Lieutenant Deluc, déclara Isabelle après avoir raccroché.
- Prenez Fred avec vous, proposa Ludovic.
Roussillon prit les dossiers et sortit suivit d'Isabelle et de Lestac.
- Comment il a trouvé ? demanda Roussillon.
- Il avait été fiché jeune pour un vol de voiture.
- Comment s'appelle-t-il ?
- Christian Fleury.
Fred les rejoint.
- Il paraît que je vous accompagne ? demanda la jeune femme, ravie.
- Vous savez où se trouve le 3 rue Hancy ?
- Oui parfaitement, je conduis ?
- Volontiers, déclara Isabelle en lui tendant les clés.

Sous ses airs de gentille, Fred bouillonnait. Elle s'était juré que dès qu'elle avait celui qui avait fait ça à sa collègue en face, elle lui réduirait la tête en bouillie. Et là, elle avait l'opportunité de le faire. Même si sa carrière en prendrait un coup...
Elle se gara devant la maison et Isabelle et Roussillon descendirent. Le lieutenant Florent franchit le portail et appuya sur la sonnette.
Un homme aux cheveux blond, une lettre à la main vint leur ouvrir. A peine la poignée avait-elle basculé que Fred se précipita sur la porte.
- Alors c'est toi le salaud qui l'a tué ! hurla-t-elle folle de rage, en approchant ses mains vers son coup. Pourquoi t'a fait ça ! hein pourquoi !?
L'homme se débattait apeuré par cette folle qui venait de lui sauter au coup.
- OH ! FRED ! cria Isabelle, en se précipitant vers elle pour l'éloigner de M. Fleury.
- Lâchez-moi ! renchérit-t-il.
- Lâchez-le, ordonna sèchement Isabelle.
Fred finit par le lâcher et se laissa tomber sur les escaliers devant le portail. Tandis que Roussillon entrait chez M Fleury pour le questionner, Isabelle s'approcha d'elle.
- Qu'est-ce qui vous a pris ? demanda Isabelle.
La jeune gendarme étouffa quelques larmes.
- Je ne sais pas...
Isabelle lui caressa l'épaule de manière réconfortante.
- Vous l'aimiez bien ?
Fred renifla bruyamment.
- C'est une collègue... mais c'est... enfin c'était une amie. Vous voyez, j'arrive pas à me dire que je ne la reverrai plus jamais... c'est trop dur...
Isabelle la prit par la taille.
- Je comprends... C'est la première fois que vous perdez quelqu'un de proche ?
- Oui... et vous ?
- J'ai perdu ma mère quand j'étais adolescente..., répondit Isabelle pensive.
En fait elle ne savait pas vraiment pourquoi elle avait répondu.
- Ah désolé... et vous avez mis du temps à faire son deuil.
Isabelle haussa les épaules. Pourquoi avait-elle évoqué cela, maintenant ça lui faisait toujours mal d'en parler.
- Peut-être que de voir son c½ur vous aiderait, proposa Isabelle, pour changer de sujet.
- Mais il est chez vous...
- Vous avez congé un jour dans la semaine ?
- Demain matin, pourquoi me demandez-vous cela ?
- parfait ! Passez demain à la caserne Grasse je vous accompagnerez.
Fred lui sourit .
- Merci.
- De rien. Attendez-moi là, je reviens.
Isabelle se leva et ayant remarqué la porte de garage entrouverte elle s'y faufila pour regarder la couleur de la voiture de M. Fleury.

Pendant ce temps, Roussillon s'installait sur le canapé de M. Fleury en face de celui-ci.
- Christian ? Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda sa femme en arrivant dans le salon un linge dans la main.
- Au rien ce n'est pas grave, monsieur le gendarme veut juste me poser quelque question, répondit-il.
Roussillon eut un sourire, s'il lui répondait ça c'est qu'il avait déjà quelque chose à se reprocher.
Sa femme repartit, et M Fleury se tourna vers l'officier.
- Je peux savoir ce qu'on me veut ? demanda-t-il, interloqué.
- C'est au sujet du Lieutenant Deluc...
L'homme se retourna vers la cuisine pour s'assurer que sa femme était bien partie, et donc qu'elle n'avait pas entendu.
- Allons dehors, proposa-t-il.
Il ouvrit la porte fenêtre qui donnait sur le jardin et invita Roussillon à sortir.
- Qu'est-ce qu'il se passe avec Sophie ? demanda-t-il d'une voix dans laquelle on pouvait percevoir une pointe d'inquiétude.
- Vous n'êtes vraiment pas au courant ?
- Ben...non. Au courant de quoi ?
Roussillon s'assit sur le banc à proximité et M Fleury en fit autant.
- Elle...elle est morte...
- QUOI ?! Non ce n'est pas possible ? dit-il affolé.
Roussillon baissa les yeux.
- Pas elle..., répéta-t-il désespéré.
- Vous comprendrez que je dois vous poser quelques questions.
L'homme hocha la tête.
- Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois ? demanda Pierre.
- Avant-hier soir, répondit-il la voix empreint d'émotion.
- Et vous vous êtes disputé...
- Qui vous a dit ça ?!
- Quel était le sujet de la dispute ? insista Roussillon, il voulait savoir si ce qu'avait dit la gardienne était vrai.
Comprenant que le gendarme ne révèlerait pas ses sources, l'homme fut contraint de répondre.
- Elle m'annonçait qu'elle allait être promue Capitaine et qu'elle allait être muté à Annecy... elle me demandait donc de quitter ma femme et partir avec elle...
- Ce que vous n'avez pas fait.
- Parce que vous croyez que c'est facile ! Tous plaquer et partir vivre à 400 kilomètre d'ici... elle m'en demandait trop.
- Vous avez donc pu imaginer la supprimer..., avança Roussillon.
- Mais ça ne va pas ! Vous êtes complètement dingue ! s'insurgea M. Fleury en se levant. Je l'aimais, Sophie...
- Je vous demanderai tout de même de me fournir un alibi, informa Roussillon.
L'homme acquiesça.
- Elle morte hier aux alentours de 20 heures...
M. Fleury réfléchit un instant.
- J'étais au théâtre avec ma femme.
- Quelle pièce avez vue ?
- Les précieuses ridicules au théâtre de la cité.
- Bien... Vous comprendrez que je dois également le demandé à votre femme.
- S'il vous ne lui dites pas pourquoi, pria l'homme.
Roussillon sourit.
Ils rentrèrent tous les deux dans le salon et M. Fleury appela sa femme qui vint aussitôt.
- Où étiez-vous hier soir à 20 heures ? demanda Roussillon.
- Au théâtre, répondit-elle immédiatement. Mais pourquoi vous me demandez cela ?
Pierre regarda M. Fleury.
- Oh... les voisins ont été cambriolés, je voulais savoir si vous aviez été là.

Isabelle ressortit du garage, déçue. Les Fleury possédaient bien une voiture mais c'était une Renaud et elle était bleue...
En la voyant revenir, Fred essuya ses larmes.
- J'aimerais bien avoir votre avis de gendarme, dit Isabelle en s'asseyant à côté d'elle.
- Mon avis sur quoi ? demanda-t-elle en reniflant.
- Votre hypothèse sur le mobile du meurtre.
Fred regarda ses oncles, ce qui montra à Isabelle qu'elle avait bien une idée sur le sujet.
- Je vous écoute, insista le Lieutenant Florent.
- ... Leclerc, murmura-t-elle.
- Quoi Leclerc ? répéta Isabelle.
- Je suis sûr que c'est Leclerc.
Isabelle réfléchissait ce nom lui disait quelque chose mais en France ce n'était pas ce nom de famille qui manquait.
- C'était quelqu'un qui la harcelait ?
- Non, son rival !
Isabelle ne comprenait plus rien. Quel rival.
- Vous pourriez parler clairement ? pria-t-elle.
- Vous êtes sûrement au courant qu'elle venait d'être promue Capitaine...
Isabelle hocha la tête en signe d'approbation.
- Je peux vous dire que ça ne faisait pas que des heureux. Tenez, avant hier encore j'ai vue Leclerc et Sophie s'engueuler, il la traitait comme une moins que rien. Depuis sa promotion, il lui rendait la vie impossible. Ça ne m'étonnerait pas qu'il l'ait tué.
- Mais ! Vous vous rendez compte de ce que vous dites ! s'exclama Isabelle.
- Oui je sais... Mais ce n'est pas parce que Leclerc est gendarme qu'il a le droit de faire ce qu'il veut des femmes, d'ailleurs Sophie elle n'a pas vraiment eu de chance avec les hommes...
- Que voulez-vous dire ?
- Je crois bien que son mari la battait.
- Qu'est-ce qui vous faire pensez cela ?
- Chaque fois qu'il revenait chez eux le lendemain, Sophie arrivait avec des bleues et lorsque je lui aie posé la question sur leur provenance elle a prétendu l'excuse habituelle comme quoi elle s'était cognée.
Isabelle hocha la tête. L'hypothèse semblait plausible, Platon lui avait bien montré des hématomes sur le corps de la victime.
- Revenons à sa promotion, Leclerc pouvait lui en vouloir à ce point ?
- ça fait des mois qu'il l'attend cette promotion et Sophie, elle arrive et en deux mois elle l'obtient alors qu'elle l'avait pratiquement pas demandé. Personnellement ça me mettrais en rogne. Mais je vous assure qu'elle l'avait mérité, parce qu'elle travaillait jour et nuit. Lestac a surement du vous le dire mais c'est grâce à ses heures supplémentaires qu'elles avaient passé sur le dernier dossier qu'on a pu arrêter le véritable coupable.
Isabelle soupira. Cette piste de vengeance était tout à fait plausible. Mais il serait difficile de l'envisager de Philippe...très difficile. Surtout avec la situation qu'ils vivaient tous les deux, elle pouvait sûr qu'elle n'obtiendrait rien de lui.
Roussillon salua M. Fleury sur le pas de la porte et vers Isabelle et le jeune officier de la gendarmerie de Nice.
Isabelle l'interrogea du regard.
- Je vous raconterai, dit-il en ouvrant la portière de la voiture.

- Au revoir ! lança Isabelle en quittant Fred.
- A demain Lieutenant.
Ludovic s'approcha d'eux.
- Alors ? demanda-t-il.
- Allons dans votre bureau, proposa Isabelle.
Ludovic referma la porte et s'assit en face de ses deux anciens collègues.
- La piste Fleury a du plomb dans l'aile, déclara Roussillon.
Isabelle soupira, elle s'en doutait bien vu que la voiture qu'elle avait vu dans le garage ne correspondait pas du tout au modèle recherché.
- Il t'a fourni un alibi ? demanda Ludo.
- Oui, il faudra encore vérifié mais je pense qu'il était bien avec sa femme au théâtre comme il le prétend.
- J'ai quelque chose d'un plus embêtant..., commença Isabelle.
Les deux hommes se tournèrent vers elle.
- Il se pourrait que ce soit un vengeance personnelle...
- Isabelle ! s'énerva gentiment Roussillon. Dites-le nous !
- D'après plusieurs indices, c'est peut-être Leclerc, termina-t-elle.
- QUOI ?! s'exclama Lestac.
- Isabelle... tu, enfin vous savez très bien ce que va en penser le Capitaine.
- Je sais ! s'énerva Isabelle. Alors sous prétexte qu'il est gendarme il ne peut pas être soupçonné ? Je vous signale quand même qu'il l'a agressé un jour avant sa mort.
- Qui est-ce qui vous a dit ça ? s'enquit Ludovic.
- Fred, elle l'a a entendu se disputer.
Ludovic soupira, embarrassé.
- Qu'est-ce qu'il y Ludo ? demanda Roussillon.
- Moi aussi... et ce n'était pas rare.
- Vous voyez ! ça ne mange pas de pain d'aller lui demander son alibi, ça fera un suspect de moins s'il est innocent.
- Peut-être..., admit Roussillon. Mais je vous conseille de demander au Capitaine, il a peut-être reçu des ordres du procureur.
- Pourquoi pas vous ? s'enquit Isabelle, qui s'imaginait déjà la conversation avec Philippe.
- Je vous rappelle que c'est vous le Lieutenant, souligna Roussillon. Dans d'autre circonstance, il autant certainement soutenu son amie, mais là il allait en prendre autant qu'elle à la figure.
Isabelle sortit son téléphone en soupirant, et sortit du bureau pour être tranquille.
Ludovic qui avait assisté à la scène s'enquit surpris.
- Il y a un problème avec le Capitaine ?
Roussillon le regarda et répondit d'une voix empreint d'ironie.
- Avec le Capitaine ? Non...aucune !

Lorsque Philippe vit le nom d'Isabelle s'afficher sur l'écran de son téléphone, il hésita à répondre. Mais devinant que c'était pour 'enquête, il le fit quand même.
- Capitaine Kremen.
- Salut Philippe, répondit Isabelle froidement.
Il y eut un silence lourd puis Isabelle se lança.
- Je voulais savoir si ça te dérangeait si je demandais l'alibi à un gendarme pour l'heure du meurtre.
Elle savait qu'en demandant comme cela, il ne pourrait pas refuser.
- Attend je ne comprends rien...
- Je ne te demande pas de comprendre, réponds-moi juste oui ou non, ordonna-t-elle sèchement.
- Mais vas-y ! s'exclama Philippe, amer. Mais la prochaine fois c'est toi qui recevra le proc' !
Il raccrocha furieux.

Isabelle revint dans le bureau. Il fallait croire que rien n'allait s'arranger entre eux... bon elle ne faisait pas vraiment d'efforts.
- Il n'y a aucun souci.
- Allez-y quand même dans le sens du poil, conseilla Pierre.
Isabelle en avait également décidé ainsi. Elle avait déjà assez de problèmes comme ça pour ne pas devoir encore ajouter un Lieutenant qui la traitait de diffamation.
L'opportunité survint lorsqu'ils étaient tous les trois près de l'accueil pour arranger la suite de la journée. Alors qu'Isabelle et Roussillon discutaient entre eux, Leclerc s'approcha le Ludo.
- Hier soir je suis allé au restaurant avec ma femme, c'était délicieux ! s'exclama-t-il.
En entendant cela, Isabelle asséna un coup de coupe à son collègue. Comprenant le geste après quelques instants de réflexion, Lestac demanda.
- Génial, je cherchais justement un restaurant pour l'anniversaire Julie, il s'appelait comment ?
- Tu sais le nouveau qu'ils ont construit sur les hauteurs, La Cigogne, répondit-il ne se doutant de rien.
- Ben...Merci, sourit Ludo.
- Tu verras un vrai délice ! Bon je vais rentrer, dit-il en s'éloignant.
Ludovic se tourna vers Isabelle qui le complimenta.
- Bien joué !
- Maintenant il ne reste plus qu'à vérifier, je transmets à Francis.
Isabelle regarda sa montre, il était déjà 18 heures et il leur restait une bonne quarantaine de minutes de trajet.
- Il ne nous reste plus rien à faire ici, déclara-t-elle.
- Plus qu'à attendre que M. Deluc rentre, rappela Ludo.
- Alors tu veux venir manger chez Isabelle ou moi ? proposa Pierre.
Isabelle le fusilla du regard. Non pas qu'elle n'appréciait pas la présence de Ludovic mais l'atmosphère n'allait pas vraiment être au beau fixe dans l'appartement.
- ...chez moi, rectifia Pierre.
- Je ne sais pas... il faut que j'avertisse Julie.
- Allez s'il te plaît, ça me ferait plaisir !
Ludovic sourit.
- D'accord ! Ça nous rappellera le bon temps, déclara-t-il nostalgique.
- Génial ! s'exclama Pierre en montant dans la voiture.

Après une quarantaine de minutes comme prévu, Roussillon gara la voiture dans la cour de la caserne. Evidemment, lorsqu'ils rentrèrent dans la caserne tous les gendarmes accueillirent leur ancien collègue comme il se devait.
- Ludo ! s'exclama Francis. Ça va mon vieux ?
- Oui, sourit le jeune homme. On se demande qui est le vieux !
- Viens manger chez nous, Christine sera ravie !
- Désolé, Pierre m'a déjà invité.
- Bon ben je ne vais pas vous retenir plus longtemps, déclara l'adjudant. Isabelle, on fait un briefing demain matin.
Le Lieutenant approuva d'un signe de tête.
En passant devant l'appartement de Pierre, elle salua ses collègues et continua le long du couloir pour s'arrêter trois portes plus loin. Elle inspira profondément, puis entra.
Chloé était sur le canapé devant la télé.
- Coucou, ma puce, dit-elle en s'asseyant près d'elle.
Chloé l'embrassa.
- Tu lui as parlé ? murmura Chloé en désignant du menton Philippe qui lisait le journal dans la cuisine.
Isabelle secoua la tête, ce qui fit râler Chloé.
- Si tu ne le fait pas, je vais être obligé de le faire moi-même. Et je ne suis pas sûr qu'il veuille entendre de moi ce qui serait à toi de lui dire normalement.
Isabelle dut pincer les lèvres pour retenir ses larmes qui montaient. Chloé de remarqua et posa une main amicale sur sa cuisse. Elle la regarda avec insistance, pour lui faire comprendre qu'il fallait qu'elle y aille maintenant.
Isabelle se leva et s'assit sur la chaise à côté de lui.
- Philippe...
Il ne releva pas la tête de son journal. Isabelle sentait déjà que ça allait 'être comme les autres fois, il n'allait pas l'écouter.
- J'ai à te parler...
- On a rien à ce dire, cracha-t-il sans relever les yeux.
Isabelle n'en pouvait plus. Elle lui arracha le journal de main et cria.
- Maintenant tu me regardes !
- Mais ?! Qu'est-ce qu'il te prend ?
- Qu'est-ce qu'il me prend ? répéta Isabelle en plaçant ses points sur ses hanches. Ça fait une semaine que j'essaie de te parler et tu ne m'a jamais écouté !
- Pour cela, il faudrait peut-être que tu aies quelque chose d'important à dire !
- Comment peux-tu dire ça si tu ne m'écoutes pas !
- Je n'ai pas besoin d'entendre des excuses toutes faites. Tu me dis simplement que tu ne m'aimes plus et c'est tout !
- Mais, Philippe... je n'ai jamais dit ça..., dit-elle en prenant sa main qu'il retira immédiatement.
- Si ce n'est pas ton cas, c'est le mien ! aboya Philippe.

 
 
Chapitre 2
" Seule..."

Isabelle reçut la remarque en plein c½ur. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux mais il était hors de question qu'elle pleure devant lui. Elle tourna donc les talons et partit dans leur chambre.
« Pourquoi ai-je dit cela ? » se demandait Philippe, resté pantois dans la cuisine à regarder son journal posé en vrac sur la table. Pourquoi avait-il dit cela alors qu'il ne le pensait même pas. Et surtout comment avait-il put dire ça ? Mais maintenant le mal était fait...
Isabelle se laissa tomber sur le lit. Finalement elle s'était peut-être trompée, Philippe n'était pas l'homme de sa vie. Sinon comment pouvait-il lui dire une telle chose. En tout cas s'il avait voulu lui faire mal, c'était réussi... Elle prit son coussin dans les bras et le serra très très fort. Malgré son désir de les retenir, ses larmes roulèrent sur ses joues et vinrent former une auréole mouillée sur le tissu blanc du coussin.
Chloé sortit de sa chambre. Elle avait tout entendu.
- Tu es fier de toi ! cria-t-elle à l'instar de Philippe.
Philippe leva des yeux tristes vers elle, mais ne répondit rien.
Chloé s'approcha de la chambre et ouvrit la porte.
- Laisse-moi ! sanglota Isabelle croyant que c'était Philippe.
- C'est moi, Chloé, murmura la jeune fille.
- J'ai pas envie de parler...
Chloé savait que ce n'était pas la peine d'insister. Elle reviendrait plus tard.

Roussillon posa une assiette fumante sous le nez de Ludo. Puis il s'assit en face de lui et après s'être souhaité bon appétit, ils commencèrent à manger tous les deux. Après quelques bouchées, Ludovic rompit le silence.
- Alors tu n'es toujours pas avec Isabelle ?
Roussillon faillit s'étouffer. Il toussa nerveusement mais ne répondit pas.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Ludo, étonné par sa réaction.
Pierre hésita un moment avant de parler. Mais il se rendit compte que s'était la meilleure personne à qui se confier. Il n'était plus dans cette brigade et il connaissait Ludo discret.
- Il y a un problème avec le Capitaine ? insista l'officier.
Roussillon était encore dans ses pensées.
- J'ai bien vu... il y en a un... vous vous renvoyiez l'honneur de téléphoner à Kremen..., poursuivit Lestac.
Pierre soupira.
- Je vais t'expliquer... mais promet-moi que tu gardes ça pour toi ?
- Tu me connais, sourit Ludo.
Comme ils avaient fini leurs assiettes, Pierre se leva, les prit et mit dans l'évier.
- Alors c'était quand ? Plutôt qu'est qu'il s'est passé ? demanda Ludovic, impatient.
Roussillon s'approcha du canapé et invita son ami à s'asseoir.
- Je t'écoute...
- Bon, commençons par le commencement, Isabelle et le Capitaine sont ensemble...
Ludovic le regarda ahuri, mais il savait bien que ça allait arriver un jour.
- Et toi ça va ?
- Ben justement non... depuis ce temps j'ai développé une telle haine contre Kremen qu'un jour ça a bien fini par sauter...
- J'ai peur de ne pas comprendre... ça fait combien de temps qu'ils sont ensemble ?
- 10 mois.
- A quand même !
- Oui. C'était insupportable de les voir toujours fourrés ensemble. Un petit baiser par-ci, un petit je t'aime par là...
- Dieu sait qu'est-ce que t'a fait ! Je ne suis pas sûr de vouloir entendre...
- Dans un premier temps, j'ai écrit une lettre au commandant de groupement, pour l'informer que leur comportement était inadmissible en exagérant un peu... beaucoup même...
Pierre s'arrêta. Ça lui faisait bizarre raconter tout cela, c'est comme si toute la pression qu'il avait accumulé durant ces dernier mois retombait d'un coup. En contant ses actes à Ludo, il se demandait toujours pourquoi il avait fait ça. Jamais il n'avait pris une décision autant débile.
- Comme un con je me suis imaginé que le commandant allait muter Philippe, et qu'avec Isabelle on allait pouvoir s'aimer au grand jour !
- Et c'est le contraire qui s'est produit, devina Ludo.
- Exactement ! Et je ne raconte pas la tête qu'Isabelle a faite lorsqu'elle a appris que c'était moi l'auteur de la lettre...
- Tu as du passer un sale quart d'heure, admit Ludo.
- Pas qu'un quart d'heure..., se désola Pierre.
- Et alors qu'est-ce qui a sauté ? Vous vous êtes réconcilier et vous avez couché ensemble ? demanda Ludo en toute franchise.
Roussillon hocha la tête.
- Le Capitaine était en stage, on fêtait l'anniversaire de Francis, je voyais bien qu'elle n'était pas heureuse sans Kremen alors je ne sais pas ce qui m'a pris, je l'ai fait entrer chez moi et là on a fait l'irréparable...
- Et alors qu'est-ce que ça t'a fait ? demanda Ludo, curieux.
- Etonnement, après réflexion j'ai réalisé qu'Isabelle était une amie, même un peu plus... Mais quand j'ai vu le merdier que ça a mis, alors qu'avant elle était heureuse, je me suis dit qu'il fallait que je garde mes distances. Je n'ai pas envie de tout gâché... même si c'est peut-être un peu tard...
Pierre n'aurait jamais imaginé exprimé cela à voix haute. Mais finalement ça lui faisait du bien.
- Parce que le Capitaine l'a su ?
- Tu penses avec Christine dans les parages !
- Elle vous a vu ?!
- Il faut croire...
- Ah oui alors là vous êtes tombés sur le gros lot !
- Le problème c'est que maintenant Philippe ne veut pas lui pardonner, et il prétend l'aimer !
- Tu y vas un peu fort ! Tu pardonnerais facilement si c'était à toi que ça arriverait ? demanda Ludo.
Pierre baissa les yeux.
- Mais ça me rend fou de voir Isabelle dans cet état ! dit-il en haussant la voix. Son regard est devenu triste, il n'y a plus la moindre lueur de gaîté dans ses yeux...
Ludovic sentit que son ami était touché par les évènements que subissaient la femme qu'il aimait ou avait aimée mais pour l'instant la situation était claire, c'était Philippe qui avait les cartes en mains.
L'ancien officier de Grasse posa une main amicale sur l'épaule de son ami, puis se leva pour s'apprêter à partir.

Chloé empoigna le plateau sur lequel elle avait placé deux tartines à la confiture de fraise et du thé, puis ouvrit la porte de la chambre où Isabelle s'était réfugiée.
- Isa... c'est moi, appela doucement la jeune fille.
Isabelle renifla et se retourna.
- Je n'ai pas faim, sanglot-a-elle en apercevant le plateau qu'elle tenait dans les mains.
Chloé s'approcha et le posa par terre.
- Il faut que tu manges..., insista-t-elle.
Ça lui faisait de la peine de voir Isabelle dans cet état. Surtout parce qu'elle ne savait pas quoi dire pour la réconforter. A son goût Philippe avait dépassé les bornes. Elle admettait qu'il ne lui pardonne pas immédiatement, c'était normale mais de là à lui dire qu'il ne l'aimait plus alors qu'elle savait pertinemment que ce n'était pas la vérité, c'était un peu gros. Pour elle, amour rimait avec protection et défense pas trahison et perfidie.
- Tu sais je suis sûr qu'il ne pensait pas un mot de ce qu'il t'a dit, la rassura Chloé.
- Je ne sais pas... je ne sais plus..., répondit Isabelle désespérée.
Le lendemain matin Philippe et Isabelle descendirent séparément à la brigade comme les jours précédents. Isabelle n'avait rien pu avaler ce matin et ses yeux étaient encore un peu rouge. Et on ne pouvait pas dire qu'elle avait passé la meilleure nuit de l'année.
Philippe avait réuni ses hommes dans la grande salle, et ordonna à Isabelle de débuter le briefing.
Elle montra une photo de Sophie Deluc puis commença.
- Nous avons retrouvé cette jeune femme, Sophie Deluc, près de la départemental 36 vers de Cagnes-sur-Mer. Après vérification de ses papiers, il se trouve qu'elle était Lieutenant à la gendarmerie de Nice. C'est pourquoi nous avons été mis en liaison avec le gendarme Lestac que vous connaissez tous.
Rivière l'avait rencontré hier soir, mais Platon ouvrit de grands yeux étonnés.
- On retrouve un ami, alors ?
Isabelle hocha la tête, puis reprit.
- A première vue, sa voiture aurait foncé dans un muret en contre-bas. Mais je pense que quelqu'un a tout fait pour ne faire penser à un accident. Premièrement, le contour n'est pas réputé dangereux, et deuxièmement étant donné qu'elle était gendarme elle devait les connaître ces virages à risques. Platon vous pouvez nous en dire plus sur la mort ?
Le T.I.C sortit le rapport d'autopsie qu'il avait reçu tôt ce matin, y jeta un bref coup d'½il et le tendit à Isabelle.
- D'après le légiste elle s'est brisé les cervicales à cause du choc. Et il est formel. Elle n'avait aucune quelconque trace d'alcool ou de drogue dans le sang, ajouta Platon.
- Le meurtre est donc plus probable que l'accident. D'autant plus qu'elle était gendarme. Vous avez cherché un mobile de ce côté-là ? demanda le Capitaine en se tournant vers Isabelle.
Celle-ci soutint son regard mais ne répondit pas. Après ce qu'il lui avait dit hier, il lui était impossible de lui adresser la parole.
Pierre perçut le malaise, et répondit à sa place.
- Ludo nous a briefé sur toutes les affaires qu'ils avaient résolues récemment mais aucun des coupables n'avaient proféré des menaces.
- Alors c'est une autre piste, soupira Philippe.
- Comment expliquez-vous le faite qu'elle soit tombé dans ce contour s'il n'était pas risqué ? demanda Rivière.
- J'allais y venir Francis, di Platon. J'ai retrouvé des traces de peinture sur la droite de la voiture. Du gris.
- Une voiture l'aurait poussé dans le mur ? devina Francis.
- Bravo Francis ! Tu progresses ! plaisanta le T.I.C.
L'adjudant le regarda avec un sourire niais. S'ils continuaient à se disputer amicalement, c'était pour mettre un peu d'ambiance dans cette caserne dont l'atmosphère devenait vite pesante.
- Pendant la perquisition vous avez trouvé son ordinateur ? demanda Isabelle.
- Oui, un de mes gars travaille dessus, je pense que demain on devrait avoir des nouvelles, répondit Patrick.
- Isabelle, quel mobile envisagez-vous ? demanda Francis.
- Nous avons été à son appartement et la gardienne nous a dit qu'elle les entendait souvent crier, comme si son mari la battait. Puis, elle nous appris que le Lieutenant Deluc avait un amant et qu'elle lui avait demandé de tout quitté et partir avec elle dans sa nouvelle affectation mais il n'était pas d'accord.
- Le crime passionnel ? émit Rivière. Elle le menace de tout révélé à sa femme et il la tue ?
- Oui sauf que nous sommes allés chez Christian Fleury, son amant. Je l'ai interrogé et il ne semblait vraiment pas au courant de la mort de sa maitresse, assura Pierre.
- D'autant que je suis allé voir sa voiture. Mais elle est bleue, ajouta Isabelle.
- On peut donc ignorer le crime passionnel, déclara Philippe.
- Pas temps que ça. Si on regarde dans l'autre sens. M. Deluc apprend qu'elle a amant, déjà d'ordinaire violent il veut la tuer !
- Et il travaille où son mari ? demanda Francis.
- D'après la gardienne de l'immeuble, il est routier et ne rentre qu'un week-end sur deux, répondit Pierre.
- Vous avez placé des gendarmes devant chez lui ?
- Oui ça a été fait, assura Isabelle.
- Vous avez envisagé d'autre mobile ? demanda Philippe.
Isabelle soupira, décidemment il n'écoutait rien à ce qu'elle lui disait ! D'un regard elle fit comprendre à Pierre qu'il devait répondre.
- Oui mais je ne suis pas sûr que vous soyez prêt à l'entendre....
- Vous douteriez de mon objectivité, Roussillon ? demanda Philippe vexé par la remarque.
- Non bien sûr.
- Bon alors allez-y !
- Comme vous l'a dit Isabelle elle allait être mutée dans une autre affectation car elle venait de passer Capitaine et apparemment ça ne faisait pas que des heureux à la brigade de Nice. Il y avait même Leclerc qui ne manquait pas une occasion pour la reprendre et d'après un officier de l'équipe de Deluc il se serait disputé avec la victime, l'après-midi avant sa mort.
- C'est vrai ! se souvint Philippe. Alors Isabelle tu as créé le scandale à la caserne ?
Isabelle le fusilla du regard. Il était peut-être clair que pour lui, il avait beaucoup de chose à lui reprocher. Mais pour elle leurs problèmes ne devaient pas franchir la porte de leur appartement. Une chose était sûr, il n'avait pas à lui parler su ce ton.
- Ludovic a demandé intelligemment l'alibi à son collègue, la défendit Pierre.
Il aurait pu ajouter que c'était Isabelle qui lui avait tendu la perche, mais il ne l'avait pas fait de peur d'entendre quelques remarques dont on aurait pu se passer.
- Et alors ? Il en avait un ? s'impatienta Philippe.
- Il faudra encore vérifier mais il a prétendu qu'il était allé manger avec sa femme à la Cigogne, répondit Pierre.
Il y eut un silence puis Isabelle prit la parole.
- Ce qui m'intrigue, c'est pourquoi on l'a retrouvé si loin de chez elle ?
- Effectivement..., répondit Philippe pensif.
- D'autant plus que Cagnes-sur-Mer ne fait pas parti de sa juridiction, ajouta Rivière.
- Tu en es sûr ? s'étonna Pierre.
- Oui j'ai vérifié, celle de Nice s'arrête à Saint-Laurant-du-Var.
- Il faudrait chercher dans ce coin-là, si la piste du mari ne donne rien, dit Isabelle. Pour l'instant, il faut attendre que M. Deluc rentre chez lui.
Philippe hocha la tête.
- Bien, vous pouvez disposer ! déclara-t-il.

Vers la fin de l'après-midi, Ludovic arriva dans le grand bureau.
- Bonjour tout le monde, clama-t-il. Alors qu'est-ce que vous racontez de beau ? vous avez du neuf ?
- A part qu'i